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Détente - amitié - rencontre entre nous - un peu de couleurs pour éclaircir le quotidien parfois un peu gris...
 
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 LA BELLE ROCHELAISE

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JeanneMarie
Martine
MARCO
epistophélès
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epistophélès

epistophélès


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MessageSujet: LA BELLE ROCHELAISE   LA BELLE ROCHELAISE - Page 3 EmptyMer 5 Oct - 15:26

"- Vous êtes médecin Question demanda Annibal.
- Aussi diplômé que désargenté (pauvre), répondit l'autre.
Le médecin sortit sur le perron et discerna enfin Mejasson qui râlait sous une couverture. Intrigué, il voulut aller vers lui et dévala les escaliers sur les reins (sur les fesses). Bramefaim le releva. Le visage du médecin penché sur l'élagueur se fit plus sérieux. Il posa la mains sur la carotide du mourant, renifla son haleine, et dit :
- Ce qui est étonnant, messieurs, avec la Mort, c'est à quel point elle peut, par négligence, ne pas toujours achever son travail. Quelle mauvaise ouvrière au fond... Ce type devrait être froid (mort). Mais non Exclamation il continue à râler (agoniser).
Il se pencha de nouveau vers Mejasson.
- Le plus difficile sera de le dégriser.
- Mais il n'est pas ivre, dit Annibal.
- Je parlais de lui, dit le carabin (le médecin) en pointant le doigt sur sa propre poitrine. Montez-le dans la salle de consultation.
Et il s'écroula dans les bras de Bramefaim, qui le porta à l'intérieur de la maison.
Annibal ouvrit la double porte du vestibule qui donnait sur un salon luxueusement aménagé. "Dieu guérit et le médecin encaisse", pensa Bramefaim en reposant l'ivrogne sur ses pieds.
Le jeune médecin se laissa tomber dans un fauteuil et s'exclama :
- La cuisine est là-bas Exclamation Commencez par me faire du café.
Annibal s'empressa d'obéir. Lorsqu'il suet disparu, Bramefaim prit le médecin sous le bras et le condusit dehors pour l'asperger au jet d'une pompe à côté des écuries. Le jeune homme se débattit sans que cela n'entame la résolution du colosse. Le café fit le reste.
- Je me présente : Ange Sénouieix. Fils d'Anatole Sénoueix, officier de santé à Saint-Léonard-de-Noblat, mort au champ d'honneur des médecins, c'est-à-dire en combattant l'épidémie de fièvre jaune de Barcelone. En 1822. A chacun ses batailles.
- Moi, c'est Annibal. Lui, c'est Bramefaim. Nous sommes creusois.
- Je remplace le Dr Achard. Le salon sert de salle d'attente. Le cabinet est par là... Suivez-moi.
En quelques coups de ciseaux, Sénoueix découpa la chemise de Mejasson. Il palpa la poitirne, investit la plaie aux lèvres violacées qui s'était formée entre le coude et l'épaule. Le médecin prenait possession du blessé. Il palpait, flairait, imprégnait ses doits du sang qui sourdait de la blessure, les portait à ses lèvres.
Lorsqu'il se releva, Annibal le regarda d'un air interrogateur.
- Il faut amputer (couper le bras)
- Amputer Question
- Sinon, dans une semaine, votre ami sera emporté par la pourriture. La garce (méchante) s'y est déjà mise. Je la renifle à plein nez. Dame Exclamation Nous sommes au coeur des marais gâts. Tout se corrompt ici. (Sa voix était d'une extraordinaire fermeté. Annibal regarda Bramefaim). Vous êtes solide, vous n'avez pas froid aux yeux (vous avez du courage). A trois, nous y arriverons.
Comme s'il avait soudainement perçu la gravité du moment, Mejasson ouvrit les yeux.
- Qu'allez-vous me faire Question demanda le garçon.
- Sois courageux, répondit Sénoueix. J'ai le coup de main. Je vais te retirer ce mauvais bras qui t'empêchait de vivre.
Mejasson tourna les yeux vers ses compagnons.
- Je vais te sauver. C'est ça qui compte, reprit le médecin. Et puis, c'est le gauche Exclamation "

J'approche de la fin du chapitre 5. ...
Wink
tongue
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epistophélès

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MessageSujet: LA BELLE ROCHELAISE   LA BELLE ROCHELAISE - Page 3 EmptyMer 5 Oct - 15:48

"Annibal crut que Mejasson allait éclater en sanglots. Etrangement, le blessé trouva à dire :
- Quand il faut baiser le cul d'un chien, autant aujourd'hui que demain, pas vrai Question
Déjà Ange Sénoueix fouillait dans sa trousse de cuir.
- Vous allez lui tenir la nuque et le bras droit, dit-il à Bramefaim. Je vais vous montrer comment. Vous, vous immobiliserez ses jambes, ajouta-t-il en direction d'Annibal.
Sénoueix sortait des instruments, dont une scie. Annibal vit le visage de l'élagueur se décomposer.
- Allez chercher de la charpie (des chiffons), là, dans ce placard Exclamation commanda Sénoueix, qui avait recouvré de la lucidité.
Le médecin se tourna vers Annibal et lui tendit des fers.
- Placez-les dans le poêle, sur les braises.
A leur vue, Mejasson tourna la tête.
- Les peines sont bonnes avec du pain, dit-il d'une voix méconnaissable.
Ange Sénoueix se pencha sur lui.
- N'ai crainte, dit le médecin. J'ai été l'élève de Jean-Dominique Larrey, dit la Providence du soldat. Mon maître a davantage amputé sur les champs de bataille qu'il ne naître de marmots (des enfants) dans ce village pendant un siècle. Mon bistouri va te donner la dégaine d'un grognard. Les filles adorent cela.
- Perce-neige, balbutia Mejasson.
- Elle va arriver, dit Annibal. Vous vous marierez ce printemps et nous mangerons la noce.
Ange Sénoueix s'était approché de la lampe et aiguisait son bistouri sur une pierre, recouvrant la lame d'hile et de chaux éteinte. Dans le village les cloches sonnèrent, et les pensées d'Annibal et de Bramefaim allèrent vers tous ces braves gens qui, en cette nuit de Noël, retournaient chez eux, apaisés et réjouis. Sénoueix avait cessé d'affûter son bistouri. Il observait la lame avec un regard vide. Annibal vit que sa main tremblait. Sénoueix ferma les yeux, inspira profondément. Il se retourna et alla vers le blessé. Les bras de Bramefaim, comme des étaux, broyèrent la nuque et l'épaule droite du malheureux. Annibal encerclait les jambes et le bassin que Sénoueix avait habilement liés au sommier. Mejasson, étourdi par un verre de cognac, les dents serrées sur un morceau de bois tendre, vit le visage d'Ange se pencher sur lui. Il entendi Sénoueix dire distraitement :
- Qu'est-ce qu'il a au pouce droit Question J'espère que ce n'est pas grave. Il en aura besoin."


FIN DU 5 Exclamation Exclamation Exclamation
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MARCO

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MessageSujet: Re: LA BELLE ROCHELAISE   LA BELLE ROCHELAISE - Page 3 EmptyJeu 6 Oct - 18:10

Merci
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epistophélès

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MessageSujet: LA BELLE ROCHELAISE   LA BELLE ROCHELAISE - Page 3 EmptyJeu 6 Oct - 20:07

6

A chasse noire, meute muette

Bramefaim s'agenouilla sur la grève (bord de l'eau). L'eau grise avança vers sa main, hésita, recula et vint lécher ses genoux. Le Creusois porta les doigts à ses lèvres et retrouvé le goût amer des larmes de Chloé. Deux pas en retrait, Annibal regardait l'océan, cherchant dans le roulement des vagues le souvenir d'une force qui l'avait abandonné. Jamais nuit de Noël n'avait été moins miséricordieuse. Jamais souffrance ne lui avait paru si injuste.
L'aube avait surpris les deux hommes veillant Mejasson, qu'une fièvre insidieuse (sournoise) faisait grelotter de la tête aux pieds. Ange Sénoueix était partagé entre la satisfaction d'avoir opéré et l'inquiétude de voir son patient ainsi prostré (effondré, léthargique).
- Je ne voudrais pas que cette maudite fièvre des marais me l'emporte alors que nous avons fait le plus difficile.
Il avait fallu trouver où loger le malheureux. Annibal s'était rendu à l'église et le prêtre lui avait indiqué une veuve qui acceptait de veiller le jeune homme le temps de sa convalescence.
- J'irai le voir chaque jour, avait promis Ange Sénoueix. S'il doit survivre, il vivra...
Lorsque Annibal lui avait demandé ses honoraires, le Haut-Viennois avait répondu :
- En vous faisant crédit, je ne lèse que les intérêts du Dr Achard. C'est dire que je n'ai guère de mérite. Si vous les possédez, cinq francs feront l'affaire.

Je vous abandonne pour ce soir. Je ne vois rien Exclamation ... Pffffffff...
pirat

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JeanneMarie

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MessageSujet: Re: LA BELLE ROCHELAISE   LA BELLE ROCHELAISE - Page 3 EmptySam 8 Oct - 16:22

Merci!
Ca va mieux la vue !!! I love you
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MessageSujet: LA BELLE ROCHELAISE   LA BELLE ROCHELAISE - Page 3 EmptySam 8 Oct - 20:19

"Voilà un homme qui ne risque pas de se vert-de-griser (moisir) les doigts en recomptant sa fortune", avait songé Annibal, qi n'appréciait rien tant que la générosité.
Bramefaim porta Mejasson chez la veuve et le déposa sur un vieux lit couvert d'une siamoise flambée.
- S'il devait passer (mourir) dit Annibal à la femme, prenez ceci afin qu'il ne soit pas enterré comme un chien.
Annibal tendit ses deux dernières pièces. La veuve les prit avec précaution.
Un dernier regard sur le blessé, et Annibal et Bramefaim se retrouvèrent sur la place de Moëze. C'était un matin sombre. Les nuages montaient des vasières depuis la côte, gonflés de nuées marines. Ils se lancèrent un coup d'oeil et lurent le même dégoût.
- Allons voir l'océan, dit Annibal.
Les deux hommes avaient piqué droit vers les remparts du fort de Piedemond, aux quatre bastions protégés de fossés piochés dans le roc. Puis ils étaient partis vers la passe aux boeufs qui menait, à marée basse, à l'île Madame. L'océan leur était apparu... Ils marchèrent longtemps au long de la grève.
- C'est par là, je crois, que mon père est mort, dit soudain Annibal. (Il tendit le bras.) Je t'ai déjà dit qu'il bâtissait un fort magnifique au milieu de la mer. (Avisant un cueilleur de rivage - ramasseur de coquillages - qui marchait vers eux, Annibal lui cria Smile Peux-tu nous dire où se trouve le fort au milieu des eaux Question Mon père y a travaillé sous l'Empire.
- Il était maçon Question demanda l'homme.
- Oui, répondit Annibal.
- A quel chantier m'as-tu dit qu'il oeuvrait Question
- Un fort. Un fort posé sur les eaux et qui condamne à lui seul l'accès à la rade.
- Tu veux parler du fort sur la longe de Boyard Question Un banc de sable entre Oléron et Aix Question Ce fort n'existe pas.
Annibal pâlit.
- Mon père ne nous a pas menti Exclamation
- Non, ton père ne t'a pas menti. Mais ce fort n'existe pas.
L'homme racontaa. Pendant cinq années, les maçons et les forçats (prisonniers criminels) s'étaient épuisés à réaliser un enrochement sur le fond de sable de Boyard. Trente gabares (plateformes/bateaux) déversaient chaque jour, des rochers tirés de carrières des îles et de l'intérieur. Les maçons réussirent à couler une couche de béton sur laquelle furent disposés des blocs de cinq mètres de haut. Au cours de l'hiver 1807, de violentes tempêtes détruisirent les premières culées. Et lorsque, en 1809, il fut décidé d'interrompre les travaux en raison des incursions (invasions) anglaises, soixante-quinze mille mètres cubes de pierres avaient été déposés en vain sur le banc de sable. Le chantier, qui avait décimé tant de pionniers du génie, tant de forçats, tant de maçons et qui avait coûté trois millions cinq cent mille francs or, fut abandonné.
Bramefaim vit comme son compagnon était affecté. L'homme aussi le perçut, qui ajouta :
- Les corps des maçons ont été mis dans des fosses communes.
Le soir, les deux hommes trouvèrent refuge dans une guérite (abri de gardien) couverte de pierres plates qui dominait la côte. Le hurlement du vent sur les marais sifflait par les meurtrières (petites fenêtres étroites).
- J'ai l'impression que mon père est mort une seconde fois, dit Annibal.
Ils étaient couchés à même le sol. Bramefaim, entortillé dans sa limousine, (une cape) ne répondit pas.
- Toute mon enfance, je m'était imaginé qu'il avait participé à la construction de quelque chose d'admirable. j'avais besoin de cette certitude. C'était pour moi la seule excuse à son abscence. Cette citadelle, que de fois l'ai-je vue dans mes rêves Exclamation
Annibal ne put poursuivre. Il aurait tant aimé dire à Bramefaim combien ce soir il se sentait misérable, faible, abandonné.
- Il faut rentrer au pays, dit Bramefaim, étendu sur la pierre.
- Pourquoi rentrer Question s'exclama Annibal. Pour retrouve qui Question
- Chloé m'attend. Elle a besoin de moi.
Annibal haussa les épaules.
- Nous terminerons notre saison. Sinon Vilatte ne nous paiera pas.
- Combien de temps Question demanda Bramefaim.
- Nous rentrerons fin avril, selon l'usage.
- C'est loin, avril Exclamation
Annibal eut envie de dire :"Non, tu verras, ce sera bien vite passé." Il s'entendit répondre :
- Très loin."


Bon appétit et gros poutous Exclamation ... queen ...
I love you
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MessageSujet: LA BELLE ROCHELAISE   LA BELLE ROCHELAISE - Page 3 EmptyLun 10 Oct - 16:11

"AU petit matin, les deux hommes quittèrent la côte pour la forêt de Beurlay. Ils arrivaient à hauteur de Montierneuf et s'apprêtaient à prendre la direction de Trizay. Le sunny déclinait à l'horizon. Les ombres s'allongeaient et aucun abri n'était en vue. Depuis près d'une heure, ils avançaient dans une allée bordée de chênes. Le chant de la forêt, ce murmure fait du crissement des branches, de sifflements et de vent, leur faisait recouvrer une sérénité perdue depuis l'accident de Mejasson. Ils rentraient au bois, avec délice, comme dans un ventre.
Arrivés à un croisement d'allées, ils entendirent des cris.
- On chasse.. dit Annibal en s'immobilisant.
Des appels avivés par l'écho du sous-bois, montaient d'un dévers (plateforme perpendiculaire pour déverser le bois). Trois hommes en livrée couraient de front, des bâtons à la main, tapant sur les écorces comme des rabatteurs tandis qu'un quatrième, posté plus haut, les dirigeait.
- Il faut mettre la main dessus (sur le sanglier) avant la nuit Exclamation Sinon, ça se baugera (le sanglier se couchera) et nous serons refaits. Mordieu, plus vite Exclamation
Annibal et Bramefaim avancèrent à découvert. Dès qu'il les vit, celui qui commandait la battue (la poursuite de l'animal) marcha vers eux. C'était un bourgeois grisonnant de forte taille, à la figure de pleine lune (ronde). Mais sous la bonhomie ronde se cachait le fouet. Des sourcils fournis jusqu'à l'aplomb d'un nez camard, des lèvres voluptueuses, un menton brutal renseignaient, si nécessaire, sur son caractère. Son habit de belle facture, troussé à l'anglaise, était porté sur une culotte de gros drap de couleur olive, enchâssé dans es bas qui dégageaient des souliers étroits à boucle d'argent. L'homme avait à la main une canne à pommeau d'ivoire, dont il ne cessait de se donner des coups nerveux sur la cuisse.
- Voilà quelqu'un qui pèse, grommela Annibal.
- Qui êtes-vous Question demanda l'inconnu.
- De pauvres scieurs de long, répondit Annibal avec assez de modestie pour que l 'autre y sentit de l'ironie. (Le jeune homme ajouta en se tournant vers les rabatteurs Smile Curieuse chasse. Il vous manque les chiens.
- Ne croyez pas ça, répondit le bourgeois.
Le bruit d'un galop les fit se retourner.
- Père, j'ai détaché le cheval de flèche Exclamation cria le cavalier.
Et il toisa les deux Creusois avec arrogance, avant de piquer vers le font de la battue.
- Fameux gibier, sûrement... observa Annibal.
Le vieux se retourna vers le scieur et le dévisagea.
- Dieu veuille que vous ne fassiez pas buisson creux, dit Annibal en guise d'adieu.
Bramefaim lui emboîta le pas. Trois cents pieds plus loin, ils aperçurent une grosse voiture fermée qui avait versé après qu'une de ses roues eut mordu dans un talus gorgé d'eau.
Annibal et Bramefaim avaient largement dépassé l'équipage, lorsqu'ils entendirent de nouveau crier. Ils se retournèrent et virent les trois valets qui maintenaient solidement une silhouette enveloppée dans une grande cape à la capuche relevée. Le cavalier caracolait en tête au-devant de son père.
Annibal posa la main sur l'épaule de Bramefaim.
- Attends, dit-il. Il y a sûrement là de quoi gagner dix francs chacun sans se forcer beaucoup.
Lorsqu'ils virent les deux scieurs plantés au milieu du chemin, le vieux et son fils se concertèrent. Le cavalier lança sa monture dans leur direction tandis que son père arrivait à grands pas.
- Pourquoi restez-vous là Question cria le jeune homme.
C'était un garçon de trente ans, à la peau mate, l'air conquérant.
- La forêt est à chacun, répondit calmement Annibal."

J'reviens
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MessageSujet: LA BELLE ROCHELAISE   LA BELLE ROCHELAISE - Page 3 EmptyLun 10 Oct - 16:46

"- Tu provoques Exclamation dit l'autre.
- Entre un gueux (un pauvre) d'honneur et un seigneur, il n'y a pas de provocation possible, répondit sentencieusement le Creusois.
Annibal se pencha pour regarder les serviteurs qui, au bout de l'allée, poussaient sans ménagement la silhouette.
- Il me semblait simplement que vous aviez besoin d'aide...
Le père arriva tout essoufflé.
- Que faites-vous encore là Question dit-il.
- Je me demande quel genre de gibier vous capturiez aussi aisément, reprit Annibal. Mais j'ai compris. Celui-ci court daus fois moins vite car il ne va que sur deux pieds.
- Il s'agit d'un de mes serviteurs qui m'a volé. Il a profité de notre accident pour se ruer sur une cassette et s'enfuir. Mes gens l'nt heureusement rattrapé.
Le vieux regarda Annibal dans les yeux. Il dut y lire une volonté si forte qu'il dit brutalement :
- Cinquante francs pour ous les deux et vous poursuivez votre chemin.
Annibal sourit.
- Cent...
- Comment cent Question s'étouffa l'autre. Tu ne manques pas d'aplomb. Chez moi, je te ferais fouette à sang Exclamation
- Canaille Exclamation s'écria son fils.
- Cent. Mes paupières sont hors de prix. Elles ne s'abaissent que sous l'effet de la fatigue. Or je ne me suis jamais senti si éveillé qu'en cet instant.
Les deux hommes se regardèrent. Le père trancha.
- C'est bon. Mais c'est cher payé une rencontre.
- En forêt, on ne choisit pas ses rencontres, dit Annibal en avançant vers le vieux.
L'autre porta la main à sa bourse. Son fils avait relancé son cheval vers l'attelage où se débattait comme un diable le prisonnier, qu'un des valets maintenait par les poignets. Le vieux recomptait son argent lorsque Bramefaim bouscula Annibal et s'élança vers la calèche.
- Bramefaim Exclamation cria Annibal. Bramefaim, écoute-moi Exclamation Il nous propose la moitié de notre campagne.
L'autre courait toujours. Le fils lança sa monture au-devant du Creusois. En quelques foulées, Bramefaim se trouva face au cheval que son cavalier fit se cabrer.
- Recule-toi, espèce de gueux Exclamation Je vais t'apprendre à te mêler de mes affaires de marronnage (de vol). Demi-tour, te dis-je Exclamation
Annibal, qui s'était précipité vers lui, saisit Bramefaim à l'épaule.
- Viens Exclamation Laissons-les. Nous aurons nos cent francs. Allez, viens Exclamation
Bramefaim repoussa Annibal, qui boula sur le sol et heurta du front une racine. Le colosse avança vers le cavalier qi le menaçait de sa cravache. Avec une vivacité imprévisible, il passa sous le ventre de l'animal et, l'ayant saisi par la sous-ventrière, d'un mouvement d'épaules le décolla du sol avant de le repousser violemment. Le cheval s'écroula sur son cavalier.
Sans plus se préoccuper de lui, Bramefaim courut vers les valets médusés qui avaient observé la scène. L'un d'entre eux détala, tandis qu'un autre restait en retrait, cramponné au prisonnier. Le troisième, armé d'une perche, fit face au Creusois. Le larbin (le valet) lança sur le sol son chapeau gris bordé d'un galon d'or et se mit en garde avec la vivacité d'un homme qui a appris la canne. Il atteignit une première fois Bramefaim à la tempe. Une seconde dois, la canne le frappa à la poitrine. Mais avant que l'autre ne retendit son geste, Bramefaim l'avait saisi à la gorge et serrait. Des os craquèrent sous l'étau de sa poigne, et le laquais tomba inerte comme une pierre. Bramefaim poursuivit sa course vers le dernier homme qui reculait. Lorsqu'il vit Bramefaim fondre sur lui, il se jugea perdu et s'enfuit.
Le ciel étoilé apparaissait aux cimes qui tanguaient. Dans la pénombre, Annibal devina, plus qu'il ne fit, Bramefim soulever le prisonnier dans ses bras. Le vieux n'avait pas bougé, penché sur son fils qui geignait (gémissait), un genou broyé par la chute de son cheval."

Retour dans 5 minutes. ...
Very Happy
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MessageSujet: LA BELLE ROCHELAISE   LA BELLE ROCHELAISE - Page 3 EmptyLun 10 Oct - 17:43

"Annibal, médusé, sentit le souffle de Bramefaim qui le frôlait, emportant à la course un fardeau léger enroulé dans sa cape. Une odeur étrange de musc et de fleur toucha le jeune homme, qui resta planté au milieu de ce désastre.
Lorsque Annibal rattrapa Bramefaim, il vit que le Creusois avait balancé le prisonnier sur son épaule pour être plus libre dans sa course. Les fuyards s'engagèrent dans une étendue de fougères semée de ronces et de gaulis qui cinglaient. Ila parvinrent à l'entrée d'un vaste guéret guirlandé d'anciens vergers pris dans des broussailles. Sous la lune argentine ils aperçurent, au sommet d'une butte, un colombier. Bramefaim, sans hésiter, s'engagea vers la bâtisse. D'un coupe de pied il fit sauter le verrou de la porte et posa à terre le prisonnier, toujours encapuchonné. Annibal, haletant, s'adossa contre le mur.
Le pigeonnier avait la forme d'une tour d'environ quinze pieds de diamètre. Une échelle permettait d'atteindre la centaine d'alcôves qui tapissaient la charpente. Bramefaim leva la tête vers les nids, d'où descendait un roucoulement effrayé.
- Tch, tch, lança-t-il d'une voix calme.
Annibal s'approcha de son compagnon. Il allait parler lorsque le prisonnier repoussa sur ses épaules la capuche de sa mante. Annibal resta bouche bée.
- Bramefaim Exclamation s'exclama Annibal en saisissant sans ménagement le prisonnier par le bras et en le poussant vers la porte du colombier afin d'y voir plus clair. As-tu vu pour quoi tu as tué un homme Question Pour...
Bramefaim avança.
- Bramefaim Exclamation Elle t'a ensorcela, c'est cela Question Une...
- Mon nom c'est Bramefaim.
- Je m'appelle Ester, dit la jeune femme en lui rendant un sourire tendu.
- Lui, c'est Annibal, dit Bramefaim.
Ester jeta un regard inquiet à Bramefaim.
- Il n'est pas méchant, ajouta le colosse en regardant son compagnon. Il est seulement... bavard comme une dinde.
- Une négresse Exclamation s'exclama Annibal.
Ester se rapprocha de Bramefaim. Elle était aussi grande qu'Annibal. Sa cape entrouverte laissait voir une robe de perse rayée, serrée à la taille par une ceinture de soie bleue. Des bretelles de dentelle, d'une blancheur d'écume, faisait ressortir sur sa gorge dénudée un collier en or.
- Tu as tué un homme pour une négresse, répétait Annibal. Bramefaim n'écoutait pas. Il avait attrapé l'échelle et la disposait de façon à accéder à la charpente.
- Sais-tu ce qu'il va t'en coûter Question Ta vie ne sera qu'une fuite. Les drapeaux à cornes (la police) ne te laisseront aucun répit Exclamation
Bramefaim s'approcha de la porte entrebâillée. Trois silhouettes, dont il était facile de discerner, à la lune qu'elle étaient armées, avançaient à découvert vers le colombier.
- La chasse est ouverte, fit Annibal à voix basse. Tu fais désormais partie des animaux courrables.
- Nous allons nous cacher dans la charpente, dit le colosse.
- Et si les pigeons s'envolent, l'alerte sera donnée. Nous serons faits comme des rats tout là-haut Exclamation
Bramefaim haussa les épaules.
Ils grimpèrent à l'échelle. Bramefaim avait à peine agrippé un arbalétrier que deux hommes poussaient la porte du pigeonnier.
- On n'y voit rien Exclamation cria le premier.
- Va chercher des flambeaux, répondit une voix que les fuyards reconnurent comme étant celle du vieux. S'ils sont là-dedans, nous les tenons...
Le vieux rentra sans le colombier. De la main droite, il tenait un perpignan au manche de micocoulier et à la mèche de douze pieds. Dans l'autre maint, il brandissait un pistolet de marine.
- Je jure bien ne jamais vous lâcher Exclamation cria-t-il, la tête levée vers la charpente. Où que vous alliez, je vous retrouverai.
Après avoir posté le domestique en sentinelle, l'homme ressortit et fit les cent pas devant la porte. Il songea à la Rochelle où devaient l'attendre les siens et enragea au souvenir de cet incident de route qui s'était transformé, par la faute d'Ester, en un drame. Ester... Etienne Belin-Supiot chercha depuis combien d'année lui appartenait la fille. Il se souvint vaguement d'un jour de l'automne 1822 où un cousin lui avait offert la gamine pour servir de négresse à talent dans leur plantation de la Guadeloupe. La gosse était devenue, au fil des années, une très jolie fille, que Mathilde Belin-Supiot avait décidé de ramener en France afin de lui faire enseigner la couture. Elle avait été poussée à cette décision que réprouvait son mari, par Bertrand, leur fils unique, jeune homme au sang vif qui avait jeté l'adolescente dans sa couche (dans son lit) et ne pouvait plus s'en passer.
Le vieux Belin-Supiot s'assit sur une pierre plate au pied du colombier. La fuite d'Ester risquait de compromettre ses efforts entrepris depuis plusieurs années pour faire disparaître le souvenir des origines de la fortune familiale, car, à présent, les temps magnifiques de latraite étaient révolus. Conscient d'avoir enfreint la loi qui interdisait aux Bancs de se faire accompagner en France par des exclaves noirs, Belin-Supiot voulait absolument rattraper cette négresse et la faire repartir dans leur plantation de la Guadeloupe. La remettre au travail dans les champs de canne à sucre, sous un sunny de plomb, dans la propriété aux portes de laquelle, près d'une allée de citronniers éternellement en fleur, son frère avait été crucifié, voilà deux ans.
Le valet se présenta devant son maître.
- Comment va mon fils Question s'inquiéta le vieux Belin-Supiot.
- Il souffre, répondit l'autre en baissant les yeux.
Le commerçant se tourna vers le pigeonnier."

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MessageSujet: LA BELLE ROCHELAISE   LA BELLE ROCHELAISE - Page 3 EmptyLun 10 Oct - 18:00

"- Toi, tu rentres et tu pointes le fusil vers la charpente. Et toi, tu grimpes à l'échelle avec la torche. S'ils sont là-haut, ils ne peuvent nous échapper.
Les trois hommes armés pénétrèrent dans le colombier. Le valet avait gravi une dizaine d'échelons lorsqu'il s'arrêta.
- Je ne vois rien Exclamation cria-t-il d'une voix mal assurée.
- Continue Exclamation lui ordonna son maître.
La lumière atteignait à présent le sommet de l'échelle. Seul le cône de la charpente restait dans l'obscurité. Au moment où les poutres allaient apparaître éclata un grondement assourdissant. Une née d'ailes et de griffes enveloppa le valet qui agitait son flambeau dans les ténèbres et finit pas le laisser tomber. Le colombier fut plongé dans une nuit épaisse où claquaient des centaines d'ailes. Des oiseaux heurtèrent Etienne Belin-Supiot et le négociant dut sortir en se protégeant le visage. Lorsqu'il fut sur le seuil, les vêtement couverts de fiente (excréments des oiseaux) et de plumes, il dit.
- Ils ne sont pas cachés dans la charpente. Les oiseaux les auraient trahis.
Une détonation retentit dans la forêt.
- M. Bertrand avait décidé de ce signal au cas où il souffrirait de trop, dit le domestique.
Etienne Belin-Supiot ne répondit pas. Déjà, il songeait aux termes de la déclaration du meurtre qu'il ferai au commissaire de Rochefort. Il regarda ses deux serviteurs, jaugeant leur discrétion, bien décidé qu'il était à ne pas évoquer l'existence d'Ester."


FIN DU 6


Enfin la belle Rochelaire fait son apparition. J'avais fini par croire qu'il s'agissait de "l'Arlésienne" (héroïne d'Alphonse Daudet, dont tout au long du roman l'on parle, et que l'on ne voit jamais). ... tongue

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MessageSujet: LA BELLE ROCHELAISE   LA BELLE ROCHELAISE - Page 3 EmptyLun 10 Oct - 19:21

"Enfin, la belle Rochelaise..." au lieu de "... belle Rochelaire..." ....... Laughing
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MessageSujet: Re: LA BELLE ROCHELAISE   LA BELLE ROCHELAISE - Page 3 EmptyMar 11 Oct - 13:40

study
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MessageSujet: LA BELLE ROCHELAISE   LA BELLE ROCHELAISE - Page 3 EmptyMer 12 Oct - 14:53

7

Ce qu'une femme désire est écrit dans le ciel

DANS la clarté bleue de l'aube, Ester sortit du colombier. Annibal et Bramefaim découvrirent une jeune fille, de dix-huit ans à peine, qui possédait déjà la lumière d'une femme. Le triangle renversé des pommettes et le menton, le front haut et bombé, le nez droit, des lèvres bien dessinées, l'éclat du regard scintillant de parcelles d'or étaient d'une beauté souveraine. Elle portait, savamment torsadé dans la nuque un chignon lourd. Et l'on pouvait imaginer ses cheveux délivrés, jaillissant de leur gaine, roulant dans des reins cambrés et sombres. Car Ester était du noir le plus terrifiant, le plus soyeux, le plus inconcevable. Le plus beau. La jeune fille se pencha et releva un de ses bas déchiré à la cheville avec des gestes désinvoltes d'adolescente. Et par l'interstice du manteau, les deux hommes devinèrent son ventre plat et ses hanches de garçon, étroites, faites pour la course. La guerre et les étreintes violentes.
Annibal prit la liberté des gestes pour de la provocation et confondit la grâce avec la duplicité. Bramefaim, ébloui, baissa un regard confondu d'avoir déjà tant vu.
Ester releva le col de sa pelisse (son manteau).
- Je pars, dit-elle, d'une voix légèrement grave.
Interloqué (surpris), Annibal regarda Bramefaim.
- Vous partez Exclamation Comme ça Exclamation Sans explication.
- Il n'y a rien à dire, reprit-elle.
- Cet homme est mon ami. Il a tué pour vous tirer d'un mauvais pas. Et c'est tout ce que vous trouvez à répondre Question Il n'y a rien à dire Exclamation (le visage d'Ester se ferma. Prenant Bramefaim à témoin, Annibal cria Smile Tu entends Bramefaim Question A toi maintenant de te débrouiller avec la maréchaussée (la police), les juges, le bagne (prison d'exil) Exclamation
- Il me faut regagner un port, rétorqua Ester. Je dois retourner dans mon pays.
- La mer, c'est par là Exclamation hurla Annibal en pointant l'ouest. Impossible de vous tromper Exclamation Toujours tout droit. Et bon vent Exclamation

JE REVIENS. ... Wink

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MessageSujet: LA BELLE ROCHELAISE   LA BELLE ROCHELAISE - Page 3 EmptyMer 12 Oct - 15:25

Ester s'approcha de Bramefaim et posa la main sur son bras.
- Pourquoi Question dit-elle. Pourquoi m'avoir secourue Question (le Creusois baissa les yeux). Je suis désolée, murmura Ester.
Elle tourna les talons et partit d'un pas décidé vers la lisère de la forêt.
- C'est bien cela Exclamation Fichez le camp (partez), maintenant que vous avez mis sa vie en l'air (en danger) Exclamation Partez, à présent que le mal est fait.
Elle ne se retourna pas.
Les deux hommes restèrent là, les jambes tremblantes, se sachant déjà gibiers, prêts à fuir. La pensée insupportable que Bramefaim n'aurait désormais plus de cesse (passerait sa vie à fuir) traversa l'esprit d'Annibal. De leur promontoire, les Creusois suivirent la silhouette au pas dansant. Elle disparut à l'orée de la forêt.
- Qu'est-ce qu'on fait Question demanda Annibal, distraitement.
- Seule, elle n'y arrivera pas dit le colosse.
- Où ça Question
- Dans son pays.
Et sans un mot, il s'engagea dans la pente.
- Bramefaim, reviens Exclamation cria Annibal. Nous avons quelques heures d'avance. C'est le secret de la chasse. Il faut partir.
Annibal s'élança à son tour.
Parvenus en lisère, les deux hommes trouvèrent le sentier par lequel Ester avait disparu. Bramefaim allait devant, Annibal sur ses pas, tous deux le visage impénétrable.
- Ecoute... murmura Annibal en posant la main sur l'épaule de Bramefaim.
Le colosse s'agenouilla. Les deux hommes retinrent leur souffle. Ils étaient en forêt, à cent pas d'une route dont ils apercevaient la trouée sous la voûte des arbres. Un sabot de cheval sonna sur une pierre. Les deux Creusois aperçurent un gendarme à cheval. Derrière le soldat un martèlement résonnait sous les arbres et s'amplifiait. Soudain, des silhouettes sortirent de la pénombre, déhanchées (boîteuses), voûtées, misérables et livides dans leurs tenues grises.
- La chaîne... murmura Annibal.
Cent forçats (prisonniers qui partaient en exil dans les îles), encadrés par une dizaine de gendarmes à cheval, avançaient en silence, ombres attachées à une longue chaîne que l'on menait au bagne de Rochefort.
- Les bonnets verts sont condamnés à vie ou bien ils se sont évadés avant d'être repris, murmura Annibal.
Des toux profondes montaient de la file des hommes serrés par le froid. Il y avait là des vieux et d'autres, sans âge. Leurs visages avaient la maigreur des reclus. Le teint gris, les yeux cernés, les gueules tordues, ils allaient, tels des automates, à petits pas mécaniques. Les cavaliers lançaient parfois leurs montures au grand trot, d'une extrémité à l'autre de la chaîne, avec l'air fâché des militaires à qui l'on confie des tâches de chiourme (rameurs de galères). Le cortège disparut enfin, couvrant de ses sonnailles (des chaînes) le murmure de la forêt.

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MessageSujet: LA BELLE ROCHELAISE   LA BELLE ROCHELAISE - Page 3 EmptyMer 12 Oct - 16:16

"Annibal et Bramefaim découvrirent Ester, non loin de là, au pied d'un arbre, recroquevillée (repliée). Dès qu'elle les aperçut, la jeune femme s'élança vers eux. Bramefaim la reçut dans ses bras.
- Ce n'est rien, murmurait le colosse en pressant timidement ses épaules. Ce n'est rien.
Ester respirait profondément. Elle demanda :
- Tous ces hommes enchaînés Question Où les conduit-on Question
- Ce sont des criminels, dit Annibal en regardant Bramefaim. Ils ont tué, que sais-je Question
Ester leva la tête vers le visage de Bramefaim.
- C'est la chaîne, reprit le colosse, gêné. (Ils restèrent tous les trois, encore sous le coup de l'apparition). Seule, vous n'arriverez pas à La Rochelle.
Annibal approuva.
- Il raison. Ils vont vous arrêter et tout recommencera.
- Que faire alors Question Je dois repartir dans mon pays.
- Où c'est votre pays Question
- En Afrique.
- Retournons au camp, proposa Bramefaim. Là-bas, nous pourrons vous aider.
- Le camp Question
- Notre camp de bûcherons et de scieurs, reprit Annibal. C'est trop risqué de rester ici.La forêt nous protégera. Elle nous accordera quelques jours de répit.

Ils arrivèrent en forêt de Beurlay au crépuscule. Tout le jour, ils avaient contourné les villages, évitant, dans être persuadés d'y être parvenus, de rencontrer âme qui vive (rencontrer personne).
- C'est ici, dit Annibal à Ester.
Annibal entraîna discrètement ses compagnons vers les baraques des Creusois. Vilatte et Jean Coergne disposaient une dernière bûche dans le feu devant les huttes.
- Annibal Exclamation s'écria Jean Coergne. Je ne croyais plus te revoir.
- Nous revenons de loin, glissa Annibal à l'oreille du vieux grognard (ancien soldat).
L'autre jeta un coup d'oeil sur Ester, qui avait remonté la capuche de sa cape.
- Vous partez à trois et vous revenez de même. Mais que je sois pendu si c'est ce pauvre Mejasson que voilà.
Annibal s'approcha de Vilatte.
- Nous avons laissé Mejasson au village de Moëze. Là-bas, un médecin l'a amputé. Il est en convalescence chez une veuve.
- Amputé... Sale hypothèque, remarqua Jean Coergne.
- Perce-neige est partie à sa recherche, remarqua Vilatte en maugréant (en râlant). Elle vous croyait à Trizay.
- Nous nous sommes perdus en chemin.
Epuisée, Ester s'était assise devant le feu, vers lequel elle tendait les mains. Les regards des hommes se posèrent sur ses doigts effilés et sombres.
- Qu'est-ce que c'est que cette embrouille Question
- Je vais la conduire à la vieille Lucile, répondit Annibal. Elle ne peut rester avec nous cette nuit.
Ils trouvèrent la vieille assise devant un feu.
- Bramefaim et moi, nous aimerions te confier Ester pour la nuit. Nous l'avons recueillie en chemin. Elle est seule et...
La vieille laissa Annibal s'empêtrer dans ses explications. elle ne quittait pas des yeux la jeune fille, qui, d'un geste lent, se dégagea de sa capuche.-
- Bramefaim m'a secourue alors que j'essayais de fuir un mauvais maître, dit Ester.
- Tous les maîtres sont mauvais, murmura Lucile, encore surprise. Et l'amour est un maître plus cruel encore.
Ester soutint son regard. Malgré la lassitude, une force irrépressible se dégageait d'elle.
- Elle veut retourner dans son pays, dit Annibal d'une voix sourde. En Afrique.
- Ce qu'une femme désire est écrit dans le ciel, dit Lucile en souriant. (Elle se leva et s'approcha d'Ester.) Je veillerai sur toi comme sur ma fille, dit-elle en lui prenant les mains et en les portant sur sa poitrine."

J'reviens Exclamation

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MessageSujet: LA BELLE ROCHELAISE   LA BELLE ROCHELAISE - Page 3 EmptyMer 12 Oct - 17:40

"Après que Lucile eut accompagné Ester dans sa loge, elle revint s'asseoir auprès d'Annibal et de Bramefaim.
- C'est toi, mon Bramefaim, qui as découvert ce diamant dans la forêt Question dit-elle.
Le colosse baissa les yeux.
- Tu aurais pu plus mal choisir... C'est une reine qui vient de s'endormir là, dit-elle en se tournant vers sa cabane.
- C'est une négresse dont le maître ne se privait pas d'user, répondit Annibal, brusquement.
La vieille regarda le jeune homme, sourit et se tut.
- La forêt va mal. Je ne suis pas certaine, mes enfants, que vous trouviez ici le refuge dont vous avez besoin.
- Que veux-tu dire Question demanda Annibal.
- La colère gronde chez les paysans. Ils vivaient de ces bois, et le marquis d 'Arnoult et son compère Richeboeuf les ont désespérés. Cela n'est pas bon pour nous.
- Comment le sais-tu Question
- Je le sais. Je sens des forces mauvaises. (La vieille se signa). Vous devriez partir dès demain.
- Pourquoi partirions-nous Question dit Annibal.
- Tais-toi Exclamation Penses-tu que je sois vieille à prendre le monde comme il vient Question Le penses-tu, bel Annibal Question
Elle éclat d'un rire qui poursuivit les deux Creusois jusqu'à leur loge, où ils se laissèrent tomber, épuisés sur leurs paillasses.
Depuis combien d'heures dormaient-ils lorsqu'une main les secoua sur l'épaule Question Annibal reconnut Lagrange penché sur leur couche. Le braconnier portait, encore accrochés à sa ceinture, deux lièvres garrotés (attachés).
- Levez-vous Exclamation
Dans le dos de Lagrange, Vilatte et Branche-d'or parlaient à voix basse. Jean Coergne était déjà sur pied. Eli Coutençon divaguait dans son sommeil.
- Que se passe-t-il Question demanda Annibal en secouant Bramefaim.
- Ils arrivent, répondit Lagrange.
- Les gendarmes Exclamation s'exclama Annibal.
Vilatte le regarda.
- Non, les paysans.
Lagrange prit le temps d'expliquer :
- Cette nuit, il y a eu du mal dans la forêt. Les habitants de Pousse-Penil et de Grand-Gaillard menaient pacager leurs bête en sous-bois lorsque Tournebride leur est tombé dessus avec cinq autre gardes forestiers appartenant au marquis d'Arnoult.
- Pourquoi se sont-ils fait prendre cette nuit Question Ils étaient plus prudents d'habitude, demanda Branche-d'or.
- C'est à cause de la rumeur, répondit Lagrange. Il se dit partout que cette nuit la forêt serait ouverte à la grasse pâture. Que les pauvres avaient l'autorisation de saisir autant de bois qu'ils le voulaient. Et même qu'ils pourraient faire vagabonder leurs chèvres. Tous les villages l'ont cru.
- Ont voulut y croire, corrigea Vilatte.
- Si vous aviez vu Exclamation dit Lagrange. Coste et moi, nous n'en croyions pas nos yeux. Des dizaines de femmes, dans des semis de peupliers, ont laissé le terrain coupé à blanc. Près de l'étang de Radegonde, des charrettes étaient si chargées de fagots qu'il fallut chercher des attelages pour les sortir des fondrières. Ils ont abattu les corniers qui marquent les limites de propriété du marquis...
Les Creusois se turent.
- Nous revenions au camp, lorsque nous avons vu Tournebride et ses hommes se saisir d'un troupeau qui broutait dans un recrû de jeunes chênes.
- Les pauvres gens, dit Jean Coergne.
- Des pierres, des insultes, des menaces de mort, et voilà tout le troupeau enséquestré et conduit par Tournebride dans une métairie au bord des douves du château d'Arnoult.
- Après Question
- Les nouvelles vont vite, en forêt. Les hommes sont repartis dans leurs fermes chercher leurs fusils. Coste et moi nous les avons vus qi se dirirgeaient par ici.
Pris entre les intérêts de Richeboeuf et ceux des paysans dépossédés de leurs droits sur la forêt, les Creusois étaient persuadés de perdre gros.
Les scieurs de long avaient à peine eu le temps de s'armer de leurs tue-bois qu'ils entendirent des cris.
- Les voilà Exclamation dit Lagrange."

A SUIVRE...
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MessageSujet: LA BELLE ROCHELAISE   LA BELLE ROCHELAISE - Page 3 EmptyJeu 13 Oct - 14:31

Ils se regardèrent. Une déflagration (une explosion) tonna dans la clairière, suivie de deux autres. Des hurlements, une bousculade et, très vite, des silhouettes courant entre les cabanes, des fusils à la main, sommèrent (ordonnèrent) les baraquins de sortir.
Les scieurs se montrèrent sur le seuil de leur loge. Des dizaines de paysans armés, le visage couvert de cagoules en vessie de porc, avaient investi le camp. Alors qu'ils se dirigeaient vers le centre de la clairière pour y être regroupés, les Creusois virent Coste qui tentait de résister.
- Reste tranquille Exclamation lui cria Lagrange. Ils sont dangereux Exclamation
Coste avait empoigné sa hache à équarrir. Le paysan qu'il menaçait l'ajusta et lui envoya une décharge de plomb en pleine poitrine. Et, dans l'indifférence de ses compagnons, il tourna les talons sans même se pencher sur sa victime.
Les baraquins furent rassemblés près d'un immense brasier. Le jour se levait, et les charbonniers, les bûcherons, les sabotiers et les scieurs de long découvrirent la gravité de l'affaire à laquelle ils se trouvaient mêlés. Jean Coergne porta la main à sa ceinture, persuadé d'y trouver le poignard qui ne le quittait jamais. Mais l'arme avait disparu.
- Est-ce que tu vois Ester Question demanda Annibal à Bramefaim.
Bramefaim découvrit la silhouette d'Ester emmitouflée dans sa pèlerine. Il sourit. La vieille Lucile avait installée la jeune fille parmi les épouses des charbonniers, qui n'avaient rien à envier à la noirceur de ses traits.
- Vous êtes les hommes de Richeboeuf et du marquis Exclamation cria le chef des paysans en direction des prisonniers. Vous usez de la forêt que nous tenons des mains de dame Nature.
- Avons-nous l'air de marquis Question rétorqua Annibal.
L'autre, le visage recouvert d'une vessie de porc percée aux yeux, aux narines et à la bouche, se tourna vers le Creusois.
- Vous n'êtes que des horsains (étrangers à la Normandie), des mangeurs de hérissons et des ravaillacs (des assassins, en référence à François Ravaillac, qui tua le roi Henri IV en 1610) Exclamation Ici, nous sommes chez nous. Personne ne nous empêchera de tirer les fruits d'une forêt qui nous appartenait déjà en des temps où il n'y avait pas encore de roi Exclamation
- Tu t'en prends aux valets faute de t'en prendre au maître, poursuivit Annibal. Crois-tu que nous serions ici si nous avions de quoi ne pas mourir de faim chez nous Question
- Vous êtes étrangers au pays. Vous êtes des voleurs, s'écria un homme qui brandissait un fusil.
- Qu'allez-vous faire de nous Question demanda Fontannes.
Le chef des paysans répondit :
- Arnoult a enséquestré nos bêtes. Nous allons vous emprisonner. Nous ne vous relâcherons que lorsque nous aurons récupéré notre bien.
La troupe se mit en marche. Des gueux menaçaient des meurt-de-faim. Des jacques s'en prenaient à des sans-terre.
Une heure plus tard, des prisonniers et leurs gardiens arrivèrent devant une métairie abandonnée, à moins d'une demi-lieur du château d'Arnoult. Les paysans enfermèrent les femmes dans l'unique pièce du rez-de-chaussée tandis qu'ils poussaient les hommes dans la cave. La porte du soupirail se referma, plongeant les baraquins dans l'obscurité. Dehors, une dizaine de pauvres bougres armés de fusils surveillaient l'issue (la sortie)."

Vous mets un peu de zique pour passer le temps que je revienne :



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MessageSujet: LA BELLE ROCHELAISE   LA BELLE ROCHELAISE - Page 3 EmptyJeu 13 Oct - 14:32

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MessageSujet: LA BELLE ROCHELAISE   LA BELLE ROCHELAISE - Page 3 EmptyJeu 13 Oct - 14:55

"Le reste de la troupe, constitué d'une soixantaine d'hommes, se porta vers le château d'Arnoult. Lorsque les paysans arrivèrent devant les grilles, le marquis crut revivre ce jour de la Grande Peur de juillet 1789, tant de fois évoqué par sa mère, où deux cents paysans armés s'étaient introduits au château et avaient intimé à son père l'ordre de rédiger un acte de renonciation à tous ses droits seigneuriaux. Ce que des vilains avaient arraché par la menace à Eugène-Nicola d'Arnoult en des temps autrement plus incertains, il n'était pas question de le céder quarante-deux ans plus tard. Arnoult fit condamner les portes du château, posta quelques domestiques armés de fusils de chasse aux fenêtre et se promit d'attendre sereinement l'arrivée des gendarmes. Bien qu'au fond tout cela l'exaspérât (l'énerva)."

FIN DU 7
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MessageSujet: LA BELLE ROCHELAISE   LA BELLE ROCHELAISE - Page 3 EmptyJeu 13 Oct - 19:08

8

"La punition

LA cave voûtée où se trouvaient emprisonnés les baraquins était plongée dans une nuit profonde. Avec le temps, les yeux découvrirent une frange de lumière bleue qui tombait d'un soupirail obturé par des grilles. Les regards sè accrochèrent.
- Ils ont tué Coste, dit une voix.
- Ils l'ont tiré comme un lapin, laissa échapper un autre. Les baraquins se turent. Ils étaient debout, ne sachant que faire, enragés par la manière dont ils s'étaient laissé prendre.
- Personne pour lui fermer les yeux, dit Danube.
- C'est la faute à Richeboeuf et à Arnoult...
- Ce chantier est maudit. Dès que nous serons libres, nous le quitterons.
- Les gendarmes finiront par arriver, s'écria Branche-d'or. Et, pour une fois, nous serons contents de les voir.
Annibal ne répondit pas. Il alla s'asseoir dans un coin de la cave, en silence. Il tenait une cloche en font trouvée sur le sol, comme en portent les menants et les chèvres.
L'attente dura une bonne partie du jour. Tous songeaient aux femmes, prisonnières dans la salle commune à l'aplomb de la cave. Les hommes étaient honteux d'avoir si mal protégé leurs compagnes. Et cette honte fermentait en colère.
Jean Coergne s'approcha de Danube.
- Des soldats comme nous, se faire serrer ainsi, par des torche-boeufs...
- Ce n'est pas glorieux, reconnut le Transylvanien.
- Quand je pense que jadis j'avais la double main, dit Jean Coergne. Aussi habile au fusil qu'au sabre.
- Moi, c'était la poudre. J'étais servant de batterie. J'aime faire sauter les souches à la poudre noire. Le bruit, l'odeur...
- Danube, demanda Annibal à voix basse. Est-ce que tu as de la poudre sur toi Question
- Oui. Je devais dessoucher aujourd'hui.
- Donne-la moi...
Danube sortie de sa poche un papier plié et le tendit à Annibal.
- On n'a pas de quoi fabriquer une bombe, remarqua l'ancien soldat. D'ailleurs nous serions tous blessés par l'explosion.
- Nous allons sortir de là, dit Annibal. Et sans l'aide des gendarmes. je fais sauter la serrure et on s'engouffre dans l'escalier. Aucun Charentais n'arrêtera notre charge Exclamation
La faconde du jeune homme donna du coeur à ses compagnons, qui firent cercle autour de lui. Par la fente de la cloche, Annibal versa la poudre que Danube lui avait remise.
- Nous n'avons pas de mèche, murmura un homme.
- Et ça Question répondit Danube en déchirant un pan de sa chemise.
Les deux hommes s'approchèrent de la porte. Ils placèrent la cloche contre la serrure et la coincèrent fortement entre deux pierres. Ils disposaient la lanière de toile qui servait de cordon lorsqu'ils entendirent des coups de feu.
- Les gendarmes Exclamation s'écria un sabotier. Nous sommes sauvés.
Annibal et Bramefaim échangèrent un regard.
- Non Exclamation C'est Tournebride..., dit Branche-d'or, qui regardait par le soupirail.
Les baraquins entendaient les échos d'une bousculade. Un coupe de feu claqua de nouveau. Puis ce fut le silence.
Soudain des cris de femmes parvinrent du rez-de-chaussée. Les prisonnières hurlaient. Les hommes se regardèrent.
- Ils sont en train de nous les prendre Exclamation cria un charbonnier, dont l'épouse et la fille se trouvaient dans la métairie.
- Mordieu Exclamation hurla Jean Coergne. A moi, les Creusois Exclamation
- Fais péter ta bombe Exclamation cria un sabotier qui était marié.
Annibal ne se fit pas prier. Aidé de Danube, il plaça la mèche et battit un briquet à amadou. Les baraquins, tassés au fond de la cave, fermèrent les yeux.
La détonation fut sourde. Dans le nuage de fumée qui envahissait la voûte, les hommes se regardèrent, hébétés, les mains sur les oreilles. Ils se tournèrent vers la porte. Une échancrure de lumière crevait l'obscurité. Annibal et Bramefaim furent les premiers à se précipiter par l'escalier. Ils débouchèrent dans la cour, en plein du jour. Les femmes se tenaient contre la façade. Certaines pleuraient. Lucile tendit le bras en direction du chemin. Annibal vit trois cavaliers s'enfuir au galop.
- Ils ont enlevé Ester Exclamation cria la vieille femme.
Lucile raconta à Bramefaim et à Annibal l'arrivée de Tournebride. Le garde-chasse était accompagné par deux hommes en chapeau et costume noirs."

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Martine

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MessageSujet: Re: LA BELLE ROCHELAISE   LA BELLE ROCHELAISE - Page 3 EmptyVen 14 Oct - 6:33

Je viens lire ce soir ! Merci
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MessageSujet: LA BELLE ROCHELAISE   LA BELLE ROCHELAISE - Page 3 EmptyVen 14 Oct - 11:09

Hier soir j'avais continué la frappe et à la fin du texte, prêt à être envoyé : pfttt, disparu. ... Evil or Very Mad
Je vais devoir rouvrir une page sur le bureau. ... Crying or Very sad

Bizous crachotins (y pleut). ...
I love you
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MessageSujet: LA BELLE ROCHELAISE   LA BELLE ROCHELAISE - Page 3 EmptyVen 14 Oct - 18:54

- On aurait dit des argousins, dit la vieille femme. Dès qu'on a entendu les premiers coups de fusil, j'ai regardé par la fenêtre.
- Alors ?
- Huit paysans gardaient la ferme. Des pauvres bougres armés de leurs canardières. Lorsque les trois autres sont arrivés, les torche-boeuf ont vite compris à qui ils aveint affaire. Ils se sont envolés comme des moineaux. Ester devait connaître les deux hommes, ajouta Lucile. Dès qu'elle les a vus, elle a cherché à se cacher. Ils se ressemblaient comme deux frères. Maudit soit le sin qui les a nourris. (Elle cracha par terre). Ils sont entrés dans la salle commune. (La vieille pressa le bras d'Annibal.) Nous nous sommes bien battues. Une vraie mêlée, mon petit.
Elle se tourna vers les autres femmes. Annibal vit que certaines clopinaient (boitaient). La femme d'un sabotier avait un oeil bleu. Le sarrau (le tablier) d'une autre était déchiré.
- Mais que faire contre deux brutes ? Ils nous frappaient aussi simplement que si nous étions des hommes. Je reverrai toujours leurs faces rondes, une peau brûlée par le soleil, et le nez écrasé. Ils ont attrapé la gamine. L'un l'a mise en croupe et tu sais toute l'histoire.
Des exclamations annoncèrent l'arrivée d'une troupe. Annibal se précipita sur la toiture d'un four et aperçut une quinzaine de gendarmes qui se dirigeaient en ligne vers la métairie.
- Bramefaim !
Le colosse avait compris. Annibal courut jusqu'à Vilatte.
- Si les gendarmes vous questionnent...
L'autre opina (approuva de la tête).
- Adieu !
Vilatte se tourna vers les militaires, dont on distinguait la pointe des fusils portés à l'épaule. Les deux Creusois prirent à l'opposé, la direction du bois.
Le brigadier de gendarmerie, surpris de trouver des baraquins libérés, ordonna à son peloton de faire halte. Vilatte et Fontannes s'avancèrent.
- Les paysans se sont enfuis.
- Vous êtes tous là ? interrogea le soldat.
- Oui, répondit Vilatte.Je suis le chef de la brigade des scieurs de long creusois.
Le militaire les toisa (les regarda avec mépris).
- Je recherche deux hommes. Ils appartiennent à ta brigade, ajouta le militaire en s'adressant à Vilatte.
L'autre soutint son regard.
- Ils sont creusois, comme toi. L'un se nomme Annibal et l'autre Bramefaim. Reconnais-tu qu'ils sont dans ton équipe ?
- Oui, dit Vilatte.
- Je ne les vois pas, dit le gendarme, qui possédait leur signalement.
- C'est qu'ils ne sont plus avec nous depuis plusieurs jours. Répondit tranquillement Vilatte. Un des élagueurs s'est blessé. Annibal et Bramefaim l'ont conduit chez un médecin. Ils ne sont pas revenus depuis.
- Tu mens ! s'emporta le gendarme. Je sais qu'ils sont revenus.
- Pour ça non ! Pas vrai, vous autres ? (il pose la question à ses compagnons).
Vilatte se tourna vers les baraquins qui écoutaient en retrait. Des visages impénétrables et sombres, opinèrent sobrement.
Le gendarme haussa les épaules. Pour la forme, il ordonna à ses hommes de fouiller minutieusement la masure. Quand la visite fut terminée, il rassembla la troupe et proclama :
- Nous allons vous reconduire à votre camp. Restez sur vos gardes, car les paysans se sont enfuis dans le bois. Ils peuvent nous tendre une embuscade (un piège).
La rapidité avec laquelle Bramefaim et Annibal avaient été identifiés était déconcertante. Le matin même où Belin-Supiot déposait pour l'assassinat de son domestique, les gendarmes de la région de Beurlay s'étaient mis en chasse. Leur traque s'était révélée vite fructueuse. Ils savaient de la bouche d'Etienne Belin-Supiot, que l'un des deux hommes s'était présenté comme scieur de long. L'armateur rochelais avait en outre dressé un portrait d'une grande précision des deux Creusois. Ce fut alors que la chance joua en faveur de la maréchaussée. Depuis deux jours, une cueilleuse de simples était signalée dans la région, errant à la recherche de son fiancé, un élagueur blessé. Les gendarmes interrogèrent Perce-neige, qui, en toute innocence et persuadée que les argousins (terme péjoratif pour désigner les gendarmes) l'aideraient à retrouver Mejasson, leur avait livré les noms d'Annibal et de Bramefaim.
Aussi, lorsque les gendarmes arrivèrent aux abords du château d'Arnoult, tout autant que du maintien de l'ordre, ils étaient préoccupés de l'arrestation de Bramefaim et d'Annibal. Depuis le matin, la tension n'avait cessé de monter devant les grilles. Les assiégeants aveint fait approcher un fardier volé aux baraquins. Leur chef était un petit propriétaire nommé Yvon Bourgne, d'autant plus enragé contre le marquis qu'il avait dû restituer des terres acquises au titre des bien d'émigrés.
Se servant du fardier comme d'un bélier, les paysans avaient enfoncé les grilles du château. Bourgne fit chercher des pelles et des pioches et ordonna que fussent creusés cinq fosses dans les allées centrales et devant l'escalier principal. Intriguée, la famille du marquis, postée dans les étages, assistait à la scène tout en priant pour qu'arrivent les gendarmes. Quand les excavations furent terminées, Bourgne, toujours masqué, s'adressa au marquis, dont il devinait la silhouette derrière une fenêtre du second étage.
- Tu vois ces cinq trous, marquis ? cria-t-il. Il y en a un pour toi, le plus grand. L'autre est pour ta femme, et ces trois-là sont pour tes enfants. Ti tu persistes à ne pas nous abandonner les ramilles, à nous interdire les glandées et l'errance de nos bêtes dans nos bois, nous le remplirons tous les cinq.
Les paroles furent dites avec tant de détermination que le marquis d'Arnoult, malgré sa volonté de ne pas céder, blêmit. Le grand souffle de la Révolution semblait si proche et si peu près de s'éteindre qu'il fut même sur le point de prononcer des paroles d'apaisement, lorsqu'il aperçut la maréchaussée.
La vue des gendarmes produisit sur les paysans l'effet espéré par les gens du château. Ce fut un savue-qui-peut grotesque (ridicule).
Tournebride assistait les gendarmes. Dès qu'il pouvait se saisir d'un malheureux, il lui arrachait sa cagoule et lançait aussitôt son nom à pleine voix, laissant une trace indélébile dans la mémoire des chasseurs. le pauvre bougre pouvait s'échapper, c'en était fait de lui. Tournebride avait scellé sa perte.
- Firmin de la ferme de Rousselot, Pierre de la métairie des Houchettes, Léonard, journalier à Saint-Thomas...
Et l'écho de cette voix renvoyé par la façade du château était plus effrayant encore que les coups échangés."

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MessageSujet: LA BELLE ROCHELAISE   LA BELLE ROCHELAISE - Page 3 EmptyVen 14 Oct - 20:06

Au soir, Annibal et Bramefaim se retrouvèrent à quelques centaines de pas seulement de leur camp, dont ils apercevaient les feux dans la clairière.
- C'est donc notre faute si Ester a été reprise, avait lâché Bramefaim. Ces hommes doivent appartenir à son maître.
Ils étaient assis au pied d'un chêne. Le froid serrait. Ils n'avaient pas mangé depuis la veille.
- Je vais finir par croire que Lucile a raison lorsqu'elle dit que c'est une reine, plaisanta Annibal. Pour quq'autant de monde s'intéresse à elle. Mais à chacun son destin. Le nôtre, à présent consiste à se mettre en lieu sûr.
Bramefaim se tourna vers son ami.
- Moi, ça ne change rien.
- Comment ça ? demanda Annibal.
- Je pars à sa recherche.
Annibal se leva d'un bond. Il fit face à Bramefaim.
- Te rends-tu compte que nous sommes traqués ? Je ne veux pas que tu finisses au bagne, accroché à la chaîne que nous avons vue passer hier matin.
- Fais à ton idée. Moi, je vais la chercher.
- Elle t'a ensorcelé, c'est cela ? Et quand tu l'auras de nouveau capturé, l'oiseau s'envolera à tire-d'aile dans ses îles, et toi tu resteras Gros-Jean (comme un imbécile)... Qu'espères-tu donc ? Aucune volière ne peut retenir cette sorte de créature.
- J'aime regarder les oiseaux qui s'échappent des volières...
Annibal, un moment déconcerté, demanda :
- Et comment comptes-tu la retrouver ?
- Par tournebride...
Annibal leva la tête vers les étoiles. Puis, d'une voix soudain enjouée, il ajouta :
- Suis-moi !
En silence, ils s'approchèrent du camp.
- Regarde..., souffla Annibal.
Dix gendarmes bivouaquaient devant un feu, un peu à l'écart. Au centre de la clairière, posé sur des billots, Annibal et Bramefaim aperçurent le cercueil de Coste. Tout autour, les baraquins veillaient leur mort.
Annibal et Bramefaim se glissèrent jusqu'à leur loge. Ils se saisirent de leurs économies et avantcèrent à quatre pattes vers Lagrange, qu'ils avaient reconnu.
- Lagrange... souffla Annibal.
Le braconnier se retourna et rejoignit Annibal.
- Les gendarmes vous recherchent, prévit Lagrange.
- J'ai un service à te demander, dit Annial.
- Parle, répondit le braconnier.
- Peux-tu nous mener jusque chez Tournebride ?
- Oui.
Dans la loge, Bramefaim et Annibal prirent le temps de fourrer dans leurs poches du jambon et du pain.
- Richeboeuf est venu, dit Lagrange à voix basse. Il nous a avertis que nous allions changer de plan de coupe. Ici, les choses ne sont pas près de se calmer.
Les trois hommes prirent le chemin de la maison forestière de Tournebride. Leurs souliers ne froissaient pas les feuilles. Ils ne brisaient aucune branche, ne pliaient aucun rameau.
Près d'une heure plus tard, ils étaient parvenus au pied d'un dévers, quand Lagrange s'accroupit. A peine s'étaient-ils blottis derrière un houx qu'une dizaine de paysans cagoulés passaient à quelques pas. Ils avançaient si furtivement que le braconnier avait bien failli se laisser surprendre. Aussi brusquement qu'elles étaient apparues, les silhouettes se fondirent entre les troncs. La nuit se referma sur leur sillage, laissant à leur traîne un remugle âcre (une odeur désagréable). Lagrange se retourna et murmura :
- Du sang...
Ils se relevèrent. En contrebas, ils découvrirent l'allée forestière qui menait à la clairière où se trouvait la maison de Tournebride. Les nuages étaient si lourds qu'aucun des trois hommes ne pouvait discerner la pointe de ses godillots (grosses chaussures). Une odeur étrange leur parvenait. Soudain, le braconnier s'écroula sur le sol. Il se releva vivement :
- Bon sang ! j'ai dérapé dans...
Annibal se pencha, alluma son briquet.
- C'est incroyable, lâcha-t-il.
- Qu'est-ce que c'est ? demanda Lagrange, la voix décolorée (voix de peur).
- Un ventre...
Les trois hommes restèrent statufiés, incapables de faire un pas, nauséeux. La grange venait de glisser sur une masse énorme d'intestins et de viscères sanguinolents. Sur des entrailles.
Ils poursuivirent vers la clairière. Ce fut alors qu'ils aperçurent, au milieu du chemin, une tache grise. Ils s'arrêtèrent. Lagrange hésitait, Bramefaim s'approcha et dit à voix basse :
- C'est un cheval...
- Le cheval de Tournebride, fit Lagrange. Ils l'ont éventré.
Bramefaim contourna la carcasse.
- Ca bouge dedans.
Annibal passa la main sur le flanc de l'aniam et ses doigts touchèrent du sang glacé sur une longue cicatrice grossièrement recousue. Il saisit le poignard de Lagrange et éventra le cheval.
- Il y a quelque chose dedans...
Lagrange et Bramefaim saisirent les parois de la cicatrice et tirèrent violemment. Tournebride, plié comme un foetus, assommé, groggy, une large plaie à la tempe, une épaule brisée, respirait encore dans le ventre de sa jument.
Les trois hommes empoignèrent le garde et le sortirent, ruisselant de sang et de mucosités. Ils l'allongèrent sur le talu, le frictionnèrent. Annibal lui donna quelques volées de gifles.
- Nous allons le porter jusque chez lui, ordonna-t-il.
Moins de dix minutes plus tard, ils parvenaient en vue de la maison forestière. Annibal poussa la porte, qui n'éait pas fermée. Rapidement, il alluma quelques lampes à huile, fouilla un vaisselier et trouva une bouteille d'alcool.
- Allume du feu, commanda Annibal à Lagrange.
Bien vite, une flambée éclaira la pièce. Ils déshabillèrent Tournebride, l'enveloppèrent dans une couverture, portèrent le goulot de la bouteille à sa bouche.
Tournebride ouvrit les yeux et jeta un regard effaré autour de lui.
- Tu es en sécurité, dit Annibal.
Tournebride inclina le visage vers le mur. Les autres détournèrent les yeux. Le garde pleurait.
Tournebride reprenait lentement ses esprits. Il raconta à mots hachés comment il était tombé dans une embuscade alors qu'il rentrait chez lui. Annibal lui dit :
- Tu nous dois une vie.
Comme l'autre ne répondait pas. Annibal cria plus fort, tout en désigant Bramefaim :
- Non ! Tu lui dois une vie. A lui !
Le garde opina.
- Ne l'oublie jamais. C'est lui qui t'a découvert dans ton enfer. Sans lui, tu ne serais qu'un monstre dans le ventre d'une jument conduite à l'équarissage. Tu lui dois d'être resté un homme.
Bramefaim s'approcha du lit.
- Tu as laissé deux hommes s'emparer d'une jeune fille dans la métairie.
Tournebride eut une expression tragique.
- Ils sont venus en même temps que les gendarmes. Ils appartiennent au maître de la fille. Ils ne s'intéressaient qu'à elle. Pas à vous deux.
- Leurs noms ?
- Ils sont frères. Les frères Cohl.
- Où sont-ils partis ?
- Ils devaient passer la nuit ici...
Annibal regarda ses compagnons.
- Pourquoi ne sont-ils plus là, alors ?
- Je ne sais rien de plus, dit Tournebride, épuisé.
Bramefaim quitta la pièce et cria :
- Ester ! Ester ! n'aie pas peur. C'est moi, Bramefaim.
Ils entendirent craquer le plancher qui lambrissait le plafond.
- Il y a une trappe, là ! dit Lagrange.
Bramefaim poussa une table en chêne, grimpa dessus et souleva la trappe.
- Je la vois! s'écria-t-il.
D'un coup de rein, il se hissa dans le faux grenier. Les autres entendiren qu'il parlait à voix basse. Puis les longues jambes d'Ester apparurent par l'échancrure du plafond. Annibal saisit la jeune fille par la taille. Leurs visages se frôlèrent. Ester sauta sur le sol. Elle se frotta les poignets, que ses liens avaient endoloris.
- Que s'est-il passé ? dit Annibal.
- Nous devions passer la nuit ici. Les paysans sont arrivés. Les frères Cohl ont pris peur et m'ont cachée au grenier avant de s'enfuir. Ils espéraient revenir me chercher.
- Qui sont ces hommes ? demanda Annibal, ces frères Cohl ?
- Ce sont des hommes de main de Belin-Supiot, répondit Ester. Ils sont venue de la Martinique. Sur les plantations, ils font régner l'ordre...
- Vous travailliez sur ne plantation ?
- Oui... Enfin, non. J'ai toujours étaut au service de la famille Belin-Supiot. C'est ce qui m'a sauvée. Dans les champs de canne, je serais morte. Mon frère, lui, travaillait au moulin.
- Votre frère est resté là-bas?
- Il est mort, dit Ester.
Ils marquèrent un silence.
- Ce que je ne comprends pas, reprit Annibal, changeant de sujet, c'est pourquoi les paysans n'ont pas saccagé la maison.
Lagrange tendit la main vers une huisserie.
- Cette maison est maudite. Les mages ont posé leurs signes un peu partout.
Ils virent une figure étrange taillée dans le bois.
- Et là...
Il montra un crapaud crucifié sur une porte d'armoire.
- Ne restons pas ici, ajouta le braconnier.
Ils sortirent de la maison forestière en y abandonnant Tournebride. Dans la clairière, Lagrange dit :
- Je vous quitte. Je retourne au camp...
- Merci, dit Annibal en pressant son """"pays""" par les épaules

Le jour se levait. C'était le frémissement de l'aube, l'heure où, l'hiver, les oiseaux meurent de froid. Le gel faisait à Annibal, Bramefaim et Ester des visages inexpressifs de pierre. Que pouvait-il leur arriver de plus terrible, que pouvaient-ils voir de plus inhumain que ce que cette nuit leur avait donné à voir ? Ester ressentit l'effroi (la peur) qui habitait les deux Creusois et elle se tut. Ils marchèrent ainsi vers l'est, vers la lisière, vers la lumière de son rivage. Ils ne couraient pas vraiment. Ils fuyaien
t.
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MessageSujet: LA BELLE ROCHELAISE   LA BELLE ROCHELAISE - Page 3 EmptyVen 14 Oct - 20:07

C'était la fin du chapitre 8. Je l'avais écrit sur le bureau mais mon copier/coller ne l'a pas enregistré. ... tongue
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