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 NAPOLEON ET LES FEMMES

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MORGANE
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JEAN
MARCO
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epistophélès

epistophélès


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MessageSujet: NAPOLEON ET LES FEMMES   NAPOLEON  ET LES FEMMES - Page 10 EmptyMer 18 Juil - 0:27

Ce soir, n'ai pas pu vous mettre la suite. Demain, j'aurai un créneau, dans la journée, et pourrai m'atteler à ma "corvée" ...... Razz tongue
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MessageSujet: Re: NAPOLEON ET LES FEMMES   NAPOLEON  ET LES FEMMES - Page 10 EmptyMer 18 Juil - 12:07

Ca te reposera un peu Laughing
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epistophélès

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MessageSujet: NAPOLEON ET LES FEMMES   NAPOLEON  ET LES FEMMES - Page 10 EmptyJeu 19 Juil - 19:55

Au cours de ses promenades sentimentales dans Paris avec l'Empereur, Marie s'efforçait d'amener la conversation sur son pays, qu'avec un entêtement bien féminin elle voulait toujours ressusciter. Mais Napoléon avait alors d'autres préoccupations.
Au mois de novembre 1807, les armées de Junot s'étaient emparées du Portugal, qui, seul de tous les Etats européens, restait ouvert aux Anglais, contrairement aux exigences du Blocus. Et le monde, saisi de stupeur, avait vu les souverains portugais s'enfuir en Amérique du Sud.
Devant une victoire aussi facile, les appétits de Napoléon s'étaient aussitôt accrus. Il voulait maintenant s'approprier l'Espagne et fondait son ambition sur un raisonnement assez curieux :

- Depuis Louis XIV, disait-il, la couronne d'Espagne appartient à la famille qui règne sur la France. Puisque j'ai recueilli l'héritage du grand roi, il est normal que cette couronne soit portée par un de mes parents. J'ai choisi mon frère Joseph pour succéder à Charles IV
.

En ce printemps 1808, l'Empereur allait être aidé dans ses desseins par l'anarchie qui régnait en Espagne.
Le roi Charles IV, passionné de chasse, laissait, en effet, le pouvoir entre les mains de sa femme, la reine Marie-Louise, hystérique couronnée qui se donnait aux valets, aux palefreniers, aux cochers, et vivait publiquement avec un ancien garde du corps, Manuel Godoy, qu'elle avait fait capitaine général du royaume, ministre d'Etat, et haut dignitaire de la Toison d'Or.
Ce personnage bête et méchant était maître absolu de l'Espagne.
Détesté par le peuple, il avait pour ennemi personnel le prince des Asturies, héritier de la couronne.

Au début de mars, Napoléon envoya des troupes dans la péninsule sous le commandement de Murat, qui poussé par Caroline, réclamait la couronne de Charles IV.
Connaissant la faiblesse du roi et la vénalité du favori de la reine, l'Empereur avait déclaré :

- Nous obtiendrons l'Espagne sans combat...


Des événements imprévus allaient modifier la situation ; le 19, à Aranjuez, le peuple arrêta Godoy, mit sa maison à sac et obligea le roi à abdiquer en faveur du prince des Asturies, qui prit le nom de Ferdinand VII.

A la suite de cette révolution, l'armée française, qui approchait de Madrid, fut accueillie en libératrice.
"Comme nous étions alors dans les environs, dit Blaze, les Espagnols ne doutèrent pas que nous fussions venus tout exprès pour préparer et soutenir cette révolution.
On détestait Godoy, Ferdinand était aimé de tout le monde. Il n'en fallait pas davantage pour nous faire aimer aussi."
Et Murat, s'imaginant qu'il allait être roi d'Espagne, écrivit à l'Empereur :


Partout on attend Votre Majesté et avec elle le bonheur. Jamais peuple ne fut plus malheureux par sa mauvaise administration et jamais il n'en exista plus digne d'un meilleur sort. Je suis persuadé que ce bon peuple vous intéressera.

Le 23, l'armée française tambour battant, entra dans Madrid par la porte d'Alcala.
Pensant que le moment d'agir était venu, Napoléon décida de se rendre, sans tarder, près de la frontière pour y diriger personnellement les opérations.
Il partit de Paris le 2 avril, tands que Marie Walewska, en larmes, retournait en Pologne.


Un petit scandale assez amusant pimenta le voyage en Espagne. Si l'on en croit le baron de Bouillé, une dame de la suite de l'Impératrice se serait laissée surprendre dans une posture rendue fâcheuse par une malice de la nature...
A chaque étape, cette jeune personne, dont le sang était particulièrement vif, cherchait, d'un oeil gourmand, le villageois le plus séduisant et, sous un prétexte futile, entrait en conversation avec lui. Les choses étaient alors rondement menées. Tandis que l'autre lui indiquait le nom d'un arbre ou le temps qu'il ferait le lendemain, la petite rouée sortait légèrement la langue et se léchait l'index en donnant à sa bouche une forme arrondie et obscène.
L'effet était immédiat. Le garçon écarquillait l'oeil, rougissait, devenait moite et se sentait envahi par un désir impérieux de s'approprier la dame.
Celle-ci étant peu fière, l'aventure avait généralement sa conclusion dans un fossé, une grange, un taillis, ou un placard à balais...


En Poitou, cette jeune évaporée se sentit de l'humeur pour le fils d'un aubergiste et entendit le savourer sur-le-champ, comme les précédents. Sans plus de formalités, elle lui demanda la recette de la poularde au vin, le regarda dans les yeux, mouilla son doigt et vit avec satisfaction le désir faire de rapides progrès dans les artères du jeune homme.
L'instant d'après, ils étaient tous les deux dans la cave de l'auberge et se donnaient du plaisir sur un petit tonneau de Bourgueil...
Sans doute mirent-ils quelque exubérance à leurs ébats, car l'aubergiste fut alerté. Croyant que des soldats de la suite impériale se régalaient de son vin, il descendit dans la cave à pas de loup et surgit devant les amoureux.
Son apparition plongea Mme de S... dans un tel saisissement qu'un phénomène curieux se produisit à l'endroit de son honneur. "Contractée par la peur, nous dit-on, elle fut incapable de rendre la liberté au jeune villageois, qui était ainsi retenu par le meilleur de lui-même."

Fort ému de voir une dame de la haute société dans cette posture inhabituelle, l'aubergiste commença par retirer son bonnet en bredouillant des excuses. Puis il tenta de dégager son fils. Tirant à droite, tirant à gauche, il agit, nous précise-t-on, "comme s'il eut voulu déboucher une bouteille". Mais l'entreprise était au-dessus de ses forces, et il ne parvint qu'à faire gémir les deux malheureux.
Affolé à l'idée que son fils allaait peut-être demeurer dans cette navrante situation jusqu'à la fin de sa vie, le brave homme remonta dans la rue pour chercher du secours.
Quelques paysans, auxquels se mêlèrent plusieurs cochers de l'Impératrice, descendirent dans la cave. Peu doués intellectuellement, ils s'intéresssèrent d'abord au côté leste du spectacle et firent des commentaires gaillards en se donnant des bourrades. Défaillante de honte, Mme de S... demanda, au nom de la charité chrétienne, qu'on voulût bien lui épargner les quolibets. Sa prière toucha les cochers. Cessant de rire, ils essayèrent différentes opérations, qui échouèrent avec une grande régularité...
Finalement, l'aubergiste entoura les amants d'une couverture, et l'on attendit que la nature consentît à desserrer son étreinte.
Deux heures plus tard, le jeune villageois cessait d'être le captif d'une grande dame trop émotive
...
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MessageSujet: NAPOLEON ET LES FEMMES   NAPOLEON  ET LES FEMMES - Page 10 EmptyJeu 19 Juil - 21:16

Bien que ce genre d'incidents ne fût pas connu de tout le monde, (ce phénomène est plus fréquent qu'on nde l'imagine. Il porte le nom de pénis captivum...) la Cour n'était pas entourée d'un grand respect, et l'on ne se gênait pas pour traiter Joséphine elle-même assez cavalièrement. Ecouton le duc de Broglie, qui se trouvait aux Ormes, sur la route de Bordeaux, et assista au passe du convoi :

"Je vis passer l'Impératrice, en grande pompe, écrit-il. La cohue splendide des dames d'honneur, d'atours et de palais marchait à sa suite et, à sa suite aussi, le cortège des lectrices qui formaient le harem de notre sultan, et l'aidaient à prendre en patience encore pendant quelque temps la vieillesse plâtrée de la sultane émérite. Il paraît néanmoins qu'entre le couple impérial, le marché n'était pas sans conditions, car, peu de jours après, nous vîmes repasser, tout éplorée, l'une de ces odalisques, et les curieux apprirent du valet qui l'accompagnait qu'elle venait dêtre chassée pour avoir pris de trop grands airs."

Cette demoiselle, d'origine irlandaise, s'appelait Virginie Guillebaut. Fille d'une dame galante, elle rêvait d'être favorite et réussit à se glisser dans le lit de l'Empereur au château de Marrac, près de Bayonne, où la Cour s'installa le 17 avril.
Ecoutons Mlle d'Avrillon :


"Notre séjour à Marrac fut marqué par une petite aventure. L'Impératrice, par un signulier contraste de caractère, était extrêmement jalouse et aimait à s'entourer de jeunes et jolies personnes : Mlle Guillebaut fut une de celles qui briguèrent l'honneur de lui appartenir et elle était du voyage de Bayonne.
"Cette jeune personne était réellement d'une figure charmante, d'une rare fraîcheur, d'une taille élégante, et, de plus, elle était comme on dit, affligée de dix huit ans.
"Après beaucoup d'hésitation, comme si un secret démon nous poussait toujours à faire ce qui doit nous causer des regrets, Sa Majesté s'était décidée à l'emmener ; elle lui donna en même temps le titre de lectrice, emploi très facile à remplir auprès de Sa Majesté, car je ne sache pas que personne à la Cour ait jamais lun une seule page en présence de l'Impératrice.
"A notre arrivée à Marrac, poursuit Mlle d'Avrillon, on donna à Mlle Guillebaut une chambre qu'elle habita seule ; sa femme de chambre, ne pouvant être logée au palais, couchait dehors. Mlle Guillebaut se trouvait donc, après son départ, dans un isolement presque complet. Le soir seulement, encore n'était-ce pas tous les soirs, l'Impératrice la faisait venir dans le salon pour y faire de la musique. Là, elle éprouvait toutes sortes de désagréments, parce que les dames du palais de Sa Majesté la regardaient du haut de leur grandeur... Ce fut dans une des soirées de l'Impératrice que l'Empereur la vit et la remarqua. L'ayant trouvée jolie, il résolut d'aller la voir chez elle et la fit prévenir de sa visite par Roustan. C'était un ordre."

Obéissante et ravie, Virginie se laisa prendre et avertit sa maman du bonheur dont le destin venait de la combler. Mme Guillebaut, voulant la faire profiter de son expérience amoureuse, lui envoya aussitôt une longue lettre remplie de conseils assez osés. Lavalette, directeur du Cabinet noir, intercepta le pli et le remit à Napoléon qui fut choqué.

Il appela Duroc :


- Faites partir sur-le-champ cette demoiselle en chaise de poste. C'est une intrigante et une putain...
Bonne âme, Joséphine tenta d'intervenir, disant que cette petite ne pouvait voyager seule.

- Eh bien ! qu'on écrive à sa mère de venir la chercher ! dit Napoléon. Après avoir voulu la débaucher, elle saura peut-être la défendre...


On écrivit donc à Mme Guillebaut. Mais, au bout de quelques jours, comme l'Empereur s'impatientait, on fit partir Virginie avec des femmes de chambre.
En route, nous dit Mlle d'Avrillon, "elle rencontra sa mère, qui rebroussa chemin..."
On imagine la conversation amère des deux femmes, pendant tout le voyage
...
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MessageSujet: Re: NAPOLEON ET LES FEMMES   NAPOLEON  ET LES FEMMES - Page 10 EmptyVen 20 Juil - 9:25

"Avec un entêtement bien féminin"... s'il avait parlé d'un homme, il aurait dit "il a de la suite dans les idées" Rolling Eyes
Comme hier, à la télé, une dame avait réalisé son rêve, s'acheter un bateau et l'animateur bêtifiait : "comme c'est mignon". Si ça avait été un homme, il lui aurait dit d'une voix virile "bravo mon gars" Rolling Eyes
Souvent, on ne prête guère attention à ces choses et pourtant, ce sont elles qui ralentissent les changements de mentalité.
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MessageSujet: NAPOLEON ET LES FEMMES   NAPOLEON  ET LES FEMMES - Page 10 EmptyVen 20 Juil - 20:01

Dans tous les tomes d'Histoires d'amour de ..... il y a plein de ces clichés machistes, Bérengère, et je pense que l'auteur l'a fait, plus par dérision que par machisme........ Very Happy Wink
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MessageSujet: NAPOLEON ET LES FEMMES   NAPOLEON  ET LES FEMMES - Page 10 EmptyVen 20 Juil - 20:25

Napoléon n'eut pas le temps de regretter les caresses un peu scolaires de Mlle Guillebaut.
Les affaires d'Espagne évoluaient avec une rapidité effrayante. Murat, sur l'ordre de l'Empereur, ayant pris les souverains sous sa protection, les sentiments du peuple à l'égard de la France se refroidirent singulièrement. On commença à murmurer que Napoléon ne voulait reconnaître ni Ferdinand ni Charles, et que son dessein était de s'emparer de l'Espagne. Des troubles éclatèrent. Agacé, l'Empereur convoqua toute la famille royale au château de Marrac. Le plan qu'il avait conçu était d'une assez belle hypocrisie...
Savary se rendit chez Ferdinand et lui dit :

- Sa Majesté vous attend pour saluer en vous le seul et vrai souverain d'Espagne.

Et comme l'autre hésitait, il ajouta :

- J'accepte de me laisser couper la tête si, un quart d'heure après votre arrivée à Bayonne, Napoléon ne vous a pas reconnu pour roi d'Espagne et des Indes...

Au même instant, un autre envoyé de l'Empereur tanait exactement les mêmes propos à Charles IV...


Sans méfiance, les deux souverains partirent pour la France...
Lorsqu'ils furent à Marrac, la terrifiante émeut du 2 mai éclata à Madrid. Chargé de la répression, Murat tua douze cents Espagnols, en fit fusiller deux cents et laissa des milliers de blessés dans les rues ensanglantées.
Napoléon - qui n'était peut-être pas étranger à ces troubles - tenait là un excellent prétexte. Il manda Ferdinand au château, l'injuria grossièrement, le traita d'incapable, de traître et lui ordonna de rendre sans tarder la couronne à son père.
Le jeune roi, très mortifié, demanda à réfléchir.
Alors l'Empereur fit venir Charles IV et Marie-Louise qui grondèrent leur fils comme s'il avait volé des confitures.
Penaud, Ferdinand rendit la couronne à son papa, lequel tout aussitôt dut l'abandonner à Napoléon...
Joseph allait pouvoir devenir roi d'Espagne
. ( Une fois de plus, Murat fut extrêmement mécontent. Poussé par sa femme, il alla se plaindre à Napoléon et réclama un trône. Excédé, l'Empereur lui donna, le 15 juillet 1808, le royaume de Naples. Caroline triomphait...)

Tout le monde a parlé de cette victoire politique, mais peu d'histoires ont révélé qu'elle s'était accompagnée d'une déception. Napoléon, qui connaissait par ses diplomates tous les détails de vie galante de Marie-Louise d'Espagne, s'imaginait que la reine était une femme sémillante, au sein provocant et à la croupe hardie. Romangique, il s'était plu à rêver de propos badins et de rendez-vous secrets qui eussent eu pour effet de "charger un peu plus la tête du roi Charles".
La réalité le fit déchanter. La reine était laide, avait la peau jaune, un air méchant et un décolleté qui laissait voir des "mamelles longues et flasques..."
... Dès que les pourparlers furent terminés, Napoléon sauta dans son carrrosse.
Alors qu'il était en route vers Paris, un courrier le rejoignit pour lui apprendre de bien fâcheuses nouvelles : l'Andalousie s'était soulevée, les troupes françaises avaient dû capituler à Baylen, le roi Joseph était en fuite. Toute l'Espagne s'insurgeait, et un petit corps anglais venait de débarquer à Lisbonne sous les ordres d'Arthur Wellesley, le futur Wellington ...
L'Empereur craignit alors que l'Autriche ne profitât de cette situation pour reprendre les armes et pensa que la Russie devait l'aider à empêcher la création d'un second front.
Il appela le tsar Alexandre à Erfurt et s'y rendit.


Une précision qui n'est pas dans le livre :

Tous ceux qui reçurent un royaume de Napoléon, le perdirent. Seul Bernadotte et ses descendants conservèrent la couronne Dano-Norvégienne
.
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MessageSujet: NAPOLEON ET LES FEMMES   NAPOLEON  ET LES FEMMES - Page 10 EmptyVen 20 Juil - 22:14

La rencontre s'accompagna d'un faste qui secoua la torpeur distinguée des ambassadeurs. Toute la noblesse d'Empire était présente et avec elle, son complément normal : la Comédie-Française... (Pour la circonstance, Napoléon avait créé de nouveaux ducs, de nouveaux compes et de nouveaux barons. Certains étaient de vrais nobles auxquels, dans sa folie, il redonnait des titres. Ces malheureux furent surnommés des "comptes refaits".)

C'est là que Talma, entre deux leçons de maintien données à l'Empereur, joua devant un "parterre de rois".
C'est là aussi que le tsar tomba amoureux de Mlle Bourgoin, jeune actrice que Napoléon avait soulevée jadis au savant Chaptal.
Un soir qu'il se sentait poussé vers elle par un sentiment que Mgr Dupanloup, auteur d'un pieux ouvrage sur le mariage, condamne avec rigueur, Alexandre demanda conseil à l'Empereur. Celui-ci fut catégorique :

- Oh ! ne vous y aventurez pas.
- Pourquoi ? me refuserait-elle ?
- Non, certainement ; mais c'est demain jour de courrier, et, dans cinq jours, tout Paris saurait comment est faite Votre Majesté des pieds à la tête, en passant par où vous savez... Et puis... et puis... votre santé m'intéresse...

Le tsar sourit :

- Y auriez-vous goûté ?

Napoléon prit un air digne :

- Non, c'est tout simplement par ouï-dire.

Cette méchanceté toute garnie n'empêcha pas le tsar de prendre "le petit chemin ombragé" où s'était aventuré avec plaisir Napoléon un soir de 1804.


Ce qui acheva de justifier le titre de "cousin" que se donnaient les deux souverains depuis l'entrevue de Tilsitt. (C'est pendant son séjour à Erfurt que Napoléon rencontra Goethe, qu'il appelait bizarrement "Monsieur Goet".)

Alexandre et Napoléon, on s'en doute, ne passèrent pas tout leur temps au théâtre ou au lit avec des comédiennes. Ils s'occupèrent ausi de politique. Penchés sur une carte de l'Europe, ils se répartirent allégrement les territoires dont ils avaient envie.

- Prenez donc la Valachie, mon cher, disait Napoléon, et laissez-moi les mains libres en Espagne.
- Soit ! répliquait le tsar, mais à condition que je puisse prendre également la Moldavie...
- Prenez ! Prenez ! ... répliquait l'Empereur, jovial. Mais dans ce cas, j'ajouterai peut-être à mon Empire le royaume d'Etrurie...

Alexandre souriait :

- Alors je prends aussi la Finlande...
- Faites donc, faites donc ...

Bref, ils s'entendirent comme larrons en foire et dépecèrent les quelques Etats qui avaient réussi à conserver un semblant d'autonomie.


Lorsque les entretiens furent terminés, Napoléon était si heureux qu'il envisagea de nouveau le mariage russe.
Trop fier pour en parler lui-même à Alexandre, il chargea Talleyrand et Caulaincourt de faire les premiers pas, en les priant, pour que les convenances fussent respectées, d'avoir l'air d'en prendre l'initiative.
Pendant toute une soirée, il leur fit la leçon.
Sachant que la mère du tsar lui était farouchement hostile, il leur souffla des arguments propres à la rassurer. C'est ainsi qu'ils eurent à faire valoir, entre autres, "qu'un nouveau mariage contribuerait à calmer son ardeur guerrière et à lui faire aimer son chez lui..."
Alexandre écouta les deux diplomates avec intérêt - ne fut pas dupe - et déclara que sa soeur, la grande-duchesse Catherine, âgée de vingt ans, serait certainement ravie de devenir l'impératrice des Français... A moins que Napoléon ne préférât la grande-duchesse Anne, âgée de quatorze ans...
Caulaincourt et Talleyrand rapportèrent cette réponse à l'Empereur qui se déclara fort satisfait. Toutefois, craignant de s'être un peu trop découvert, il ne fit plus aucune allusion à ce projet de mariage, et les choses en restèrent là, au grand étonnement du tsar.

La convention politique fut néanmoins signée et, quelques jours plus tard, ayant obtenu des Russes les garanties qui lui permettaient de continuer la guerre d'Espagne, Napoléon quitta Erfurt pour se rendre dans les Pyrénées.
Là, il prit lui-même la direction des opérations. En quelques semaines, il disloqua complètement les armées anglo-espagnoles, rétablit son frère sur le trône et entra dans Madrid le 4 décembre 1803.


Aussitôt installé au palais, il appela M. de Bausset, que l'on surnommait l'archicomplaisant de l'Empire, et lui dit, dans ce langage tout en nuances, qui le caractérisait :

- J'ai besoin d'une femme !

Le lendemain, le préfet du palais présentait à Napoléon une jeune actrice de quinze ans, veloutée comme une pêche. L'Empereur se lécha les babines...
Hélas ! sa galante entreprise devait se terminer bien mal. Ecoutons Constant nous conter cette lamentable aventure :


"Au grand théâtre, était alors une fort jolie personne, de quinze à seize ans tout au plus, aux cheveux noirs, à l'oeil plein de feu et d'une fraîcheur ravissante. Elle avait su, on le disait du moin, préserver sa vertu des dangers auxquels sa profession d'actrice l'exposait ; elle avait une belle âme, un bon coeur, une vivacité d'expression singulière ; elle avait tout enfin, elle était adorable... Voilà ce que dit un jour à Sa Majesté, M. de Bausset, qui était allé au théâtre la veille et qui en était revenu tout émerveillé.
"M. de Bausset ajouta que cette jeune fille n'avait plus ni père ni mère ; qu'elle vivait chez une vieille tante, que cette tante, aussi avare que dépravée, la surveillait avec un soin particulier, affectant pour elel un attachement très vif, faisant partout l'éloge des charmes et des qualités de sa chère enfant, dans l'espérance qu'elle nourrissait de fonder bientôt fortune sur la libéralité de quelque protecteur riche et puissant.
"Sur un portrait si engageant, l'Empereur ayant témoigné le désir de voir cette belle actrice, M. de Bausset courut chez la tante, avec laquelle il fut bientôt d'accord, et le soir, la nièce était à Champ-Martin, parée d'une manière éblouissante, et parfumée de tous les parfums imaginables.
"J'ai déjà dit que l'Empereur avait un dégoût très prononcé pour les odeurs ; aussi ne manqua-t-il pas de le témoigner quand j'introduisis dans sa chmbre cette pauvre fille, qui sans doute avait cru faire grand plaisir à Sa Majesté en se couvrant ainsi d'essences. Mais enfin, elle était si jolie, si séduisante, qu'en la regardant l'Empereur sentit s'évanouir son antipathie.


"Il y avait deux heures à peu près que j'étais sorti de la chambre à coucher, lorsque j'entendis sonner à casser le cordon ; j'entrai bien vite et ne trouvai que la jeune personne. L'Empereur était dans son cabinet de toilette, la tête appuyée sur ses mains.
" - Constant, s'écria-t-il en me voyant, emmenez-moi cette petite ! elle me fera mourir avec ses odeurs ; cela n'est pas supportable. Ouvrez les fenêtres, les portes ... mais surtout, emmenez-la ! Dépêchez-vous !

"Il était bien tard pour renvoyer ainsi une femme. Mais enfin l'ordre n'admettait point de réplique...
J'allais donc faire part à la pauvre petite des intentions de Sa Majesté... Elle ne comprit pas d'abord, et je fus obligé de lui répéter plusieurs fois :

" - Mademoiselle, Sa Majesté désire que vous vous retiriez...
"Alors, elle se mit à pleurer, à me conjurer de ne pas la faire sortir à une pareille heure ; j'eus beau lui dire que je prendrais toutes les précautions nécessaires, une voiture douce et bien fermée ; elle ne mit fin à ses prières qu'à la vue d'un présent considérable dont l'Empereur m'avait chargé pour elle. (Trois millions de nos anciens francs).
"En rentrant, je touvai l'Empereur encore assis dans son cabinet et se frottant les tempes avec de l'eau de Cologne ; il s'appuya sur moi pour aller se recoucher..."


Attitude navrante, on en conviendra, pour un souverain qui faisait trembler le monde...
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MessageSujet: NAPOLEON ET LES FEMMES   NAPOLEON  ET LES FEMMES - Page 10 EmptySam 21 Juil - 20:20

Napoléon eut bien d'autres désagréments en Espagne.
Après cette aventure qui l'avait rendu ridicule aux yeux d'une jeune fille, il apprit, par hasard, ce que ses soldats pensaient de lui.
Les troupes étaient lasses de massacrer des Espagnols, écoeurées par une guerre injuste, fatiguées de patauger dans une boue glacée.
Un soir de neige, alors qu'il traversait la chaîne du Guadarrama, il entendit un soldat s'écrier en le désignant !

- Mais foutez-lui donc un coup de fusil !

Le mot ne lui fit pas plaisir.
Il sauta sur un cheval et rentra en France, le chapeau enfoncé jusqu'aux yeux...
A Paris, d'autres ennuis l'attendaient. Talleyrand et Fouché s'étaient unis pour tenter de le détrôner et mettre Murat à sa place. Il les convoqua, injuria l'un, précisa à l'autre qu'il était "de la m.... dans un bas de soie" et alla finir de passer ses nerfs sur la belle Italienne dont il s'était régalé jadis au camp de Boulogne et que, à tout hasard, il avait gardée à portée de la main...
Hélas ! cette jeune personne était si expansive qu'à certain moment Napoléon poussa un cri de douleur.
Dans sa fougue, et au cours de mouvements, à notre avis désordonnés, elle lui avait "coudé la nature
...".


COUIC ! ........... Razz tongue
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MessageSujet: NAPOLEON ET LES FEMMES   NAPOLEON  ET LES FEMMES - Page 10 EmptyDim 22 Juil - 19:34

Tous ces ennuis lui firent oublier la grande-duchesse Catherine qui attendait un signe de sa part. Devant son silence, la famille impériale de Russie pensa qu'il vait changé d'avis. Vexé, le tsar maria sa soeur au duc d'Oldenbourg.

- Tant pis ! dis Napoléon, j'épouserai la petite Anne !


Hélas ! de nouveaux énénements allaient l'empêcher de préparer ce mariage.
Le 12 avril, il fut averti par le télégraphe Chape que les Autrichiens venaient de pénétrer en Bavière.
Fort contrarié de constater que l'alliance d'Erfut n'avait servi à rin, il quitta Paris le lendemain à l'aube et arriva quatre jours plus tard sur le théâtre des opérations.
Le 22, il écrasait les troupes de l'archiduc Charles à Eckmühl et, le 10 mai, il était devant Vienne, qu'il faisait bombarder.
Le destin, dont nous savons souvent loué le grand talent d'auteur dramatique, organisa en cette occasion une scène savoureuse. "Quelques boulets étaient déjà tombés dans la cour du palais impérial, écrit Constant, lorsqu'un trompette sortit de la ville pour annoncer que l'archiduchesse Marie-Louise n'avait pu suivre son père, qu'elle était malade au palais et exposée à tous les dangers de l'artillerie. L'Empereur donna l'ordre aussitôt de faire changer la direction des pièces, de manière que les bombes et les boulets passassent par-dessus le palais."

Cette galanterie toute gratuite - Napoléon voulait encore épouser la soeur du tsar - venait de sauver celle qui, onze mois plus tard, allait devenir Impératrice des Français.


Après la chute de Vienne, Napoléon s'installa à Schoenbrunn, ce château qu'il adorait. (Par une curieuse coïncidence, les deux palais préférés de l'Empereur portaient le même nom : Fontainebleau et Schonbrunn qui signifie, en allemand, "belle fontaine".)

Là, entre deux plans de bataille, il écrivit à marie Walewska - dont l'existence était, une fois de plus, troublée par la guerre - cette lettre tendre dont le comte d'Ornano nous dit qu'elle est la plus libre de toutes celles qu'il lui ait écrites :


Chère Marie,

Tes lettres m'ont fait plaisir, comme toujours. Je n'approuve guère que tu aies suivi l'armée à Cracovie, mais ne puis te le reprocher.
Les affaires de Pologne sont établies, et je comprends les anxiétés que tu as eues. J'ai agi, c'était mieux que de te prodiguer des consolations. Tu n'as pas à me remercier ; j'aime ton pays et j'apprécie à leur juste valeur les mérites d'un grand nombre des tiens.
Il faut plus que la prise de Vienne pour amener la fin de la campagne. Quand j'en aurai terminé, je m'arrangerai pour me rapprocher de toi, ma douce amie, car j'ai hâte de te revoir. Si c'est à Scoenbrunne, nous goûterons ensemble le charme de ses beaux jardins et nous oublierons tous ces mauvais jours.
Prends patience et garde confiance.

N.


Aussitôt après la victoire de Wagram, Marie vint s'installer à Schoenbrunn, et, pour la première fois, les deux amants, sur qui les yeux de l'Europe entière étaient braqués, vécurent ensemble publiquement.
On les voyait, le soir, quitter le palais et se promener les doigts entrelacés, dans les jardins. Parfois, Marie faisait monter l'Empereur dans une voiture légère, et tous deux s'en allaient jusqu'au Danube. Là, ils s'asseyaient sur la berge et regardaient passer les bateaux.
A la nuit tombante, Napoléon se levait soudain :

- Rentrons, j'ai du travail !


La douce Polonaise savait ce que signifiait cette phrase. Elle appelait le cocher, et la voiture les ramenait à Schoenbrunne où l'Empereur l'entraînait rapidement dans sa chambre. Au bout de quelques semaines de ce traitement quotidien, Marie eut le bonheur d'annoncer à Napoléon qu'elle avait reçu en son sein les principaux éléments du futur prince Walewski.
Le souverain se déclara fou de joie.
Ce qui ne l'empêcha pas de continuer à s'enflammer pour tous les jupons qui passaient
.
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MessageSujet: NAPOLEON ET LES FEMMES   NAPOLEON  ET LES FEMMES - Page 10 EmptyLun 23 Juil - 11:04

Ecoutons Constant, fidèle valet de chambre et témoin indiscret, nous rapporter une de ses passades :

"Pendant son séjour à Schoenbrunn, les aventures galantes ne manquaient pas à Napoléon.
"Un jour qu'il était à Vienne et qu'il se promenait dans le Prater avec une suite fort peu nombreuse (le Prater est une super promenade située dans le faubourg Léopold), une jeune Allemande, veuve d'un négociant fort riche, l'aperçut et s'écria involontairement, parlant à quelques dames qui se promenaient avec elle :

- C'est lui !


"Cette exclamation fut entendue par Napoléon, qui s'arrêta tout court et salua les dames en souriant.
"Celle qui avait parlé devint rouge comme du feu. Napoléon la reconnut à ce signe non équivoque et la regarda longtemps, puis il continua sa promenade.
"Il n'y a pour les souverains ni longues attentes ni grandes difficultés. Cette nouvelle conquête de Napoléon ne fut pas moins rapide que les autres". ( Pour ne point se séparer de son illustre amant, cette dame suivit l'armée en Bavière, puis vint s'installer à Paris, où elle mourut en 1812.)

Quelques jours plus tard, l'Empereur eut une autre aventure assez curieuse. Voici comment Frédéric Masson nous la rapporte :


" A Vienne, il remarque une jeune fille qui, de son côté, s'est monté la tête pour lui. Sur son ordre, on suit cette jeune fille; on lui fait la proposition, qu'elle accepte, de venir un soir à Schoenbrunn. Elle arrive, elle est introduite.
"Comme elle ne parle qu'italien ou allemand, la conversation s'engage en italien, et aux premiers lots, Napoléon découvre que cette jeune appartient à des parents respectables, qu'elle n'a nullement conscience de ce qu'on attend d'elle, et que, si elle éprouve pour lui une admiration passionnée, son ingénuité est entière.
"L'Empereur n'aimait pas les vierges qui lui faisaient perdre un temps précieux . Il pâlit et appela Constant :

- Qu'on reconduise immédiatement cette jeune fille chez ses parents !

La pauvre éclata en sanglots. Pour la consoler, Napoléon lui fit remettre vingt mille florins (c'est-à-dire cinq millions cinq cent mille de nos anciens francs) et, montant à l'étage supérieur, s'en alla faire profiter Marie Walewska de ses bonnes dispositions inemployées.
..
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MessageSujet: NAPOLEON ET LES FEMMES   NAPOLEON  ET LES FEMMES - Page 10 EmptyLun 23 Juil - 11:31

POUR QUITTER LE TRÔNE, JOSEPHINE EXIGE TROIS CHÂTEAUX ET UN MILLIARD PAR AN


Elle avait toujours peur de manquer ... - Baron DE BOUILLE -


A cette époque, bien qu'il commençât à prendre un sérieux embonpoint, Napoléon sautait encore de lit en lit avec une légèreté qui faisait bien présager de l'avenir.
A la fin d'août, il remarqua, dans la foule massée sur la place du château pour l'accamer, une jeune Viennoise dont la croupe ronde et la poitrine drue lui donnèrent des démangeaisons aux creux des paumes...
Une rapide enquête lui permit d'apprendre que cette charmante adolescente âgée de dix-neuf ans s'appelait Eva Kraus, et qu'elle était la fille adoptive du commissaire à la guerre Philippe Maironi.
Profitant d'un moment où Marie Walewska, enfermée dans sa chambre, pleurait sur le destin de la Pologne, il fit venir la petite Autrichienne, la déshabilla, la mit au lit et lui enseigna quelques figures que le lieutenant de vaisseau Hébert a curieusement omis dans son Traité de Gymnastique Naturelle...


La jeune Eva était, nous dit-on, d'une grande naïveté.
Elle prit à ces jeux un plaisir étonné, mais sincère.

- Est-ce bon pour la santé ? disait-elle.
- Excellent ! répondait Napoléon sur ce ton sans réplique qui l'aida tant dans sa carrière.


Après quoi, d'un geste vigoureux, il replaçait la demoiselle dans une position attrayante, et tous deux reprenaient leur séance de culture physique...
Ces exercices firent beaucoup de bien à Eva Kraus.
Au bout de quelques jours, elle eut l'oeil plus brillant.
Au bout de quelques semaines, sa démarche s'assura.
Au bout de quelques mois, sa taille s'arrondit.


Ainsi, Napoléon, qui avait , pendant si longtemps, douté de ses facultés procréatrices, venait, sans effort apparent, d'ensemencer deux jeunes femmes. Il en montra une majestueuse satisfaction.
(Eva Kraus mit au monde un garçon, qui devint, dit-on, un savant juriste viennois sous le nom d'Eugène Megerie. Sa ressemblance avec l'Empereur était, paraît-il, stupéfiante
.)
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MessageSujet: NAPOLEON ET LES FEMMES   NAPOLEON  ET LES FEMMES - Page 10 EmptyLun 23 Juil - 11:47

L'intérêt qu'il portait à la blonde Eva n'empêchait pas l'Empereur, qui avait l'oeil à tout, de correspondre tendrement avec Joséphine, de s'enquérir de la santé d'Eléonore Denuelle et de son bambin, d'écrire à Hortense, - qui venait de mettre au monde, de près inconnu, le futur Napoléon III - de faire distribuer d'énormes sommes à d'anciennes maîtresses, et de roucouler avec Marie Walewska comme si elle eût été la seule dans son coeur.


L'état de jeune comtesse, dont il connaissait l'extrême sensibilité l'inquiétait un peu. A la fin de septembre, il fit venir à Schoenbrunn son premier médecin, Corvisart, qu'il traitait amicalement de charlatan, et lui demanda d'examiner Marie.
Le savant ajusta son binocle, prit une large inspiration et mis son oeil dans la "nature" de la comtesse.
Comme il paraissait s'attarder dans sa contemplation, Napoléon le rappela à l'ordre :


- Eh bien ?

Corvisart releva la tête, rajusta sa cravate et dit :

- Mme Walewska est enceinte. Razz

Napoléon eut l'air agacé :

- Je le savais ! dit-il. Mais l'accouchement aura lieu quand ?


Corvisart fronça le sourcil, se gratta le front et, sur un ton humble, demanda la permission de procéder à un nouvel examen.
Pour faire oublier le côté plaisant de l'opération, il prit un air sévère et glissa deux doigts là où il avait mis l'oeil.
Au bout de trois minutes, Napoléon, qui n'était pas prêteur - c'était là son moindre défaut - Very Happy s'impatienta :

- Assez !

Corvisart, un peu congestionné, se redressa :

- Dans six ou sept mois, Sire, dit-il.

L'Empereur aurait aimé savoir si tout se passerait bien. Mais à la pensée de ce que le médecin allait peut-être devoir, cette fois, introduire pour lui répondre, il renonça à s'enquérir
. Razz
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MessageSujet: NAPOLEON ET LES FEMMES   NAPOLEON  ET LES FEMMES - Page 10 EmptyLun 23 Juil - 12:09

Au bout de trois jours, Corvisart vint demander la permission de rentrer à Paris. Napoléon s'étonna :

- Comment ? Vous voulez partir déjà ! Est-ce que vous vous ennuyez ?
- Non, Sire, dit le médecin ; mais je préférerais être à Paris plutôt qu'à Schoenbrunn.

L'Empereur chercha quelle distraction pourrait retenir Corvisart. L'idée qui lui vint était singulière. Il l'énonça néanmoins :

- Restez avec moi, dit-il. Je donnerai une grande bataille, et vous verrez combien c'est intéressant.

Le médecin fit la moue :

- Non, non, Sire, je vous remercie, je ne suis pas curieux.

Napoléon lui fit alors cette réplique incroyable :

- Ah ! vous êtes un badaud (promeneur). Vous voulez aller à Paris pour tuer vos pauvres malades en détail...


Corvisart rentra donc en France, et l'Empereur, que les grossesses d'Eva et de Marie rendaient impatient de montrer ses capacités paternelles dans un domaine moins illégitime, résolut de précipiter la répudiation de Joséphine.
Pour commencer, il écrivit ce mot bref au grand maréchal du palais :


Faites immédiatement murer la porte qui fait communiquer, à Fontainebleau, mon appartement avec celui de l'Impératrice.

Puis il demanda à Caulaincourt, ambassadeur de France à Saint-Pétersbourg, d'activer les démarches en vue d'un mariage avec la soeur du tsar. Après quoi, pour endormir les soupçons de Joséphine, il lui envoya ce petit mot tendre et malhonnête :

Je me fais une fête de te revoir, et j'attends ce moment avec impatience.
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MessageSujet: NAPOLEON ET LES FEMMES   NAPOLEON  ET LES FEMMES - Page 10 EmptyLun 23 Juil - 12:31

Le 12 octobre, au cours d'une parade, un jeune homme d'allure distinguée, Frédéric Staps, tenta d'enfoncer la lame de son couteau dans le coeur de Napoléon. D'un geste irréfléchi, le général Rapp fit échouer l'entreprise.
Marie, qui avait assisté à la scène, eut un malaise,et l'on craignit pour le futur prince Walewski.

- Après une telle émotion, lui dit l'Empereur, tu devrais aller respirer le bon air de ton pays natal.

La jeune femme se troubla.

- D'ailleurs, ajouta Napoléon, pour que ton enfant soit un Walewski, il faut qu'il naisse en Pologne. Tu n'as donc que le temps de rentrer chez toi...


Et, sans se soucier des larmes que versait la comtesse, il la poussa dans une voiture, l'embrasa et la fit reconduire à Varsovie.
Le lendemain, il signait le Traité de Vienne, qui faisait perdre à l'Autriche la Galicie et les provinces illyriennes, montait dans sa voiture et se faisait ramener en France.
Le 26 octobre, il était à Fontainebleau. Aussitôt, sa soeur Pauline, que la condamnation de la porte de communication avait ravie, résolut d'activer le départ de Joséphine en plaçant une nouvelle maîtresse dans le lit impérial.


La jeune femme sur laquelle elle fixa son choix était une blonde Piémontaise un peu grasse, mais douée d'un air vicieux qui plaisait généralement. Elle s'appelait Christine Mathis. Mariée au comte Scipion Mathis de Bra de Cassiorna, elle appartenait au groupe frétillant des dames de la princesse Borghèse.
Au milieu des fesses tristes qui hantaient le palais, sa croupe rebondie, joyeuse et bien placée, attirait l'oeil des connaisseurs.
Dès qu'il vit cette rondeur appétissante, Napoléon oublia ses ennuis et devint sentimental
.
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MessageSujet: Re: NAPOLEON ET LES FEMMES   NAPOLEON  ET LES FEMMES - Page 10 EmptyLun 23 Juil - 12:52

Je ne trouve rien sur le net au sujet du fils d'Eva Kraus, Eugène Megerie. Comme quoi - comme d'habitude, avec Louis XIV aussi - l'enfant de la bonne est inconnu, l'enfant de Madame de Montespan est prince.
Ils avaient de drôles de façons d'aimer leurs enfants, ces "grands"...
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MessageSujet: NAPOLEON ET LES FEMMES   NAPOLEON  ET LES FEMMES - Page 10 EmptyLun 23 Juil - 13:05

Depuis dix ans qu'il menait les hommes à la victoire par un mot et les femmes à la défaite par un regard, Napoléon avait acquis en ce mot et en ce regard (toujours les mêmes) une certaine confiance. Aussi fut-il extrêmement déçu en constatant que Christine Mathis ne semblait pas sensible aux prestiges de son oeil...
La blonde Piémontaise, qui ne voulait point être prise pour une vulgaire femme du monde, avait décidé de faire quelques manières avant de se donner.
Impatient de goûter des charmes dont l'idée l'empêchait de dormir, l'Empereur pria sa soeur d'intervenir.
Pauline convoqua la jeune rebelle et prononça ce sermon qui fit tant jaser :


- Savez-vous bien, madame, que l'on ne doit jamais dire non Rolling Eyes à une volonté exprimée par l'Empereur ? Et que moi, qui suis sa soeur, s'il me disait : "Je veux", je lui répondrai : "Sire, je suis aux ordres de Votre Majesté."

Malgré ces paroles exceptionnelles, Christine se fit encore prier. Nerveux, tendu, Napoléon fut bientôt incapable de travailler. Abandonnant ses ministres, délaissant l'Europe qui s'agitait, oubliant l'Espagne, où nos soldats étaient massacrés, il se mit à chasser pendant des journées entières pour distraire sa pensée. Le soir, en rentrant au palais, il courait à son bureau et griffonnait des billets enflammés qu'un garde allait, sur-le-champ, porter à Christine.
Finalement, ayant respecté "les délais par où une femme honnête Razz se différencie d'une sautez-moi, monsieur", la jeune comtesse accepta de se rendre dans la chambre impériale. En un instant, elle fut entièrement déshabillée, jetée sur le lit et unie au destin fabuleux de Napoléon par un lien solide et vigoureux..
.
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MessageSujet: NAPOLEON ET LES FEMMES   NAPOLEON  ET LES FEMMES - Page 10 EmptyLun 23 Juil - 13:56

Dès qu'il fut comblé, l'Empereur, l'esprit plus libre, renoua avec ses préoccupations habituelles. Décidé plus que jamais à divorcer, et sans se soucier de Joséphine qui pleurait depuis le jour où elle avait découvert que la porte de communication de leurs appartements était murée, il fit envoyer à Caulaincourt une lettre chiffrée dont voici la traduction :

Monsieur l'ambassadeur ... L'Empereur va enfin se décider à divorcer... Des propos de divorce étaient revenus à Erfurt aux oreilles de l'empereur Alexandre qui doit se rappeler en avoir parlé à l'Empereur et lui avoir dit que la princesse Anne, sa soeur, était à sa disposition.
L'Empereur veut que vous abordiez franchement et simplement la question avec l'empereur Alexandre...
Vous n'en parlerez sous quelque prétexte que ce soit à M. de Romanzof... Il vous restera à nous faire connaître les qualités de la jeune princesse et surtout l'époque où elle p eut être en état de devenir mère.......
Shocked

Car c'est un "ventre", selon son mot fameux, que Napoléon voulait épouser. Malheureusement, la princesse Anne n'avait que quatorze ans et la mère du tsar hésitait à donner une enfant à ce monarque connu pour sa luxure.
En attendant la réponse de Saint-Pétersbourg, l'Empereur - sûr d'être agréé - s'éloigna de plus en plus de Joséphine, et bientôt ne la vit plus qu'à l'heure des repas.
Le 14 novembre, suivi de Christine, qui lui faisait toujours passer des nuits exquises, et de l'Impératrice, dont l'air malheureux affligeait la Cour, il rentra à Paris.


Pendant seize jours, il recula devant la scène définitive. Enfin, le 30 novembre, à la fin d'un dîner, il annonça à celle qu'il avait, jadis, tant aimée, qu'elle devait s'en aller. Joséphine poussa un cri et tomba sur le sol... Ce qui suivit à été raconté de diverses manières.
C'est pourquoi je crois préférable de laisser la parole à M. de Bausset, préfet du palais, qui fut le témoin de cette scène extraordinaire :


"J'étais de service aux Tuileries depuis le lundi 27 novembre. Ce jour-là, le mardi et le mercredi qui suivit, il me fut facile de remarquer une grande altération dans les traits de l'Impératrice, et une silencieuse contrainte dans Napoléon. Si, pendant le dîner, il rompait le silence, c'était pour faire quelques brèves questions, dont il n'écoutait pas la réponse. Ces jours-là, le dîner ne dura pas plus de dix minutes."


Puis Bausset arrive à la soirée du 30 novembre :

"Leurs Majestés se mirent à table. Joséphine portait un grand chapeau blanc noué sous le menton, et qui cachait une partie de son visage. Je crus cependant m'apercevoir qu'elle avait versé des larmes, et qu'ell eles retenait encore avec peine. Elle me présenta l'image de la douleur et du désespoir.
"Le silence profond régna pendant ce dîner.
Ils ne touchèrent que pour la forme aux mets qui leur furent présentés. Les mots qui furent prononcés furent ceux que m'adressa Napoléon :

" - Quel temps fait-il ?

"En les prononçant, il se leva de table. Joséphine suivit lentement. Le café fut présenté, et Napoléon prit lui-même sa tasse, que tenait le page de service, en faisant signe qu'il voulait être seul.
"Je sortis bien vite, mais, inquiet, tourmenté et livré à mes tristes pensées. Je m'assis dans le salon de service, qui d'ordinaire servait de salle à manger pour Leurs Majestés, sur un fauteuil à côté de la porte du salon de l'Empereur. J'observais machinalement les employés qui enlevaient les objets qui avaient servi au dîner de Leurs Majestés, lrosque, tout à coup, j'entends partir du salon de l'Empereur des cris violents poussés par l'Impératrice Joséphine...
"L'huissier de la chambre, pensant qu'elle se trouvait mal, fut au moment d'ouvrir la porte. Je l'en empêchai en lui faisant observer que l'Empereur appellerait du secours s'il le jugeait convenable. J'étais debout pèrs de la porte, lorsque Napoléon l'ouvrit lui-même et, m'apercevant, me dit vivement :

"- Entrez, Bausset, et fermez la porte.

"J'entre dans le salon et j'aperçois l'Impératrice étendue sur le tapis, poussant des cris et des plaintes déchirants.


" - Non, je n'y survivrais point, disait l'infortunée. Razz
"Napoléon me dit :

" - Etes-vous assez fort pour enlever Joséphine et la porter chez elle par l'escalier intérieur qui communique à son appartement, afin de lui faire donner les soins et les secours que son état exige ?
"J'obéis et je soulevai cette princesse que je croyais atteinte d'une attaque de nerfs. Avec l'aide de Napoléon, je l'enlevai dans mes bras, et lui-même, prenant un flambeau sur la table, m'éclaira et ouvrit la porte du salon qui, par un couloir obscur, conduisait au petit escalier dont il m'avait parlé.
"Parvenu à la première marche de cet escalier, je fis observer à Napoléon qu'il était trop étroit pour qu'il me fût possible de descendre dans danger de tomber...
"Il appela alors le gardien du portefeuille qui, jour et nuit, était placé à l'une des portes du cabinet qui avait son entrée sur le palier de ce petit escalier. Napoléon lui remit le flambeau, dont nous avions peu de besoin, puisque ces passages étaient déjà éclairés. Il ordonna à ce gardien de passer devant, prit lui-même les deux jambes de Joséphine pour m'aider à descendre avec plus de ménagements. Mais je vis le moment où, embarrassé par mon épée, nous allions tomber. Heureusement, nous descendîmes sans accident, et déposâmes ce précieux fardeau ( geek ) sur une
ottomane, dans la chambre à coucher.
"Napoléon se porta au cordon des sonnettes et fit venir les femmes de l'Impératrice.
"Lorsque, dans le salon d'en haut, j'enlevai l'Impératrice, elle cessa de se plaindre. Je crus qu'elle se trouvait mal, mais dans le moment où je m'embarrassai dans mon épée au milieu du petit escalier dont j'ai déjà parlé, je fus obligé de la serrer davantage, pour éviter une chute qui aurait été funeste aux acteurs de cette douloureuse scène (douloureuse ? skiante, surtout ! Rolling Eyes ), parce que nos positions n'étaient pas la suite d'un arrangement calculé à loisir.
"Je tenais l'Impératrice dans mes bras, qui entouraient sa taille ; son dos était appuyé sur ma poitrine et sa tête était penchée sur mon épaule droite.
"Lorsqu'elle sentit les efforts que je faisais pour m'empêcher de tomber, elle me dit out bas :

" Vous me serrez trop fort.


"Je vis alors que je n'avais rien à craindre pour sa santé, et qu'elle n'avait pas perdu connaissance un seul instant.


Bon, je reprends plus tard, parce que cette scène n'en fini pas d'être racontée par Bausset, et ça m'agace........ Wink
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MessageSujet: NAPOLEON ET LES FEMMES   NAPOLEON  ET LES FEMMES - Page 10 EmptyLun 23 Juil - 14:43

"Pendant toute cette scène, je n'avais été occupé que de Joséphine, dont l'état m'affligeait. Je n'avais pu observer Napoléon. Mais lorsque les femmes de l'Impératrice furent auprès d'elle, Napoléon passa dans le petit salon qui précédait la chambre à coucher. Je le suivis. Son agitation, son inquiétude étaient extrêmes. Dans le trouble qu'il éprouvait, il m'apprit la cause de tout ce qui venait de se passer, et me dit ces mots :


"- L'intérêt de la France et de ma dynastie a fait violence à mon coeur... Le divorce est devenu un devoir rigoureux pour moi... Je suis d'autant plus affligé de la scène que vient de faire Joséphine que, depuis trois jours, elle a dû savoir, par Hortense, la malheureuse obligation qui me condamne à me séparer d'elle... Je la plains de toute mon âme. Je lui croyais plus de caractère... Et je n'étais pas préparé aux éclats de sa douleur...
"En effet, l'émotion qu'il éprouvait le forçait à mettre un long intervalle entre chaque phrase qu'il prononçait, pour respirer. Les mots s'échappaient avec peine, et sans suite. Sa voix était émue, oppressée, et des larmes mouillaient ses yeux... Il fallait réellement qu'il fût hors de lui pour me donner tant de détail, à moi, placé si loin de ses conseils et de sa confiance...


Toute cette scène ne dura pas plus de sept à huit minutes (pour moi, qui tape le texte : cinquante douze heures... scratch tongue ).

"Napoléon envoya chercher Corvisart, la reine Hortense, Cambacérès, Fouché. Et, avant de remonter dans son appartement, il put s'assurer par lui-même de l'état de Joséphine, qu'il trouva plus calme et plus résignée.
"Je le suivis quand il monta chez lui, et je rentrai dans le salon de service, après avoir repris mon chapeau que j'avais jeté sur le tapis pour avoir les mouvements plus libres. Pour éviter toutes espèces de commentaires, je dis, devant les pages et les huissiers, que l'Impératrice avait eu une attaque de nerfs des plus violentes."


Cet extraordinaire témoignage prouve que Joséphine devait mentir jusqu'à l'ultime scène de sa vie commune avec Napoléon.
Après avoir feint de l'aimer, après l'avoir trompé sur sa fortune et sur son âge, après l'avoir allégrement cocufié avec tout Paris, elle lui jouait la comédie de la douleur, et le rideau se baissait sur un faux évanouissement.

Pauvre et naïf Empereur
(bof Razz )...
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MessageSujet: NAPOLEON ET LES FEMMES   NAPOLEON  ET LES FEMMES - Page 10 EmptyLun 23 Juil - 15:04

Pendant quelques jours, Joséphine poussa des gémissements qui s'échappaient par la porte de son appartement, résonnaient dans les couloirs, descendaient les escaliers et s'en allaient jusque dans les salons porter aux courtisans attentifs un écho inattendu de sa vie privée...
Les membres de la famille Bonaparte écoutaient naturellement ces cris avec un soin particulier. L'oreille aux aguets, ils savouraient chaque plainte, et leur joie s'exprimait dans une langue dénué de prétention, comme il sied aux vrais grands : tongue

- Ecoutez-la donc, cette putain, disait la reine de Naples
- Oui, elle en a pris un coup, la vieille, ajoutait sévèrement le roi de Westphalie.
- D'autant qu'à son âge, elle ne peut plus faire le tapin (faire le trottoir, faire la pute) au Palais-Royal, disait le prince Borghèse.
- C'est bien fait pour ses fesse, concluait gentiment le roi de Hollande.


Ainsi conversaient en toute simplicité les rois, les reines et les altesses sous les lambris dorés du palais des Tuileries, en écoutant les "sanglots monstrueux" de l'Impératrice répudiée.
Une part de comédie entrait naturellement dans les manifestations larmoyantes de Joséphine. Voulant faire croie en un chagrin d'épouse amoureuse, elle exagérait avec science les regrets que lui causait la perte d'une situation confortable.
(Ben voyons ! )
Et ces regrets-là étaient sincères. A la pensée des honneurs, de l'argent, des palais, des robes, des bijoux, des
attelages, dont elle allait être privée, la Créole sanglotait et courait sans aucune dignité confier sa douleur à des femmes de chambre ou à des modistes.
Malgré son désarroi, Joséphine dut paraître et faire bonne figure dans toutes les cérémonies officielles qui furent données, en ce début de décembre 1809, pour honorer les souverains venus à Paris fêter le traité de Vienne.


Pendant quelques jours, Napoléon lui conserva sa place. Mais un matin, lors d'une solennité à Notre-Dame, il voulut montrer publiquement que la séparation était proche et, pour la première fois, l'Impératrice reçut l'ordre de traverser Paris dans une autre voiture que celle de l'Empereur.
Une curieuse méprise allait empêcher le bon peuple de s'en apercevoir.
Avec Napoléon était monté Jérôme, roi de Westphalie. Petit, gracieux, le frère de l'Empereur était vêtu d'un costume de satin blanc, orné d'un jabot de dentelles (une sorte de cravate bouffante) et coiffé d'une toque de velours noir, ombragée d'un panache de plumes blanches retenues par un noeud de diamants.


Tous les Parisiens, le prirent pour Joséphine. On l'acclama. On l'applaudit ; et, lorsqu'il salua de la main, la foule émue cria :

- Vive l'Impératrice !

Quiproquo qui eut conduit un spectateur anglo-saxon à des conclusions fâcheuses pour la famille impériale
...
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MessageSujet: NAPOLEON ET LES FEMMES   NAPOLEON  ET LES FEMMES - Page 10 EmptyLun 23 Juil - 15:14

Quand les fêtes furent terminées, Napoléon fit préparer par Cambacérès, prince des juristes, la procédure du divorce. Pendant qu'on créait de toutes pièces un cérémonial, Joséphine négociait âprement sa répudiation.
Elle exigea trois châteaux, un à Paris, un en banlieue, un en province. Napoléon lui donna l'Elysée, Malmaison et Navarre. Après quoi, elle demanda le paiement de ses dettes (plusieurs centaines de millions de nos anciens francs) et une rente annuelle.
L'Empereur proposa un million (quatre cents millions de nos anciens francs).
Joséphine secoua la tête et déclara que pour une somme aussi ridicule elle ne signerait jamais l'acte de divorce


- Un million et demi ? demanda l'Empereur.

Avec la tranquille assurance d'une ancienne femme entretenue, la Créole se contenta cette fois de hausser les épaules.

- Deux millions ?

Elle tapota la table, sourit et dit simplement :

- Trois.

Napoléon pensa que c'était beaucoup (la somme équivaut à un milliard deux cent millions de nos anciens francs) ; mais il accepta.


Alors Joséphine, oubliant son chagrin, sauta au cou de l'Empereur avec une joie enfantine...

- En outre, ajouta Napoléon, tu garderas ton titre et ton rang d'impératrice-reine couronnée.

Cette fois, la Créole fut émue ; car ce n'était pas le maître de l'Europe qui lui faisait ce cadeau contraire aux canons de l'Eglise et aux textes de la loi, c'était son amoureux passionné de l'an IV...


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MessageSujet: NAPOLEON ET LES FEMMES   NAPOLEON  ET LES FEMMES - Page 10 EmptyLun 23 Juil - 15:28

Quelques jours après, le 15 décembre, à neuf heures du soir, devant la famille Bonaparte réunie, devant Hortense et Eugène en larmes, devant Cambacérès, archichancelier de l'Empire et devant Regnault de Saint-Jean-d'Angély, secrétaire de la Maison impériale, l'Impératrice, tout de blanc vêtue, mais sans ornement ni bijou, les cheveux noués d'un simple ruban, vint signer le procès-verbal de divorce...
Napoléon, qui avait tracé son paraphe d'une main nerveuse, la regardait, blême, les larmes aux yeux.
Quand tous les assistants eurent apposé leur signature sur le registre, l'Empereur serra fortement la main de Joséphine et rentra sans son appartement.
La journée devait se terminer de façon imprévue
.

"Le soir, nous dit Constant, comme il venait de se mettre au lit et que j'attendais ses derniers ordres, tout à coups, la porte s'ouvre, jet je vois entrer l'Impératrice, les cheveux en désordre, la figure toute renversée. Cet aspect me terrifia. Joséphine s'avança d'un pas chancelant vers le lit de l'Empereur . Arrivée tout près, elle s'arrête et pleure d'une manière déchirante. Elle tombe sur le lit, passe ses bras autour du cou de Sa Majesté, et lui prodigue les caresses les plus touchantes. Mon émotion ne peut se décrire. (Z'étaient rudement émotifs à cet époque, ces gens-là tongue )
"L'Empereur se mit à pleurer aussi ; il se leva sur son séant, et serra Joséphine sur son sein, en lui disant :

" - Allons ! ma bonne Joséphine, sois plus raisonnable. Allons ! du courage ; je serai toujours ton ami.

"Etouffée par ses sanglots, l'Impératrice ne pouvait répondre ; il y eut alors une scène muette qui dura quelques minutes pendant lesquelles leurs larmes et leurs sanglots confondus en dirent plus que n'auraient pu le faire les expressions les plus tendres.
"Enfin, Sa Majesté, sortant de cet accablement comme d'un rêve s'aperçut que j'étais là et me dit d'une voix altérée par les pleurs :

" - Sortez, Constant !

"J'obéis et passai dans le salon à côté."


D'après certains historiens, qui, bien sûr, n'étaient point là pour tenir - comme on dit - la chandelle, Napoléon aurait alors rendu un dernier hommage à la "petite forêt noire" de Joséphine, et M. de Bouillé, qui ne mâche pas ses mots, nous dit dans ses Mémoires "que ce fut là le coup de l'étrier".

La chose est fort possible. Après quinze ans de mariage, le désir du général Bonaparte pointait toujours sous l'habit impérial de Napoléon..
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MessageSujet: Re: NAPOLEON ET LES FEMMES   NAPOLEON  ET LES FEMMES - Page 10 EmptyLun 23 Juil - 17:00

Tiens, je viens de lire ceci :

Le créateur du "Bureau of Investigation", devenu plus tard le FBI, est Charles Joseph Bonaparte Patterson. C'était un homme politique américain mais aussi le petit neveu de Napoléon 1er.

Il est né a Baltimore d'une mère américaine et de Jérome Napoléon Bonaparte, fils du plus jeune frère de Napoléon premier. Il suit des études a Harvard dont il sort diplômé de droit et devient juriste. Il est nommé en 1905 par le président Théodore Roosevelt secrétaire a la marine et crée le BOI le 26 juillet 1908, rebaptisé FBI (Federal Bureau of Investigation) en 1935.

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MessageSujet: NAPOLEON ET LES FEMMES   NAPOLEON  ET LES FEMMES - Page 10 EmptyMar 24 Juil - 10:09

Quoi qu'il en soit, l'Impératrice demeura une heure dans la chambre de l'Empereur, ainsi que nous le précise Constant :

"Une heure après, écrit-il, je vis repasser Joséphine, toujours bien triste, toujours en larmes ; elle me fit un signe de bienveillance en passant. Alors je rentrai dans la salle à coucher pour en retirer les flambeaux, comme j'avais coutume de faire tous les soirs. L'Empereur était silencieux comme la mort, et tellement enfoncé dans son lit qu'il me fut impossible de voir son visage".
Le lendemain, Joséphine quitta pour toujours le palais des Tuileries où elle avait été "plus que reine" pendant cinq ans, et alla s'installer à la Malmaison avec ses huit cents robes, ses vingt manteaux de vison, ses deux mille paires de bas de soie, son perroquet, ses chies, sa guenon et ses souvenirs...

Tandis qu'elle roulait sous une pluie battante en pleurant ses honneurs perdus, Napoléon, par une autre route, se dirigeait vers Trianon qu'il avait décidé d'habiter pendant quelques jours
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MessageSujet: NAPOLEON ET LES FEMMES   NAPOLEON  ET LES FEMMES - Page 10 EmptyMar 24 Juil - 17:21

Incapable de demeurer aux Tuileries, où flottait encore le parfum de la Créole, il avait choisi cette retraite pour cacher son chagrin. Les cérémonies du divorce l'avaient profondément affecté, et il ne voulait pas donner à la Cour le spectacle d'un Empereur aux yeux rougis. Dans ce petit palais, loin des curieux et des méchants, il allait pouvoir se consacrer entièrement à sa peine et à ses souvenirs. Il s'y installa avec une immense satisfaction.

- Je crois qu'ici nous serons bien, dit-il à Christine Mathis.

Car, connaissant les limites de la douleur humaine, il avait pris soin d'emmener avec lui sa dernière maîtresse...


Dès le lendemain, l'Empereur alla faire une courte visite à Joséphine qui, à sa vue, se mit à pousser des gémissements et à inonder le petit travail de broderie qu'elle avait entrepris pour occuper ses heures de solitude.
Désolé d'être la cause d'une telle humidité, Razz Napoléon s'ingénia à la consoler. Il n'y parvint pas facilement et se retira fort triste. Aussitôt rentré à Trianon, il lui écrivit un petit mot tendre :

Mon amie, je t'ai trouvée aujourd'hui plus faible que tu ne devais l'être. Tu as montré du courage (ha bon ? Shocked Razz ), il faut que tu en trouves pour te soutenir.
Il faut ne pas te laisser aller à une funeste mélancolie.
Il faut te trouver contente, et surtout soigner ta santé, qui m'est si précieuse. Si tu m'es attachée, et si tu m'aimes, tu dois te comporter avec force, et te placer (sic) heureuse.
Tu ne peux pas mettre en doute ma constante et tendre amitié, et tu connaîtrais bien mal tous les sentiments que je te porte si tu supposais que je puis être heureux si tu n'es pas heureuse, et content si tu ne te tranquillises.
Adieu, mon amie, dors bien. Songe que je le veux !


Après quoi, pour chasser de son esprit les images mélancoliques qu'il avait rapportées de la Malmaison, il alla se consacrer, avec Christine, à cette saine occupation que les gens de qualité appelaient alors, avec une verdeur aimable :"la visite du trou-madame"...
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