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Détente - amitié - rencontre entre nous - un peu de couleurs pour éclaircir le quotidien parfois un peu gris...
 
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 Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué

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epistophélès

epistophélès


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MessageSujet: Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué   Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué - Page 3 EmptyMar 14 Avr - 19:41

Alors après le dîner Shrubs est passé me prendre et on est sorti. Y faisait noir; les lumières de la rue étaient allumées. (Je les ai jamais vues s'allumer. D'un seul coup, elles sont allumées et c'est tout).
On a tiré des sonnettes. T'arrives doucement doucement devant une porte et tu sonnes et tu t'en vas à toute vitesse et quand la personne dans la maison vient ouvrir la porte, y a personne. Ha ha.
J'ai sonné à une porte pendant que Shrubs regardait. On s'est enfui tous les deux. Puis on a sonné à une autre tous les deux ensemble. Et puis j'ai dit à Shrubs d'en faire une tout seul. Il a dit non, mais je l'ai obligé. Il l'a fait. Il est allé jusqu'à une porte. Il a sonné. Mais il s'est pas enfui. Il est resté là les mais dans les poches, figé sur place. La porte s'est ouverte et un monsieur est sorti. Il avait une cravat. Il a dit :
- Oui ? Qu'est-ce que c'est ?
Shrubs disait rien. Y restait là.
- Qu'est-ce que je peux faire pour toi ? a dit le monsieur.
Mais Shrubs le regardait sans rien dire. Le monsieur est resté une minute à regarder Shrubs.
- Qui es-tu ? il lui a demandé.
Shrubs a fait comme ça avec ses épaules.
- Tu es le petit livreur de journaux ?
Shrubs a dit :
- Chaipas.
Le monsieur est rentré. Il a refermé la porte. Shrubs restait là. Alors le monsieur a rouvert la porte et il a regardé Shrubs. Puis il a refermé la porte. Et puis Shrubs est parti.
J'ai demandé à Shrubs pourquoi il était pas parti en courant. Il m'a dit qu'il savait pas...

Manman a fait des sablés pour la fête de Halloween et les a mis dans une boîte à chaussures attachée avec une ficelle et elle a laissé le tout sur le comptoir jaune, dans la cuisine, pour que je l'y prenne en partant pour l'école. Ce soir-là, quand je me suis couché, le costume de Superman était sur l'autre lit dans ma chambre. Ma manman avait teint un caleçon long et y avait une cape et le S et tout ce qui faut. On aurait vraiment dit Superman. J'ai eu du mal à m'endormir.
Le lendemain matin, je m'ai réveillé tout seul, ma manman est pas venue me réveiller. Je m'ai levé, lavé, et j'ai mis mon costume de Superman. Je m'ai mis devant le miroir les mains sur les hanches et j'ai fait comme si les balles rebondissaient. Je m'ai préparé un petit déjeuner, jus d'orange et pain. J'ai pris la boîte à chaussures avec les sablés. Je suis parti. J'ai même pas mis de manteau, j'étais comme Superman.
Quand je suis arrivé à l'école y avait encore personne. Alors j'ai attendu la cloche en tenant ma boîte de sablés bien serrée pour pas la perdre. J'attendais, j'attendais. Y venait personne. J'attendais. Y faisait froid. Je tenais mes sablés. Toujours personne, je savais plus quoi faire.
Et puis la porte de l'école s'est ouverte et un monsieur est sorti. Y m'a regardé mais j'ai vu dans son dos qu'y avait des enfants dans la cour de l'école et je suis entré.
Je suis allé dans la salle de Mlle Iris mais c'était que des enfants que j'avais jamais vus, pas de ma classe. Il me regardaient. Mlle Iris était pas là. Je suis resté près de son bureau avec mon costume de Superman et tout le monde riait en me regardant.
Et puis Mlle Iris est entrée. Elle a dit :
- Mais Gil, qu'est-ce que tu fabriques ici ? La fête de Halloween c'était ce matin. Ta classe est à la bibliothèque à cette heure-ci.
Je suis allé à la bibliothèque et tout le monde me regardait pasque j'avais mon costume de Superman. J'avais rien apporté d'autre pour me changer. Quand je suis rentré chez nous, après l'école, ma manman m'a dit :
- Désolée mon chéri, excuse-moi. J'avais rendez-vous très tôt chez l'esthéticienne ce matin. j'avais mis un petit mot à Jeffrey pour qu'il te réveille en partant mais j'ai oublié de lui laisser. Je l'ai trouvé dans mon sac, au salon de beauté.

FIN DU 13

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MessageSujet: Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué   Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué - Page 3 EmptyMar 14 Avr - 20:15

14

Je suis à la Résidence Home d'Enfants les Pâquerettes depuis trois semaines maintenant. Je n'ai pas reçu la visite de ma manman et de mon papa pasqu'ils n'en ont pas encore le droit. C'est le règlement ici. Le Dr Nevele dit que je ne suis pas encore adapté. je n'arrive pas à me maîtriser. Je fais de grosses colères. Il dit que je suis un bon petit garçon qui fait malheureusement des choses méchantes de temps en temps. Comme ce que j'ai fait à Jessica.
Je suis ici tout seul. Je n'ai pas d'amis. Je connais pratiquement personne sauf Rudyard et Mme Cochrane. Pas un seul enfant. Une seule fois déjà j'ai été loin de chez nous (je compte pas les fois où je suis allé dormir chez Shrubs). Quand j'avais cinq ans, je suis allé en colo.
La colonie de vacances s'appelait le Petit Camp Arinaka pour les petits. C'était loin, loin de chez nous, on y est allé en voiture, ça a pris une heure. Pendant tout le chemin ma manman avait pas arrêté de me dire comme ce serait amusant, comme dans [i]Spin et Marty [/i
du Club Mickey Mouse. Ils ont des chapeaux de cow-boy et ils font du cheval. (J'adore Spin et Marty, mon vieux, y sont chouettes, seulement je déteste mickey pasqu'il parle comme une fille.)
Le Petit Camp Atinaka a duré une semaine. Y avait des cabanes. La nôtre c'était la cabane numéro un. On mangeait dans le Pavillon du Carquois qui était comme un réfectoire, sauf qu'on se mettait pas en rang. Et tous les jours, au déjeuner, on chantait une chanson :

C'est nous la numéro un,
Numéro un, numéro un,
C'est nous la numéro un,
C'est nous les meilleurs du lot.

Sauf que c'était vraiment pas vrai. On était minables en tout. Tous les matins, y en avait qu'avaient fait pipi au lit. Sauf moi. Je faisais jamais au lit.
La cabane numéro un avait deux monitrices. Laurie et Sherry. Elles avaient les cheveux très courts mais c'était des filles. Elles dormaient dans la cabane avec nous et elles nous voyaient quand on s'habillait et quand on se mettait en pyjama. Moi je m'habillais toujours sous les couvertures pasque j'étais gêné.
Un jour c'était la Ruée vers l'Or, une journée spéciale à la colo. Toute la journée tout le monde faisait semblant de chercher de l'or qui était des cailloux peints en jaune. Un des moniteurs s'était déguisé en Pete le Serpent et il se cachait dans les buissons et nous tirait dessus avec un revolver à farine. S'il vous touchait, fallait faire semblant d'être mort. J'avais la frousse de lui, malgré que je savais que c'était pas pour de vrai. Il me faisait peur. Et cette nuit-là, je m'ai réveillé dans mon lit. Il faisait très froid et j'avais vraiment envie d'aller au cabinet. Mais j'avais trop peur. J'avais peur que Pete le Serpent soye dehors et y avait pas de cabinet dans la cabane numéro un. Fallait sortir et descendre la colline. Alors je m'étais retenu. Je m'étais retenu et retenu et puis j'avais pus pu me retenir et j'avais fait dans mon lit. J'avais recouvert avec les draps et la couverture, seulement c'était tout froid et tout trempé et ça avait traversé. j'avais dû passer la nuit là-dessus. Et le lendemain matin, quand tout le monde s'était réveillé, j'étais le seul à avoir fait dans mon lit. Laurie avait dit que la couverture était fichue et qu'elle devait la jeter. J'aurais voulu être mort.
Maintenant je suis à la Résidence Home d'Enfants les Pâquerettes et je suis encore tout seul. Je n'ai pas d'ami. Si seulement Shrubs pouvait être ici, ou même Marty Polaski. Des fois je reçois des lettres de mon papa et de ma manman. Aujourd'hui, j'en ai même reçu une de Jeffrey.

Pause. ...
Very Happy
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MessageSujet: Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué   Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué - Page 3 EmptyJeu 16 Avr - 18:29

Cher Gil,
Salut petite tête. Comment vas-tu ? Moi je vais très bien Maman m'a dit qui'l fallait que je t'écrive une lettre alors je le fais. (Mais j'en ai pas envie.) (Je plaisante, ha ha.)
Hier à l'école, on a eu droit au test Iowa. Ca a pris toute la journée. Tu dois pas encore savoir ce que c'est puisque t'es qu'un bébé. C'est des tests pour déterminer la capacité pour les études universitaires. C'est pas des questions avec des réponses normales. Il faut cocher des cases au crayon à mine de plomb, A, B, C, ou D en face de la meilleure réponse. Le père Lloyd nous a expliqué comment tricher. T'as qu'à remplir toutes les cases pasque c'est corrigé par une machine. Seulement il a ajouté qu'on se ferait prendre. C'est vraiment un enfoiré. Toute façon j'ai pas besoin de tricher parce que je suis un élève exceptionnellement doué, figure-toi.
Maman m'a dit que je dois dire à personne où tu es. Tout le monde me le demande sans arrêt. Elle m'a dit de dire que tu es en visite chez des parents. Bruce Binder disait que tu étais en taule. Maintenant il va penser que nous avons des  parents en prison !
Et d'ailleurs où es-tu au fait ? Le jour où maman et papa t'ont emmené, la mère de Jessica Renton a appelé ici une bonne centaine de fois. Mais je savais pas quoi dire. J'ai dit que tu étais en visite chez des parents.
En tout cas, depuis que t'es parti, j'ai pas mis une seule fois les pieds dans ta chambre, alors t'inquiète pas. Sophie dit que tu l'as laissée en bordel d'ailleurs, mais je l'ai vue hier à la cave, elle tenait la guitare avec laquelle tu faisais tes imitations d'Elvis et elle pleurait.
De temps en temps maman me demande si j'ai la moindre idée des raisons pour lesquelles t'as fait ça à Jessica Renton. Elle devient toute triste et je sais plus quoi lui dire. Elle dit : "C'est ton frère, tu le connais." Et moi je lui dis : "Mais c'est ton fils, pas le mien." Et aussi je me rappelle que quand on était petit, tu me battais tous les jours malgré que j'étais l'aîné. Pourquoi faisais-tu ça ?
Hier soir, papa m'a donné une baffe en pleine poire à table, parce que j'avais dit que les côtes de veau avaient goût de vomi. Maman a dit qu'il était d'une humeur massacrante. Il a quitté la table et il est pas revenu avant la fin du dîner. Tu te souviens, l'hiver dernier, quand il avait pas voulu manger avec nous pendant toute une semaine et que personne a jamais réussi à savoir pourquoi ?
Malgré que je peuve pas t'encaisser j'aimerais que tut te dépêches de rentrer à la maison, pour m 'aider à sortir la poubelle et aussi parce que je n'ai personne avec qui chahuter le dimanche matin quand tout le monde dort.
Ton frère,
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MessageSujet: Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué   Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué - Page 3 EmptyJeu 16 Avr - 18:33

M...e, une partie du texte s'est barrée quand je l'ai envoyée. Pfffffffff.
Vais aller sur le Bureau pour taper de nouveau la suite. ...
Mad
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MessageSujet: Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué   Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué - Page 3 EmptyVen 17 Avr - 16:57

Mais je n'ai toujours pas reçu de lettre de Jessica.
Tous les jours je demande au Dr Nevele si elles sont arrivées et il ne répond rien.
Hier, le Dr Nevele m'a dit qu'il voulait que je voye des autres docteurs de la Résidence Home d'Enfants les Pâquerettes et que peut-être que si j'allais avec les autres enfants, je me ferais des petits amis.
- Nous avons des tas de salles spéciales, ici, qu'il a dit. Des salles où on apprend à parler correctement, des salles où l'on peut exprimer ses sentiments à l'aide de jouets et de jeux, et des salles pour chanter, des salles pour jouer la comédie ou même pour faire de la gymnastique ou de la lutte.
Je lui ai dit que je voulais faire de la lutte pasque je pourrais faire semblant d'être Dick le Cogneur. Il est mauvais, mon vieux, mais quelle banane !
Et alors j'y suis allé.
D'abord on a pris le petit déjeuner. C'était des oeufs mais y avait comme des morceaux de machin dedans. C'était une omelette. Je déteste ça. Et puis y avait du jus de tomate que je crois toujours que c'est du sang quand je le bois. Mais j'ai pa eu de transe. J'ai pas fait de scène. j'ai mangé et bu bien sagement. Et puis on y est allé.
D'abord en salle de musique. Tout le monde s'assied par terre et on se met à chanter +++++++ Elle descend de la montagne à cheval. +++++++ Et puis ils te font faire comme ci et comme ça avec tes mains et crier "Youkaïdi, youkaïdi !" après avoir chanté. Je me sentais complètement idiot.
Ensuite on est allé dans la Salle de Thérapie Ludique, où je suis déjà allé une fois avec Rudyard. Cette fois j'ai joué dans la cuisine pour jouer qui est là. Elle a des réfrigérateurs en bois et un réchaud pour faire semblant. J'ai fait un boeuf Stroganoff. Ma manman en avait fait une fois. j'avais eu horreur de ça.
Ensuite on est allé en Salle d'orthophonie. C'est pour les enfants qui parlent pas bien. Comme Manny qui peut pas dire "L". Mais pendant tout le temps qu'on a été en orthophonie quelqu'un dans le fon de la salle n'a pas arrêté de parler sans qu'ils arrivent à trouver qui c'était. C'était moi. Je parlais en faisant le ventriloque, comme j'ai appris dans un livre de la bibliothèque de mon école. Dans le livre, j'avais aussi appris à me faire une poupée avec un simple sac en papier. C'était chouette. Et puis j'avais eu mon pantin, on me l'avait offert pour Hanoukah. Je l'avais baptisé Bixby, ce qui était idiot pasque c'est un nom qu'un ventriloque peut pas prononcer. Alors je l'avais tué. Je l'avais opéré dans le ventre pasqu'il avait de la pleurodynie et tout son rembourrage était sorti et ma manman l'avait donné aux pauvres.
On est sorti d'Orthophonie. Et puis j'ai vu quelqu'un dans le vestibule et c'était le facteur, il portait un sac et apportait des lettres au bureau. J'ai couru jusqu'à lui et je lui ai demandé s'il y avait des lettres de Jessica pour moi. Il savait pas de quoi je voulais parler.
- Jessica Renton, j'ai dit, elle a dit qu'elle allait m'écrire.
Mais il m'a seulement regardé en disant :
- Ecoute, mon bonhomme, moi je m'en fiche un peu de qui écrit à qui. Je fais mon boulot alors fiche-moi la paix.
Et alors j'ai plus pu me retenir et j'ai hurlé :
- Donnez-moi des lettres, donnez-moi des lettres !
Et je lui ai donné des coups de pied dans les jambes et j'ai essayé de le taper. J'ai attrapé son sac et je le lui ai arraché et y s'est répandu partout par terre et j'ai sauté sur les lettres et j'ai commencé à les jeter au fur et à mesure en en cherchant une de Jessica. Et puis il a essayé de m'attraper et je l'ai mordu. Tout le monde est sorti du bureau et le Dr Nevele m'a attrapé et m'a tordu les bras dans le dos et m'a entraîné vers la Salle de Repos pendant que je continuais à crier qu'on me donne mes lettres, mes lettres, mes lettres.
Il m'a traîné dans la Salle de Repos, il y a tiré une chaise du vestibule, y m'a mis sur la chaise, il a enlevé sa ceinture il l'a passée autour de moi, il l'a serrée serrée et il a fermé la boucle. Il a même pas dit quelque chose, rien.
Je suis resté assis tout seul. J'ai pas enlevé la ceinture. Je savais que j'étais pas capable de me maîtriser, ma crise. Je suis resté assis longtemps, longtemps. Et puis j'ai enlevé la ceinture et je suis revenu vraiment comme un bon petit citoyen jusqu'au bureau du Dr Nevele.
- Pardon, je lui ai dit.
Et j'y ai rendu sa ceinture. Y m'a regardé d'un air drôle, comme s'il était gêné pour quelque chose, et puis il pris sa ceinture et y m'a dit d'accord que ça allait. Je lui ai dit :
- C'est seulement que je voulais mes lettres, elle m'avait dit qu'elle m'écrirait.
Le Dr Nevele est devenu tout rouge quand j'ai dit ça. Je sais pas pourquoi. Mais il a seulement fait oui de la tête et je suis parti.
Je suis retourné dans mon aile. Je m'ai allongé sur mon lit.J'y suis resté jusqu'à ce qui fasse noir. Je regardais le plafond qui est plein de petits trous, comme celui de l'école. J'ai sauté le dîner. Et puis j'ai fait un truc. J'ai été jusqu'à la fenêtre, j'ai mis mes mains l'une contre l'autre en regardant dehors et j'ai dit :

Petite étoile au firmament
Première étoile du soir
Petite étoile au ciel brillant
Exauce un voeu pour moi ce soir.

Et alors j'ai souhaité que Jessica m'écrive, oh s'il te plaît, pour que je sache si elle allait bien et si elle se souvenait de moi.
Et je suis retourné à mon lit et je m'ai allongé. J'ai mis ma tête dans l'oreiller. Y avait pas d'étoiles dehors, y avait des nuages. Et il faisait noir dans mon aile. Et j'étais tout seul. J'ai entendu le tonnerre, il a commencé à pleuvoir.
Quand j'ai ouvert mes yeux y avait quelqu'un d'assis près de moi en train de fumer une cigarette. J'ai vu le bout du feu dans le noir. j'avais peur.
- Y a quelqu'un ? j'ai demandé.
- Pardon, je t'ai réveillé ?
C'était Rudyard, il a soufflé de la fumée.
- Non, j'ai dit.
- Où est tout le monde ?
- Aux Activités Spéciales, j'ai dit, y a un film.
- Ah, ouais...
Rudyard était assis sur le lit à côté du mien. Mes yeux se sont habitués au noir et j'ai pu le voir. Il était penché comme s'il était triste ou quelque chose comme ça.
Je l'ai bien regardé. Il ne disait rien. Il s'est levé et il a fait le tour de la pièce. Il regardait les choses dans le noir. Et puis il est allé à la fenêtre regarder dehors, et la lumière du parc à voiture lui venait de derrière et je l'ai vu tout noir. Comme un dessin découpé dans du papier noir.
- Tu pourrais faire un voeu sur une étoile, Rudyard, je lui ai dit. Tu peux commander des trucs.
- Y a pas la moindre étoile.
Il pleuvait.
- Je sais.
Mais il est resté à regarder quand même. Et puis il s'est mis à parler. Il parlait tout seul, il se parlait à lui-même.
- Il y a seize ans, je rentrais chez moi, depuis la petite épicerie de la rue, derrière ma maison. J'avais l'habitude d'aller à l'épicerie rien que pour regarder. J'avais seulement, je sais pas, quinze ++++ cents+++++
, peut-être, mais je faisais mes courses toute la journée, je cherchais à me décider pour ce qu'on peut vraiment acheter de mieux pour quinze +++cents +++ . Quand je finissais par me décider par l'acheter, j'étais vraiment content, après tout le mal que je m'étais donné.
"Ce jour-là j'ai remarqué à l'épicerie un nouveau présentoir publicitaire, pour des biscuits, c'était ceux qui sont au chocolat d'un côté et au sablé de l'autre. Je les détestais, à vrai dire, mais ils étaient bien pour tremper. Y se ramollissaient juste comme il faut sans tomber en mille morceau. Le présentoir avait la photo d'un petite garçon qui sautait. Sa silhouette était découpée dans du carton.
"Ce jour-là j'ai décidé d'acheter un bloc de savon de Marseille qui me durerait plus longtemps que des bonbons. Je comptais le sculpter au couteau en arrivant à la maison. Mais sur le chemin du retour, la tempête à commencé, un vent terrible et une forte averse. J'ai eu beau courir, l'orage m'a rejoint. J'avais rudement peur. Je me suis réfugié sous un arbre, au milieu des buisson, derrière l'épicerie, pour me protéger de l'averse. Et puis j'ai remarqué que quelqu'un avait jeté un de ces présentoirs, l'avait jeté dans la rue. Le petit garçon de carton s'était détaché du reste. Et le vent l'avait emporté contre les buissons. Ses bras et ses jambes se tordaient et s'agitaient frénétiquement, comme s'il avait une crise de nerfs.
"J'ai fini par rentrer à la maison. J'ai couru en fermant les yeux. En chemin, j'ai laissé tomber le savon. Mais aujourd'hui encore, quand je me promène parfois, et que je regarde derrière moi, j'ai l'impression de voir encore ce petit garçon de carton piquer sa crise de nerfs dans les buissons. C'est à ça que la nuit me fait penser...
Il s'est rassis sur le lit près du mien. Je regardais le bout de sa cigarette. Il n'a rien dit pendant longtemps. Et puis :
- Je crois qu'on va me flanquer à la porte, Gil. Le conseil d'administration m'a demandé de m'en aller.

FIN du 14
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MessageSujet: Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué   Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué - Page 3 EmptyVen 17 Avr - 16:59

Oups Exclamation J'ai omis de mettre en italique le mot "cents" et de supprimer les petites croix. Laughing
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MessageSujet: Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué   Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué - Page 3 EmptySam 18 Avr - 17:38

15

Après l'exercice d'alerte aérienne, il ne restait plus q'une semaine avant les vacances de Thanksgiving,
j'étais impatient. J'adore Thanksgiving. C'est des vacances mais y a pas de prière et on peut manger comme un
fou. Je mange beaucoup pour mon âge. Je mange, je mange sans arrêt. Je mange plus que n'importe qui sauf
Shrubs. Mon papa dit : "Il faut savoir s'arrêter, Gil. Les meilleures choses ont une fin."
Le lendemain de l'exercice d'alerte aérienne on a eu les élections pour le chef du distributeur d'eau fraîche.
Boddy Cohen, que je connais tout juste, m'a proposé et été étonné. On baisse la tête et il faut voter à main
levée sans regarder pour pas être influencé. Faut pas tricher. J'ai voté pour Ruth Arnold pasque c'est égoïste de voter pour soi-même, mais Mlle Iris a dit qu'on devrait, que c'est une preuve de confiance en soi,
mais je trouve que c'est mal élevé.
J'ai été élu. J'étais le chef du distributeur d'eau fraîche de notre classe. A chaque récré, c'est moi qui devais me mettre devant le distributeur d'eau fraîche et tenir la poignée baissée en comptant jusqu'à trente pour chaque élève, avant de lui taper sur l'épaule pour qu'y laisse la place au suivant. (Je triche un peu pour Shrubs, quand mPolaski a dit que si Jessica serait dans notre calsse je lui laisserais boire toute la flotte et tout le monde mourrait de soif.
Alors je lui ai donné un coup de poing, évidemment.)
Les vacances de Thanksgiving sont enfin arrivées.
Ce jour-là, après l'école, j'ai vu Jessica sortir par la porte de la rue Marlowe mais elle ne m'a rien dit, alors je lui ai rien dit non plus. Je l'ai regardée descendre la rue Marlowe. Et puis tout d'un coup elle s'est retournée et elle m'a fait un signe. Alors je lui ai fait un signe aussi. On s'est fait des signes. J'ai souri. Et elle est venue vers moi. Et je faisais des signes, et je souriais, et puis je refaisais des signes et je ressouriais, mais elle c'était à Marilyn Kane qui était derrière moi qu'elle faisait des signes et qu'elle souriait. Je me suis retrouvé idiot et gêné. j'ai fait comme ça comme pour partir mais alors elle m'a dit :
- Faut surtout pas te croire obligé de dire salut ni rien, Gil.
Je m'ai retourné et j'ai dit :
- D'accord, je dis rien.
Et je suis parti.
Cette nuit-là, j'ai fabriqué un pantin. Je l'ai fait avec des morceaux de bois que mon papa avait dans la cave. Ses bras c'était des petits morceaux et le reste des morceaux plus gros. Il avait des bobines pour coudes, elles tournaient, et sa tête était une boule en plastique pour fabriquer des décors d'arbre de Noël.
C'est Shrubs qui me l'avait donnée l'année dernière. Je l'ai peint couleur de peau avec des ronds rouges pour les joues. J'ai pris du foin pour ses cheveux et je lui ai cousu un petit costume avec une culotte rouge et une chemise blanche fabriquées avec des chiffons.
Je lui ai peint des chaussures aux pieds. Ca m'a pris toute la nuit presque. Mon papa est redescendu voir mais y m'a laissé pasque le lendemain j'avais pas école.
Je l'ai appelé Jerry le Pantin. Quand il a été sec je l'ai emmené avec moi à l'étage au-dessus, dans la cuisine. Il faisait noir, ma manman et mon papa étaient couchés. J'ai plié un torchon et l'ai posé sur le comptoir jaune pour lui faire un lit et puis j'ai plié une lavette pour faire un oreiller à Jerry le Pantin. Et puis je suis monté me coucher mais j'ai pensé à un truc et je suis redescendu. j'ai pris un autre torchon et je lui ai fait un pougnougnou pour qu'il aye pas froid. Et puis je l'ai embrassé.
- Bonne nuit, Jerry le Pantin, j'ai dit? Je suis heureux de t'avoir fabriqué.
Mais le lendemain matin je m'ai réveillé très très tôt pasque c'était Thanksgiving et que je voulais regarder le défilé à la télé. Je suis descendu et j'ai mis Oral Roberts. (J'aime bien le regarder, il gueule.) J'avais mes pantoufles à tête de chien.
Jeffrey est descendu. Je lui ai demandé s'il voulait jouer aux trois Stooges avec moi. J'y joue souvent avec Shrubs. Lui c'est Curly. Moi c'est Moe. Je lui flanque des volées. Curly (le frisé) c'est mon préféré, il est chauve. Y fait comme ça avec ses doigts, je sais le faire. Des fois il est absent et alors c'est Shemp qui le remplace. Shemp ressemble à Moe mais il est encore plus moche. Parfois je suis lui. Mais personne fait jamais Larry. Larry, y a jamais personne qui veut le faire.

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MessageSujet: Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué   Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué - Page 3 EmptySam 18 Avr - 18:51

Jeffrey voulait pas jouer. Et puis y a eu le défilé à la télé. C'était super. Y avait des chars décorés. Celui que j'ai préféré c'était celui où y avait Bullwinkle l'Elan. C'est un élan, un héros de dessin animé. Quand je l'ai vu, j'ai fait : "Salut, Bullwinkle !" Et y m'a fait un signe.
Et puis manman et papa se sont levés, ils étaient en robe de chambre et on a mangé le petit déjeuner au salon pour pouvoir regarder le défilé. On a mangé des crêpes et bu du café de petit garçon, qui est du café avec surtout du lait et du sucre pour les enfants. (J'ai donné des crêpes à Jerry le Pantin mais il avait pas faim) Et puis manman a commencé à faire la cuisine pour le repas de Thanksgiving.
On a des invités pour Thanksgiving, c'est des oncles, des tantes et des cousins du côté de ma manman. Mon papa à un côté aussi, mais c'est pas pour Thanksgiving, c'est pour Pâques. On va chez Bubbie. C'est ma grand-mère. Elle s'appelle Bubbie. Elle est très vieille et parle juif, alors je comprends pas, sauf que des fois elle parle anglais et je comprends pas non plus. Elle devrait avoir des sous-titres, moi personnellement je trouve. Elle m'appelle Bébé Cocker pasqu'un jour je suis allé chez elle avec mon costume de Davy Crockett. J'ai pas de Pépé du côté de mon papa. Il est décédé que je l'ai même jamais vu sauf en photo. Y ressemble à mon papa seulement marron à cause de la photo. Du côté de ma manaman, j'ai un grand-père. On l'appelle Grand-Papa. C'est Grand-Papa du côté de ma manman et Pépé du côté de mon papa, sauf que Grand-Papa est pas mort. Seulement j'ai pas de Bubbie du côté de ma manman. Elle est morte. Elle s'appelait Bonne-Maman. C'est très compliqué, je m'y perds. Je trouve que Grand-Papa devrait se marier avec Bubbie. Ils pourraient aller au restaurant, ils se parleraient juif tous les deux.
Pour Thanksgiving ma manman avait fait de la dinde. Elle a aussi fait de la farce que je l'ai aidée à faire, j'ai émietté du pain grillé. Et elle a aussi fait des gâteaux de patate douce, qui sont des patates douces seulement en gâteau, avec une cerise dessus que je n'aime pas alors je les donne à Jeffrey qui les donne à Cleo notre chienne qui les mange et qui vomit. C'est comme ça que nous fêtons Thanksgiving.
Après le petite déjeuner, mon papa il a dit :
- Dites donc les gars, ça vous dirait d'aller voir le Père Noël aujourd'hui ?
J'ai dit :
- Non merci.
- Pourquoi ? a fait mon papa.
- Pasqu'on est juif, j'ai dit. C'est pas bien.
- Allez, habille-toi Gil, il a dit mon papa, t'en fais pas pour ça.
Mais j'ai croisé les bras et j'ai boudé, je voulais pas. Alors papa est venu et y m'a dit :
- Gil, le Père Noël est de toutes les religions, il est pour tout le monde. Allez, dépêche-toi, on sera en retard.
J'ai dit :
- Alors il est juif ?
- Ouais, il a dit papa, il est juif, ça va ? Alors en route !
Et on y est allé.
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MessageSujet: Quand j'avais cinq ans je m'ai tué   Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué - Page 3 EmptyLun 27 Avr - 20:13

Le Père Noël était à la Rotonde Ford. C'est un grand bâtiment qui est tout rond. Et très loin. Y a des voitures dedans. J'ai
demandé à mon papa comment le Père Noël faisait pour s'y retrouver si vite alors que je venais de le voir à la télé, dans le
défilé, à l'autre bout de la ville. Et y m'a dit qu'il prenait un hélicoptère.
A la Rotonde Ford y avait la Forêt Magique du Père Noël. C'était des lumières et des arbres avec plein de couleurs, on se
promène entre les arbres et y a des elfes. Et puis aussi y avait un endroit où on puvait voir les rennes et même les caresser.
J'ai pas réussi à voir la partie qu'y z'ont pour voler. Je pense que ça doit leur rentrer plus ou moins. Y en avait un je lui ai donné une cacahuète. Il était marron.
Et puis on est allé coir le Père Noël. Il était tout au bout. Y vait une grand queue. Elle faisait des tours et des tours, on pouvait même pas l'apercevoir, le Père Noël. On a attendu, attendu, attendu. Et puis on est arrivé. Jeffrey y est allé le premier et lui a dit :
- Je voudrais que tu m'achètes un modèle réduit de Thunderbird comme y en a chez Maxwelle, d'ac ?
Et le Père Noël a fait :
- Ho ho.
(Le Père Noël il est faux-jeton, moi personnellement je trouve, pasqu'i arrête pas de se marrer alors que je vois pas ce qui'l
y a de si drôle pour ne rien vous cacher.)
Et puis Jeffrey a dit :
- Je voudrais aussi un pantalon et une chemise de cow-boy avec des bottes et de vrais éperons.
Et le Père Noël a fait "Ho ho", et Jeffrey est redescendu.
J'ai voulu m'en aller, mais papa m'a tiré par la main et m'a fait revenir. J'ai dit :
- Non, j'ai quelque chose à faire.
Mais il a dit d'y aller. Alors je m'ai assis sur le Père Noël. Il était chaud.
- Tu connais Kipour ? je lui ai demandé.
- Qui ça ?
- Kipour, Yom Kipour.
Il a encore fait "Ho ho !"
- T'es juif ? je lui ai demandé.
Le Père Noël a rien dit.
- Eh ben, alors ? j'ai insisté.
Et alors il a dit :
- Bah, heu, je ne sais pas, oui, j'imagine. Le Père Noël c'est toutes les religions. Oui, probablement, je suis juif.
Tous les parents se sont mis à reprendre leurs enfants qui attendaient dans la queue. Ils avaient tous entendu. Le Père Noël a
dit : "Mais non, c'est pas ce que je voulais dire." Mais bientôt il est plus resté personne. Mon papa m'a attrapé par le bras et on est parti.
Y faisait chaud pour Thanksgiving, y neigeait mmême pas, et quand on est arrivé à la maison il pleuvait. Ma manman était encore
en train de préparer le dîner, ça sentait un arôme et mon papa a lu le journal et Jeffrey a regardé un magazine.
J'ai dit :
- Manman, comment ça se fait qu'y a pas Jessica dans l'annuaire ?
- Qui ça, mon chéri ?
- Jessica, une copine.
- Il n'y a que le nom des papas à l'annuaire, mon chéri, le nom de famille.
Alors j'ai cherché Renton, c'était comme un dictionnaire, je savais m'en servir et y avait qu'un seul Renton dans la rue Marlowe.
J'ai la frousse du téléphone pasqu'un jour l'opératrice s'était branchée tout d'un coup et m'avait engueulé pasque je mettais
trop longtemps à composer un numéro, mais là j'ai fait quand même le numéro. Pasque je voulais dire à Jessica que le Père Noël
était juif.
Ca a sonné. Et puis ça s'est arrêté. Et puis ça a sonné et ça s'est arrêté.
Une fille a répondu, elle a dit :
- Allô ?
- Allô, Jessica ? j'ai dit.
J'étais rudement nerveux, mon vieux.
- C'est Gil, de l'école.
Mais sa voix avait quelque chose, elle était pas normale, on aurait pas dit Jessica, et j'ai déduit qu'elle pleurait.
- Oh, Gil, qu'elle m'a dit. Mon papa est mort.
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MessageSujet: Quand j'avais cinq ans je m'ai tué   Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué - Page 3 EmptyLun 27 Avr - 20:14

FIN du 15
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MessageSujet: Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué   Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué - Page 3 EmptyJeu 2 Juil - 14:50

16

La pluie dit comme un bruit : chchhh. On peut l'entendre quand elle descend. C'est Dieu qui nous dit de pas faire de bruit.
Après-midi de Thanksgiving je m'ai agenouillé sur le canapé de la salle de séjour de notre maison et j'ai regardé par la fenêtre les Goldberg de la maison d'en face qui sortaient de chez eux avec des journaux sur la tête et montaient dans leur voiture. Ils étaient tout en habit du dimanche. Ils riaient. Mais le moteur de leur voiture pleurait, lui, et il en est sorti de la fumée et j'ai pensé : ils vont à des funérailles, qui sont une fête mais sans cadeaux.
Depuis la salle de séjour je pouvais sentir l'odeur de la cuisine où manman préparait le dîner. La table de la salle à manger avait la belle nappe et les belles assiettes du buffet à vaisselle que j'ai pas le droit de toucher. Y avait aussi les beaux verres et l'argenterie avec des fleurs au bout du manche et des serviettes en tissu pas en papier, qui avaient l'air de petits bébés nappes.
Je regardais par la fenêtre dans la rue. La pluie tombait comme des petites torpilles sur les voitures et faisait des éclaboussures comme un brouillard tout autour des carrosseries. Elle traçait des lignes sur les carreaux comme un peintre à la peinture transparente. Du bout du doigt j'ai suivi deux gouttes qui dégoulinaient à toute vitesse. J'ai posé mon nez contre la vitre et j'ai fait des lunettes de vapeur en respirant. Et puis j'ai fait des empreintes de Martiens. C'est avec le doigt, on fait comme si plein de petits pieds de Martiens avaient laissé des traces sur les carreaux, en essayant de sortir.
Je suis allé dans le placard de l'entrée. J'ai pris mon ciré et mes bottes de pluie et je les ai enfilés.
Mon ciré est jaune, il est comme en peau de banane à l'extérieur. Il a du tissu à l'intérieur avec des voiliers dessus. Il y a un chapeau aussi, avec juste un trou pour ma figure. Les manches de mon ciré sont trop longues. Mais ma manman dit que je grandirai dedans. Elles me pendent au-dessus des mains.
Mes bottes sont en caoutchouc avec des dessins comme des pneus dessous pour que je tombe pas. Elles ont une fermeture à boucle à ressort qui fait beaucoup de bruit et que je sais pas bien fermer pasque je suis petit.
A l'intérieur de mon ciré j'avais quelqu'un avec moi, il avait une culotte rouge et du foin à la place des cheveux. Jerry le Pantin. Je l'avais avec moi.
A l'intérieur du placard de l'entrée y avait aussi le blouson à mon papa. Je l'avais mis pour aller voir le père Noël et y avait aussi quelqu'un dedans. Dans une poche. C'était Câlinot le Singe que j'avais emmené voir le Père Noël. Il m'a dit que Jessica était très triste mais qu'y pouvait pas y aller pasqu'il était dans la poche à mon papa en train de préparer le dîner.
J'ai ouvert la porte d'entrée et je suis parti.
La pluie donnait des coups sur mon chapeau de pluie qu'on aurait dit des tambours, mais ma manman elle dit que la pluie c'est des fées qui dansent sur le toit, et des fois je fais un truc quand personne me regarde, j'ouvre la fenêtre et je pose une serviette sur le rebord de la fenêtre et je sis : "Vous pouvez venir, les fées, je vais éteindre la lumière, comme ça personne vous verra."
Le trottoir de la rue Lauder est fait de carrés de ciment avec comme du remplissage entre. Le trottoir fait toute la rue comme ça et puis il tourne à gauche. Je l'ai suivi. J'allais quelque part. J'ai tourné dans la rue Clarita et j'ai regardé les maisons. A l'intérieur je voyais des gens qui regardaient la téléision et y en avait qui avaient mis des décorations à leur fenêtre avec des guirlandes de métal tout autour et puis y avait une fenêtre d'une maison oùsqu'il y avait une scène construite dans une boîte à chaussures, comme j'en fabrique à l'école des fois. Celle-là avait du foin et des chameaux et des moutons et un bébé dedans avec une espèce d'éventail en or autour de la tête. (Une fois j'avais fait une scène comme ça dans une boîte à chaussures pour gagner des points en histoire. Je voulais avoir 8 ou 9/10 pour que ma manman elle soye pas déçue. C'était Benjamin Franklin. Je l'avais découpé dans une Encyclopédie hebdomadaire et j'avais replié ses pieds pour qu'y tienne debout. J'avais appelé la scène ; "Benjamin Franklin se lève." J'ai quand même eu 5/10 seulement.)
J'ai tourné dans la rue Marlowe. Les arbres y font d'habitude comme un tunnel, ils se touchent presque, mais là ils étaient chauves. On aurait dit qu'ils se serraient la main par-dessus la rue mais qu'y z'arrivaient pas à s'atteindre pasque le père de Jessica était mort.


La suite après ma douche Exclamation ...
:gee
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MessageSujet: Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué   Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué - Page 3 EmptyJeu 2 Juil - 16:06

Et puis je suis arrivé à la maison de Jessica, avec ses volets bleus. Je m'ai arrêté devant. Je suis resté à regarder. La porte d'entrée était ouverte. Y avait une allée qui y conduisait, comme celle que nous avons chez nous, et y avait un R au-dessus de la porte comme celui que nous avons. Exactement pareil. Je suis resté devant la maison sur le trottoir, dans mon ciré, et j'ai observé.
L'allée était pleine de voitures qui avaient des plaques d'immatriculation oùsqu'y avait d'écrit "Michigan, Merveille des Eaux."
La maison de Jessica avait un lampadaire sur la pelouse, on aurait dit un petit réverbère. On les voit jamais s'allumer les réverbères. A un moment y sont allumés et c'est tout. Le petit réverbère de la pelouse de la maison de Jessica était allumé. Je suis resté à le regarder.
Un chien est venu près de moi. Il était mouillé. Il était beige. Il était sorti des buissons de la maison d'à côté et il était allé sur la pelouse de Jessica renifler ses buissons et puis entrer dedans et faire sa crotte. Et puis il était venue me voir. Y s'est assis juste à côté de moi et il a regardé la maison de Jessica. On l'a regardée ensemble. Et puis il est parti.
La maison de Jessica a des stores, on aurait dit des paupières et la pluie dégoulinait dessus et j'ai pensé : sa maison pleure aussi. Mais je suis resté où j'étais, sans bouger, des fois qu'elle aurait eu besoin de moi.
La porte d'entrée s'est ouverte. Un monsieur et une dame sont sortis. Ils avaient un gros parapluie. Ils avaient des chapeaux. Ils avaient des habits noirs pasque c'était des funérailles. Jeffrey m'a dit qu'on s'habille en noir pour que ce soye sombre et que la personne morte se réveille pas. Le monsieur et la dame ont pris l'allée centrale. Ils m'ont presque bousculé. Ils sont monté dans la dernière des voitures garées dans l'allée et ils ont démarré. Et puis ils ont baissé la fenêtre et ils on dit :
- Tu as besoin de quelque chose, petit ? On peut t'aider ?
- Non, je ne fais que regarder un peu, j'ai dit.
Je les ai regardés s'éloigner en direction de Seven Mile Road où y avait beaucoup de circulation, on voyait la vapeur que projetaient les voitures dans la pluie et le bruit. Je n'ai pas la permission de traverser Seven Mile tout seul. Y a trop de circulation. Elle a des lignes de peintes dessus et pas de maisons mais seulement des magasins.
J'attendais devant la maison de Jessica. Je regardais par le trou de mon chapeau de pluie. La porte d'entrée de la maison d'à côté s'est ouverte et deux enfants en sont sortis. C'était Roger et Joey Lester, je les connaissais de l'école, ce sont des jumeaux qui se ressemblent pas. Y m'ont regardé mais ils savaient pas que c'était moi à cause du chapeau de pluie. J'ai rien dit. Ils ont descendu la rue Marlowe. Je savais pas qu'ils habitaient là, mais des fois Shrubs jouait avec eux. Il disait qu'y sont pauvres. Y z'ont pas de jouets alors y jouent avec leurs chaussettes.
La maison de Jessica elle a un arbre devant. Un singe en a sauté et il a atterri sur mon épaule et y m'a dit en signe qu'il y avait des indigènes dans Seven Mile Road qui allaient venir tuer Jessica, alors j'ai mis ma main comme ça autour de ma bouche et j'ai lancé le cri et tous les éléphants sont venus et leur ont fait peur et ils sont partis. Le singe m'a dit merci et puis s'en est allé.
Manman dit qu'y pleut quand le Bon Dieu arrange son robinet. Elle dit qu'y voit tout alors que j'ai intérêt à être sage. Je lui ai demandé si Dieu sait comment Milky le Clown fait ses tours de magie dans son émission à la télé. (Des fois je lui fais un signe, à Dieu. Il me voit. C'est mon copain pasqu'une fois j'ai prié pour que les Tigres gagnent un match et y z'ont gagné.)
J'étais devant chez Jessica. J'ai reniflé mon ciré, il sentait une odeur comme une tente quand il pleut. (Je suis allé dans une tente une fois, à Northland, au Vieux Campeur, y en avait d'exposées et je suis entré. C'était comme si j'avais dormi dehors. Ca sentait une odeur.)
Et puis une camionnette s'est arrêtée devant chez Jessica. Elle était bleue. Elle disait "Paul - Traiteur" sur le côté, on lui avait peint ça. Un monsieur en est sorti il a fait le tour et il a ouverte une porte à l'arrière et il en a sort un très grand plateau avec des choses à manger dessus. Il a monté les marches du perron et il est entré chez Jessica. Je regardais la camionnette. Je pensais : je peux voler la camionnette et arracher Jessica aux griffes de ses ennemis et la conduire en Floride, mais le monsieur est revenu. Y m'a vu.
- Dis donc, petit, tu t'es perdu ?
Je lui ai pas dit de réponse.
- Où est ta manman ? Y faut pas rester sous la flotte comme ça. Tu vas attraper la crève, petit.
- Faut pas dire la crève, je lui ai dit.
Mais y m'a pas entendu, il était déjà reparti.
J'ai regardé toutes les fenêtres de la maison de Jessica. Je m'ai dit que peut-être elle me voyait, peut-être elle était en train de me regarder, mais je la voyais pas, mais elle y était peut-être quand même pasqu'elles étaient toutes pleines de buée. Et puis de toute manière je suis resté.

je reviens Exclamation
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MessageSujet: Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué   Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué - Page 3 EmptyJeu 2 Juil - 16:37

Walà, je suis reviendue Exclamation ... Basketball

Roger et Joey Lester sont revenus, ils portaient un sac, je déduis qu'ils étaient allés faire des courses. Ils m'on de nouveau regardé et je leur ai fait comme ça avec la main seulement y m'ont pas répondu. Y sont rentrés chez eux et y z'ont refermé la porte.
Le vent faisait faire comme des cercles à la pluie dans la rue, sur la chaussée, et il soufflait dans mon chapeau pendant que je regardais par le trou. Une branche est tombée d'un arbre derrière moi. Un écureuil a couru dans un arbre. Une voiture est passée. Une porte a claqué quelque part, plus loin. Le vent a fait passer une feuille de journal près de moi. Une voix a ciré quelque chose. Un avion a traversé le ciel. Dans Seven Mile Road y a bien failli y avoir un accident. Y se mettait à faire noir. Presque la nuit. Je restais devant la maison de Jessica. Je restais à observer.
Un monsieur est entré chez elle avec des fleurs. Une vieille dame en est sortie avec du plastique sur sa tête pour garder ses cheveux secs. Une autre dame a ouverte la porte d'entrée et m'a regardé mais elle a seulement secoué la tête comme ça et elle est rentrée.
Et puis il a fait noir. J'ai vu que les réverbères étaient allumés mais je les avais pas vus s'allumer. J'ai pris Jerry le Pantin et j'ai marché sur la pelouse de Jessica jusqu'au petit réverbère dans l'herbe. Je l'ai posé au pied du réverbère, et puis j'ai enlevé mon chapeau de pluie et je l'ai mis au-dessus de lui comme une petite tente pour Jerry le Pantin.
J'ai regardé encore une fois sa maison et puis je suis parti chez moi, il pleuvait encore et j'avais plus mon chapeau de pluie mais je m'en fichais. Je pensais à autre choses peut-être bien. J'avais mon ciré. Les manches me pendaient sur les mains.
Quand je suis arrivé chez nous, ma manman était très en colère.
- Qui t'a permis de sortir d'ici, hein ? Tu pars sans demander la permission à personne, maintenant ! Tu nous a fait faite un sang d'encre. Et le dîner est froid, on t'a attendu, tu as vu l'heure ? Et d'ailleurs où étais-tu ?
J'ai enlevé mon ciré et je l'ai pendu bien proprement dans le placard de l'entrée. J'ai enlevé mes bottes de pluie. (Mes chaussures sont restées coincées à l'intérieur comme toujours et j'ai dû les en retirer séparément.) J'ai rangé mes bottes.
Y avait plein de monde dans ma maison. Y avait du bruit et de la fumée de cigare de mes oncles.
J'ai monté l'escalier pour aller dans ma chambre. J'ai fermé la porte. Je m'ai allongé sur mon lit. J'ai regardé par la fenêtre.
Je m'ai levé. Je m'ai assis sur l'autre lit. Je m'ai encore levé. J'ai été jusqu'à mon placard. J'ai ouvert la porte. Je suis entré dans mon placard et j'ai refermé la porte.

FIN DU 16
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MessageSujet: Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué   Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué - Page 3 EmptyJeu 2 Juil - 19:06

17

Le lundi matin après les vacances de Thanksgiving, je m'ai réveillé et tout était différent. Dehors il pleuvait des cornes, j'ai regardé l'averse et j'ai pensé : maintenant plus rien n'est pareil. J'ai regardé ma lampe avec des cow-boys sur l'abat-jour. Un des cow-boys jouait de l'harmonica.
Ma manman est venue dans ma chambre pendant que je mettais mon pantalon et elle a vu mon zizi et j'ai hurlé. Elle a dit :
- Mon Dieu, je suis ta mère, tout de même !
J'ai dit non (pasque je crois que je suis adopté).
Mais elle a fait le petit déjeuner comme toujours et elle a fait beaucoup de bruit en avalant comme toujours et puis Shrubs est passé me prendre et pendant que je mettais mon manteau, il est allé au salon et il a volé des bonbons dans le truc en verre.
C'était comme si j'étais pas allé à l'école depuis très longtemps. En route je m'ai dit que Jessica ne serait pas là mais que je serais dans sa classe pasqu'elle commence avec Mlle Iris et que Mlle Iris m'avait justement demandé de lui faire un nouveau tableau d'affichage de Noël. Mais Jessica serait absente pasqu'on a le droit quand quelqu'un meurt. (Une fois j'ai été absent. La soeur de Sophie était morte et je suis allé à l'enterrement, c'était une petite église à l'autre bout de la ville avec rien que des nègres de couleur dedans sauf nous. Manman a dû courir devant pour prendre Sophie dans ses bras, tellement elle pleurait.)

Vais miammiam Exclamation
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MessageSujet: Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué   Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué - Page 3 EmptyVen 3 Juil - 9:32

- T'en veux à l'orange ou au raisin ? a demandé Shrubs.
Y m'a montré des bonbons mais il arrivait pas à retirer le papier à cause de ses gants de hockey. Il les porte toujours. C'est des géants. Ils ont des plaques du haut jusqu'en bas et les doigts sont vraiment gros, tu peux en mettre deux dans un et faire comme si t'avais perdu un doigt. J'en ai pris un au raisin, c'était une grenade.
(Moi mes gants je les ai perdus. Je les perds toujours. Je sais pas où ils passent. Manman dit : "Ils ne s'en vont tout de même pas tout seuls", et moi je dis : "Si, ils prennent la voiture et ils partent en Floride passer l'hiver comme Oncle Less et Tata Fran." Elle répond : "Arrête de dire n'importe quoi." Elle m'a même acheté des trucs qui se pincent sur ta veste pour qu'on perde pas ses gants. J'ai perdu ma veste. Ma manman dit que je perdrais ma tête si elle était pas bien attachée à mes épaules mais je dis que je la retrouverais facilement pasque je la connais bien. Remarque, dans les glaces on se voit à l'envers, enfin la gauche à droite et la droite à gauche.)
Je suis allé tout droit dans la salle de Mlle Iris pour lui faire son tableau d'affichage. Je m'ai assis dans le fond. Je devais même pas écouter. J'avais un des nouveaux pupitres, y z'ont du plastique dur dessus comme une cuisine. J'aime les nouveaux pupitres, ils sont bien lisses et on a pas besoin de sous-main pour pas faire de marque sur son papier.
Pour le tableau d'affichage j'avais le droit de me servir de vraie colle liquide, pas de colle blanche,e t de ciseaux pointus qui pourraient crever un oeil. J'ai commencé par la barbe. Je la faisais avec du coton de l'infirmerie. Mais j'ai fait couler de la colle partout sur le pupitre et sur moi et le coton a collé partout. Je m'ai mis à éternuer et tout le monde m'a regardé.
La deuxième cloche a sonné, celle des retardataires. Et alors il est arrivé quelque chose. Jessica est entrée.
Elle était habillée en dimanche avec une robe, des bas de laine qui montaient au genou et des chaussures brillantes avec des fenêtres sur le dessus. Elle était en retard mais Mlle Iris a fait comme ça d'aller s'asseoir avec sa tête et ça veut dire que c'est pardonné. En allant s'asseoir, Jessica m'a regardé. J'avais du coton sur moi partout.
- Mes enfants, aujourd'hui nous allons faire un exercice de narration un peu spécial, a dit Mlle Iris. On va raconter à tout de rôle les vacances de Thanksgiving. Ca va être fabuleux !
(Je m'ai senti drôle pasque j'étais pas dans ma classe et pasque Jessica était là et pasque j'étais couvert de coton et pasque Mlle Iris avait dit fabuleux que je l'avais jamais entendu dire avant.)
- Andy Debbs, tu veux bien commencer ?
(J'ai attaqué le nez. Je voulais qu'il soye tout rond comme une boule. J'ai fait un cercle mais il était pas rond, alors je l'ai corrigé mais il l'était toujours pas, alors je l'ai de nouveau corrigé et il est devenu si petit que je l'ai jeté. C'est dur de découper. J'ai essayé d'en tracer un autre sur du papier d'emballage, mais il était pas rond. Et puis j'arrivais pas à en faire une boule. Je l'ai chiffonné. Et j'ai cassé mon crayon d'un coup de karaté. Andy Debbs était en train de parler de son Thanksgiving.)


On se revoit ce soir. ...
Wink
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MessageSujet: Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué   Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué - Page 3 EmptySam 4 Juil - 13:19

- D'abord on est allé à la chapelle pour dire nos prières avec les soeurs et remercier le Bon Dieu de nous avoir fait vivre en bonne santé d'un Thanksgiving à l'autre. Mais Peter Woods a pas voulu venir pasqu'y s'était cassé la patte deux semaines avant sur une balançoire et qui'l avait pas envie de remercier.
"Il pleuvait, alors après les prières on est allé dans la grande salle où y avait des arbres de Noël qu'on devait décorer. Seulement les grands devaient surveiller les petits et c'était pas très drôle pasqu'y z'en ont profité pour faire qu'à nous embêter. Deux magasins nous avaient donné un arbre cette année. La quincaillerie Brickman et le garage Torch. On s'est servi des mêmes décorations que l'an dernier mais y en avait de cassées. Les soeurs nous ont même aidés. Le père Birney lui-même est descendu, c'était un honneur.
"Et puis on a eu le dîner de Thanksgiving. C'était une fête pasqu'y z'avaient mis des nappes sur les tables du réfectoir. On a eu de la dinde et de la farce et du dessert. On pouvait se resservir en plus.
"Et puis on est retourné dans la grande salle et on a joué à des jeux. Et puis on a dit quelques prières et le père Birney nous a parlé de la chance qu'on avait d'avoir la grâce de Dieu sur nous qui nous donnait des soeurs aussi merveilleuses pour s'occuper de nous et aussi qu'il avait tellement pleuré d'avoir pas de souliers tant qu'il avait pas rencontré ce petit garçon qui n'avait pas de pieds et puis on est allé au lit et j'ai réussi à pas me brosser les dents pasque c'est moi qu'ai rangé les jouets.
(J'avais enfin réussi. J'avais tracé trois petits cercles sur du carton avec des pièces de monnaie et puis je les avais collés l'un sur l'autre ça avait l'air d'un nez. Alors je l'avais collé en place. Il avait glissé mais j'avais décidé de le laisser quand même.)
Mlle Iris a appelé Ruth Arnold. Elle souriait content content comme une idiote. C'est la plus moche personne d'Amérique, je te jure. Quand elle est née ses parents ont dit "quel trésor !" et alors ils l'ont enterrée. Elle est tellement moche qu'elle fait tomber les feuilles des arbres et quand elle est de face elle a l'air de dos (tout ça c'est des blagues pour dire qu'elle est moche). Eugène Larson a crié : "Eh, faut monter le son, le bouton de droite !" Et Mlle Iris a dit à Ruth d'attendre que la classe soit calmée.
- Pour les vacances de Thanksgiving, a dit Ruth Arnold, on est allé à Philadelphie, en Pennsylvanie, chez ma tante Greta. A Philadelphie on trouve plus d'un monument et plus d'un site historiques.
Elle a mis la main dans sa poche et elle a pris un morceau de papier et elle s'est mise à lire.
- Il y a le majestueux Independence Hall où nos aïeux ont signé la Déclaration d'Indépendance en 1776.
Eugène Larson s'est mis à tousser. Il est tombé de son pupitre et s'est mis à se rouler par terre comme s'il allait mourir, et tout le monde s'est mis à rire et Mlle Iris est venue l'attraper au colback et elle l'a flanqué à la porte. Ruth Arnold avait même pas arrêté de parler. De toute manière on l'entendait pas.
Jessica s'est retournée et m'a regardé. Je l'ai vue. J'ai baissé les yeux et j'ai fait semblant de faire le nez.
Mlle Iris est revenue et elle a claqué la porte et dit de croiser les bras et de baisser la tête jusqu'à ce qu'on soye tous calmés. Ruth Arnold lisait toujours sur son morceau de papier.
- Ca suffit, Ruth, assieds-toi, qu'elle a dit Mlle Iris. Allez ! Les bras croisés tout le monde, et tout de suite !
Moi je savais pas quoi faire. Je savais pas si je devais aussi. J'ai levé la main pour demander mais la maîtresse m'a pas vu. Alors je m'ai levé pour aller à son bureau mais je m'ai arrêté à mi-chemin et retourné et j'ai vu que Jessica me regardait avec des grands yeux et je suis resté là.
- Gil, qu'est-ce que tu fabriques ? Peux-tu je te prie me dire ce que tu peux bien fabriquer ? a dit Mlle Iris.
J'ai été jusqu'à son bureau.
- Est-ce que je dois croiser les bras moi aussi, mademoiselle ?
- Non, pas toi.
J'ai retourné à mon pupitre et je m'ai attaqué à la bouche.
- Très bien, a dit Mlle Iris. Si vous vous entez capables de vous tenir tranquilles et de vous taire, nous allons pouvoir recommencer. Sinon ce sera toute l'heure les bras croisés en silence. C'est compris ? Toi, Ruth, assieds-toi, tu as assez parlé.
Alors Jessica a levé la main. Mlle Iris l'a vue mais elle a rien dit. Jessica s'est quand même levée et elle est allée se mettre à côté du bureau de la maîtresse devant la classe.
Elle souriait. J'ai cru qu'elle allait se mettre à chanter. Elle a lissé sa robe, arrangé ses cheveux en arrière et elle s'est tenue bien droite. Et puis elle s'est mise à parler ni trop fort ni trop doucement. Juste comme il fallait.
- Le matin de Thanksgiving, je me suis réveillée très tôt et j'ai eu une surprise en regardant par la fenêtre. J'ai découvert que je voyais jusqu'au Montana. Et j'ai vu mon cheval Blacky, qui courait, la crinière au vent avec de la poussière autour de ses sabots. Il courait vers moi.


Un p'tit kawa avant de reprendre la frappe. ...
:joke
r:
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MessageSujet: Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué   Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué - Page 3 EmptySam 4 Juil - 14:10

"Je me suis habillée et je suis sortie. Personne n'était encore levé et le soleil brillait comme en été. Je n'avais pas besoin de me couvrir. Je suis sortie sur notre perron où nous avons des fleurs même en hiver et y avait un garçon sur le trottoir en ciré. J'ai dit :
"Pourquoi tu as ton ciré petit ? Il ne pleut pas." Et il m'a donné un pantin. Et alors on est allé se promener.
"On est allé jusqu'à un très grand trottoir et on a glissé sur un toboggan jusqu'à un endroit où y avait beaucoup de jouets. Il y avait des poupées, des maquettes et aussi des pantins de chiffon. Puis on est allé dans un endroit où y avait des manèges et on a fait des tours. On était les seuls. Puis on est allé en bateau.
"On a trouvé une voiture, il y avait les clés dessus et on est parti pour la Floride pendant trois heures. Quand on est revenu de Floride, on a monté une pièce de théâtre sur les policiers. Et puis on a été très fatigué alors on est rentré chez moi dans ma maison et là on a fait des tours de magie jusqu'à ce qu'on s'endorme et quand on s'est réveillé, on tait des grands."
Personne disait rien.
Je la regardais avec mes yeux. De tous mes yeux je la regardais. Je pouvais pas pas regarder. Elle fixait le fond de la classe où y avait un tableau d'affichage avec des dindes dessus que j'avais fait. Et sous mon ventre, j'ai senti quelque chose qui me tordait comme un avion avec un moteur à élastique, de plus en plus serré. Serré.
Personne a même bougé. Mlle Iris bougeait pas. Mais moi tout seul je m'ai levé et je suis allé près du bureau devant la classe. J'ai regardé Jessica. Elle m'a regardé et s'est tournée vers la porte. Elle l'a ouverte. Elle est sortie et je l'ai suivie.

FIN DU 17. ... Very Happy
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MessageSujet: Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué   Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué - Page 3 EmptyDim 5 Juil - 16:21

18

Jessica est sortie par la porte de la ru Marlowe, sous le nez des surveillants. J'avais du mal à la suivre.
Elle a traversé Curtis en courant et a commencé à descendre la rue Marlowe, marchant très vite vers sa maison. Il faisait très froid dehors mais j'ai mis longtemps à m'apercevoir qu'on n'était pas couvert du tout. Il pleuvait toujours très fort. Devant moi, je l'ai vu sur la tête de Jessica où les gouttes explosaient et faisaient comme des diamants.
La rue était vide. Y n'y avait pas de patrouilleurs de sûreté pasqu'ils étaient encore tous à l'école. (Quand ils enlèvent leurs ceintures croisées, il redeviennent des vrais enfants d'un seul coup. Une fois j'ai renconté l'affreux patrouilleur du carrefour Lauder -Northland avec sa mère et elle l'engueulait pasqu'il mettait les doigts dans son nez. C'était comme si ça avait même pas été lui.)
Jessica a tourné au coin de la rue Margarita. Tiens, elle allait donc pas chez elle, finalement. Je l'ai déduit.
- On devrait retourner, j'ai ciré sans son dos. On n'est pas couvert et c'est la saison de la grippe alors on ferait mieux...
Mais elle a continué de marcher de plus en plus vite, de plus en plus vite, comme si elle était pressée d'arriver quelque part. Je savais pas où. Puis j'ai pensé quelque chose. Qu'elle essayait de s'éloigner de moi, pasqu'elle m'avait jamais demandé d'aller avec elle. Alors je m'ai arrêté sur le trottoir et j'ai mis mes bras autour de moi pasqu'y faisait tellement froid et je l'ai vue devenir de plus en plus petite dans la rue.
Mais elle s'est arrêtée. Elle s'est retournée et elle a crié :
- Viens vite ! On gèle !
J'ai couru. Mais j'ai trébuché et je m'ai égratigné le menton et c'était vexant, j'avais honte pasqu'elle m'avait vu.
- Il nous faut des manteaux, elle a dit.
- Tu l'as dit, j'ai dit.
Et puis je l'ai vu. L'officier de répression de l'école buissonnière. Il s'appuyait à une auto, le chapeau rabattu sur les yeux, occupé à écrire sur un calepin, à cent mètres de chez moi. C'était le nom de tous les enfants qui sèchent l'école. Et y avait le nôtre. Il nous attendait près de chez moi pour nous attraper. J'ai pris le bras de Jessica.
- C'est la répression de l'école buissonnière. Jessica. Y va nous attraper et nous envoyer en maison de correction. Qu'est-ce qu'on va faire ?
Jessica l'a regardé.
- Gil, il relève les compteurs d'eau.
- Oh.
On est reparti vers ma maison.
El Commandante était venu à l'école et il avait  ficelé Mlle Messengeller dans le bureau jusqu'à ce qu'elle lui dise où on rangeait l'argent de la cantine. Et puis j'étais arrivé dans le bureau pasque j'avais fait la grande scène du II pendant l'instruction civique et je l'avais vu et je lui avait filé un bon coup de poing mais les autres soldats qu'étaient avec El Commandante m'avaient capturé mais je m'étais échappé en faisant le ventriloque et j'avais tué El Commandante avec mon épée et alors on m'avait mis à la porte pour mauvaise conduite. Indigne d'un bon petit citoyen. Jessica m'aidait.
Voilà ce que j'allais dire à ma mère quand elle me demanderait ce que je fabriquais à la maison.
- Ne dis rien à ma mère, j'ai dit à Jessica. Elle est sourde alors elle t'entend pas. Y faut lui parler par signes.
Mais y avait personne à la maison. J'ai dû me laisser glisser dans la cave par le toboggan à charbon et revenir ouvrir la porte. Je le fais souvent. Il faut s'aplatir. Je suis fort pour m'aplatir. Un jour mon papa y m'a demandé pourquoi je me glissais pas dans une enveloppe et que je m'envoyais pas en Alaska. Mais j'ai dit que j'avais pas assez e timbres (c'était vrai).

Pause. ...
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MessageSujet: Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué   Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué - Page 3 EmptyMar 7 Juil - 16:45

J'ai traversé la cuisine et je suis allé dans l'entrée de derrière et j'ai ouvert à Jessica. Elle tremblait. Elle disait rien, debout au milieu de l'entrée de derrière, et elle tremblait des pieds à la tête. Alors tout d'un coup je m'ai dit qu'elle allait mourir et j'ai couru dans ma chambre chercher Pougnougnou. Je l'ai mis sur Jessica, il était tout content.
Alors je suis allé au placard de l'entrée de devant. Tout restait très coi dans la maison, on entendait la pendue tiquer dans la salle de séjour et je m'ai mis à avoir un peu peur pasque j'aurais pas dû être là à ce moment-là. J'ai ouvert le placard de l'entrée et j'ai pris le blouson que m'avait donné mon papa, celui que j'avais mis pour aller à la Rotonde de Ford, et j'ai vu qu'une poche était gonflée. C'était Câlinot le Singe qui mangeait son déjeuner. J'ai aussi pris le manteau à ma manman, celui qu'elle met pour faire ses commissions. Je les ai emportés dans l'entrée de derrière et j'ai mis le manteau de ma manman sur Jessica par-dessus. Pougnougnou et le blouson à mon papa sur moi. Les manches me pendaient par-dessus les mains. Câlinot le Singe chantait.
Vite Jessica a arrêté de trembler. Elle tenait Pougnougnou sous le manteau. Il aimait ça.
Je lui ai dit qu'il fallait qu'on s'en aille sinon on n'allait pas tarder à avoir des ennuis quand ma manman rentrerait.
On est parti.
On s'est mis en route vers Seven Mile Road, dans la direction opposée à l'école. (Je pensais que je retournerais jamais à l'école. J'avais raison.)
On est passé devant la maison de Shrubs, au coin, près du lave-voitures. Y avait pas de voiture dedans, pasque c'était un temps peu clément, mais y avait deux monsieurs de couleur devant, assis sur un banc, à manger des chips. Ils avaient des tabliers noirs en caoutchouc. Un des deux je l'avais déjà vu, il est toujours là, il a l'air méchant pasque son nez descend un peu comme ça, mais une fois Shrubs m'a dit qu'il était enfermé dehors de chez lui il était allé au lave-voitures et le monsieur l'avait laissé attendre à l'intérieur et lui avait donné des pommes de terre chips et lui avait même demandé de l'aider à laver les voitures.
On a tourné par là dans Seven Mile. A gauche. Par là c'est à gauche, par ici c'est à droite, par là c'est en haut, par ici c'est en bas. Si tu te perds, tu dois demander à un agent de police et si tu ne peux pas te brosser les dents après chaque repas, tu peux au moins te rincer soigneusement la bouche. Je suis une mine de renseignements. C'est mon papa qui le dit. Des fois y dit aussi que je suis monsieur-je-sais-tout.
Et puis on est arrivé chez Maxwell. Chez Maxwell ya deux dames qui travaillent là. Une est petite et vieille, elle a les cheveux gris et elle est très méchante et Jeffrey l'appelle la vieille taupe. Elle a même ses lunettes au bout d'une chaîne autour du cou pour qu'elles puissent pas s'en aller. Elle était seule chez Maxwell ce jour-là.

J'reviens
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MessageSujet: Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué   Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué - Page 3 EmptyVen 10 Juil - 14:13

Chez Maxwell ça sent un arôme comme les chaussures neuves. C'est les jouets (y z'ont tous des chaussures neuves). Jessica est allée au rayon poupées pasque c'est une fille et moi au rayon cow-boys. Ils sont sur une étagère, tout seuls, tous ensemble, très haut pour que les enfants puissent pas les toucher... Ils sont en couleur, tous. Y en a que j'ai même Zorro, mais je les regarde quand même toujours chez Maxwell pasqu'y z'ont des revolvers et des chapeaux qui s'enlèvent et que j'ai perdu ceux des miens.
Y 'en avait un nouveau sur l'étagère, je l'ai reconnu tout de suite. Hopalong Cassidy. Je ne l'aime pas pasqu'il est trop vieux pour être cow-boy, il a les cheveux blancs comme Grand-Papa. Je trouve qu'il devrait prendre sa retraite à Borman Hall, où vit Grand-Papa. C'est comme une espèce d'hôpital où ont reste en attendant de mourir mais tout est kascher. Mais j'aime bien le costume de Hopalong Cassidy, il est noir avec comme des clous dedans. Jeffrey a eu une bicyclette Hopalong Cassidy pour son anniversaire. Elle était noire avec comme des clous dedans. La vieille taupe s'est amenée doucement doucement derrière moi et elle a dit :
- Je peux faire quelque chose pour toi mon petit ?
J'ai fait un bond de mille mètres. Et puis j'ai dit :
- Je cherche des jouets pour mes enfants. J'ai deux fils, Gil et Don Diego. Ce sont de merveilleux petits garçons. Si vous saviez ! Ils ont gagné le concours d'orthographe.
La vieille taupe portait le même parfum que Mme Marston, la maîtresse de la maternelle qu'on pouvait renifler à un kilomètre, ça sent comme une tarte.
Je suis allé jusqu'au rayon baseball. "Mmm, jolis gants", j'ai dit. Et puis un monsieur est entré chez Maxwell et la vieille taupe est allée le trouver.
C'était le fonctionnaire de la répression de l'école buissonnière et j'ai plongé sous le présentoir des battes.

Pause café Exclamation ...
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MessageSujet: Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué   Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué - Page 3 EmptyDim 12 Juil - 14:01

- Vous allez devoir faire le tour, il ne faut pas me salir le plancher, la femme de ménage vient de cirer, disait la vieille taupe au fonctionnaire de la répression.
Il est ressorti par la porte de devant pour revenir par-derrière. Il apportait les cages dans lesquelles il allait nous cpturer.
J'ai saisi une batte.
La vieille taupe est revenue au rayon baseball. Elle me cherchait mais je n'y était plus. J'étais derrière le comptoir des maquettes de balsa. J'étais assis par terre avec ma batte. Je ne pouvais pas les laisser nous prendre. Je ne pouvais pas les laisser prendre Jessica.
J'ai senti la vieille taupe. J'ai serré ma batte. Elle est venue tout près de moi et elle s'est arrêtée. Tout restait coi.
Alors j'ai bondi sur mes pieds en criant :
- C'est un piège, c'est un piège !
Et je faisais tournoyer la batte au-dessus de ma tête.
- Vous nous aurez pas vivants, j'ai encore hurlé.
Le fonctionnaire de la répression est entré par la porte de derrière et je me suis précipité contre lui et vociférant "You, you, you !" et je suis sorti en courant par la porte de derrière. Je l'avais dépassé sans m'arrêter. Je me suis retrouvé sur le trottoir derrière chez Maxwell, je sautais sur place en agitant ma batte.
Et puis le fonctionnaire de la répression de l'école buissonnière a posé quelques boîtes dans le magasin, il est remonté dans sa camionnette et il est parti.
J'ai arrêté de sauter d'un air féroce. J'étais tout seul sur le trottoir et il était parti. Je suis rentré dans le magasin.
- Celle-ci est trop légère, j'ai dit. Je vais en choisir une autre.
Je suis allé au rayon des animaux empaillés. Jessica regardait toujours les poupées. Chez Maxwell y z'ont beaucoup d'animaux empaillés qui servent de modèle pour en choisir un.Moi j'avais un grand panda, c'était mon préféré après Câlinot le Singe, mais il s'est noyé quand notre cave a été inondée. Mon préféré chez Maxwell, c'est le kangourou, pasqu'il a un petit dans sa poche, qui peut en sortir et qu'on a les deux pour le prix d'un. Ils avaient aussi un morse avec ses dents.
- Je pense que je vais peut-être acheter un de ces kangourou-là, j'ai dit à la vieille taupe, mais je veux continuer à regarder parce qu'entre nous c'est un scandale, non ?
Elle m'a suivi pas à pas à travers tout Maxwell. Les manches du blouson de mon papa arrêtaient pas d'accrocher des trucs dans les rayons et de les renverser.
- Jeune homme, a fini par dire la vieille taupe, à moins que vous n'ayez de l'argent pour acheter quelque chose, je vais être obligée de vous demander de sortir. C'est interdit aux enfants non accompagnés, ici.
Mais j'étais accompagné puisque Jessica était là. Je m'ai mis en colère contre la vieille taupe, et j'allais presque cirer et pleurer quand Jessica s'est mise à parler depuis le rayon des poupées.
- Mais ce n'est pas la vraie Bécassine, ça ! La vraie a les yeux en bouton de bottine, pas en matière plastique ! vous n'auriez pas une vraie Bécassine, madame ?
- Je regrette, mademoiselle, c'est une vraie Bécassine, a dit la vieille taupe. Et maintenant votre petit frère et vous, il faut que vous partiez.
- Non, je suis désolée, a dit Jessica. Ce n'est pas la vraie. La vraie, c'est moi qui l'avais, et elle est morte. Elle est morte en même temps que mon papa, à l'hôpital, la veille de Thanksgiving.
Pendant une minute, la vieille taupe n'a plus su quoi faire, elle regardait Jessica avec de grands yeux en tripotant ses lunettes. Et puis elle a dit : "Au revoir les enfants", et elle nous a pris chacun par une main et elle nous a tirés vers la porte. Jessica s'est dégagée.
- Vous savez, madame, il se trouve qu'aujourd'hui, dans notre religion, c'est un jour de fête et mon frère et moi nous étions venus ici pour acheter des jouets, comme on le fait le jour de cette fête. Il est plus saint de donner que de recevoir, vous savez. Et maintenant, nous ne sommes pas en mesure de nous acquitter parce que vous ne voulez pas que nous restions ici. Je pense que c'est bien triste pour vous, madame. Bien triste. Adieu, madame.
Et elle est sortie de chez Maxwell toute seule, la tête haute.
- Vous feriez bien de prier, j'ai dit avant de suivre Jessica.
On a remonté Seven Mille ensemble et Jessica n'a plus rien dit. Mais elle était forte pour les farces, ça se voyait.

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MessageSujet: Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué   Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué - Page 3 EmptyDim 19 Juil - 15:07

- Les rues ont des couleurs différentes. Jessica, j'ai dit, Seven Mile Road est noire avec des raies blanches, la rue Lauder est grise et la rue Marlowe a des pavés. Je trouve ça très intéressant.
Et puis j'ai vu un monsieur qui marchait devant nous dans Seven Mile Road. Plus il s'éloignait, plus il avait l'air de rapetisser. On a appris ça en sciences nat. C'est pasque la terre est ronde. Je l'ai dit à Jessica.
- Oui, elle a dit. Mais si c'était pas vrai ? Ce serait comme pour les sirènes de l'alerte aérienne de samedi. Une épreuve. Peut-être que ce monsieur est vraiment en train de devenir plus petit.
(Parfois je fais un rêve la nuit. Je rêve que je marche avec des grandes personnes dans une rue où je ne suis encore jamais allé avant. Tout d'un coup, les grandes personnes se mettent à aller plus vite. J'ai du mal à marcher aussi vite pasque je suis petit mais les grands vont de plus en plus vite. Je ne cours pas pasque ça me gênerait de courir quant tous les autres marchent. Mais alors ils s'éloignent de moi, de plus en plus, deviennent de plus en plus petits et je reste en arrière. Je crie : "Attendez-moi !" Mais y m'attendent pas. Ils deviennent de plus en plus petits, de plus en plus petits, et puis ils disparaissent. Et je reste seul.)
Juste à ce moment-là, Jessica s'est mise à courir mais elle a trébuché sur le rebord du trottoir et elle est tombée sur la chaussée. Je m'ai mis vraiment en colère pasqu'il faut jamais courir pour traverser la rue. C'est pas ça les règles de sécurité. Je l'ai attrapée par le bras, je l'ai emmenée jusqu'au trottoir d'en face et je l'ai secouée. Des fois ma manman dit qu'elle se met en colère après moi pasqu'elle m'aime et je l'avais jamais compris avant.
- Y faut respecter les règles de sécurité, Jessica, je lui ai dit, comme nous a dit le brigadier Williams à l'assemblée générale.
(Les règles de sécurité ça me connaît. Rouge pour stop. Vert pour allez-y. Orange pour attention. Et jaune ? Je ne sais pas.
Jessica a mis un doigt dans sa bouche et un pied sur l'autre comme une toute petite fille. Elle m'a regardé avec ses yeux qui sont des géants. Elle se balançait d'avant en arrière et elle faisait bouger ses lèvres comme ça, ensemble. Elle me fixait.
- Tu veux ma photo ? J'ai dit.
Elle m'a tiré la langue et ses lèvres sont devenues brillantes.
- Si y a un coup de vent tu resteras comme ça toute ta vie ! j'ai dit.
Elle a fait une grimace. Elle avait l'air qu'elle allait se mettre à pleurer. Et puis elle a retiré son doigt de sa bouche, elle a tendu la main vers moi et elle m'a touché.
- Chat ! ah, ah, je t'ai eu, qu'elle a crié et elle est partie en courant.
Je l'ai rattrapée et je l'ai secouée un bon coup.
- Te moque pas de moi, Jessica, j'ai dit. J'ai horreur de ça.
Alors elle a remis son doigt dans sa bouche et elle a eu l'air qu'elle allait se mettre à pleurer. Je pouvais pas dire si elle jouait la comédie ou pas. Avec Jessica, je pouvais pas dire. Je la regardais simplement, comme ça, sans savoir, dans Seven Mile Road, avec les voitures qui passaient et tout le bruit de la circulation autour de nous.
J'ai entendu un autre bruit qui venait dans mon dos. Je m'ai retourné et j'ai vu un petit garçon sur son vélo, il avait mis des cartes dans les rayons et ça faisait beaucoup de bruit. Y conduisait imprudemment, mon vieux. Il allait si vite qu'il est descendu du trottoir sur la chausse et a failli se faire renverser par des voitures avant de remonter sur le trottoir. Il avait des sandales rouges. Il est passé devant nous et je l'ai regardé s'éloigner, avec ses sandales rouges qui tournaient, qui tournaient autour du pédalier. Loin dans Seven Mile, il a cabré son vélo sur la roue arrière, fait un quart de tour à gauche, et puis il a disparu.
Jessica et moi on a été jusqu'au grand carrefour où Greenfield Road croise Seven Mile, c'était vraiment très bruyant et y avait des tas de voitures qui allaient très vite.
- On traverse, a dit Jessica.
Elle souriait, maintenant. J'ai répondu :
- Non. On a pas le droit sans une grande personne. Ma manman m'a dit de jamais traverser Seven Mile Road sinon je me ferai écraser.
- On n'a qu'à traverser quand même, a dit Jessica.
Elle a commencé à traverser. Les voitures arrivaient, je lui ai couru après et je l'ai tirée en arrière de nouveau sur le trottoir. Je tremblais. Je l'ai lâchée et j'ai mis les mains dans mes poches. Elle m'a simplement regardé. Et puis elle s'est éloignée.
- Jessica ! j'ai dit.
Mais elle s'éloignait, alors je m'ai dit, elle s'en va, elle est fâchée contre moi pasque j'ai pas traversé Seven Mile Road et que je suis un dégonflé.
Alors j'ai fait quelque chose. Je suis descendu du trottoir et je m'ai mis à traverser. Les voitures ont écrasé leurs freins et quelqu'un a ouvert sa vitre pour m'engueuler mais j'ai continué d'avancer, et puis j'ai fermé les yeux tellement j'avais peur mais j'ai continué de traverser jusqu'à ce que je soye de l'autre côté de Seven Mile Road. Seulement quand j'ai regardé, Jessica ne s'en était même pas aperçue. Elle parlait avec un monsieur devant le coiffeur. Et puis elle lui a donné la main et il l'a fait traverser Seven Mile Road et puis lui il est retourné de l'autre côté. Jessica est venue près de moi.
- Y faut pas traverser tout seul, Gil, elle m'a dit. J'ai eu très peur pour toi.
Moi je suis parti. Je pleurais presque et puis elle m'a couru après mais je m'ai pas retourné pasque je pleurais presque.
- Pardon Gil, elle m'a dit. Je faisais pas ça pour te faire traverser.
J'ai pas parlé pendant quelques minutes et puis je lui ai dit d'accord, que ça allait et on a continué à se promener dans Seven Mile Road mais je la regardais et je savais pas ce qu'elle voulait quand elle disait les choses.

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MessageSujet: Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué   Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué - Page 3 EmptyMer 29 Juil - 19:23

On est arrivé au Pays des Petits. C'est un endroit près du magasin où on vend des culottes de dame (on les montre en vitrine et ça me fait honte), un endroit où y a des manèges et des attractions. Mais c'était fermé pour l'hiver. Seulement y avait un monsieur qu'était en train de défaire des fils électriques. Il démontait les manèges. Il était sale, avec une chemise à carreaux et une barbe de pas s'être rasé.
Jessica s'est arrêtée et s'est appuyée à la clôture du Pays des Petits pour regarder ce que faisait le monsieur.
Il nous a vus. Il a commencé à marcher vers nous et moi je m'ai mis à courir mais Jessica est restée appuyée contre la clôture.
- Eh ben les mômes, vous devriez pas être à l'école ? a dit le monsieur.
J'ai vu qu'il avait du noir sous ses ongles.
- C'est des vacances spéciales, elle a dit Jessica. Pour nous. Rien que pour deux élèves. Nous deux.
Le monsieur a souri.
- Ah oui, il a dit. C'est des vacances que je connais bien, ça, je m'en suis payé pas mal, moi, de ces vacances spéciales.
Jessica lui a souri aussi mais moi je voulais m'en aller, il ne faut pas parler aux inconnus.
- Ca vous dirait les gamins un petit tour de bateau, avant que je démonte la rivière enchantée, hein ?
- Non, j'ai dit.
- Oui, a dit Jessica.
J'ai fait non avec la tête mais elle a posé sa main sur moi et elle m'a regardé. J'ai dit :
- Jessica, c'est pas bien. Le Pays des Petits est fermé.
Mais elle a souri, elle m'a tiré comme ça, et on y est allé.
Le monsieur défaisait d'autres fils électriques. Y m'a pris dans ses bras et y m'a déposé dans un bateau, puis il a soulevé Jessica et il l'a mise dans un autre bateau.
- Ouais, profitez-en, demain, y aura plus rien. Fini les Pays des Petits. N-I ni c'est fini. Plus de Pays des Petits pour vous deux, à partir de demain.
- Plus jamais ? elle a demandé Jessica.
Le monsieur a seulement souri. Il a tiré un bâton et les bateaux ont commencé à tourner. Nous on s'est assis et on tourné avec les bateaux. Je faisais semblant que j'étais dans un vrai. On pouvait laisser traîner sa main dans l'eau, en tournant, et ça faisait des vagues. C'était très froid. J'ai aussi fait sonner la sonnette de mon bateau et j'ai bougé le volant. Et puis, il est arrivé quelque chose.
Je m'ai retourné pour voir Jessica dans son bateau mais elle y était pas, il était vide. Alors je m'ai tourné de l'autre côté et je l'ai vue. Elle était debout dans l'eau, au milieu des bateaux. L'eau lui montait aux cuisses, elle avait un doigt dans la bouche et elle pleurait.
Je m'ai mis debout dans mon bateau et je l'ai attrapée par le bras et elle est montée dans mon bateau. Elle était toute mouillée. Elle avait terriblement froid. Elle pleurait. Elle s'est assise près de moi je voyais pas le monsieur. On n'arrêtait pas de tourner, de tourner.
Le monsieur est enfin revenu, seulement il était devenu plutôt méchant. Il nous a sortis du bateau et puis il nous a poussés dehors.
- C'est fini pour vous le Pays des Petits, il arrêtait pas de répéter, c'est fini pour vous le Pays des Petits...
Ca me faisait peur.
Jessica tremblait de nouveau et on a remonté Seven Mile Road. Il pleuvait encore un peu et il y avait du vent. Je savais qu'il fallait que je sauve Jessica. Et puis justement j'ai vu quelque chose. C'était Hanley-Dawson Chevrolet, c'est un magasin de voitures de Seven Mile Road tout près du Pays des Petits. C'est un très grand salon avec des vitrines où on montre les voitures à vendre. Et sur une vitrine y avait un grand écriteau : VENEZ FAIRE CONNAISSANCE AVEC LES MODELES DE NOTRE NOUVELLE GAMME - CAFES ET BEIGNETS GRACIEUSEMENT OFFERTS PAR HANLEY-DAWSON !
J'ai pris Jessica par la manche et je l'ai tirée à l'intérieur de Hanley-Dawson Chevrolet.
Il faisait chaud là-dedans, il y avait un canapé pour s'asseoir et Jessica s'est assise dessus. Il était vert. Et puis je suis allé à la petite table où il y avait le café et les beignets. Y avait des grandes personnes tout autour. J'ai dû faire la queue. Hanley-Dawson Chevrolet c'est des bureaux avec des monsieurs en costume et des téléphones et une dame avec des écouteurs qui branchait et débranchait des fils quand les téléphones sonnaient. J'ai fait la queue bien comme il faut et quand mon tour est arrivé j'ai fait un café de petit garçon pour Jessica et j'ai eu droit à un regard de chien de fusil pour avoir fini le lait. Je lui ai porté un beignet aussi, c'était des beignets nature, sans confiture ni sucre glace. Je lui ai montré à tremper, comme mon papa m'a appris. Moi je trempe des sandwiches à la salade de thon dans mon lait chocolaté, c'est délicieux et nutritif.
- Morty Nemsick appelle ça un sofa, moi mes parents disent un canapé. Et toi Jessica ?
Je lui parlais. C'était de la conversation pour qu'elle arrête de trembler. Mais elle a rien dit. Elle a porté le café à sa bouche mais elle s'est mise à le renverser partout pasqu'elle tremblait tellement. Alors je lui ai pris et je lui ai tenu pendant qu'elle buvait.
Un des monsieurs en costume est venu nous voir.
- Vous êtes avec vos parents vous deux ? il nous a demandé.
- Oui monsieur, j'ai dit.
Il a regardé nos manteaux.
- On les garde pour nos parents, j'ai expliqué, ils sont ailleurs.
Il est reparti et je l'ai regardé rejoindre un autre monsieur en costume et se retourner vers nous et nous montrer du doigt. (Il ne faut pas montrer du doigt, c'est mal élevé.) Alors je m'ai levé. Devant nous y avait une voiture rouge. Y avait une dame et un monsieur qui la regardaient, ils étaient très bien habillés, ils étaient plus jeunes que mes parents, la dame avait des bottes à talons hauts et du maquillage. Alors je suis allé me mettre juste derrière eux.
- Je les trouve fantastiques moi, ces garnitures, disait la dame.
- Elles sont en option, disait le monsieur.
- Fabuleux, j'ai dit, moi.
Y m'ont regardé tous les deux, alors je leur ai fait un petit signe de la main. Ils ont regardé mon blouson de mon papa.

Pause !!!
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Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué - Page 3 Empty
MessageSujet: Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué   Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué - Page 3 EmptyJeu 30 Juil - 19:40

- Je grandirai dedans, j'ai expliqué. C'est très raisonnable pour l'hiver.
Le monsieur en costume me regardait avec l'autre monsieur. Alors je leur ai fait un petit signe à eux aussi. Le monsieur et la dame ont fait le tour de la voiture rouge et je les ai suivis en faisant oui de la tête chaque fois qu'ils disaient quelque chose.
Mais ensuite, j'ai regardé Jessica et j'ai vu qu'elle tremblait encore plus. Alors je suis retourné la trouver. J'avais une idéer.
- Viens, je lui ai dit.
Et je l'ai fait lever. Je l'ai emmenée jusqu'à une grosse voiture noire qu'ils exposaient là. La portière était ouverte. C'était tout noir à l'intérieur. Y avait des gros sièges. Y avait des fenêtres. Et il faisait chaud. On est entré. On a fermé les portières. Je m'ai mis du côté du conducteur, comme le papa, et Jessica s'est assise à côté de moi. Elle a enlevé ses chaussures et mis Pougnougnou sur ses jambes et elle s'est vite réchauffée, je le voyais bien.
Je regardais par la fenêtre. J'ai fait quelque chose que je fais souvent en voiture. J'ai regardé par la fenêtre et puis j'ai repéré un petit grain de poussière sur la vitre, alors j'ai fermé un oeil et puis j'ai fait monter et descendre ma tête et le grain de poussière s'est mis à sauter par-dessus les arbres.
- Bon, allez les enfants, sortez de là. Ce n'est pas un jouet !
C'était le monsieur en costume. Il était devant la portière. On a verrouillé les portières.
Le monsieur en costume est allé chercher l'autre monsieur en costume qui était plus vieux.
- Ca suffit, les enfants, il a dit. Dehors. Dehors tout de suite.
Je l'ai ignoré. Je lui ai fait le coup du mépris. Il a donné des coups de poing contre la fenêtre et puis il a regardé l'autre monsieur en costume et il a dit :
- Bon faites-les-moi sortir de là, vous m'entendez ?
Et il est parti. L'autre monsieur est resté, il nous regardait en faisant les gros yeux.
Jessica a mis sa figure contre Pougnougnou et lui a fait un câlin. Ses genoux montaient et descendaient, montaient et descendaient, ils étaient recouverts par le haut roulé de ses chaussettes montantes qui étaient devenues comme toutes lisses et claires d'âtre mouillées. J'ai tendu la main. Je les ai presque touchées et puis non. j'ai posé la main sur la banquette finalement.
Bientôt tous les gens qu'y avait à Hanley-Dawson Chevrolet se sont retrouvés autour de la voiture à nous regarder Jessica et moi. Je leur faisais des signes. C'était comme si on avait été dans un défilé. Seulement Jessica ne les regardait pas. Elle gardait les yeux baissés et ne disait rien, comme ça.
Le monsieur en costume est allé chercher la dame avec les écouteurs.
- Vous avez des enfants, il lui a dit, vous saurez peut-être leur parler.
La dame a fait un grand sourire en nous regardant et elle a dit :
- Eh bien, les petits, vous ne croyez pas qu'il est l'heure de rentrer ? Vos mamans et vos papas doivent se faire du souci.
Mais moi j'étais trop occupé par la conduite. J'étais en route pou Miami.
Jessica avait des rubans dans les cheveux assortis à sa robe. Seulement ils étaient tout trempés à cause de la pluie, dehors, et ils pendaient de travers. J'ai été pour en toucher un et puis non.
Un des monsieurs en costume s'est mis à rire et un autre lui adit :
- C'est ça, vas-y, encourage-les.
Et puis le vieux est revenu. Il hurlait.
- Mais où est passée la clef de cette bon Dieu de bagnole ! Personne ne sait plus où passent les choses ici !
Trois monsieurs en costume sont partis chercher la clef.
Moi je continuas de conduire vers la Floride et Jessica avait baissé la tête et fermé les yeux. Quand elle s'était penchée en avant Pougnougnou avait glissé ses jambes. j'ai tendu la main pour le ramasser et ma main a cogné quelque chose. A côté du volant. Ca faisait ding-dong. J'ai regardé. C'était les clefs de la voiture.
Alors j'ai fait un truc. Je savais pas comment mais je l'ai fait. J'ai bien tendu mes jambes et j'ai posé le pied sur la longue pédale et je l'ai enfoncée et puis j'ai tourné la clef. Il est sorti de la fumée, j'ai sursauté, ça faisait du bruit. Tous les gens se sont écartés à toute vitesse de la voiture et le plus vieux des monsieurs en costume est venu en courant donner des grands coups de poing dans les fenêtres en criant :
- Je vais appeler les flics, moi, sales gosses !

RE-PAUSE. ...
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Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué - Page 3 Empty
MessageSujet: Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué   Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué - Page 3 EmptySam 1 Aoû - 18:34

Et puis je n'ai plus rien fait parce que je ne savais pas ce qui allait arriver. Mais quelque chose est arrivé. Jessica s'est mise à parler.
- Bécassine est pas morte, Gil. Je l'ai tuée à l'hôpital. Je suis allée voir mon papa. On l'avait emporté dans une ambulance. J'étais avec ma tante, elle m'a fait entrer dans la chambre. Ma maman était là, près de lui, il était sous un truc en plastique, une tente, et il avait plein de tubes partout. Mais ses yeux étaient ouverts. Je me suis approchée de lui. "Papa, c'est moi, c'est Contessa", je lui ai dit.Mais il a rien dit. "C'est moi, Contessa", j'ai dit.Il me regardait droit dans les yeux, mais il ne disait rien. Il faisait exactement comme s'il me connaissait pas. J'ai dit : "C'est moi, papa, c'est moi", mais il a regardé de l'autre côté et j'ai pensé que c'était à cause du plastique, pasque ça l'empêchait de voir, alors j'ai tendu la main pour le lui arracher, mais maman m'a pris la main et je l'ai repoussée. J'étais furieuse contre mon papa ; il ne voulait même pas me parler, je me suis mise à crier. Je lui ai crié qu'il était méchant de même pas vouloir me parler. Ma tante m'a tirée en arrière et m'a fait sortir de la chambre. Elle m'a fait asseoir dans le couloir, sur des chaises en plastique qui étaient dures. J'avais Bécassine avec moi.
"Et puis ma maman est sortie de la chambre et elle pleurait. Elle a dit à ma tante que tout était fini et qu'elle me ramène à la maison. Mais j'ai hurlé que je voulais voir papa. Ma tante me tenait vraiment très fort. Elle m'a pas laissée y aller. Elle disait qu'il y avait des choses que les enfants ne comprennent pas.
"Alors j'ai décidé que je n'allais plus être une enfant. J'ai pris Bécassine et je l'ai tuée dans la corbeille à papiers près des ascenseurs.
Et Jessica s'est mise à pleurer. Elle pleurait dans cette voiture, elle pleurait, elle pleurait toute penchée en avant et je savais pas quoi faire. Alors j'ai tendu les bras, comme fait mon papa quand j'ai des cauchemars, et je les ai mis sur Jessica. Je les ai mis autour d'elle et Jessica s'est appuyée contre moi, contre le devant de moi. Je l'ai tenue contre mon coeur dans la voiture. Serrée, bien serrée contre mon coeur dans la voiture, pendant que des grandes personnes cognaient contre les fenêtres tout autour de nous.

FIN DU 18.
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