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 Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué

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epistophélès

epistophélès


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MessageSujet: Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué   Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué EmptyMar 14 Jan - 18:49

Howard Buten
Traduit de l'anglais par Jean-Pierre Carasse.


"1

Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué.
J'attendais Popeye qui passe dans le Journal. Il a les poignets plus gros que les gens et il est tellement fort qu'il gagne toujours au finish. Mais le Journal voulait pas s'arrêter.
Mon papa il le regardait. Moi je m'avais mis les mains sur les oreilles pasque le Journal ça me fait peur. Cam e plait pas comme télévision. Y a les Russes qui vont nous enterrer. Y a le président des Etats-Unis qui est chauve. Y a les grands moments du fabuleux salon de l'auto de cette année que j'y suis même allé une fois et ça, ça ma plu comme chose à faire.
Un monsieur du Journal est venu. Il avait quelque chose dans sa main, une poupée, et il l'a levée en l'air. (Ca se voyait bien c'était pas une vraie personne à cause des coutures.) J'ai enlevé mes mains.
Ce que je vous montre là, il a dit le monsieur, c'était le jouet préféré d'une petite fille. Et ce soir, à cause d'un accident stupide, cette petite fille est morte.
Je suis monté dans ma chambre en courant.
J'ai sauté sur mon lit.
Je m'ai enfoncé la figure dans mon oreiller et je l'ai appuyé fort, fort, très fort jusqu'à ce que j'entende plus rien du tout. J'ai arrêté de respirer.
Et puis mon papa est venu et il a enlevé l'oreiller et il a mis sa main sur moi et il a dit mon nom. Je pleurais. Il s'est penché et il a passé ses mains sous moi et il m'a soulevé. Il a fait comme ça, comme il fait à mes cheveux, et j'ai posé ma tête sur lui. Il est très fort.
Il m'a dit tout doucement :
- Là, là, fiston, tout va bien, pleure pas.
- Je pleure pas, j'ai dit, je suis un grand garçon.
Mais je pleurais. Alors mon papa m'a dit que tous les jours il y a des gens qui deviennent morts et que personne sait pourquoi. C'est comme ça, c'est les règles. Et puis il est redescendu.
Je suis resté assis sur mon lit très longtemps. Assis, comme ça, longtemps, longtemps. J'avais quelque chose de cassé à l'intérieur, je sentais ça dans mon ventre et je savais pas quoi faire. Alors je m'ai couché par terre. J'ai tendu le doigt avec lequel faut pas monter et je l'ai appuyé contre ma tête. Et puis j'ai fait poum avec mon pouce et je m'ai tué.
"
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epistophélès

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MessageSujet: Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué   Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué EmptyMar 14 Jan - 19:49

2

Je suis à la Résidence Home d'Enfants les Pâquerettes.
Je suis ici à cause de ce que j'ai fait à Jessica. Je saigne encore du nez mais ça fait pas mal, mais j'ai la figure noire et bleue sur la joue. Ca fait mal. J'ai honte.
Quand je suis arrivé ici, la première personne que j'ai rencontrée c'était Mme Cochrane. Elle est venue me voir au comptoir où j'étais avec mon papa et ma maman. Tout le monde s'est serré la main sauf moi. Moi elles étaient dans mes poches mes mains. Et elles étaient fermées, c'étaient des poings. Mme Cochrane m'a emmené. Elle est moche. Elle est à dégobiller de la regarder et elle porte un pantalon malgré qu'elle est vieille. Elle me parle tout doucement comme si je dormais. Mais je dors pas.
Elle m'a emmené dans mon aile. Y a six lits. Pas de rideau, pas de tapis. Pas de commode. Pas de télévision. Les fenêtres ont des barreaux comme en prison. Je suis en prison à cause de ce que j'ai fait à Jessica.
Et puis je suis allé voir le Dr Nevele.
Son bureau est par là ; traverser le vestibule, passer les grandes portes, et puis par ici, et alors c'est là. Il a des poils dans son nez, un vrai paillasson. Il m'a dit de m'asseoir. Je m'ai assis. Je regardais par la fenêtre qui a pas de barreaux, et le Dr Nevele m'a demandé ce que je regardais. J'ai dit des oiseaux. Mais je regardais si y avait mon papa pour m'emmener chez nous.
Il y avait une photo sur le bureau du Dr Nevele, des enfants, et il y avait une photo de Jésus-Christ qui doit être une fuasse pasque y avait pas d'appareils photo à l'époque. Il était sur la croix et on lui avait accroché un écriteau. Y avait d'écrit ONRI. Mais je vois pas ce que ça a de drôle.
Le Dr Nevele s'est assis derrière son bureau. Il a dit :
- Et si le petit Gil me parlait un peu de lui, s'il me disait, par exemple, ce qu'il préfère faire par-dessus tout, hein ?
J'ai bien croisé mes mains sur mes genoux. Comme un petit garçon bien élevé. Je n'ai rien dit.
- Eh bien, Gil. Qu'est-ce que tu préfères faire, par-dessus tout, disons quand tu es avec tes petits camarades, hein ?
Moi, j'étais assis, là, sans dire un seul mot de réponse. Il me regardait comme ça avec ses yeux et moi je regardais par la feneêtre si des fois je verrais pas mon papa, seulement je le voyais pas. Le Dr Nevele m'a encore demandé et puis encore et encore et puis il s'est arrêté de me demander. Il attendait que je parle. Il attendait, il attendait. Mais moi je voulais pas parler. Il s'est levé, il a fait le tour de la pièce et puis il s'est mis à regarder par la fenêtre aussi, alors j'ai arrêté de regarder, moi.
J'ai dit :
- Il fait nuit.
Le Dr Nevele m'a regard'.
- Mais non, Gilbert. Il fait grand jour. C'est le milieu de l'après-midi.
- Il fait nuit, j'ai dit. "Quand Blacky vient."
Le Dr Nevele m'a regardé.
- C'est la nuit qui s'appelle Blacky ?

(Dehors, une voiture s'est garée et une autre est partie. Mon frangin, Jeffrey, mon grand frère, y connaît toutes les bagnoles, tu peux y aller, toutes. Une voiture qui passe, il peut te dire la marque tout de suite. Mais quand on est à l'arrière de la nôtre on arrête pas de se faire gronder parcequ'on gigote.
- La nuit, Blacky vient chez moi, j'ai dit ça, mais je l'ai pas dit au Dr Nevele. Je l'ai dit à Jessica. Après qu'on m'a bordé sous les couvertures. Il vient se mettre sous ma fenêtre, à attendre. Il sait quand c'est l'heure. Il reste coi. Il dit pas un bruit. Pas un bruit de cheval comme font les autres. Mais moi je sais qu'il est là, pasque moi je peux l'entendre. Il fait le bruit du vent. Mais c'est pas du vent. Il a l'odeur des oranges. Alors je noue mes draps ensemble et je me laisse descendre par la fenêtre. C'est haut - cinquante mètre ! J'habite dans une tour. La seule du quartier.

A table Exclamation Bon appétit Exclamation ... santa

La suite demain. ...
I love you
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MARCO

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MessageSujet: Re: Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué   Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué EmptyMar 14 Jan - 21:27

study
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epistophélès

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MessageSujet: Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué   Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué EmptyMer 15 Jan - 16:02

"Quand je galope sur son dos, ses sabots font le bruit des cartes à jouer qu'on met dans les rayons d'une roue de vélo et les gens croient que c'est ça, justement.Mais non. C'est moi. Et je galope sur le dos à Blacky, jusqu'à la fin des maisons, la fin des gens. Y a plus personne. Y a plus d'école. Y a la prison où on met des gens qui n'ont rien fait de mal. Et on s'arrête contre le mur. Tout reste coi. Je me mets debout sur le dos à Blacky ; il est très glissant mais jamais je glisse. Et je grimpe par-dessus le mur.
"Dedans y a des soldats, y z'ont des ceintures blanches croisées en travers, comme les patrouilleurs de sûreté sauf qu'ils ont des barbes. Ils suent. Ils dorment. Y en a un qui ronfle, le gros qui est méchant avec les enfants.
"Je faufile jusqu'à la partie prison, là où les fenêtres ont des barreaux et je dis doucement aux gens qui sont dedans : "Vous êtes innocents ? Ils disent que oui. Alors je défais les barreaux du doigt avec lequel faut pas montrer et je les fais sortir.
"Je suis juste en train de repasser le mur pour m'en aller quand le gros qui est méchant avec les enfants se réveille et me voit, seulement c'est déjà trop tard. Je lui fais un signe et je saute. C'est haut - cinquante mètres ! Tout le monde croit que je suis mort. Mais non. J'ai ma cape et je la tiens comme ça et le vent s'amène et gonfle ma cape et c'est comme si je volais. J'atteris sur Blacky et on s'en va et puis on mange des sablés et du lait. Moi je trempe.
Le Dr Nevele me regardait avec des gros yeux.
- C'est très intéressant qu'il m'a dit.
- Je te parlais pas à toi.
- A qui don parlais-tu ?
- Tu sais bien.
- Qui ?
(Dehors un petit garçon comme loi jouait à la balle, il la faisait rebondir dans le parking en riant. Son papa est venu le chercher et l'a emmené de la Résidence Home d'Enfants les Pâquerettes - dans leur maison, où il jouait avec des petits trains qui roulent pour de vrai.)
- Gil, soyons copains, veux-tu ? Deux copains qui se racontent des choses. Je crois que je peux t'aider à trouver ce qui te tracasse et ensuite t'aider à arranger ça. Tu es un petit garçon malade. Le plus vite tu me laisseras te venir en aide, leplus vite tu iras mieux et le plus vite nous pourrons te renvoyer chez toi. Tu veux bien ?
J'ai recroisé les mains sur mes genoux. C'est l'attitude correcte pour s'asseoir. Comme un bon citoyen. Pas un mot, pas de chouinegomme. Le Dr Nevele est resté debout devant moi : il attendait mais moi j'ai rien dit. J'écoutais des bruits dans le grand vestibule de la Résidence Home d'Enfants les Pâquerettes, des bruits d'enfants qui pleuraient.
- Il faut que je me sauve, je lui ai dit.
- Pourquoi ?
- Mon papa est là.
- Gil, tes parents sont partis.
- Non, là, c'est pas pareil, ils sont revenus pour me dire quelque chose, ils sont revenus me chercher, docteur Nevele.
- Assids-toi, s'il te plaît.
Je l'ai bien regardé et j'ai ouvert la porte un tout petit peu et il est venu. J'ai couru de l'autre côté de son bureau. Il a fermé la porte et il est resté devant.
- Gil, c'était à Jessica que tu parlais ?
Je n'ai rien dit du tout.
- Jessica n'est pas ici, qu'il a dit.
Alors là, j'ai pris la photo de Jésus-Christ et je l'ai jetée par terre. J'ai posé la corbeille à papier par-dessus et je l'ai écrasée et puis j'ai donné un coup de pied dedans et j'ai couru me mettre dans le coin près de la fenêtre.
- Elle est à l'hôpital. Sa mère est très inquiète. Très. Peut-être voudrais-tu me raconter ta version de l'affaire ?
Ma gorge s'est mise à me faire mal. C'était tuant. Je lui ai ciré "merde sale con" et ça m'a fait encore plus mal, alors j'ai crié, de plus en plus. Je criais, je criais.
Le Dr Nevele est retourné derrière son bureau. Il rien dit du tout et il s'est assis et s'est mis à lire un morceau de papier comme si y avait personne. Seulement y avait quelqu'un. Y avait un petit garçon debout dans un coin. C'était moi.
- Il faut que je téléphone à mon papa, j'ai dit, je viens de me rappeler que j'avais quelque chose à lui dire.
Le Dr Nevele a secoué la tête sans me regarder.
Je suis allé m'appuyer contre son rayonnage à livres. Les étagères ont plié. En regardant le Dr Nevele, j'ai dit :
- Je ne parlais pas à toit (mais il a pas levé les yeux), je parlais à Jessica.
- Jessica n'est pas ici.
Les livres se sont écrasés par terre et répandus à travers toute la pièce pasque j'avais poussé le rayonnage. Le bruit m'a fait peur. J'ai couru jusqu'à la porte et je l'ai ouverte. Le Dr Nevele s'est levé. Je l'ai refermée.
Maintenant il va m'apprendre, j'ai pensé. Il va me donner une leçon dont je me souviendrai. Il va me faire voir qui commande ici. Il va le faire pour mon bien et un jour je le remercierai. Et ça va lui faire plus mal qu'à moi.
Mais non, il m'a seulement regardé. Et puis il a dit très, très doucement :
- Tu veux la ceinture de contention ?
Je regardais. Il me regardait. On s'est regardé.
- Oui.
Je ne savais pas ce que c'était. Je l'ai regardé. Il a ouvert un tiroir de son bureau et ila pris une ceinture. Il m'a ssais dans le fauteuil, il a mis la ceinture autour de moi et les boucles dans ma main. J'ai déjà vu ça, comme dans les avions, pas de trous. J'ai tiré sur la ceinture. Elle était serrée déjà, elle s'est serrée encore plus. Le Dr Nevele ragardait. Elle était autour de mon ventre. Et je l'ai serrée, et puis je l'ai tirée vers le bas, sur mon zizi, et je l'ai encore serrée, serrée, serrée sur mon zizi tellement serrée que ça s'est mis à me faire si mal que je m'ai mis à pleurer, et j'ai encore serré. Sur mon zizi.
- C suffit, a dit le Dr Nevele.
Il s'est amené il a enlevé la ceinture et il l'a rangée quelque part. Il a rpis le téléphone et il a fait des numéros mais pas assez. Il a dit :
- Dites à Mme Cochrane de descendre à mon bureau.
Et puis il est revenu se mettre accroupi devant moi et il m'a regardé sous le nez.
- Dis-moi une chose, une seule, sur cette petite fille, Gil, et tu pourras retourner dans ton aile. Quand l'as-tu vue pour la première fois ?
Je l'ai regardé pendant longtemps. Et puis j'ai dit quelque chose :
- Devant chez nous il y a une pelouse et j'ai pas le droit de marcher dessus pasque pourquoi vous croyez que papa paye un jardinier ? Mais des fois, je la regarde depuis l'allée. Alors les nuages viennent, moi je reste sur l'allée si j'attends. Alors le vent se met à souffler comme quand il va pleuvoir. Mais il pleut pas. Le vent souffle. Il souffle tellement tellement que bientôt j'arrive plus à tenir debout.
"Alors je m'y mets. Je fais dix pas à reculons et je descends l'allée en courant et je saute. Et puis je remonte l'allée en courant et je saute. Et puis je redescends l'allée en courant et je saute et alors le vent me vient par en dessous et il me soulève au-dessus de la pelouse et il m'emporte tout le long du pâté de maison, par-dessus toutes les pelouses où j'ai pas le droit de marcher. Je vole jusqu'à la maison de Shrubs, au coin. Le vent est toujours chaud. En hiver il est froid mais là j'ai le droit de marcher sur la pelouse pasqu'y a la neige.
Le Dr Nevele était appuyé contre la porte. Il a fait la grimace.
- Gilbert, plus vite tu décideras de m'aider, plus vite tu rentreras chez toi. Voilà tout. Autrement, tu risques de rester ici très longtemps.
- La ferme, je lui ai dit.
- Plait-il ?
- Je te parlais pas à toit.
- A qui ...
- Jessica.
- Je t'ai dit que Jessica n'était...
Je lui ai lancé la chaise à la figure. En la repoussant avec son bras, ça lui a déchiré sa manche et il s'est jeté sur moi en courant et il m'a attrapé et il m'a serré mais alors là vraiment fort seulement j'ai crié :
- Tu me chatouilles-yeu, tu me chatouilles-yey !
La porte s'est ouverte. C'était Mme Cochrane. Elle était calme.
- Menez M. Rembrandt en Salle de Repos, a dit le Dr Nevel. Il y restera tant qu'il n'aura pas repris le contrôle de lui-même. Vous vouez de l'aide ?
Mme Cochrane est sortie et elle est revenus avec un bonhomme en chemise bleue, c'était un employé de la Résidence Home d'Enfants les Pâquerettes. Alors le Dr Nevel m'a lâché. Je m'ai frotté le nez sur ma manche et Mme Cochrane m'a pris la main.
Je lui ai dit :
- Vous savez, madame Cochrane, je peux marcher tout seul.
Elle a ri un peu couci-couça et ellem'a dit :
- Bon, ben donne-moi la main en tout cas, va...
Alors, j'ai dit O.K.
Et maintenant je suis en Salle de Repos. Y a pas de meubles ici rien qu'une chaise. C'est tout carré là-dedans. Quatre côtés de la même taille. C'est de la géométrie. Je l'ai appris à l'école. (A l'exposition Sciences et Techniques, j'ai vu une pièce avec un mur seulement, rien qu'un. C'était un cercle).
Je déduis qu'il pleut dehors. il peut des cornes comme vache qui pisse comme y dit Jeffrey. (C'est mon grand frère, tu peux y aller, il peut te dire la marque de toutes les bagnoles. Mais alors toutes, hein.) Je vois bien qu'il pleut pasqu'il y a de l'eau qui coule sur mes mots là où j'écris sur le mur. Les Salles de Repos c'est des sales salles. Celui qui les a faites, je déduis qu'il était bête.
Il pleut. P.L.E.U.T. Il pleut
En venant ici, j'ai trouvé un crayon dans le vestibule. Mme Cochrane m'a pas vu le ramasser. Et après qu'elle m'a laissé là, j'ai fait quelque chose. Je suis grimpé sur la chaise contre le mur. Et j'ai écrit quelque chose avec mon crayon.

Quand j'avais cinq ans je m'ai tué.

J'ai écrit ça sur le mur de la Salle de Repos. C'est là que je suis en train d'écrire
.
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epistophélès

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MessageSujet: Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué   Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué EmptyJeu 16 Jan - 23:42

3

La première fois que j'ai vu Jessica Renton, c'était pendant l'exercice d'alerte aérienne. C'était vers la fin du deuxième semestre au printemps. Il faisait chaud dehors quand on est allée du bâtiment principal au préfa. Le préfa c'est comme une sorte de petite maison, derrière l'école, où y a les deuxièmes. j'étais en deuxième à ce moment-là.
(Le préfa sent comme une odeur, ça me plaît pas comme arôme. Le préfa est tout petit pour un bâtiment. Il n'y a que deux classes dedans. J'étais dans une. Jessica était dans l'autre. Je ne l'avais jamais remarquée avant l'exercice d'alerte aérienne.)
L'exercice d'alerte aérienne, c'est dix coups de cloche très courts. C'est très effrayant pour les enfants. Il y a des règles. On doit se mettre en rang par deux. On doit tirer les stores pour que les Russes y savent pas qu'on est là pour nous tuer. Ensuite on doit aller au bâtiment principal dans le calme. Là on doit s'aligner le long des casiers dans le hall et s'asseoir par terre et éteindre toutes les lumières et chanter God Bless America (Dieu bénisse l'Amérique).
Ca fait très, très peur.
Les deux classes de deuxième étaient en rang devant le préfa, en attendant d'aller dans le bâtiment principal. Y avait pas de bavardage. (C'est une autre règle.). Tout le monde avait les trouilles pasque peut-être qu'il allait y avoir des bombes. J'avais les trouilles seulement personne ne le savait. Je suis un bon acteur, moi personnellement je trouve.
Et puis quelqu'un a parlé.
- Je rentre chez moi, hein, mademoiselle Young.
C'était une fille. Elle était brune, sans nattes (mais avec des barrettes, tout de même). Elle était là, un peu penchée, comme ça, les mains dans le dos, comme si elle faisait du patin à glace.
- Je viens de me dire qu'il fallait vous prévenir pasque moi, je vais rentrer.
Mlle Young a dit :
- Jessica, veux-tu me faire le plaisir de rentrer dans les rangs ! On ne parle pas pendant un exercice d'alerte aérienne.
- Non, a dit Jessica,. Je rentre chez moi - et elle a commencé à marcher.
Mlle Young était rès fâchée. Elle a ciré :
- Jessica, reviens ici tout de suite !
Jessica s'est arrêtée et elle s'est retournée. Elle est revenue et elle est allée devant Mlle Young et elle lui a parlé très doucement :
- Mademoiselle, si y va y avoir des bombes, je veux être chez moi avec mes parents. C'est là que je vais.
Mlle Young elle disait plus un mot. Elle restait là comme ça devant Jessica qui la regardait le nez en l'air. La robe de Jessica était rouge et très douce, ça se voyait qu'elle était douce rien qu'à la regarder. (Je suis fort pour regarder. J'ai le sentiment que la robe de Jessica était vraiment douce.)
Mlle Young regardait Jessica.
- Ce n'est pas une alerte aérienne, Jessica. C'est seulement un exercice, un entraînement. Il n'y aura pas de bombe. Ce sera fini dans quelques mintes, aucun besoin de rentrer chez soi. Remets-toi en rang s'il te plaît.
Jessica n'a pas bougé, même pas, rien du tout. Moi j'ai cru qu'elle allait se mettre à pleurer ou à - mais rien. Elle a parlé sans bouger.
- Vous savez, mademoiselle, j'avais très peur pasque je croyais que c'était dangereux. Mon papa va construire un abri dans la cave. Il l'a vu dans un journal. j'ai cru que c'était une vraie alerte aérienne. Je trouve que ce n'est pas bien de faire peur comme ça à des enfants.
Mademoiselle a pas dit de réponse mais Jessica est restée devant elle très longtemps, et quand les cloches ont sonné la fin de l'exercice d'alerte aérienne, elle était toujours debout au même endroit. Je l'ai regardée. Elle est restée jusqu'à ce que tout le monde soit parti. Elle était toute seule. Alors, vraiment lentement, elle a pris le bord de sa robe dans ses mains et elle a fait un grand tout et une révérence.
C'était la première fois que j'ai vu Jessica.

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MessageSujet: Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué   Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué EmptyVen 17 Jan - 1:19

4

Ce jour-là, j'ai pris par Marlowe pour rentrer de l'école. D'habitude, je descends Lauder, la rue dans laquelle j'habite, mais ce jour-là, j'ai passé par Marlowe.
J'attendais tout seul au carrefour. (D'habitude je rentre avec Shrubs mais il était en retenue pasqu'il avait dit merde à Mlle Filmer. Shrubs son vrai nom c'est Kenny. C'est un mauvais élève, toutes les maîtresses le détestent. Mais c'est mon meilleur ami. Je le connais depuis ma naissance. Il a exactement une semaine de plus que moi. Exactement. On est des frères de sang. Quand on avait cinq ans on s'est piqué le doigt avec une épingle et on a collé nos deux doigts l'un contre l'autre. Sauf que moi je l'ai pas fait pasque j'ai peur des épingles. Alors je m'ai refermé un tiroir d'un grand coup sur le pouce pour avoir du sang. J'ai gardé un plâtre pendant six semaines.
J'avais commencé par descendre Lauder, comme d'habitude, seulement y avait les patrouilleurs de sûreté* au carrefour qui sont méchants. Y sont affreux. Y s'en prennent aux petits enfants. Que j'en suis justement un. J'avais mon dessin dans la main (pasqu'on avait fait de la peinture en classe quand on avait plus eu rien d'autre à faire) et j'attendais au coin que le patrouilleur dise "Allons-y". Les patrouilleurs de sûreté écartent les brais comme ça et y disent "Ne bougeons pas" quand y a des voitures qui viennent et puis y disent "Allons" quand on peut traverser dans danger. C'est pour ça qu'on les appelle patrouilleurs de sûreté.
Pendant que j'attendais, le patrouilleur a vu mon dessin.
- Qu'est-ce que c'est, une grenouille ?
- Non. C'est un cheval, c'est moi qui l'ai dessiné.
Y m'a regardé, il était très grand.
- Non mais t'es dingue ou quoi ? qu'il m'a dit.
J'ai dit :
- Oui.
Il allait me taper. Mais mon dessin était tout à fait bon, moi personnellement je trouve, comme cheval. Il était vert. Je l'avais appelé Verdi.

... Sleep
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Jean2

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MessageSujet: Re: Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué   Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué EmptyVen 17 Jan - 16:55

DIDjou suis en retrd moi sur ce coup là
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epistophélès

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MessageSujet: Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué   Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué EmptyVen 17 Jan - 19:32

Le patrouilleur me l'a arraché de la main, ce qui a déchiré la bouche à Verdi. Il s'est marré et puis y l'a montré à l'autre patrouilleur qui lui a dit d'arrêter de déconner. (Ils mettent deux patrouilleurs de sûreté à chaque carrefour pour qu'y puissent se mettre à deux sur les petits enfants.) Et puis il m'a rendu Verdi en disant "Allons-y".
Mais j'y suis pas allé. J'ai dit :
- Est-ce que vous avez du papier collant pour arranger la bouche à Verdi ?
- Tu rigoles ? Il a dit le patrouilleur.
- Vous l'avez déchirée.
- Casse-toi petit con, il m'a dit le patrouilleur en me montrant le poing et j'ai vu qu'il avait les ongles tout noirs.
C'est pour ça que je suis rentré par Marlowe ce jour-là, et tout seul. J'ai traversé la première rue tout seul. D'abord il faut s'arrêter. Ensuite on regarde bien des deux côtés pour voir qu'y a pas de voiture qui vient. Et alors on traverse la rue en marchant pas en courant. Moi je suis fort pour les règles de sécurité. Je me suis jamais fait écraser.
Dans la rue Marlowe y avait des hélicoptères dans les arbres qui sont des petits machins verts qui tournoient en tombant. C'est intéressant comme objet naturel moi personnellement je trouve.
Et puis il s'est passé quelque chose. J'ai vu Jessica qui marchait sur le trottoir avec Marilyn Kane que je peux pas saquer, pour ne rien vous cacher, pasque c'est une grosse conne, franchement.
C'est aussi la meilleure amie de Jessica comme j'ai appris plus tard. Elles me voyaient pas. J'étais invisible. Mais j'ai ralenti et je m'ai baissé pour rattacher mon soulier. (Sauf que je l'ai pas fait vraiment pasque j'ai des mocassins qui sont super, mon vieux. Je me les ai fait acheter par ma maman. D'habitude elle m'achète des grolles de boy scout que je déteste mais là je lui ai fait la grande scène du H dans le magasin de chaussures et elle m'a acheté les mocassins que je voulais. Y a pas une seule couture dessus, rien. Et y sont pointus en plus. Ma maman pousse des cris à chaque qu'elle les voit. Elle dit : "Pour ne rien te cacher, tu me fais honte." C'est comme ça que j'ai appris. Pour ne rien vous cacher.)
Jessica et Marilyn Kane descendaient la rue Marlowe. Je les ai regardées. Elles parlaient. Jessica balançait un sac à main avec des franges après. Je savais pas ce qu'il y avait dedans. il allait et venait, allait et venait le long de sa robe et quand il la touchait ça faisait comme des sortes de vagues dans sa robe. J'ai pensé : Dans le sac y a une baguette magique qui se transforme en fleurs. Et avec on vous donne un chapeau, gratuit. J'en ai vu une chez Maxwell, le grand magasin.
La maison de Jessica était celle avec les volets bleus. Et en brique, pas en bois. Mais pas des briques rouges, des mauves. Elle est rentrée dedans c'est comme ça que je le sais. Elle est rentrée par la porte de côté qui donne dans l'allée. Dans son allée y a de l'herbe au milieu ce que j'aime pas autant que notre allée à nous qui est sans rien. Et aussi on a une porte de derrière, pas de côté.
(Marilyne Kane a descendu la rue Margarita. Elle habite dans Strathmoor. Dans des cabinets.)
Je me suis arrêté dans la rue en face de la maison de Jessica pour la regarder. Je me suis mis derrière un petit arbre. ( Nous avons un petit arbre devant chez nous, il a encore du papier du magasin d'arbres autour du tronc. Et c'est comme ça que je reconnais notre maison. Quand il sera grand, moi aussi. Mais je pourrai reconnaître ma maison à cause du château sur la pelouse. Que je vais construire quand je sortirai d'ici. J'en ai déjà construit un une fois, mais avec Shrubs, avec de la boue. Mon père nous a fait la grande scène du H pasqu'il a dû louer un camion pour enlever toute la boue sur la pelouse. C'était un grand château. On allait le faire mauve.)
Il y avait du vent dans la rue Marlowe, ça m'a complètement décoiffé. Je me suis peigné avec les doigts. J'ai la rei sur le côté. Je voudrai bien avoir une banane, comme un rocker, mais ma maman elle veut la raie sur le côté. J'ai horreur de ça. Ca me tue, la raie sur le côté. Enfin, quand ils sont assez longs, je peux au moins mettre du Brylereem dessus. Je trempe tout le epigne dedans et ça mon vieux, c'est super.
( La grande scène du H, c'est encore avec ma maman que je l'ai appris. Elle dit que je la lui ai jouée.)
Il y avait des rideaux aux fenêtres de Jessica. Je les ai regardés pendant une demi-heure. Je pouvais savoir l'heure pasque j'avais ma montre que j'ai eue pour Hanoukah avant de la perdre.
Pendant que je regardais les rideaux de Jessica, le trottoir s'est ouvert sous mes pieds. Heureusement je suis pas tombé pasque mes mocassins ont des trucs pour pas que je tome. C'était haut - cinquante mètres et y avait des dinosaures et du feu. J'ai sauté par-dessus et j'ai atterri dans l'herbe. Et puis j'ai regardé de l'autre côté de la rue et j'ai vu que Jessica m'avait vu et qu'elle disait : "Oh la la, quel brave jeune homme !"
Quand je suis rentré chez nous, ma maman m'a demandé pourquoi j'étais en retard. J'ai dit que j'avais eu un accident de voiture. Elle a crié. Mais je lui ai dit que tout allait bien pasque j'avais pas été tué, c'était quelqu'un d'autre. Elle s'est mise à hurler mais j'ai dit que j'avais oublié qui. Et puis je suis monté dans ma chambre pour jouer avec mes hommes.
- Papa, combien ça coût des volets bleus ? que j'ai demandé pendant le dîner.
- Pourquoi ?
- J'vais en mettre à mon château.
- Moi vivant tu ne construiras pas un autre château.
- D'accord, que j'ai dit. Mais pour quand tu seras mort ?

L'appel de la tambouille Exclamation
...
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MessageSujet: Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué   Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué EmptyVen 17 Jan - 21:01

Ensuite il a dit qu'il pourrait les avoir en gros mais je sais ce que ça veut dire. Peut-être que quand le bois est gros c'est moins cher que fin fin très joli, je sais pas.
Mauve. M.A.U.V.E. Mauve.
Et puis quelques jours après l'école a été finie pour les grandes vacances. Tout le monde a crié "Youpie!". Pendant l'été, j'ai joué avec Shrubs beaucoup souvent.On jouait à Zorro, lui c'était le cheval. Je lui ai appris à hennir. C'est comme tousser mais bien plus long. Notre bonne Sophie a dit que j'allais en faire un estropié de Shrubs. C'est une négresse de couleur.
J'ai un costume de Zorro. J'ai aussi le costume de Robin des Bois et le costume de Peter Pan (qui ont le même pantalon) et la panoplie du Cadet de l'Espace et le Père Noël et Superman et le Docteur. Quand je joue à Zorro tout seul, je prends des traversins comme cheval. Je les prends sur le lit à ma maman et je m'en sers aussi pour faire les méchants et leur donner des coups de poing. Dans Zorro, le méchant c'est El Commandante. Il est à la télé. Le mois dernier, il a changé. Jeffrey a dit qu'il avait vu l'ancien El Commandante dans un pub pour Brylcreem mais c'est qu'un menteur, mon vieux.
Shrubs et moi on a fait un plan. C'était un signal. Fallait siffler comme les oiseaux. Le plan était que Shrubs, quand il irait se coucher, il nouerait ses draps et il se laisserait descendre par la fenêtre, et puis il viendrait chez moi et il ferait le signal et alors j'attacherais mes draps si je me laisserais descendre par la fenêtre et on jouerait à Zorro la nuit, comme en vrai.
L'heure que je me couche c'est neuf heures mais je peux rester plus longtemps à condition de faire toute une histoire. D'habitude manman vient nous border. Des fois elle nous chante. Elle est très excellente comme chanteuse. La chanson préférée de Jeffrey c'est la Berceuse de la pleine lune, et la mienne c'est le Chien de chasse, seulement manman la sait pas.
Des fois elle vient pas nous border et je dois éteindre ma lumière tout seul. Debout près de l'interrupteur, je pointe mon doigt vers mon lit puis j'éteins et je cours là où montre mon doigt. C'est comme ça que je peux retrouver mon lit dans le noir. J'ai peur d'aller me coucher pasqu'y a des monstres dans mon placard. Je ferme la porte. Plus de fois on la pousse, plus elle est fermée. Avant de me coucher, je pousse la porte de mon placard cinquante fois.
Le soir de notre plan il a fallu que je prenne un bain avant d'aller me coucher. J'aimerais être assez grand pour prendre des douches, mais je suis trop petit pour la faire marcher. Des fois je prends une douche avec mon papa. Il est tout nu avec des poils sur lui et sur son zizi. J'en ai pas sur le mien. J'aime pas prendre des douches avec mon papa.
Manman elle nous lit aussi avant qu'on s'endorme Mon livre plus préféré c'est Le petit chien qui voulait un petit garçon. Le plus préféré de Jeffrey c'est[i] Le petit autocar qui tombait en morceaux
Des fois manman invente d'autres histoires et des fois elle invente d'autres chansons. Elle en a inventé une qui s'appelle Tous les enfants du quartier. C'est sur l'heure d'aller au lit dans la rue Lauder. Ya tous les noms des enfants de la rue et puis ensuite ça fait

Eux ils font dodo et toi ?
Chut, chut, chut, chut,
Eux ils font dodo et toi ?

La peur que ça me fait, mon vieux !
Ce soir-là on s'est assis sur mon lit et manman a pris un livre. Mais c'était pas pareil.
- Ce soir, nous allons raconter une histoire un peu particulière. Votre père et moi nous avons le sentiment qui'l est temps que vous appreniez certaines choses, les garçons. Ce livre a pour titre La Petite Graine.
Bientôt vous serez de grands garçons, presque des hommes, et il y a des choses que vous devez savoir.
- Comment ça se fait que je suis un grand garçon alors qu'hier j'étais un bébé pasque je me traînais dans la saleté ? que j'ai demandé.
Elle a commencé à tourner les pages du livre qui était même pas en couleurs.
- Est-ce qu'y a des petits chiens, manman ? que j'ai encore demandé. (Je pensais que peut-être y aurait des histoires de petits chiens.)
- Non, chéri, elle a répondu. C'est une histoire sur des gens qui existent comme toi, comme Jeffrey, papa et moi.
- La barbe, il a dit, Jeffrey en faisant comme ça avec ses yeux pour faire les yeux blancs.
Et manman lui a dit :
- Continue comme ça, un jour tu seras aveugle, tu seras content.
La Petite Graine c'était l'histoire d'enfants que leur mère attendait un bébé alors ils vont à la ferme avec leur gran-père qui leur montre des poulets, des oeufs et tout. C'était barbant, mais alors barbant à mort. Moi j'étais énervé pasque je savais que Shrubs allait venir pour notre plan.
Elle s'est enfin arrêtée de lire et elle est partie et j'ai mis mon costume de Zorro sous les couvertures. Et puis j'ai attendu. J'attendais. J'attendais, j'attendais. Il faisait chaud dans mon lit avec mon costume de Zorro,. Et puis j'ai entendu Shrubs dehors qui criait : "Gil !" Je suis sorti de mon lit. J'ai commencé à nouer mes draps. Et puis la lumière s'est allumée. C'était ma mère.
- Gil, Kenneth est là, dehors, il t'a appelé, il prétend que vous vous êtes mis d'accord pour jouer dehors ce soir. Il n'en est absolument pas question, tu m'entends ?
Et puis elle m'a vu avec mon costume de Zorro, elle m'a regardé.
- Bon, ben ça ira pour une fois, j'imagine. Jeffrey va vous accompagner. Regarde un peu ce que tu as fait de mes draps tout propres.
Elle m'a emmené en bas. Toutes les lumières étaient allumées. Mon papa regardait la télé. J'avais mon masque et mon chapeau de Zorro et manman m'a pris le masque en disant :
- Attends un peu que je t'arrange ça, voilà, il est droit maintenant, et puis elle a ajouté : Bon, je te donne quinze minutes.
On y est allé. Tout de suite j'ai cour me cacher derrière un arbre, bien baissé. Je guettais El Commandante. C'est un malin señor. Il était sur la piste des sept milles, à la station Wells Fargo, avec des prisonniers que j'allais libérer, alors je m'étais caché derrière un arbre en attendant mon cheval pour pouvoir galoper dans la nuit quand la lune d'argent luit. J'allais voler au secours de Jessica qui était en prison pour avoir des volets bleus ce qui est strictement interdit. j'ai entendu El Commandante. j'ai tiré mon épée.
- Qu'est-ce que tu fabriques avec ce crayon, Gil ? qu'il a dit, Jeffrey. il est à moi, tu l'as pris sur mon bureau.
Il était en train de parler à Shrubs de son dernier modèle réduit, c'était une Thunderhird, Shrubs lui a demandé combien y avait de pièces et Jeffrey lui a dit mille que c'était seulement pour les grands. Et Shrubs a demandé s'il pourrait regarder Jeffrey la monter et Jeffrey a dit non pasque Shrubs il l'aurait cassée.
Y avait que moi qui jouait à Zorro.
J'ai crié :
- Venez amigos ! On y va !
Jeffrey m'a dit :
- Qu'est-ce que tu racontes ? Dépêche-toi de finir qu'on puisse rentrer.
Alors on a fait une fois le tour du pâté de maison, en marchant simplement comme ça. Et puis on est rentré chez nous. Ma manman a demandé si on s'était amusé mais je suis seulement monté dans ma chambre et j'ai pinté mon doigt vers mon lit. Pasque ce soir-là j'ai éteint ma lumière tout seul.

FIN DU 4. ...
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MessageSujet: Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué   Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué EmptyDim 19 Jan - 2:25

5

La nuit dernière c'était ma deuxième nuit à la Résidence Home d'Enfants les Pâquerettes. J'ai rendu à côté de mon lit.
Ca a commencé quand j'ai eu mon rendez-vous avec le Dr Nevele hier. Il savait que j'écris sur le mur de la Salle de Repos mais il m'a dit que c'était permis. Il a dit :
- Peut-être que Gilbert s'exprime mieux par écrit coralement.
Je sais pas ce que c'est coralement, je crois que c'est une sorte de musique.
Chez nous j'ai pas le droit d'écrire sur les murs, si je le fais, j'y ai droit. Mais une fois j'ai dessiné un cheval sur le mur de ma chambre et j'ai eu la fessée. J'en étais à la crinière quand manman est entrée. Tout de suite elle a crié :
- Pourquoi crois-tu qu'est fait le papier, pour les chiens ?
- Mais non, j'ai dit, pour faire des avions !
Alors elle m'a donné une baffe. Et elle a dit :
- Non mais dis donc, à qui parles-tu, hein ? Tu me prends pour une de tes copines.
Et moi j'ai dit :
- Je croyais qu'on était copains.
- Tu vas me nettoyer ça tout de suite mon bonhomme.
- Non.
- Nettoie-moi ça je te dis.
- Non, c'est ma chambre et je dissine si je veux.
- Ce n'est pas ta chambre, qui crois-tu qui la paie ?
- Qui ?
- Ton père.
- Je la lui paierai alors.
- Comment ?
- Je travaillerai.
- Quel travail ?
- Je vendrai des trucs.
- Quel genre de trucs ?
- De la limonade.
Mais j'ai dû nettoyer. Ca m'a prit toute une journée. Avec du Vim.
A mon rendez-vous, le Dr Nevel m'a fait asseoir dans le fauteuil où j'avais eu la ceinture de contention. il m'a sourit mais c'était de la frime, il m'a laissé longtemps assis sans me dire un mot. Puis il a commencé ;
- Parle-moi de ton école, Gil.
J'ai regardé le tapis de son bureau. Il est marron avec comme plein de petits morceaux. Et j'ai pensé, c'est des maisons de la ville tout en bas où des assassins grouillent à chaque coin de rue pour voler les choses des personnes innocentes. Ici en haut dans le ciel je peux me servir de mes yeux aux rayons X pour les voir et plonger jusqu'en bas les obliger à les rendre.
Le Dr Nevele m'a regardé.
- Quelles sont les maîtresses que tu aimes le mieux, Gilbert ? Il y en a bien que tu préfères.
Une petite fille était montée sur le toit d'une des maisons en bas poursuivie par un voleur. J'ai crié "Ne vous en faites pas, je vais vous sauver !" et je me suis levé de ma chaise et je me suis laissé tomber dans les nuages, je les ai traversés et je lui ai donné une raclée et je l'ai sauvée. Elle portait une robe rouge avec comme des sortes de vagues dans le tissu.
- S'it te plaît, Gilbert, assieds-toi. Les fauteuils sont faits pour s'asseoir, pas pour grimper dessus. Tu ne ferais pas ça chez toi, tout de même ? a dit le Dr Nevele.
- Je te parlais pas à toi, que j'ai dit, moi.
- Elle n'est pas ici, qui'l m'a répondu en secourant la tête, et j'ai donné un bon coup de pied dans le fauteuil qui est tombé contre son bureau et qui a renversé la lampe de dessus que l'ampoule a explosé.
Le Dr Nevele n'a rien dit sauf :
- Quelle est ta matière préférée à l'école ?
Alors dehors dans le vestibule j'ai entendu des roues et j'ai pensé : c'est un chariot de foin et caché dedans il y a Shrubs seulement personne peut le voir et il va sauter dehors et me lancer mon épée et je la pointerai contre le Dr Nevele et je renverserai la tête en arrière et je partirai d'un grand rire avant de m'éloigner au galop. Alors j'ai couru dans le vestibule mais je n'ai pas vu Shrubs. C'était une chaise roulante avec une fille dedans qui n'avait presque pas de cheveux et ses mains étaient comme des griffes. Je suis rentré dans le bureau du Dr Nevele et je me suis rassis. Il ne m'a rien dit du tout.

- Est-ce que je peux avoir la ceinture de contention ? j'ai dit.
- Plaît-il ?
- Je peux avoir la ceinture ?
Le Dr Nevele a secoué la tête lentement, comme mon papa avait fait, une fois, quand il a dû endormir notre chien.
- S'il vous plaît, m'endormez pas, que j'ai murmuré tout bas.
J'ai regardé par terre, mais y avait plus de maisons, rien qu'un tapis. Le Dr Nevele secouait la tête.
- Est-ce que tu me parles, maintenant, Gilbert ? qu'il m'a demandé.
Et j'ai répondu :
- Je sais pas.
Et je me suis mis à pleurer.
Il a écrit quelque chose dans son cahier pendant longtemps et moi je restais assis sans rien faire. Puis il a refermé son cahier et il a dit que si j'en avais envie je pouvais aller dans la Salle de Repos et écrire des choses, si je ne voulais pas en parler. Mais je n'y suis pas allé.
Non, je suis allé dans la Salle de Jeu. C'est une salle, il y a des jouets dedans pour jouer avec et même une jungle pour rire en plastique qui est bien pour grimper dedans et jouer à Tarzan. Je sais très bien faire Tarzan, je sais fire le cri.
Il y a un petit carré découpé dans la porte de la Salle de Jeu pour qu'on puisse regarder dedans depuis le vestibule. C'est ce que j'ai fait. Y avait des enfants qui tombaient de la jungle en plastique et qui se cognaient la tête et d'autres enfants qui cavalaient partout comme des dingues. j'en ai déduit qu'ils étaient dérangés. Et il y avait un homme avec eux qui avait les cheveux roux et des chaussures blanches comme les médecins. Je l'ai regardé par le carré.
C'était comme un sorte de docteur des enfants dingues. D'un seul coup, il est venu vers moi, il a ouvert la porte il m'a regardé et il a dit :
- Tu les a à l'oeil un moment, je reviens tout de suite, d'accord ?
Un petit garçon était assis tout seul dans un coin de la Salle de Jeu pasque personne voulait jouer avec lui. C'était un nègre de couleur. Il levait la main devant ses yeux et il gigotait les doigts comme pour se dire au revoir à lui-même. Il se balançait sur le plancher, d'avant en arrière, d'avant en arrière. Bateau-ciseau, bateau-ciseau, comme ça sans jamais s'arrêter.
- Ca marche ?
C'était le roux, il était revenu.

Désolée, je m'endors. ... Embarassed
Bisous. ...
Sleep

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MessageSujet: Re: Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué   Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué EmptyDim 19 Jan - 13:29

Merci Episto!
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MessageSujet: Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué   Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué EmptyDim 19 Jan - 16:36

D'abord j'ai rien voulu dire et puis il m'a regardé avec ses yeux et ils étaient marron avec des petits morceaux verts dedans comme ceux de Jessica.
- Y a un petit garçon là-dedans, que je lui ai dit, qui se fait au-revoir à lui-même.
Le roux m'a regardé. Il m'a tendu la main en disant :
- Je m'appelle Richard.
Mais je lui ai pas serré la main. J'avais pas envie. J'avais trop peur. Mais y m'a souri quand même. Et il a dit :
- En fait, c'est bonjour bonjour qu'il fait.
Et il est retourné dans la Salle de Jeu.
Moi j'ai regagné mon ail. J'avais sommeil. Je m'assis sur mon lit. Il a des draps. A la maison, j'ai pougnougnou, ma couverture. Elle est bleue. Je l'ai depuis que je suis tout bébé. Ma manman veut la jeter mais moi je l'en empêche. Une fois j'ai fait quelque chose. J'ai fait pipi sur pougnougnou. Ca sentait très âcre.
Mon lit est au milieu de la rangée. Y a six lits dans mon aile et quatre autres enfants. Je connais pas leurs noms encore, sauf un. Il s'appelle Howie. Il dort dans le lit d'à côté, il a des cicatrices partout de quand il a jeté un bidon d'essence dans le feu. Il est méchant. Je lui ai demandé si y avait des hot-dog à la Résidence Home d'Enfants les Pâquerettes et y m'a dit cause à mon cul ma tête est malade. (C'est des gros mots.) Le lit d'à côté du mien, de l'autre côté est vide. Peut-être qu'un petit garçon va venir y dormir qui sera mon ami.
Je m'ai assis sur mon lit et je m'ai mis à pleurer pasque je voulais rentrer chez nous. Alors je m'ai enfoncé la figure dans l'oreiller et je l'ai appuyée jusqu'à ce que je dorme. Et j'ai fait un rêve.
C'était chez nous et c'était pas chez nous. On était dans le salon à regarder Popeye à la télé, ma manman, mon papa et Jeffrey. Alors y a un monsieur qui est venu faire un communiqué qu'il allait y avoir une tornade. j'ai sauté et j'ai commencé à crier :
- Venez vite tout le monde faut descendre se mettre à l'abri à la cave !
Mais personne a bougé. Manman s'est moquée de moi, elle a ri en disant :
- Ne te conduis donc pas comme un tout petit bébé, Gil, voyons !
Jeffrey était par terre. Il regardait des voitures dans un magazine. Il avait dit que je pouvais pas regarder avec. Je regardais par la fenêtre et je voyais que le ciel était tout noir, alors je criais :
- Vite, dépêchez-vous !
Mais personne bougeait. Ils faisaient comme si j'étais même pas là. Ils se parlaient. Ma manman à dit : "Attention pas de chahut." Et mon papa m'a demandé si j'avais pris mon bain. "Pas de bain, pas de Zorro à la télé." Derrière lui, par la fenêtre, je voyais la tornade qui s'amenait, elle était noire et longue et se tortillait tellement que je voyais pas dans quel sens elle allait. J'ai couru jusque dans la cave. Je m'asseyais sous l'escalier et j'écoutais pour voir quand les autres arrivaient. Mais j'entendais rien que le bruit de la tornade. Ca faisait le bruit d'un train mais si fort que ça faisait mal aux oreilles. Et ça devenait de plus en plus fort, de plus en plus fort. Ca venait sur notre maison. Et je criais :
- S'il vous plaît les gars ! S'il vous plaît venez ! Dépêchez-vous !
Je criais si fort que j'en étais malade et je pouvais même plus m'entendre. Tout se mettait à trembler. Un verre se cassait. Alors je regardais vers la porte. Y avait Jessica, ses lèvres remuaient mais j'entendais rien. Je disais "Quoi ?" mais j'entendais toujours rien. La tornade rugissait comme des lions à l'intérieur de moi et puis Jessica faisait un grand tour et une révérence et elle s'en allait. Je lui courais après mais j'avais peur de sortir de la cave avec la tornade. J'avais la frousse. T'es qu'un trouillard mon vieux. Alors j'hurlais, j'hurlais. Et Jessica se retournait et me regardait et elle disait : "Pourquoi tu m'as fait ça, Gil, ce que tu m'as fait ?" Et je me mettais à pleurer. "Pourquoi tu l'as fait ?" elle disait encore et la tornade était à l'intérieur de moi et je me mettais à genoux et je posais ma tête par terre et je disais : "Oh, s'il te plaît Jessica deviens pas morte, s'il te plaît deviens pas mort."

Pause
Exclamation


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MessageSujet: Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué   Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué EmptyDim 19 Jan - 18:47

Quand je m'ai réveillé je savais pas où j'étais. J'ai rendu pasque j'avais tellement peur.
Y z'ont dû faire venir un portier pour nettoyer ce matin. Howie a dit que j'étais un bébé puisque je rendais et j'ai pas trouvé rien à lui répondre.
Et aujourd'hui j'avais de nouveau le Dr Nevele. Je lui ai demandé si ma lettre que Jessica m'avait écrite était arrivée. Je lui ai dit que le soir où on avait fait ça elle avait dit qu'elle m'écrirait une lettre si jamais on était séparés.
- N'y compte pas, m'a dit le Dr Nevele.
Je lui ai plus parlé après ça. J'ai croisé les bras et je m'ai assis. Et j'ai parlé à Jessica. Et quand il m'a encore dit que Jessica était pas là, j'ai piqué les papiers sur son bureau et j'ai commencé à les déchirer. Mais il m'a simplement regardé et je les ai pas déchirés.
- Vas-y, il m'a dit, déchire-les, ou alors, s'il te font tellement envie, garde-les, tu peux les emporter.
C'est ce que j'ai fait.
Je suis allé dans la Salle de Repos. C'est là que je suis en ce moment. J'ai écrit quelque chose sur le mur. Z. Comme Zorro.
(Acre, c'est un mot de mon papa, il le dit pour les radis noirs.)

Rembrandt, Gilbert (suite)
19/3
En ce qui concerne l'interaction verbalisée avec le thérapeute, la résistance du patient reste extrême. Le patient refuse en effet de s'adresser directement à moi, préférant pour les échanges verbaux une forme de transfert prolongé. C'est-à-dire qu'il communique avec moi par l'intermédiaire de la présence imaginaire de la petite Jessica Renton (voir dossier s7, rubrique I). J'estime que cette attitude est fonction de deux affects qui se recoupent et se renforcent mutuellement : a) l'enfant refuse d'affronter la réalité du mal qu'il a effectivement fait à Jessica qui, au moment où j'écris ces lignes, est encore en observation au New Mercy Hospital (la transmission des rapports médicaux a été sollicitée par lettre 12/1), il crée donc sa présence ici, intacte, afin de prouver le contraire et b) l'enfant se sert de cette tierce personne pour s'adresser indirectement au thérapeute. Au moyen de cet ingénieux transfert de personnalité, il s'adresse à elle et c'est moi qui l'entends. Ces deux symptômes me semblent pathogènes sinon pathologiques et interviennent l'un et l'autre dans la condition du jeune patient.
Car il n'en demeure pas moins que tout traitement efficace de ce cas passe obligatoirement par une restauration de la communication verbale directe. Le fait qu'il écrive sur le mur (cf. 12/2) tend à prouver que l'enfant présente une forte inclination langagière., il est d'ailleurs très doué (champion d'orthographe de son école) et j'y vois une preuve supplémentaire du fait que là est bien le noeud du problème et la principale voie à explorer.
Divers symptômes manifestés par le patient donnent à penser qu'il souffre d'un complexe du justicier. Dont la fonction ici encore, est double : a) Transfert de culpabilité. En se hissant au statut de héros, on crée du fait même un méchant extérieur que l'on peut charger de tous les péchés du monde, soulageant du même coup sa propre culpabilité pour toutes les mauvaises actions qu'on peut avoir commises, b) Une conduite de fuite. D'ailleurs sociopathologique. Les allusions constantes au vol à l'essor, au saut. Il s'agit de se placer soi-même en dehors - et au-dessus - de la société. C'est une manière symbolique d'accomplir ses très fortes tendances antisociales.
Pour le moment toutefois, le thérapeute auteur du présent rapport estime que les accès de rage incontrôlable constituent le problème le plus grave et le plus urgent du patient. Il s'agit d'une véritable anomalie de comportement, socialement inadéquate et frisant la psychopathie. Le patient constitue une menace pour son entourage et doit, pour cette raison, faire l'objet d'une surveillance constante (c'est-à- dire qu'il convient comme mesure conservatoire minimale de le maintenir confiné momentanément entre les murs de notre institution), bénéficier de très peu de faveurs et ne jamais se voir offrir l'occasion d'exercer sa violence. Ce comportement ne sera en aucun cas toléréici.

J'ai recopié ça sur le mur dans les papiers que j'ai pris dans le bureau du Dr Nevel pasque je m'ennuyais, mais j'y comprends rien. C'est des trop grands mots.

FIN du 5...
santa
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MessageSujet: Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué   Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué EmptyMar 21 Jan - 19:17

J'avais presque fini de vous taper le 6, quand mon texte a entièrement disparu Exclamation ... Evil or Very Mad
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MAINGANTEE

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MessageSujet: Re: Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué   Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué EmptyMer 22 Jan - 15:05

Ma pauvre !
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Berengere

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MessageSujet: Re: Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué   Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué EmptyJeu 23 Jan - 11:54

Je l'avais déjà lu et je me le relis study
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MessageSujet: Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué   Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué EmptyDim 26 Jan - 18:47

6

Après les grandes vacances, il a fallu que je retourne à l'école. J'avais oublié l'école à cause des vacances qui sont longues quand on est un enfant.je déteste l'école. Y faut se lever tôt. Ma manman me réveille en venant dans ma chambre et en me caressant la tête et puis en me tapotant les fesses (qui sont sous pougnougnou ma couverture) et puis elle s'approche tout près tout près de ma figure et elle chuchote : "Gil, mon chéri, c'est l'heure de se lever." Elle chuchote si doucement, si gentiment, je voudrais la tuer. Si seulement je pouvais avoir un réveille-matin !
Je me lève . Je vais aux cabinets. Puis je me lave les dents et la figure. (J'aime mieux la salle de bains du premier qui est bleue. Celle du rez-de-chaussée est rose comme pour une fille.) Et puis je m'habille. Je sais m'habiller tout seul. Manman arrange mes affaires la veillel sur l'autre lit qui y a dans ma chambre oùsque Jeffrey dormait sauf que maintenant il a sa chambre pour lui tout seul oùsque Sophie dormait avant sauf que maintenant elle y dort plus. Je sais pas où Sophie dors. Je crois qu'elle dort pas.
Je déteste mes habits, y sont moches. Larry Palmer lui, ses habits sont super-chouettes. Il est rudement à la mode, mon vieux, avec des vraies fringues de travail. Et une banane comme sur la pub pour Brylcreem.
Quand je suis habillé, je descends pour le petit déjeuner que manman fait et que je peux pas encaisser, pour ne rien vous cacher, pasque'è me donne envie de dégobiller tripes et boyaux. J'ai jamais faim pour le petit déjeuner mais elle m'oblige à lemanger. C'est des oeufs brouillés avec comme de l'eau tout autour. Ma manman s'assied sur sa chaise oùsqu'elle s'assied toujours, au bout de la table, tournée sur le côté pour être en face de moi. Je m'assieds sur la chaise à Jreffrey pour le petit déjeuner pasqu'il s'en va avant moi. Manman a sa robe de chambre rose. Elle a un filet sur les cheveux. Elle a des pantoufles qui lui pendent des pieds comme ça alors on est obligé de les regarder. Elle a du vernis rouge sur les ongles de ses doigts de pieds qui est tout écaillé et qu'on peut pas s'empêcher de regarder non plus, comme ses jambes qui ont des veines dedans qui sont bleues. Elle a comme une odeur de lotion qu'elle sent de l'autre côté de la table. Y faut que je mange des oeufs brouillés pleins d'eau en sentant l'odeur de sa lotion.
Au petit déjeuner, tout reste très coi pasque c'est très tôt le matin. Je peux entendre la pendule du salon. Elle fait tic-tac. Ma manman elle boit toujours une tasse de café. Elle regarde le mur avec des grands yeux. Elle l'aspire en faisant chillpp ! Et puis elle le garde dans sa bouche pendant une heure. J'attends. Tout est silencieux. Tic-tac. J'attends. Et puis alors elle l'avale. Ca fait le bruit d'une grosse vague déferlante. Alors elle me donne mon déjeuner à emporter. Il est dans un sac en papier d'emballage. Un sac neuf. J'ai un sac neuf tous les jours. Elle le replie trois fois et lui met des agrafes. Y a d'autres enfants qui viennent avec un sac tout froissé, comme ceux de l'orphelinat. D'autres enfants ont des boîtes à déjeuner avec des dessins dessus, ce que je trouve cucul la praline moi personnellement.
Je mange pas mon déjeuner. Je le mets dans mon casier et je le laisse là pourrir. La raison c'est que j'ai de la pleurodynie. C'est une maladie, mon docteur le dit, quand j'ai des crampes et puis la diarrhée. Et ça s'appelle pleurodynie. C'est un point de côté, en somme, mais je déduis que si je mange pas, j'en aurai pas, malgré que je soye un gros mangeur et qu'à la maison je soye toujours le chef du commando des nettoyeurs d'assiette.
A l'école, y a aussi une cantine oùusqu'on peut acheter à déjeuner pour trante-cinq cents. On se met en rang pour faire la queue et les cuisinières sont toutes grosses avec des doigts rouges et un filet sur les cheveux. On a du lait dans des petites bouteilles. Il est tiédasse pasqu'ils le gardent tout près de là oùsqu'y a des chiffons pour nettoyer les tables quand on a fini de manger. L'eau est grise avec des morceaux de choses à manger qui flottent dedans. Ca sent le vomi. On frotte la table avec le chiffon et y laisse une espèce de trace blanche. j'achète pas de lait à l'école vraiment souvent.
Des fois c'est moi qui suis chef de table et je doisnettoyer après le déjeuner. On risque d'être en retard pour rentrer en classe. Une fois j'ai pris un grand balai et je m'en suis servi pour balayer la table et Mlle Smith a dit qu'elle allait me tordre le cou. (Mlle Smith est prof de gym : elle surveille le déjeuner pasque le réfectoire est installé dans le tymnase avec des sortes de tables qui rentrent dans les murs comme ça. Mlle Smith pense qu'elle est un homme. Elle prote des blousons et elle a pas de lèvres du tout).
Le jour de la rentrée, Shrubs est passé me chercher et ensuite on est allé chercher Morty Nemsick qui habite la porte à côté et qui est dingue, pour ne rien vous cacher. Et puis on est allé à l'école. Qui est exactement à trois pâtés de maisons et demi, exactement.
Pour commencer on eu assemblée générale.
Les assemblées générales c'est dans l'auditorium. Qui est aussi une classe. J'ai déjà eu auditorium des fois. On y fait du théâtre. Des pièces. Le dernier semestre, une autre classe avait monté le Merveilleux Magicien d'Oz. Ils ont gagné un prix. L'auditorium est une classe spéciale. La moitié de la journée, on a classe dans notre salle, dans le préfa et l'autre moitié on a des matières spéciales dans d'autres salles.
(C'est dans l'auditorium que j'ai vu des vagues déferlantes une fois dans un film sur la mer, en assemblée générale. C'est des vagues très très grosses, elles se défont lentement.)
Ce jour de la rentrée, on est allé en assemblée juste après l'appel dans nos anciennes salles de classe. Pour aller à l'auditorium il faut de l'ordre. Pas de bavardage, les filles d'un côté, les garçons de l'autre.
On attend debout avant de s'asseoir. Chaque classe a sa place. Je m'ai assis, près de Shrubs pour qu'on puisse chahuter. Quand on s'est assis il a sorti un stylo qu'il avait oùsque'on voyait une fille dedans que sa robe elle tombait quand on la retournait à l'envers. Il l'a acheté soixante-quinze cents au patrouilleur du carrefour de Seven Mile Road qui est un voyou. Le stylo m'a donné comme une sorte de drôle de chatouillis dans le ventre, sous le ventre. Tout le monde l'a regardé, on était au milieu d'une rangée. Et puis Mlle Filmer s'est amenée alors Shrubs l'a caché sous sa chemise.
Pour l'assemblée générale, on eu le brigadier Williams. On l'avait déjà eu avant, c'est un flic. Il a un pétard et tout. On lui dit toujours : "Descendez Mlle Filmer, feu !" mais y la descend jamais. C'est un peintre. Il a un chevalet et il dessine les histoires en même temps qu'il les raconte. C'est barbant, mon vieux, c'est pas possible. Il a dessiné un feu, c'était trois ronds, un rouge, un orange et un vert et puis il nous a dit de faire encore plus attention en hiver quand on traverse à cause que les rues sont glissantes et il a transformé le feu en bonhomme de neige. Il a dessiné un vieux hibou sagace et il l'a changé en bicyclette seulement je sais pas comment pasque je regardais Shrubs retourner son stylo.
Mais alors il est arrivé quelque chose. Mlle Filmer a vu. Shrubs a essayé de le planquer mais trop tard. Elle s'est penchée par-dessus quatre élèves et elle a voulu prendre le stylo, seulement Shrubs a tiré dessus et elle m'est tombée sur les épaules. Elle était rudement lourde pour une maîtresse. Elle a pris le stylo.
_ Où avez-vous trouvé ça, mon garçon ?
- Chaipas.(Shrubs dit toujours "chaipas" quand on l'engueule.)
- Qu'est-ce que ça veut dire "je ne sais pas"?
- Chaipas
Mlle Filmer s'est mise en rogne.
- Vous allez me répondre oui !
Et Shrubs a dit :
- Chaipas ce que ça veut dire "chaipas".
- Mais vous ne savez jamais rien, vous, c'est ça ?
- Chaipas, qu'il a encore dit Shrubs.
Mlle Filmer a essayé de lui donner une gifle mais il a baissé la tête et c'est moi qui ai pris. Ca m'a même pas chatouillé. J'ai essayé de me lever mais comme elle était encore à moitié appuyée sur moi elle a basculé et elle est un peu tombée par terre et le stylo est tombé et il a roulé sous les chaises jusqu'au bout de l'auditorium et tout le monde essayait de le ramasser.
Le brigadier Williams a dessiné un signal de passage à niveau et il l'a transformé en patrouilleur de sûreté. (La croix est devenue les deux ceintures de travers.)
C'est Sylvia Grosbeck qui a ramassé le stylo et l'a donné à Mlle Filmer. La Filmer l'a mis dans sa poche et elle a fait comme ça avec son doigt à Shrubs, ce qui voulait dire viens un peu ici.
- Viens me chercher ! qu'il a dit Shrubs (il était fou furieux).
Et elle l'a fait.
Le brigadier Williams a regardé ce qui se passait et ça lui a fait louper la figure du patrouilleur de sûreté et Marty Polaski a gueulé : "Houou ! Défiguré pour la vie !" Alors Mlle Filmer l'a attrapé lui aussi et elle les a tirés tous les deux jusqu'au fond de l'auditorium et son bureau. On l'entendait cirer et un petit, au premier rang, s'est mis à pleurer tout fort et le brigadier Williams a dit un poème.

Les policiers sont tes amis quand tu te perds.
Les patrouilleurs de sûreté sont là pour te faire traverser.
Je m'arrête au rouge et je passe au vert.
Ce sont les règles de sécurité.
Et puis la cloche a sonné et tout le monde s'est mis à faire du bruit. Mlle Kolshar a dit : "Ce n'était pas le signal du début des bavardages." Mais personne ne savait quoi faire pasque c'était la rentrée, le début d'un nouveau semestre et personne savait dans quelle salle aller. Les maîtresses se sont réunies sur l'estrade de l'auditorium et tous les élèves ont commencé à dire bonjour à des voisins.Je me suis demandé où était Shrubs. J'ai pensé que Mlle Filmer l'avait tué.
Et puis Mlle Murdock est arrivée. C'était ma maîtresse quand j'étais en première année. Elle a dit que tout le monde retourne à sa salle de classe où il était l'an dernier et de passer par ici et par là, sauf ceux qu'elle allait lire les noms et elle a lu des noms et y avait le mien de nom. Tous les autres sont partis. J'ai commencé à suer pasque je voyais pas Shrubs. Je pensais que Mlle Filmer l'avait tué. Et je pleurais presque. Elle est sortie de son bureau avec les bras croisés et alors d'un seul coup je m'ai levé. Et je suis allé la trouver sur l'estrade de l'auditorium et pendant que je marchais je m'ai dit que j'étais au sommet d'une montagne très haute et que tous les autres étaient en bas et qu'il y avait du vent qui me soufflait. Je m'ai arrêté juste devant Mlle Filmer et j'ai crié :
- Qu'est-ce que vous avez fait à Shrubs ! que j'ai crié. Si vous lui avez fait du mal, je vous tue, je le jure devant Dieu !
Et puis j'ai fait pipi dans mon pantalon et je me suis mis à pleurer tout fort pasque je pensais que tout le monde y z'avaient vu et puis la porte de l'auditorium s'est ouverte et c'était Jessica et elle a vu.
Je pleurais et je suis allé m'asseoir. J'avais justement classe d'auditorium, c'était pour ça que Murdock elle avait lu mon nom.
M. Stolmatsky est entré. C'est un maître mais c'est aussi un acteur dans une université. C'était lui qui s'était occupé du+++++++ Merveilleux Magicien d'Oz, +++++++ quand on l'avait monté pour le concours au semestre précédent. Et puis Mlle Filmer a fait une annonce :
- Puisque la quasi-totalité de la distribution du ++++ Magicien d'Oz ++++ se trouve dans cette classe. M. Stolmatsky a demandé si nous pouvions utiliser cette heure pour répéter en vue du concours qui doit avoir lieu à Lansing.
Je suis resté assis tout seul.
M. Stolmatsky a alors demandé à la troupe de monter sur scène. Jessica s'est levée. Elle était Dorothy. Elle portait la robe rouge qui avait comme de petites vagues dedans quand elle marchait. Il y avait aussi trois garçons. Ils restaient debout dans rien faire. Et il y en avait un quatrième sur le côté de la scène qui soufflait sur son poing. Plus tard, j'ai appris que c'était censé être un micro et que lui faisait le bruit de la tornade. M. Stolmatsky est allé tout au fond de l'auditorium et il a crié :
- Allez , sur les planches, les amants de Thespis !
(Je n'ai pas l'ombre d'une idée ce ce que ça peut bien vouloir dire.)

Et puis Jessica s'est retrouvée au milieu de la scène. Elle s'est mise à dire des mots.
- Tata M. Tata M.
C'était très doux, très bas. M. Stolmatsky a dit qu'il entendait rien mais Jessica l'écoutait pas pasqu'elle regardait quelque part dans le vide. Je voyais très bien ses yeux de là où j'étais, loin pourtant. Ils étaient verts avec des éclats dedans. Elle est restée longtemps à regarder comme ça sans rien faire d'autre et tout le monde attendait. Et puis, très lentement, elle s'est mise à genoux. Elle était à genoux et elle murmurait :
- Tata M. Tata M.
Le garçon qui était sur le côté de la scène a arrêté de souffler sur son point. Personne ne bougeait. C'était un vrai silence. Jessica a murmuré "Tata M. Tata M." et puis elle s'est tue. Ses lèvres bougeaient mais il n'en sortait aucun mot. Elle s'est allongée par terre et elle a posé sa tête sur son bras.
- Qu'est-ce qui se passe ? a crié M. Stolmatsky. Tu as oublié le reste de ton texte ?
Jessica a levé la tête très lentement et j'ai vu qu'elle pleurait. M. Stolmatsky était très étonné, il n'a rien dit d'autre, et j'ai compris qu'elle n'avait rien oublié.
Au bout de quelques secondes, M. Stolmatsky a dit :
- C'était excellent mon chou, tu nous as vraiment fait aimer Dorothy.
Jessica l'a regardé pendant longtemps.
- Fermez-là, monsieur Stolmatsky, qu'elle lui a dit.

(C'est ma manman qui m'a appris. Je n'ai pas l'ombre d'une idée. Elle dit toujours ça quand je lui pose des devinettes de mon hebdomadaire préféré. Celle que j'aime le plus c'est : "Pourquoi le crétin jette-t-il une pendule par la fenêtre ?")

FIN du 6
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MessageSujet: Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué   Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué EmptyMar 28 Jan - 19:49

7

Il voulait voir s'envoler les minutes.

Je n'ai pas écrit ça.
Ca fait une semaine maintenant que je suis à la Résidence Homme d'Enfants les Pâquerettes. Je déteste cet
endroit. Je voudrais le tuer. Ce que je déteste pire que tout c'est le petit déjeuner. C'est dans une grande
salle bruyante avec des longues tables où nous mangeons avec d'autres jeunes qui sont dégoûtants à regarder.
Mme Cochrane et les enfants de mon aile s'asseyent à une table. Il y a Phil et Robert et Manny et Howie.
Robert n'a que sept ans. Howie neuf et les autres huit ans comme loi. Robert pleure tout le temps ce qui me tape sur les nerfs, pour ne rien vous cacher, et il fait pipi au lit la nuit et ça sent tout à fait âcre. Il dort de l'autre côté de la pièce en face de moi. A côté de moi, c'est Howie, le garçon avec les cicatrices.
Phil ne parle jamais, il reste coi et sourit tout le temps et je sais pas pourquoi, peut-être qu'il est content content ou alors peut-être que sa figure s'est bloquée comme ça. (Ma manman quand je fais des grimaces elle dit, attention, si y a un courant d'air ma figure se bloquera et je resterai comme ça pur toujours et moi je dis chouette comme ça j'aurai plus à me fatiguer à faire des grimaces, ma figure les fera toute seule pour moi.) Manny a mon âge et aussi il est juif comme moi, il a les cheveux noirs et tout bouclés et de drôles d'expressions.
Au petit déjeuner d'aujourd'hui, j'ai fait un hippopotame avec ma bouillie de céréales qui était toute desséchée.Je lui ai fait un lit avec une tranche de pain grillé et avec ma serviette, je lui ai fait une couverture. Ensuite, avec ma cuiller je l'ai battu à mort. Je lui ai fendu la tête d'un grand coup et puis je l'ai coupé en deux et je l'ai écrabouillé sur mon assiette. Mme Cochrane s'est fâchée et m'a demandé pourquoi j'avais fait ça. J'ai dit pasque c'était un méchant hippopotame qu'avait tué Jessica. Il l'avait trainée dans
la rivière et l'avait tuée. Robert a dit :
- Quelle rivière ?
Je lui ai versé mon jus d'orange sur la tête en disant :
- Cette rivière-là.
Et on m'a emmené dans le cabinet du Dr Nevele, sur-le-champ.
Il avait encore son manteau ce qui m'a surpris pasque je croyais qu'il habitait à la Résidence Home d'Enfants les Pâquerettes mais non. Je pense qu'il doit habiter un centre commercial.
- Bonjour mon petit monsieur, il m'a dit avec un sourire, si vous voulez vous donner la peine de pénétrer dans mon antre, je suis à vous tout de suite.
Mais alors là, non. Pas avec ce qu'il avait dit. Jamais de la vie ! J'ai essayé de partir en courant mais Mme Cochrane m'a rattrapé.
- Qu'est-ce que c'est encore que cette histoire ? qu'il a fait le Dr Nevele.
Mme Cochrane lui a dit pour le petit déjeuner.
- Non, j'ai dit moi, c'est pas ça.
- Mais qu'est-ce que c'est alors ?
- Vous le savez bien !
- Du diable si je le sais! a dit le Dr Nevele. Je n'en ai pas la moindre idée. Allez, entre !
- Non, non, je veux pas aller dans votre antre ! que j'ai crié.
- Gilbert !
- Oh non ! Je serai sage, c'est juré, je serai sage toujours, je promets. Me tuez pas ! Me tuez pas, docteur Nevele !
Et je hurlais et je donnais des coups de pieds et je mordais. Fallait que je me sauve, absoument.
- Madame Cochrane, emmenez-le en Salle de Repos et qu'il y reste tant qu'il ne sera pas calmé.
J'y ai couru. Tout seul. Pasque le Dr Nevele avait dit mon antre. Pasque que quand j'avais cinq ans j'ai vu un film qui m'a donné des cauchemars que même je les ai encore. C'était un film avec une espèce de cave où on vous torture, y a une grosse chose qui vous descend sur le ventre et qui vous écrase jusqu'à ce que vos intérieurs sortent par des trous comme des spaghettis, et vous saignez à mort et y un un homme affreux avec un capuchon et un masque tout noirs et c'est un docteur comme le Dr Nevele. Ca s'appelait l'Antre du docteur noir.
Il y avait quelqu'un dans la Salle de Repois. Mince de surprise. C'était l'homme aux cheveux roux de la Salle de Jeux. C'est une sorte de docteur lui aussi. J'ai voulur repartir.
- Non, il m'a dit, non, non, ne pars pas je m'en allais justement. Si tu veux bien prendre le relais, grand garçon.
Il avait une cravate cette fois, comme s'il était habillé pour sortir. Je suis resté dans la Salle de Repos mais lui n'est pas parti. Il est resté assis là ans rien dire.
- Je m'en vais, il disait, d'un instant à l'autre je m'en vais.
Et puis il a fait quelque choses de bizarre. Il a levé les mains devant ses yeux et il a bougé ses doigts et puis il faisait Mmmm avec sa bouche comme s'il fredonnait, mais c'était seulement un bruit pas de la musique.
- Tu devrais pas t'asseoir par terre avec tes habits du dimanche, je lui ai dit. Tu vas être puni.
Il a levé le regard vers moi. Il avait les yeux verts avec des éclats marron dedans, comme Jessica.
- Comme c'est vrai, il m'a dit. Et pourtant comme c'est loin.
Et puis il s'est levé et il est parti.
Alors moi je suis allé pour écrire ça sur le mur de la Salle de Repos et j'ai vu que quelqu'un avait écrit

Il voulait voir s'envoler les minutes.

Suite du 7 plus tard. ..
.
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MessageSujet: Re: Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué   Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué EmptyJeu 30 Jan - 18:23

oups en retard ! Merci
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MessageSujet: Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué   Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué EmptyJeu 30 Jan - 20:20

Et ce n'était pas moi.
Alors je l'ai suivi pasqu'il aurait pas dû écrire sur mon mur. Il est allé à la Salle de Jeux. La prote était ouverte. Je l'ai regardé par la petite fenêtre, il était là avec le petit nègre de couleur que j'avais déjà vu, celui qui est dingue. Le roux était à quatre pattes par terre avec lui et le petit garçon pleurait sans arrêt, pleurait, pleurait. Et le roux m'a vu. Il s'est levé et il m'a dit d'entrer. Je suis entré.

- Je te présente Carl, il m'a dit. Il mord.
Et puis il est sorti en refermant la porte derrière lui et je me suis retrouvé tout seul avec Carl. Qui mord.
Il s'est levé et d'un seul coup, il s'est mis à courir aussi vite qu'il pouvait tout autour de la Salle de Jeux et puis il s'est flanqué contre la porte, il a rebondi en arrière et il est reparti sans pleurer ni rien du tout. Et puis il s'est assis. Et puis il s'est levé. Et puis il a fait un cercle et il a marché sur quelques jouets et il s'est rassis. Je lui disais rien. Je crois qu'il savait même pas que j'étais là. Il a ramassé un coussin et s'est mis à le bouffer. Ses yeux sont devenus tout drôles. Un qui regardait par ici l'autre par là. Il clignait des yeux et remuait très fort la tête. Il s'est mis à écraser les jouets dans le coffre à jouets.
- Tu devrais pas, je lui ai dit.
Mais tout ce qui'l a fait c'était de siffler. Et puis il s'est relevé et il est entré droit dans le mur et puis il s'est assis contre le mur et il a levé les mains devant les yeux et il s'est mis à gigoter les doigts. C'était la même chose comme faisait le roux dans la Salle de Repos.
Et puis Carl est tombé et il a roulé par terre et il s'est cogné très fort contre la jungle en plastique qui a failli lui dégringoler dessus mais finalement non, alors il s'est rassis avec le dos contre le mur et il s'est mis à se balancer et à cogner sa tête contre le mur. Je voyais un petit endroit chauve derrière sa tête d'à force de la cogner. D'un seul coup il s'est assis tout droit et il a posé les mains sur ses genoux et il s'est tenu comme un petit garçon bien élevé. Je lui ai dit :
- T'es assis bien comme il faut, Carl, comme un bon petit citoyen.
Il faisait Mmmmm avec sa bouche, rien que du bruit pas de musique, comme avait fait le roux, et puis il s'est levé et il est allé près d'un petit chariot rouge qu'y a dans la Salle de Jeux et il est monté dedans et s'est rassis comme un bon petit citoyen.
- C'est pas fait pour ça, je lui ai dit. C'est pour transporter des choses dedans.
Mais il est resté. Il était tout raide comme une statue dans le petit chariot rouge (Y a "Petit Chariot Rouge" d'écrit dessus, sur le côté). J'ai ramassé un petit coussin et je lui ai lancé mais il a pas bougé et il l'a pris en pleine figure.
- C'est fait pour que tu le rattrapes et que tu me le lances, je lui ai dit. Tu ferais mieux de sortir de là avant que le roux revienne sinon y va te punir.
Et puis la porte s'est ouverte et un employé est entré. Il a pris la main de Carl et a essayé de le faire sortir du petit chariot rouge mais y voulait rien savoir.
- Allez, fais pas le méchant, a dit l'employé qui était grand et tout poilu.
Carl lui a mordu la main. J'ai vu que ça se mettait à saigner et l'employé a hurlé : "Espèce de petit salopard !" et puis il a pris Carl par les épaules pour qui puisse plus bouge et il lui a tordu les bras. Carl gueulait, y balançait des coups de pieds et même des coups de dents dans le vide et l'employé avait bien du mal à le tenir. Il l'a lâché.
- Je reviens tout de suite, il a dit.
Carl s'est arrêté. Il s'est arrêté net, comme dans un dessin animé. Et puis il a fait un bruit.
- Pouche.
Je suis allé près de lui. Il m'a fait une espèce de regard comme ça et j'ai tendu ma main et y m'a même pas mordu. Je l'ai touché. Il a dit encore "pouche". Et puis il a pris mes mains et il a tiré mais je m'ai écarté. Alors il a hurlé vraiment pointu comme une sirène et moi je n'ai mis vraiment en rogne et j'ai crié :
- Ferme-la, Carl, tu sais bien qu'y vont revenir avec des ceintures de contention et qu'y vont te punir et te flanquer des baffes en plaine poire et te faire voir qui commande ici et pour ton bien ! Oh bon sang de bon Dieu, je te comprends vraiment pas !
Et je m'ai mis à pleurer aussi et je sais même pas pourquoi, pasque c'était Carl. Y m'a pris la main et y l'a posée sur le petit chariot rouge.
- Pouche.
L'employé est revenu au bout de quelques minutes avec un autre, seulement Carl était plus dans le petit chariot rouge. Il était assis tout à fait comme un bon petit citoyen sur une petite chaise près de la fenêtre de la Salle de Jeux.
Ils m'ont regardé. J'ai dit :
- Tout ce qu'y voulait c'était qu'on le pousse.
Ils ont emmené Carl et je suis retourné dans la Salle de Repos. Je pensais à l'homme aux cheveux roux qui faisait bouger ses doigts devant ses yeux et fredonnait du bruit comme Carl. C'était un docteur mais il faisait pas comme un docteur. Il faisait comme un petit garçon. Comme moi.

Rembrandt, Gilbert (suite)
12/10
Rudyard Walton, thérapeute dans notre institution depuis un an, manifeste beaucoup d'intérêt pour ce patient, bien qu'il soit en fait affecté au pavillon Sud-Ouest, dans lequel il travaille principalement avec des enfants autistiques ou mentalement retardés.
Walton, dont les résultats sont très appréciés dans son service, travaille semble-t-il selon un principe type "guérisseur-malade", si j'ose dire. Il entre avec chaque maladie dans une relation bilatérale et "prend sur lui" en assimilant les symptômes de ses patients, créant ainsi, j'imagine, une relation d'empathie avec eux.
Il n'en a pas moins pris la responsabilité d'intervenir unilatéralement dans le travail que j'ai entrepris avec Gilbert, et j'ai dû lui en parler. Il a nié avoir avec l'enfant la moindre relation thérapeuthique, il dit qu'il éprouve beaucoup de "sympathie" pour ce petit et apprécie sa compagnie. Je ne lui ai pas moins demandé de bien vouloir s'occuper exclusivement de ses propres patients du pavillon Sud-Ouest.
Les relations que Walton établirait avec ce patient seraient forcément nuisibles à la bonne évolution de mon traitement à l'évidence, la technique de Walton, si technique il y a, a pour effet de renforcer dans un premier temps les comportements de l'enfant, laissant leur modification pour plus tard dans un second temps après l'établissement de forts liens relationnels. Or, il m'apparaît que les comportements de Gilbert Rembrandt ne doivent nullement être renforcés. Il s'agit en effet d'une attitude sociopathe et destructrice. Elle doit être strictement réprimée dans la moindre de ses manifestations, toute idée de tolérance doit être exclue, et la présence d'un autre thérapeute que ce soit dans le rôle "d'ami" ou quelque autre, ne peut être tolérée.
Je crois d'ailleurs de mon devoir de signaler que M. Walton a cru pouvoir abandonner sans aucune surveillance un de ses propres patients, un enfant autiste qu dernier degré, le petit Carl, en compagnie du seul Gilbert Rembrandt. Un aide-soignant a été gravement blessé par morsure du petit Carl à la suite de ce manquement caractérisé au règlement de notre institution. (Walton aurait prétendu par la suite avoir agi de propos délibéré et affirmé que les deux enfants en avaient retiré un certain profit. Quoi qu'il en soit, cette affaire sera examinée par le conseil de discipline la semaine prochaine).
Walton a également laissé entendre qu'il jugeait que le cas Rembrandt ne relevait pas des soins prodigués dans notre institution. L'enfant n'a, selon lui, rien à faire ici. J'affirme toutefois quant à moi que l'enfant présente de véritables troubles du comportement et a même récemment manifesté des symptômes schizoïdes à tendances nettement paranoïaque, avec complexe de persécution et présence hallucinatoire d'assassins dans mon cabinet, une très évidente tentative de fuite devant la culpabilité à l'égard de la petite Jessica au moyen d'un transfert négatif.
Je me dois donc de réaffirmér mon diagnostic et mon pronostic : il s'agit d'un enfant très gravement affecté dans son comportement et dont le séjour ici sera probablement long.

C'était sur un papier. Je l'ai volé au Dr Nevele, sur son bureau, pendant que j'y étais.


FIN du 7
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MAINGANTEE

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MessageSujet: Re: Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué   Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué EmptySam 1 Fév - 11:34

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epistophélès

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MessageSujet: Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué   Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué EmptyVen 7 Fév - 17:33

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Pendant que j'étais assis dans la Salle de Repos, Mme Cochrane est venue et elle m'a dit que je devais aller chez le dentiste le lendemain, que c'est les règles à la Résidence Home d'Enfants les Pâquerettes. Je lui ai attrapé le bras et je l'ai mordue comme Carl mais elle m'a flanqué une baffe en pleine poire alors je me suis mis à hurler de toutes mes forces aussi fort que 'jai pu : "Je vais tuer quelqu'un ! Je vais tuer quelqu'un !"
Elle m'a laissé tout seul dans la Salle de Repos. Mais quand j'irai chez le dentiste je vais le tuer. Je déteste le dentiste. Chez nous je suis obligé d'y aller. Manman m'emmène.
La première chose déjà en entrant c'est l'odeur. J'ai tout de suite des haut-le-coeur et ça me fait peur. Quand on ouvre la deuxième porte à l'intérieur y a une sonnerie. Y a une fenêtre dans le mur qu'on peut pas voir à travers et derrière y a une infirmière qui la fait glisser pour l'ouvrir et qui demande mon nom. Et puis je m 'assieds. Tout est coi sauf l'aquarium qui fait des bulles. De la musique sort du plafond. Sur les murs y a des photos d'enfants qui me plissent les yeux tout contents.
La porte s'ouvre et l'infirmière dit mon nom avec un sourire de vingt mètres. Y faut que j'entre. Je vais dans le cabinet. Y a de l'eau qui glougloute et elle me fait asseoir dans le fauteuil pour s'allonger et elle le renverse en arrière et me colle un bavoir et puis un truc derrière la nuque.
La fraise - ce nom là c'est comme le sourire de l'infirmière - pend au-dessus de moi avec toutes ses roulettes, ses fils et ses tuyaux. Ca s'abaisse. Y a différentes pointes qui'l adapte au bout. Chacune est spécialement faite pour me faire du mal.
Et alors je reste assis là et rien ne se passe mais j'entends un enfant juste à côté qui hurle.Puis l'infirmière rentre et elle me dit : "Ouvre." Elle parle tout doucement. Tout le monde chez le dentiste parle tout doucement et ça me file des trouilles terribles. Et elle me plante des couteaux dans les gencives et elle me racle les dents.
Et puis le Dr Stahl rentre très très vite, il est toujours très très pressé et fait semblant d'être content content mais je sais bien que c'est pas vrai pasque je lui ai envoyé un coup de pied dans les couilles une fois. C'était quand j'avais cinq ans. Mais maintenant je sais qu'il faut se conduire comme un petit garçon bien élevé et comme un bon citoyen chez les dentiste. Il la roulette et moi j'ai rien. Le Dr Stahl regarde mes papiers puis il regarde dans ma bouche puis il regarde mes papiers puis il regarde dans ma bouche. Il a un miroir au bout d'un manche et il regarde dans ma bouche (des fois je fais semblant d'être lui avec une cuiller mais dedans on se voit à l'envers) et je lui demande si j'ai des caries mais tout ce qu' il dit c'est "ouvre".
Alors il sort tous ses instrument il fait des bruits sur mes dents en disant : "Toc, toc, toc, qui est là ?"
Il essaie d'être drôle mais ya vraiment pas de quoi. Il dit : "Si je te fais mal, dis-le moi", et puis je peux plus rien dire du tout pasqu'y m'enfonce son poing dans la bouche. Puis il prend un machin pointu et il me le plante dans la dent et il le tortille et je sens de l'électricité qui me traverse partout et me me tourne sur le fauteuil tellement ça fait mal. Alors il dit : "Et maintenant voyons l'étage en dessous."
Il regarde mes papiers et il écrit des choses dessus. Je lui demande : "S'il vous plait, j'ai des caries ? Va falloir me passer la fraise ?" Et le Dr Stahl : "Ouvre".
Il visse une chose de métal sur ma bouche avec du coton dedans et il met l'espèce de suceur sous ma langue et ça aspire toute ma bouche et ma langue et il prend la fraise et il la met dans ma bouche et le bruit commence comme des avions à réaction qui décollent à l'intérieur de ma tête et il se met à faire très chaud et la tête me tourne et ça fait tellement mal que j'ai l'impression de m'enfoncer dans la terre et il est complètement penché au-dessus de moi et je vois sa figure de très près et il sourit plus du tout. J'ai mal, j'ai mal. J'essaye de lui dire d'arrêter rien qu'une seconde mais je peux pas pasqu'il est toujours en train de me passer à la fraise et si je bouge il va me couper la langue en deux. Tellement que j'ai mal je me mets presque debout et il me retient avec son coude. Et puis j'entends une sirène dans ma tête, celle d'une ambulance qui vient me chercher. La fraise traverse ma bouche et s'enfonce dans ma tête et mon sang à l'intérieur de moi me fait mal. Personne ne viendra à mon secours. Personne ne viendra à mon secours. Personne.
Quand je sors du cabinet ma manman me dit :"Eh bien, tu vois bien que ça n'était pas si terrible, hein ?"
Et, hier soir, à la Résidence Home d'Enfants les Pâquerette, j'ai pensé au dentiste et je m'ai endormi en pleurant pasque j'ai peur et manman est même pas là. Je veux rentrer chez nous.
Et ce matin à la place du petit déjeuner je suis allé à la Salle de Jeux et j'ai regardé par la fenêtre pasqu'y avait personne. Je regardais passer les voitures et je me demandais si y avait pas quelqu'un qui allait chez moi. ET puis j'ai entendu la porte de la Salle de Jeux qui s'ouvrait. Mais je m'ai pas retourné. Je voulais voir personne.
Ya pas eu un seul bruit pendant un moment et puis j'ai entendu chanter. C'était un homme. Il chantait : "Je suis seule, ce soir, avec mes peines, je suis seul ce soir..."
C'était très doux. Je regardais par la fenêtre. Je me retournais pas. Il a encore chanté. Il chantait bien.
(Je suis bon en musique à l'école. Le prochain semestre je serai dans la chorale. Mlle Allen a promis. Une fois on a eu une chanson, Trois Petits Agneaux, et Mlle Allena choisi trois élèves pour la chanter en assemblée générale. Y avait Kenny Aptekar, Gary Faigin et moi. J'ai pu manquer deux classes de sciences naturelles grâce à ça. Et puis y a une autre chanson, Les Tailleurs de pierre, y a un refrain qu'on fait exploser les rochers à la dynamite et y faut crier "feu" comme ça tout fort, crier, pas chanter. D'ailleurs c'est écrit en majuscules FEU ! ça veut dire qui faut cirer. Mais tout le monde à peur pasque si on est le seul à crier, on a l'air idiot. Mais Mlle Allen elle est sympa. Un jour, en musique, quelques jours après l'assemblée générale avec le brigadier Williams, on chantait Apporte-moi la paix, Ô grand fleuve et y avait que moi qu'arrivais à chanter la deuxième voix. Alors Mlle Allen elle m'a fait lever et chanter tout seul. Harold Lund s'est moqué de moi et m'a dit que j'étais une chochotte et j'ai eu honte. Et puis quelqu'un est entré dans la classe. Et c'était Jessica. Elle apportait un mot de Mlle Verdon, la prof de dessin. Mlle Allen m'a dit de continuer à chanter pendant qu'elle lisait le mot. Alors j'ai fait quelque chose. Je m'ai mis à chanter Heartbreak Hotel, c'est super, mon vieux. C'est Elvis, je peux l'imiter à la perfection. J'ai chanté de plus en plus fort, de plus en plus fort et j'ai fermé les yeux. Quand je les ai rouverts, Jessica me regardait me^me pas et j'm'ai arrêté. Mais quand elle est partie elle m'a regardé et elle m'a fait une sorte de sourire.
Je me rappelais tout ça en regardant par la fenêtre de la Salle de Jeux et puis lka personne qui chantait a dit quelque chose :
- Puis-je vous offrir un Globo ?
C'était le roux. Je lui ai pas dit de réponse.
Il a rechanté ; "Je suis seul ce soir..."
Les voitures passaient devant la fenêtre et soudain j'ai cru voir la nôtre et j'ai cogné au carreau mais je m'étais trompé.
"Je suis seul ce soir..."
Je l'ai regardé s'éloigner et j'ai pensé : Peut-être que c'est notre voiture mais que mes parents veulent plus de moi à cause de ce que j'ai fait à Jessica.
- J'ai dit : puis-je vous offrir un Globo ? répète l'homme aux cheveux roux.
- Non, j'ai dit.
Et alors je l'ai plus entendu chanter. Mais j'ai pas regardé. Seulement je l'ai entendu faire péter une balle de Globo et dire merde.
- Faut pas dire des gros mots, j'ai dit. C'est pas bien élevé.
- Bah, faut pas mâcher de Globo non plus, il a dit. Seulement j'aurais jamais de caries si j'en mâche pas, hen ?
- Ca donne des caries.
- C'est bien ce que je dis.
Je m'ai retourné. Il était assis dans une chaise de petit gosse.
- Mais faut pas avoir de cartes, j'ai dit.
- Ah oui, pourquoi ça ?
- Faut pas, c'est tout.
Je m'ai mis vraiment en rogne et je m'ai retourné vers la fenêtre. Et l'homme a dit :
- Je sais, je sais.
Je m'ai assis dans la petite chaise orange près de la fenêtre, et j'ai balancé des sortes de coups de pied dans le tapis qui donne des fois comme des secousses électriques.
- J'aime avoir des caries, a dit l'homme roux. Je veux des plombages dans toutes mes dents avant qu'il soit trop tard. Mon dentiste en a plus pour très longtemps. Il va pas tarder à se suicider.
- Pourquoi ?
- Pourquoi quoi ?
- Pourquoi y va se suicider ?
- Bah, a fait l'homme roux en faisant éclater une nouvelle bulle de chouimegomme, pasqu'il est dentiste. T'en ferais pas autant, toi ?
- Comment ça ?
- Bah, tout le monde déteste les dentistes non ? Même les fils de dentistes. Le fils de ce type-là le déteste mais c'est pour une autre raison. Tu vois, quand il était petit, le dentiste a décidé de faire semblant qui'l n'était pas dentiste pour que son fils le déteste pas. Il a dit à son fils qui'l était joueur professionnel de baseball. Il s'est fait faire une tenue de l'équipe des Tigres et tous les jours il la mettait pour partir et pour rentrer chez lui, seulement avant de rentrer il s'arrêtait pour salir sa tenue. Il faisait écrire des faux articles de journal sur lui, avec son nom et il les mettait dans les pages sportives des journaux. Mais quand le gosse a commencé l'école, personne avait jamais entendu parler de son papa, alors le dentiste a fait imprimer plein de fausse images de baseball avec sa photo et son nom pour les faire mettre dans les Globo dans les boutiques autour de l'école de son fils.
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Jean2

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MessageSujet: Re: Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué   Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué EmptyLun 10 Fév - 11:54

Ouh là suis loin moi ....


Merci Episto
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epistophélès

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MessageSujet: Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué   Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué EmptySam 21 Mar - 13:14

"Pour finir, il est devenu l'ami de Ozzie Virgil, qui joue troisième base dans l'équipe des Tigres, il l'invitait à dîner au restaurant avec sa femme, il soignait les dents de son fils gratuitement. Et Ozzie accepta de rentrer dans son jeu. Et quand le gamin eut huit ans, le dentiste se décida à l'emmener voir un match. Le petit était tout excité. Malheureusement pour eux, ils arrivèrent trop tôt aux vestiaires et Ozzie Virgil n'était pas encore arrivé. Ils se sont donc fait refouler. En repartant, ils tombent sur Ozzie qui arrivait et qui dit aussitôt : "Salut Stan ! Content de te voir, figure-toi que Joey vient de perdre un plombage, est-ce que Gladys pourrait te l'amener cet après-midi ?"
"Il y a cinq ans de ça. Le fils du dentiste lui a plus adressé la parole depuis. Il ne va pas tarder à se tuer. C'est une question de jour peut-être.
J'ai traversé la Salle de Jeux, jusqu'au coffre jouets. Y avait une poupée dedans, une fille qui avait des cheveux bruns avec des rubans dedans comme Jessica. Elle avait pas d'habits du tout et j'ai eu mal au ventre. Et aussi j'avais peur d'aller chez le dentiste.
- Y faut que j'y aille aujourd'hui, que j'ai dit à l'homme roux.
Il a fait oui avec la tête, les yeux fermés, comme s'il le savait déjà.
- Au fait, Gil, qu'il m'a fait, je m'appelle Rudyard.
Il avait une autre poupée dans le coffre, une blonde sans rubans dans les cheveux. Je l'ai lancée contre le mur et ses bras sont tombés. J'avais tellement mal au ventre que je pouvais à peine tenir debout. C'était comme si j'avais de la glace à l'intérieur de mon derrière, très haut dans mes intérieurs. Y fallait absolument que j'aille au cabinet.
Je m'ai mis à avoir des larmes dans les yeux. Je m'ai mordu la lèvre, j'ai regardé l'homme aux cheveux roux, j'ai regardé Rudyard et lui y m'a regardé comme ça avec ses yeux. Y s'est levé, il est venu vers moi en tirant un mouchoir de sa poche et il a essuyé mes yeux tout doucement.
- Qu'est-ce qu'il y a comme poussière, ici, qu'il a dit. Ca donne des allergies, ça irrite les yeux.
Alors je m'ai mis à pleurer et il amis sa main sur ma tête.
- Rudyard, y faut que j'aille au cabinet, y a quelque chose qui va pas dans mon ventre. J'ai peur. J'ai peur du dentiste.
Alors il a fait comme ça, là, avec sa main derrière ma tête et sur mon cou, y m'a un petit peu serré sur ma tête et y m'a pris contre lui et y sentait comme mon papa.
- Rudyard, y faut que j'aille au cabinet seulement j'y suis jamais allé ici et je sais pas où y en a un.
- Moi si, et c'est un cabinet très bien en plus.
Moi je pleurais.
- Rudyard, j'ai quelque chose qui va pas. Je suis différent que tous les autres.
Rudyard a un peu pressé ma tête, il a fait comme ça encore à mes cheveux et je m'ai serré contre lui.
- Moi aussi, Gil, allons-y.

Aujourd'hui j'ai eu une lettre. J'ai cru que c'était Jessica mais non.


Reviens-je ou pas Question
Mais oui Exclamation Pas d'affolement Exclamation
Suis de retour dans 5 minutes, le temps de me préparer un kawa.
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MessageSujet: Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué   Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué EmptySam 21 Mar - 13:57

Le 7 décembre
Cher Gil,
Je viens d'avoir le Dr Nevele au téléphone et il m'a dit qu'il faudrait encore attendre un peu avant de venir te voir aux Pâquerettes, alors j'ai décidé de m'asseoir pour t'écrire ce petit mot pendant que je pense à toit ;
Comment vas-tu mon chéri ? Tu nous manques beaucoup à ton père et à moi (et à Jeffrey) et nous somme tous impatients de te voir de retour à la maison. Nous savons que toi aussi tu es impatient et c'est pour cela que je t'écris cette petite lettre.
Le Dr Nevele a l'air d'un type vraiment formidable. Papa et moi nous le trouvons très sympathique, Gil, et nous pensons que ce serait vraiment dommage, avec tout le travail qu'il faut pour t'aider, il ne demande qu'à te rendre service, il faut que tu en fasses autant, c'est n'est que justice, tu ne trouves pas ? Il sait un tas de choses sur les petits garçons et sur ce qui les fait faire ci ou ça, ce ne serait pas bien de lui faire perdre son temps. C'est ce que nous pensons et nous sommes persuadés que tu seras d'accord avec nous. " Rolling Eyes " Nous savons tous que tu regrettes sincèrement ce que tu as fait et que tu ne demandes qu'à réparer tes torts le plus vite possible et donc que tu vas décider d'aider le Dr Nevele a découvrir ce qui ne va pas en toi pour pouvoir te guérir vite vite et te renvoyer à la maison. Comme ce sera merveilleux mon petit chéri, tu ne trouves pas ? Mais si bien sûr, et je sais que tu vas faire tout ce qui est en ton pouvoir pour que ça arrive très vite.
Mais tu sais, fiston, tu n'es pas le seul à avoir besoin de l'aide d'un médecin pour découvrir ce qui a bien pu te pousser à faire cette chose terrible à Jessica. Ton père et moi nous allons aussi voir un docteur. Quelqu'un que le Dr Nevele nous a recommandé pour que nous demandions s'il pense que nous avons peut-être commis une erreur, mal joué notre rôle de parents. Nous avons découvert que papa connaissait déjà ce médecin qui est membre de son club et donc nous allons tous déjeuner ensemble la semaine prochaine pour en parler. Je me réjouis à l'avance, je suis sûre que ce sera formidable ! ... "re- Rolling Eyes " (les smyleys sont de mon cru... geek )
La mère de Jessica est revenue nous voir l'autre soir. Elle va encore très mal. Nous l'avons invitée à rester dîner mais elle n'a pas voulu. Je crois qu'elle est encore très en colère de tout ce qui s'est passé. Jessica est sortie de l'hôpital maintenant. Elle a parlé de t'écrire une lettre mais sa mère lui adit qu'elle ne pouvait pas ; alors, surtout, ne sois pas déçu si tu ne reçois rien. Nous sommes sûrs que tu comprendras, tu es un jeune homme tellement intelligent. Pour tout dire, ton père et moi nous pensons même que ce ne serait pas une très bonne idée que tu la revoies. Sa mère l'a inscrite dans une école privée pour le début du prochain trimestre et cela vaut sans doute mieux ainsi. Nous savons qu'un petit garçon aussi intelligent que toi n'aura aucun mal à comprendre ça.
Ah, au fait ! Kenneth est venu ce matin et il a apporté pour toi quelques photos de joueurs de baseball qui'l te devait a-t-il dit. A propos, tu as vu les Tigres ? Nous ne savons pas si vous regardez les matches à la télé aux Pâquerettes, mais ils commencent vraiment leur saison très fort ! La semaine dernière, papa a emmené Jeff au match et ils se sont amusés comme des fous ! Ils se sont tellement amusés qu'ils se sont promis d'y retourner la semaine prochaine, et cette fois, oncle Paul leur prêtera sa loge, tu te rends compte ! Dommage que tu ne puisses y aller avec eux. Mais ce n'est que partie remise !........(Mais c'est quoi cette mère idiote qui cause bonheur familial, alors que son fils n'a pas compris ce qu'il foutait aux Pâquerettes ?)
Le Dr Nevel dit que ce ne serait pas une très bonne idée de t'envoyer les photos que Kenneth a apportées, alors je te les mets de côté pour quand tu rentreras. De toute manière tu n'aurais pu les échanger avec personne, aux Pâquerettes. Tu les trouveras donc ici en rentrant. Et peut-être d'autres petites choses. Tu te souviens de ce dinosaure dont tu avais envie, chez Maxwelle ? Papa et moi nous sommes d'accord pour te l'offrir ! Alors, si tu es gentil et que du décides d'aider le Dr Nevele, lui aussi t'attendra à la maison pour fêter son retour !
Voilà, c'est à peu près tout ce que je vois comme nouvelles à te donner. S'il te plaît pense bien à aider le Dr Nevele pour pouvoir venir retrouver tous tes jouets à la maison. Comme nous seront tous heureux ce jour-là ! Tu te rends compte ?
Baiser affectueux de Maman et Papa.

Pffffff Exclamation Non, sûrement que Gil ne se rend pas compte. Et sa mère qui lui demande d'aider le psy. ... un enfant de huit ans Exclamation Rolling Eyes


FIN DU 8
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