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Détente - amitié - rencontre entre nous - un peu de couleurs pour éclaircir le quotidien parfois un peu gris...
 
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 NAPOLEON ET LES FEMMES

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MORGANE
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JEAN
MARCO
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epistophélès

epistophélès


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MessageSujet: NAPOLEON ET LES FEMMES   NAPOLEON  ET LES FEMMES - Page 12 EmptyVen 10 Aoû - 19:31

A huit heures vingt, un hurlement plus effrayant que les autres lui apprit que Marie-Louise était délivrée. Il se précipita dans la chambre et demeura saisi. Tandis que tout le monde se congratulait (se félicitait), le roi de Rome, objet de tant de soins, gisait sur le tapis...
En voyant paraître l'empereur, Mme de Montesquiou ramassa vivement le nouveau-né.
Deux heures plus tard, l'énervement n'ayant pas encore pris fin, Mme Blanchard, très excitée, partit en ballon de l'Ecole militaire pour aller répandre dans les villes et les villages la grande nouvelle...
La naissance du roi de Rome inspira naturellmeent les chansonniers. Grisés par l'enthousiasme, certains ne surent pas s'arrêter à la limite du bon goût. On chanta par exemple :


Une rose nouvelle
Charmait Napoléon
Par les soins qu'il prit d'elle
Elle donna un bouton
.

Plus loin, l'auteur, acréditant la légende de Napoléon superhomme, écrivait :

En amour comme en guerre,
Il est sûr de son fait.
Il a dit : "Je veux faire
Un garçon." Il l'a fait
.


Enfin, une certaine gaillardise n'était pas absente de ces chansons laudatives, ainsi que le prouve ce couplet :

On dit qu'ça fait un bel enfant
Et qu'il est v'nu au monde en riant.
Qu'c'est tout la figur' de sa mère,
Mais tout l'reste est d'monsieur son père
...


Ce qui faisait rire le bon peuple de France.

C'est au château de Navarre - près d'Evreux - où elle résidait sur l'ordre de Napoléon depuis que Marie-Louise était enceinte, que Joséphine apprit la naissance du roi de Rome.
Le maire donnait ce soir-là un grand dîner à l'occasion de la Saint-Joseph, patron de la Créole, lorsqu'on entendit tonner le canon.
Dès le vingt-deuxième coup, l'impératrice, les larmes aux yeux, se tourna vers Mme d'Arberg, sa première dame d'honneur, et dit :

- Un fils. Comme l'empereur doit être heureux.


Puis tandis que les membres de sa petite cour l'abandonnaient pour courir, avec un empressement servile, porter leurs félicitations à Napoléon, Joséphine monta dans sa chambre et écrivit la plus belle lettre que nous possédions d'elle :

Sire, au milieu des nombreuses félicitations qui vous parviennent de tous les coins de l'Europe, de toutes les villes de France et de chaque régiment de l'armée, la faible voix d'une femme pourra-t-elle arriver jusqu'à vous ? Et daignerez-vous écouter celle qui, si souvent consola vos chagrins, adoucit les peines de votre coeur, lorsqu'elle n'a à vous parler que du bonheur qui achève de mettre le comble à vos voeux ? Ayant cessé d'être votre épouse, oserai-je vous féliciter d'être père ?
J'aurais désiré apprendre la naissance du roi de Rome par vous et non par le canon d'Evreux, mais je sais qu'avant tout vous vous devez au corps de l'Etat et surtout à l'heureuse princesse qui vient de réaliser vos plus chères expérances. Elle ne eput vous être plus dévouée que moi, mais elle a pu davantage pour votre bonheur en assurant celui de la France. Elle a donc droit à vos premiers sentiments, à tous vos soins ; et moi, qui ne fus votre compagne que dans les temps difficiles, je ne puis exiger qu'une place bien éloignée de celle qu'occupe l'impératrice Marie-Louise dans votre affection. Ce ne sera donc qu'après avoir embrassé votre fils que vous prendrez la plume pour causer avec votre meilleure amie...
C'est de vous que je désire savoir si votre enfant est fort, s'il vous ressemble, s'il me sera un jour permis de le voir ; enfin, c'est une confiance entière que j'attends de vous et sur laquelle je crois avoir le droit de compter, en raison de l'attachement sans borne que je vous conserverai tant que je vivrai...


A minuit, un courrier spécial emporta la lettre à Paris. Et, le lendemain, Joséphine reçut le billet de l'empereur :

Mon amie, j'ai reçu ta lettre ; je te remercie.
Mon fils est gros et très bien portant. J'espère qu'il viendra bien.
Il a ma poitrine, ma bouche et mes yeux, j'espère qu'il remplira sa destinée.


Et pour consoler un peu son ancienne compagne, il avait ajouté :

Je suis toujours très content d'Eugène. Il ne m'a jamais donné aucun chagrin...
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MORGANE

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MessageSujet: Re: NAPOLEON ET LES FEMMES   NAPOLEON  ET LES FEMMES - Page 12 EmptySam 11 Aoû - 18:19

cette partie me semble plus facile
ou bien je deviens meilleure !!!!
Very Happy
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MessageSujet: NAPOLEON ET LES FEMMES   NAPOLEON  ET LES FEMMES - Page 12 EmptySam 11 Aoû - 19:32

Tu deviens meilleure, Morgane !... Very Happy Wink
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MORGANE

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MessageSujet: Re: NAPOLEON ET LES FEMMES   NAPOLEON  ET LES FEMMES - Page 12 EmptySam 11 Aoû - 20:02

ouiiiii merci!
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MessageSujet: NAPOLEON ET LES FEMMES   NAPOLEON  ET LES FEMMES - Page 12 EmptyDim 12 Aoû - 19:49

Ces dernières lignes avaient profondément touché Joséphine. Elle les fit lire à Mme d'Arberg.

- L'empereur m'aime encore, lui dit-elle. Voyez comme il est bon d'associer Eugène à son fils et d'en parler comme s'il était vraiment nôtre...


Bouleversée par la gentillesse de Napoléon, elle alla pleurer de bonheur dans la chambre de Mme Gazzani, ancienne maîtresse de l'empereur, dont elle avait fait sa dame d'atours pour pouvoir s'entretenir sans aucune restriction des divers talents de son ex-mari. Et, longtemps, les deux femmes évoquèrent avec émotion les moments enivrants où, les trompant réciproquement, Napoléon les mettait chacune dans son lit...
Après quoi, Joséphine alla retrouver son amant, le jeune Théodore de Turpin-Crissé, dont le titre de chambellan recouvrait des fonctions extrêmement étendues...

Ce jeune homme de vingt-neuf ans était un peintre de talent que l'impératrice avait attaché à son service intime depuis deux ans, et qui se trouvait être indirectement à l'origine du divorce impérial
.

La comtesse de Kielmansssegge - ravissant agent secret de l'empereur - écrit en effet dans ses Mémoires :

"Le divorce de Napoléon et de Joséphine ne laissait pas de me causer une assez profonde émotion, bien que je susse qu'aucune sorte de considération n'aurait été assez forte pour décider l'empereur à un acte d'une aussi exceptionnelle gravité pour lui-même et pour Joséphine si celle-ci se fût comportée à l'égard de son époux comme son âge et sa dignité lui en faisaient le devoir.
"Nous n'étions que quelques-uns à savoir que pendant l'absence de l'empereur, et malgré le sincère attachement qu'elle éprouvait pour lui, Joséphine entretenait une liaison secrète, comme elle en avait du reste l'habitude, avec l'un des plus jeunes chambellans de sa maison, M. Turpin-Crissé.
"Ses ennemis personnel ne manquèrent pas d'envoyer à l'empereur des preuves de sa trahison, et c'est très certainement ce qui lui donna, à lui, le courage de dompter son coeur."


Depuis la répudiation, le jeune aristocrate suivait Joséphine pas à pas, toujours prêt à lui donner sur un canapé ou sur une carpette le calmant dont elle avait un besoin constant. Son ardeur, en effet, était si grande que M. de Bouillé nous dit qu'"il lui arrivait de se trousser entre deux portes et de demander à son chevalier de la servir debout, adossée au mur"...

Au début de 1810, le duc de Mecklembourg-Schwerin étant venu demander la main de Joséphine, M. de Turpin-Crissé avait craint pour sa situation. Mais l'impératrice entendait conserver la pension que lui versait Napoléon, et le duc était reparti la main vide...
Alors, le beau Théodore avait suivi sa dame à la Malmaison, à l'Elysée, à Navarre, à Genève, à Chamonix, à Aix, en accomplissant consciencieusement, trois ou qutre fois par jour, le savoureux labeur pour lequel il avait été engagé...
Un tel effort méritait une récompense. En 1811, Napoléon, qui connaissait le tempérament de Joséphine, nomma M. de Turpin-Crissé baron de l'Empire
...
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MARCO

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MessageSujet: Re: NAPOLEON ET LES FEMMES   NAPOLEON  ET LES FEMMES - Page 12 EmptyDim 12 Aoû - 20:22

study
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MessageSujet: NAPOLEON ET LES FEMMES   NAPOLEON  ET LES FEMMES - Page 12 EmptyDim 12 Aoû - 22:15

Quelle concentration, Marco ! ............... Very Happy
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MessageSujet: NAPOLEON ET LES FEMMES   NAPOLEON  ET LES FEMMES - Page 12 EmptyDim 12 Aoû - 23:09

Tu sais, Morgane, il est possible qu'en effet, tu comprennes mieux les textes. Je t'explique : quand j'ai débarqué au Pérou, fraîchement licenciée en espagnol, j'avais du mal à comprendre les autochtones. Hé oui ! le littéraire est loin du parler populaire ! Alors je m'obligeais à écouter les infos du soir, à la télé.
En quelques mois, je parlais et comprenais tout, contrairement à mes collègues français, qui, justement français et méprisants, refusais de parler la langue de Cervantès, lors de nos conseils de classe.
Les professeurs péruviens étaient tenus de s'exprimer en français, selon les détachés
.

Tu sembles être une jeune femme sérieuse et profondément motivée. Si les Histoires d'amour de l'Histoire de France peuvent t'aider à mieux comprendre notre langue, c'est pour moi un réel plaisir de te les faire découvrir...... Wink
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epistophélès

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MessageSujet: NAPOLEON ET LES FEMMES   NAPOLEON  ET LES FEMMES - Page 12 EmptyLun 13 Aoû - 20:20

En 1816, un pamphlet, intitulé Le Moniteur secret ou Un tableau de la Cour de Napoléon, vint jeter le trouble dans certains esprits faibles. L'auteur - anonyme - y racontait, avec un grand luxe de détail, une visite faite par Napoléon à Joséphine en 1811.
Nous lui laissons la parole :

"Ce jour-là, écrit-il, l'empereur arriva sans escorte à la Malmaison. En le voyant entrer, Joséphine s'avança précipitamment, puis s'arrêta, fort émue.

" - J'ai voulu vous revoir, dit Napoléon, pour vous montrer que la politique ne me fait pas oublier mon affection. Les intérêts de ma dynastie sont assurés : maintenant je renonce à ces précautions qui blessent autant mon pouvoir que mon repos.

"Les deux anciens époux s'assirent alors sur un sopha pour évoquer des souvenirs. Au bout de quelques instants, Napoléon regarda Joséphine d'un air fort amoureux et lui dit :


" - Savez-vous que jamais vous n'avez été mieux ?

"L'impératrice sourit tristement :

" - Oh ! je sais bien que le chagrin et l'isolement m'ont cruellement changée.
" - Non, Joséphine ! Et vous m'intéresez au plus haut point. Ah ! si vous n'étiez pas le fruit défendu...
" - Eh bien !
" - Mais, n'ai-je pas toujours mes droits ?
" - Auxquels vous avez renoncé !
" - Que je puis faire revivre.
" - Que je ne vous laisserai pas reprendre. Grand Dieu ! Et votre religion ? Et vos serments ?
" - La religion ? Les serments ? Croyez-vous donc à tout cela ? D'ailleurs, n'étais-je pas votre époux ? Puis-je cesser de l'être ?
" - Mais le divorce ?
" - Chose de convenance. Au reste, attendez. Nous allons avoir sur cela quelque solution théologique.
Holà ! Roustant ! N'y a-t-il pas dans l'antichambre, un cardinal et un archevêque ? Que l'on m'amène aussitôt ce que l'on pourra trouver de ces gens-là.


"Quelques minutes passèrent et l'on annonça l'archevêque de Malines et le cardinal Maury. Joséphine couvrit de ses deux mais la rougeur feinte ou vraie de son front.

" - Venez, messieurs, leur dit l'empereur, dissiper les scrupules de Madame. Elle prétend que le divorce a détruit tous mes droits sur elle. Elle parle d'adultère, de fornication et de je ne sais quelles autres fadaises dont, auparavant, elle ne m'avait jamais fatigué.

"Le cardinal Maury baissa les yeux et garda le silence. M. de Malines lorgna, en tapinois, (par en dessous, hypocritement) la timide Joséphine et ne dit rien. Alors, Napoléon perdit patience et s'écria :

" - Et bien ! messieurs les docteurs, la question est-elle trop délicate pour vos chastes oreilles ?
" - Sire, dit Mgr de Malines, l'Eglise !
" - Pas d'Eglise ! C'est moi qui suis l'Eglise !


"Le cardinal s'inclina :

" - Dans ce cas, Sire, nous n'avons pas à délibérer puisque votre volonté nous est connue.

"Napoléon frappa du pied avec violence :


" - Délibérez, vous dis-je, non pas pour moi, puisque je sais à quoi m'en tenir, mais pour calmer les scrupules de Madame.

"Les prélats se retirèrent. Mais ils n'eurent pas le temps de résoudre le problème épineux qui leur était proposé car, dix minutes plus tard', l'empereur, essoufflé et mal reboutonné, sortit brusquement du salon et les informa qu'il n'avait plus besoin de leur décision..."

Ce récit est-il besoin de le dire, relève de la plus haute fantaisie. Imagine-t-on, en effet, l'ardent Joséphine refusant de se donner à Napoléon pour des raisons de morale, et celui-ci alertant des prélats pour les entretenir de ses intentions érotiques ?
Tout cela est invraisemblable.
Il s'est trouvé, cependant, des historiens pour accorder foi à ce pamphlet et prétendre, très sérieusement, que Napoléon avait continué d'être l'amant de Joséphine après son mariage avec Marie-Louise.

Aujourd'hui, une telle accusation n'est plus soutenue que par des auteurs légers. Pourtant, si les "mémoires" de témoins irréfutables établissent, de façon formelle, que l'empereur n'eut aucune relation galante avec son ex-épouse, il n'en demeure pas moins vrai qu'il allait parfois la voir en cachette de Marie-Louise...
Au cours de ces rapides entrevues, Napoléon et Joséphine se promenaient dans le parc en bavardant tendrement, et leur attitude "n'avait rien qui pût choquer la pudeur". Ils évoquaient quelques souvenirs et s'entretenaient de leurs sosucis respectifs. C'est alors que l'incorrigible Créole en profitait pour parler de ses dernières dettes.
L'empereur grondait un peu pour la forme, mais finissait toujours par dire :


- Envoie-moi tous les papiers, je ferai régler cela par le Trésor de la Couronne...

(Malgré ses trois millions de pension annuelle (un milliard et demi de nos anciens francs, Joséphine avait, en 1811, un million de dettes ((500 millions de nos anciens francs))...
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MessageSujet: Re: NAPOLEON ET LES FEMMES   NAPOLEON  ET LES FEMMES - Page 12 EmptyMar 14 Aoû - 9:33

Aaahh ces femmes ! Toutes des dépensières !
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MessageSujet: Re: NAPOLEON ET LES FEMMES   NAPOLEON  ET LES FEMMES - Page 12 EmptyMar 14 Aoû - 13:07

Aaahh ces hommes ! Tous des généralisateurs !
lol!
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MessageSujet: NAPOLEON ET LES FEMMES   NAPOLEON  ET LES FEMMES - Page 12 EmptyMer 15 Aoû - 20:09

Naturellement, Marie-Louise finit par être informée des voyages clandestins que faisait Napoléon à la Malmaison. Elle s'en montra jalouse.
La petite archiduchesse était -elle donc devenue amoureuse du "Corsicain" ?
Elle le croyait. Au point qu'après la naissance du roi de Rome, elle avait écrit à son père :


Je n'aurais jamais cru que je serais si heureuse. Depuis la naissance de mon fils, mon amour pour mon mari n'a fait que croître, et je ne puis me rappeler sa tendresse sans verser des larmes. Si ne ne l'avais aimé auparavant, je ne pourrais manquer de l'aimer à présent.
Je vous enverrai le portrait du petit et vous verrez comme il ressemble à son père. Il est en parfaite santé et passe toute la journée dans le jardin. L'empereur s'intéresse étonnamment à lui. Il le porte dans ses bras, joue avec lui et l'a déjà rendu malade en le faisant manger
...


Oui, Marie-Louise croyait aimer Napoléon. Elle se réjouissait d'être près de lui, admirait son autorité, recherchait ses caresses, détestait, a priori, toutes les femmes qui pouvaient l'approcher et s'inquétait de la présence de Joséphine à quatre lieues de Paris. Et pourtant, la haine qu'elle avait si longtemps nourrie demeurait intacte au fond d'elle-même et la faisait agir inconsciemment. Ainsi, comme nous le dit Alexandre Mahan, qui a merveilleusement analysé le caractère de Marie-Louise, "deux esprits l'animaient" :

"L'un la poussait à être une épouse et une mère aimantes ; l'autre à être une mauvaise fée ; l'un entraînait à rendre Napoléon heureux, l'autre à le plonger dans la ruine ; l'un voyait en lui un mari affectueux et un père dévoué, l'autre le considérait comme l'Esprit de la Révolution qui avait asassiné sa double grand-tante Marie-Antoinette, torturé le dauphin jusqu'à la mort ( Rolling Eyes , ignorante !), le démon qui avait cruellement humilié son "cher papa", emprisonné le pape, emprisonné le pape, détruit le Saint-Empire romain germanique, le conquérant sans pitié qui avait couvert de tombes toute l'Autriche et rempli le pays de veuves et d'orphelins."


La première action détestable de la "mauvaise fée" fut d'éloigner Napoléon de son travail. Douce, sensuelle, ronronnante, elle le retint dans son lit, le caressa, le fatigua, l'amollit. En quelques mois, le terrible maître du monde fut transformé en un petit bourgeois pantouflard qui préférait la tiédeur d'une chambre aux aléas d'un bivouac et une partie de bézigue (ou : bésigue : partie de cartes) aux joies plus farouches d'un beau carnage militaire.

Ecoutons encore Alexandre Mahan :


"Les mémorialistes du temps nous disent que, pendant plusieurs mois après son mariage, Napoléon n'accorda plus aucune attention aux affaires de l'Etat.
Auparavant, c'était un bourreau dee travail, restant de longues heures à son bureau, se couchant à dx heures et se levant à deux pour reprendre ses dossiers et ses cartes. Après son mariage, il changea entièrement ses habitudes, restant au lit très tard le matin ; il avait perdu sa grande activité.
"A Sainte-Hélène, il arriva à Napoléon de parler de ce changement et de la négligence de ses devoirs dans la période qui suivit son mariage ; il s'en excusait en disant que, nouvellement marié à une jeune femme de l'aristocratie, il avait bien le droit de se réchauffer un peu à ses charmes. Il oubliait que sa situation n'était pas celle du commun des mortels : son poste était celui de geôlier de l'Europe, dont la moitié au moins attendait et surveillait le moment de s'échapper et de briser ses chaînes. Le moindre reelâchement devait lui être fatal."
(1)

En effet, pendant qu'il était ainsi absorbé par sa jeune épouse, l'Espagne lui échappait complètement, la Prusse et l'Autriche s'alliaient en secret avec la Russie, et la Suède, livrée à Bernadotte, se jetait dans les bras du tsar...
A cause d'une femme trop tendre, Napoléon alalit perdre son Empire...

(1)ALEXANDRE MAHAN, Marie-Louise. La Némésis de Napoléon.


Némésis : déesse grecque de la vengeance.
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MessageSujet: NAPOLEON ET LES FEMMES   NAPOLEON  ET LES FEMMES - Page 12 EmptyMer 15 Aoû - 20:27

EMILIE PELLAPRA ETAIT-ELLE LA FILLE DE NAPOLEON ?



Ce doute, toujours ce doute ! - RAYMOND DEVOS -




LA vie familiale que Marie-Louise lui faisait mener n'avait retiré à Napoléon qu'une part de son activité.
S'il négligeait les affaires de l'Etat, en revanche, il continuait d'être très attiré, comme avant, par tous les jupons qu'il rencontrait...
Etat d'esprit que Constant résume par cette phrase savoureuse : "Il ne se piquait guère plus que du temps de Joséphine de pousser jusqu'au scrupule la fidélité conjugale..."


En avril 1811, Bausset, qui était le surintendant des plaisirs impériaux, vint dire à Napoléon qu'un de ses rabatteurs habituels, le général Loison (non pas Loidon ; n'est-ce pas Domi ?... Razz geek ), avait découvert à Bourg-la-Reine une ravissante jeune fille de dix-sept ans, aux appas bien dessinés...
L'empereur, alléché, demanda des détails. Bausset fut lyrique :


- Elle s'appelle Lise Lebel, elle est brune, élancée, et possède dans son corsage deux adorables seins dont sa maman m'a garanti la fraîcheur et la belle tenue... ( pfffffffff Rolling Eyes tongue )
Le tableau avait du charme. Napoléon appela Constant et l'envoya sur-le-champ à Bourg-la-Reine chercher cette séduisante personne.


"Ma visite, raconte celui-ci, ne causa aucune surprise, et je vis que ces dames avaient été prévenues, sans doute par leur obligeant patron (le général Loison), car elles m'attendaient avec une impatience qu'elles ne cherchèrent point à dissimuler.
"La jeune personne était éblouissante de parure et de beauté, et la mère rayonnait de joie à la seule idée de l'honneur destiné à sa fille (comme les temps changent ! à cette époque, prostituer son enfant était un honneur immense ... Razz Razz ). Je vis bien que l'on s'était figuré que l'empereur ne pouvait manquer d'être captivé par tant de charmes, qu'il allait être pris d'une grande passion...

" - Mon Dieu ! Mon Dieu ! disait Mme Lebel, que le ciel est bon pour nous !"
tongue

Napoléon la fera comtesse. Elle ira le rejoindre, lors de son exil à l'île d'Elbe, pour le soutenir.
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MessageSujet: NAPOLEON ET LES FEMMES   NAPOLEON  ET LES FEMMES - Page 12 EmptyJeu 16 Aoû - 19:41

Après avoir embrassé sa fille et lui avoir recommandé d'être bien gentille avec l'empereur, la brave femme se jeta sur un prie-Dieu et récita une dizaine de chapelets en action de graces...
Alors, Constant fit monter Lise dans la voiture et la ramena au château de Saint-Cloud, où Napoléon calmait son aimpatience en prenant un bain très chaud.
Ils arrivèrent à onze heures du soir, sous une pluie battante.

"Nous entrâmes par l'Orangerie, écrit Constant, dans la crainte de regards indiscrets. Comme d'ailleurs, j'avais les passe-partout de toutes les portes du château, je la conduisis sans être remarqué jsuque dans la chambre de l'empereur."

Napoléon fut émerveillé en voyant Lise.

- Vive Bourg-la-Reine ! s'écria-t-il.


Constant s'éclipsa. Aussitôt, l'empereur fit asseoir la jeune fille sur un canapé et, le plus poliment qu'il put, lui demanda si elle était encore vierge.
Lise baissa la tête et assura qu'elle l'était. Le visage de Napoléon se rembrunit. Il avait horreur de cela.
Pour lui, le plaisir ne devait être le fruit d'aucun effort, et l'idée de "peiner" pour connaître la volupté "réduisait ses désirs".

- Je n'aime pas beaucoup les vierges, dit-il avec un sourire crispé.

Lise se vit perdue. Elle éclata en sanglots et avoua qu'une de ses cousins lui avait pris son "avantage" en moissonnant les blés.
Napoléon fut soulagé.

- Je préfère cela, dit-il........
(co....d scratch )

Puis il déshabilla rapidement la jeune fille, la porta sur son lit et fit en sorte qu'elle eût l'impression d'être revenue au temps des moissons...
Au bout de trois heures, il eut soudain l'envie d'être seul. Il appela Constant :

- Reconduis mademoiselle !

Lise ne s'attendait pas à être jetée dehors après usage.

- Il est deux heures du matin, dit-elle.

L'empereur prit un air sévère :

- A cette heure-là, dit-il, une demoiselle qui a bon genre doit être rentrée chez sa mère. (quel mufle ! passske suis polie).

Et il tourna les talons.


Constant, malgré la pluie qui tombait toujours à verse, reconduisit alors la jeune fille à Bourg-la-Reine. Il était cinq heures du matin lorsqu'il frappa à la porte de Mme Lebel. En voyant qu'on lui ramenait sa fille, la brave femme fut effondrée.
Lise lui sauta au cou :

- Ne pleure pas, maman, l'empereur m'a fait la chose trois fois...

Mme Lebel joignit les mains :

- Merci, mon Dieu ! Rolling Eyes dit-elle. J'ai eu tellement peur...

Dans la semaine qui suivit, Napoléon fit chercher Lise à plusieurs reprises et la combla de cadeaux. Mais il n'eut jamais pour elle cette passion qu'espérait pieusement la bonne Mme Lebel
.
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MessageSujet: NAPOLEON ET LES FEMMES   NAPOLEON  ET LES FEMMES - Page 12 EmptyJeu 16 Aoû - 20:12

Le 22 MAI 1811, les souverains, qui étaient installés depuis quelques semaines au château de Rambouillet, partirent faire un petit voyage en Normandie.
A Caen, une fête champêtre fut donnée en lhonneur de l'impératrice. Dix-neuf jeunes femmes, choisies parmi les plus jolies de la ville, lui présentèrent des corbeilles de fleurs et de fruits en chantant une dantate dont les paroles étaient d'une aimable niaiserie :


Voici, voici nos coeurs, au milieu de ces fleurs,
Pour Votre Majesté et pour notre empereur.
Voici, voici nos coeurs au milieu de ces pommes,
Pour Votre Majesté et pour le roi de Rome
.


Ensuite, nous dit-on, "parut un jeune enfant porté sur un riche brancard où étaient placées deux barriques dorées, remplies l'une de cidre et l'autre de lait ; il en descendit avec deux coupes de cristal pour faire, aux pieds de Sa Majesté, les libations de ces productions régionales. Puis il dit un poème."
Cet enfant était une petite fille de qutre ans, nommée Emilie Pellapra. Charmée par sa grâce, Marie-Louise l'embrassa et lui fit remettre une belle montre à son chiffre.


Après la fête, tandis que l'impératrice regagnait l'hôtel d'Hautefeuille, rue Guibert, où elle logeait, la petite Emilie retrouva sa maman, qui la confia à une bonne. Mme Françoise Pellapra, gracieuse épouse du receveur des Finances du Calvados, n'avait pas le temps, en effet, de s'occuper de la fillette. Un rendez-vous important lui avait été fixé. Elle se perdit dans la foule, prit de petites rues et arriva devant une maison qu'entourait une garde discrète. D'un pied léger, elle gravit trois marches. Un chambellan lui ouvrit la porte et l'accompagna respectueusement jusqu'à un salon où se trouvait Napoléon...
Dès qu'il furent seuls, l'empereur la prit dans ses bras.

- Nous n'avons qu'un quart d'heure, dit-il.


La jeune femme ne se formalisa point. Elle retira ses souliers, se coucha sur le canapé, releva sa robe candidement, " et offrit sa bergamote à Napoléon. Celui-ci vint montrer avec fougue l'intérêt qu'il portait à l'objet", et M. le receveur des Finances du Calvados, une fois de plus, fut cocu...
Car l'empereur était l'amant de Mme Pellapra depuis quelques mois déjà.
C'était donc par la fille de sa maîtresse qu'il avait fait réciter un poème à Marie-Louise...
Curieuse idée, on en conviendra
...
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Martine

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MessageSujet: Re: NAPOLEON ET LES FEMMES   NAPOLEON  ET LES FEMMES - Page 12 EmptyVen 17 Aoû - 6:39

Sa bergamote ? Shocked



Y a Morgane qui va encore avoir du mal à traduire !

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MessageSujet: Re: NAPOLEON ET LES FEMMES   NAPOLEON  ET LES FEMMES - Page 12 EmptyVen 17 Aoû - 9:40

Bah, quand on veut nommer les organes génitaux, masculins ou féminins, n'importe quel mot suffit, le contexte fait le reste. Essayez ! comme il avait des morpions, il se gratta les fauteuils. Elle portait une ceinture de chasteté afin de protéger l'accès à son mur. lol!
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MessageSujet: Re: NAPOLEON ET LES FEMMES   NAPOLEON  ET LES FEMMES - Page 12 EmptyVen 17 Aoû - 18:07

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MessageSujet: NAPOLEON ET LES FEMMES   NAPOLEON  ET LES FEMMES - Page 12 EmptySam 18 Aoû - 20:14

Napoléon avait rencontré pour la première fois Mme Pellapra le 25 février 1810 au al donné par le ministre des Affaires étrangères d'Italie, Marescaldi, et s'était senti fort troublé à la vue d'une gorge dont on nous dit "qu'elle donnait des picotements au creux des mains les plus honnêtes".
Dès son retour aux Tuileries, il avait appelé Bausset :

- Renseignez-vous. Il faut m'amener cette femme !

Le "surintendant des plaisirs impériaux", ayant effectué une rapide enquête, avait appris que Mme Pellapra, née Françoise Leroy, était une Lyonnaise de vingt-six ans qui avait épousé en 1805 M. Leu-Henry-Alain Pellapra, banquier de trente trois ans dont elle avait une fille depuis le 11 novembre 1806.
En juin 1808, M. Pellapra, entraîné dans la chute de la maison Ouvrard, avait dû fermer sa banque de Lyon.
Fort heureusement, Fouché, dont la jolie Françoise était la maîtresse, lui avait fait obtenir la recette des Finances à Caen. Les deux époux vivaient dans le Calvados depuis le mois de décembre 1808.
Ayant rapporté ces détails à Napoléon, Bausset s'était incliné en souriant :

- Je dois dire encore à Votre Majesté qu'avant Fouché, Mme Pellapra avait été la maîtresse d'Ouvrard et de quelques autres...
Ce qui était apparu à l'empreur comme une précision de bon augure...


Quelques jours plus tard, Françoise avait été amenée aux Tuileries par Bausset, mais s'était fait désirer sans rien accorder. Le lendemain, Napoléon l'avait fait revenir, bien décidé, cette fois, à la savourer de gré ou de force... Ecoutons la jeune femme nous conter elle-même cette seconde et capitale rencontre :

"Je portais un fourreau de soie rose qui moulait mon corps jusqu'aux épuales et laissait à mes membres leur souplesse et leur liberté. Cette fois, l'empereur n'essaya plus de réfréner sa passion. Il me dit tout son amour et mit tant d'ardeur dans ses paroles que le thé refroidit sur le guéridon... Il se jeta à mes pieds. La sensualité qui se dégageaut de son regard m'étourdit et me grisa... Il me prit les lèvres... Son impétuosité était pour moi une chose nouvelle et me surprit. Je fermai les yeux. Mon coeur battait précipitamment. Je ne pus me défendre que bien faiblement... L'empereur ne pouvait quitter des yeux ma chair fascinante et ombrée, qu'il caressait... Il soupira longuement. Ses mains enveloppèrent ma poitrine, mes seins, puis descendirent peu à peu le long de mes hanches...
"La suite fut étourdissante, inconfortable, brutale, mais délicieuse... Napoléon avait su trouver les caresses qu'il fallait. Vaincue, je cédai. Alors un double sanglot de volupté et un gémissement réciproque ne tardèrent pas à ponctuer nos ébats dans cette étreinte passionnée et profonde..."


La fin du séjour à Paris de Mme Pellapra avait été illuminée par les rendez-vous de l'empereur. Presque tous les jours, pendant plus d'un mois, elel était venue dans les appartements secrets des Tuileries connaître les frissons de l'adultère mondain en compagnie du maître de l'Europe. Mais les joies humaines sont éphémères, et, à la fin d'avril, elle avait dûr regagner Caen, où son mari commençait à s'impatienter.

C'est là que Napoléon venait de la retrouver après un an de séparation.

Ils ne devaient se revoir qu'en avril 1814 à Lyon, lors du retour de l'île d'Elbe. Françoise, ayant sollicité une entrevue, eut le bonheur de se voir bousculer sur un sopha et maltraiter comme au premier jour
...
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MessageSujet: NAPOLEON ET LES FEMMES   NAPOLEON  ET LES FEMMES - Page 12 EmptyLun 20 Aoû - 15:04

Cette liaison qui se terminait dans le tumulte de la reconquête du trône, devait être à l'origine d'une curieuse fable.
Après la mort de M. Pellapra, survenue en 1852, un bruit étrange commença à courir dans la famille de Françoise. On murmurait qu'Emilie - qui avait épousé en 1830 le prince de Caraman-Chimay, fils de l'ex-Mme Tallien - était la fille naturelle de Napoléon.
Pressée de questions par ses descendants, Mme Pellapra, alors âgée de soixante-dix ans, prit des airs d'enfant coupable et raconta qu'elle avait rencontré pour la première fois Napoléon à Lyon, en mars 1808, que l'empereur "l'ayant vue, désirée et un instant aimée", elle avait conçu de lui une fille , née - non pas le 11 novembre 1806, mais le 11 novembre 1808.
Une aussi belle histoire émerveilla la famille, qui se la transmit avec un touchant orgueil. ET, en 1921, la princesse Bibesco, qui avait pour belle-mère la princesse Valentine, née Caraman-Chimay, propre fille d'Emilie - publia un article dans la Revue des Deux Mondes pour révéler aux historiens éberlués l'existence de cette fille de Napoléon.


Deux mois plus tard, la princesse Bibesco publiait les Mémoires de Françoise Pellapra, préfacés par Frédéric Masson. Le grand spécialiste de l'histoire napoléonienne souscrivant aux affirmations de la famille de Caraman-Chimay, racontait qu'en 1890, la princesse Mathilde trouvait à Emilie une grande ressemblance avec l'empereur...
Il ajoutait que pour son beau-frère, M. Lefèbre de Béhaine, diplomate distingué, l'origine d'Emilie ne faisait point de doute, et confirmait que l'enfant était bien née le 11 novembre 1808.
Tant d'assurance de la prat d'un historien dont la prole faisait autorité, permit de considérer la filiation d'Emilie comme un fait acquis. Celle-ci, nous dit André Gavoty, "semblait devoir, pour la postérité, prendre place entre le comte Léon, né en 1806, et le comte Walewski, né en 1810, dans la descendance naturelle, mais authentique de Napoléon Ier".


Or, il y a quelques années, deux érudits lyonnais, MM. Audin père et fils, firent une découverte capitale qui détruit irrémédiablement la légende créée par Françoise Pellapra. Il s'agit de l'acte de naissance d'Emilie.
Le voici : "Le 12 novembre mil huit cent six... a comparu Leu-Henry-Alain Pellapra, banquier, quai Saint-Clair, 25, lequel a présenté un enfant du sexe féminin, né hier matin à six heures, de lui, comparant, et de Françoise-Marie Leroy, son épouse, auquel enfant on a donné le prénom d'Emilie-Louise-Marie-Joséphine..."

Emilie est donc bien née en 1806. Or, cette année-là, Napoléon n'est pas allé à Lyon.
Autre erreur : la princesse Bibesco écrit : "Une chose est certaine : M. Pellapra refuse de reconnaître l'enfant que la loi lui donne."


L'acte civil dément formellement cette affirmation.
Il serait fastidieux de relever ici toutes les inexactitudes qui se trouvent dans le récit de la princesse Bibesco. Elles fourmillent.
Qu'on sache seulement qu'il n'est plus possible, après la découverte de MM. Audin et les études minutieuses de l'éminent historien M. André Gavoty, de croire qu'Emilie Pellapra était la fille de l'empereur.
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MessageSujet: NAPOLEON ET LES FEMMES   NAPOLEON  ET LES FEMMES - Page 12 EmptyLun 20 Aoû - 15:24

D'ailleurs, avant 1860, personne ne fit jamais allusion à l'existence d'une bâtarde impériale. Et lorsqu'un écrivain de l'époque se pencha sur la vie des Pellapra, il se contenta d'écrire :

"Ce Pellapra à douze millions, il avait une fort jolie femme, très coquette sous l'Empire et la Restauration.
En 1815, elle était la maîtresse du duc de Berry... Mme Pellapra avait eu Ouvrard, puis Fouché, puis Murat, et, enfin, Napoléon. C'était comme une échelle à laquelle elle montait. L'empereur ne la garda que six semaines." (VICTOR HUGO, Choses vues
.)

"Or, nous dit M. André Gavoty, ces lignes indiscrètes ne sont pas les ragots d'un obscur pamphlétaire, elles sont signées Victor Hugo, et figurent dans les Choses vues. Ce ne sont pas, en outre, de simples on-dit, car Victor Hurgo, pair de France, était alors appelé à juger devant la Chambre des Pairs, érigée en Haute Cour, M. Pellapra, inculpé d'avoir obtenu de M. Teste, naguère (autrefois) ministre, et pour quatre-vingt-quinze mille francs, l'attribution d'une concession minière. Victor Hurgo avait donc à sa disposition tous les documents de l'instruction menée contre M. Pellapra, alors en fuite, et que sa femme devait si utilement défendre."

Si Emilie avait été la fille de Napoléon, Victor Hugo l'eût appris et nous l'eût conté avec gourmandise...
Or, il n'en a rien fait
...
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MessageSujet: NAPOLEON ET LES FEMMES   NAPOLEON  ET LES FEMMES - Page 12 EmptyLun 20 Aoû - 15:42

LA DUCHESSE DE BASSANO EST RESPONSABLE DE LA DISGRÂCE DE TALLEYRAND



A chaque tournant de la vie de M. de Talleyrand, il y a une femme - M. DE BOUILLE -



A la fin de 1811, d'un bout à l'autre de l'Europe, les peuples commencèrent à se soulever contre Napoléon.
L'édifice qu'il avait essayé de construire craquait de toutes parts, et déjà certains esprits clairvoyants annonçaient la catastrophe finale.
Pendant ce temps, l'empereur, toujours aussi soumis aux caprices de son épouse, passait ses soirées à jouer à colin-maillard ou au furet du bois joli...
Le 2 décembre, il reçut un long rapport de Davout sur l'état menaçant des esprits en Allemagne. Agacé, il répondit :

Je vous prie de ne pas me mettre de semblables rapsodies sous les yeux. Mon temps est trop précieux pour que je le perde à m'occuper de pareilles fantaisies.

Puis il alla faire sa partie habituelle avec l'impératrice et quelques amis.
Ce soir-là, Marie-Louise avait organisé un jeu de Pigeon vole, Napoléon ayant levé par plaisanterie, la main au mot "ministre", fut condamné à une "pénitence".
On lui demanda de faire "le chevalier à la triste figure", c'est-à-dire de s'asseoir dans un fauteuil et de recevoir sur ses genoux une dame qu'un autre joueur venait embrasser.
Il joua ce rôle en simulant une profonde jalousie qui fit rire l'assemblée.
Puis il demanda, en réparation de la brimade qu'elle lui avait infligée, que Marie-Louise voulût bien montrer un talent de société.

L'impératrice n'en avait qu'un ; mais elle en était fière. Elle se leva, jeta un regard reconnaissant à Napoléon et remua son oreille gauche sans bouger aucun muscle de sa face
(p'être une ascendance canine... tongue )

Ce spectacle stupéfia l'assistance. Au point que Marie-Louise dut recommencer deux fois.

- Encore ! Encore ! disaient les invités enthousiasmés.

Mais l'impératrice, que l'exercie fatiguait, demanda grâce.
Puis elle reprit le jeu et donna une pénitence à la jolie duchesse de Bassano, qui, étourdiment avait fait "voler" un escadron.

- Vous, lui dit-elle, vous devrez "embrasser le chandelier".

La jeune femme connaissait toutes les pénitences alors en vogue. Elle n'alla pas poser ses lèvres sur un bougeoir, comme l'avait fait, un soir, à la grande joie des dames de la Cour, la femme d'un receveur des Finances de Limoges. Elle prit une chandelle, la donna à Napoléon, qui, devenu "chandelier" vivant, reçut un long baiser...


Tout le monde applaudit, et l'impératrice rit beaucoup de la mine embarrassée de l'empereur. Sans doute se fût-elle moins amusée si elle avait vu les lueurs ironiques qui flottaient dans les regards. Tous les témoins de la scène savaient, en effet, que Mme de Bassano était, depuis plusieurs mois déjà, la maîtresse de Napoléon...
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MessageSujet: NAPOLEON ET LES FEMMES   NAPOLEON  ET LES FEMMES - Page 12 EmptyLun 20 Aoû - 20:02

Les fonctions que cette jeune femme, née Marie-Madeleine Lejeas, remplissait dans le lit impérial avaient largement contribué à améliorer la sitation de son mari. Celui-ci, Hugues-Bernard Maret, politicien médiocre, était devenu, grâce à elle, duc de Bassano et ministre des Relations extérieures (Affaires érangères).
Elle était, il est vrai, fort habile.
Pour plaire au maître, elle utilisait tous les moyens dont elle disposait. Au lit, se laissant aller aux instincts primitifs qui sommeillaient en elle, elle se montrait une infatigable bacchante, émerveillant Napoléon par des trouvailles d'un érotisme badin, et l'exténuant sous des caresses compliquées. A la Cour, elle se parait de robes moulantes dont le décolleté s'arrêtait à la pointe des seins. Dans son salon, sachant que l'empereur désirait voir les femmes s'occuper de leur intérieur, elle ourlait des torchons devant ses invités...


Au début de 1812, alors que Napoléon se préparait à entrer en guerre contre la Russie, les charmes de Marie-Madeleine allaient mettre l'Empire en péril. A ce moment, l'empereur, qui prévoyait combien la campagne serait dure, pensa à rappeler Talleyrand et à lui confier une mission délicate en Pologne. Il s'agissait d'aller à Varsovie pour diriger les affaires polonaises pendant son exépdition. Mme de Bassano dit échouer ce plan, qui eût peut-être changé le cours de l'Histoire.
Ecoutons Caulaincourt :

"Vers la fin de l'hiver (mars 1812), l'empereur avait mieux traité M. de Talleyrand. Il eut même plusieurs conversations avec lui. Un soir, il le garda fort tard, ce qui alarma beaucoup Mme de Bassano, qui le voyait déjà le successeur de son mari.


Informé des inquiétudes de la jeune femme, l'empereur convoqua Bassano et lui révéla les détails de la mission qu'il avait confiée à Talleyrand.

- Vous voyez, ajouta-t-il, que vous n'avez rien à craindre. Le prince de Bénévent va me servir auprès des Polonais, veiller sur Vienne et l'Allemagne, sans empiéter sur vos prérogatives. Il s'agit plus d'un travail d'agent secret que d'une activité de diplomate.
Quelques jours plus tard, Napoléon apprit que la mission dont il avait chargé Talleyrand faisait l'objet de toutes les conversations de salons. Furieux, il retira définitivement sa confiance au prince de Bénévent, qu'il croyait coupable de cette indiscrétion, et lança même contre lui un ordre d'exil.


Que s'était-il passé en réalité ?
M. de Bassano, mis au courant des intentions de l'empereur concernant M. de Talleyrand, était rentré chez lui très affecté et avait parlé à sa femme.
"Celle-ci, nous dit Caulaincourt, ne perdit pas de temps et pria un ami commun de divulguer la mission de Talleyrand comme ces détails de son intimité.
"La disposition d'esprit où était l'empereur à l'égard de M. de Talleyrand rendait sa perte facile. M. de Rambuteau, chambellan de l'empereur, fit circuler la nouvelle. L'empereur, instruit par ses polices du bruit des salons, fut furieux dontre le prince... M. de Bassano triompha et M. de Talleyrand, qui, ont peut le dire, évita miraculeusement l'exil, fut plus en disgrâce que jamais."

Cette disgrâce privait l'empereur d'un collaborateur précieux entre nous, au profit d'un homme dont la nullité allait être désastreuse pour la France.
Napoléon s'en aperçut trop tard et se confia à Caulaincourt, qui nota ses plaintes :


"L'empereur me parla des Turcs, des Suédois. Il se plaignait beaucoup de M. de Bassano. Il l'accusait d'imprévoyance. Il disait qu'il n'était pas servi, que le ministère des Relations n'allait au'autant qu'il le poussait ; que M. de Bassano ne pensait à rien ; qu'il fallait que tout vînt de lui : que la Suède devrait être en armes depuis trois mois pour profiter de l'occasion de reconquérir la Finlande ; que les Turcs devraient avoir deux cent mille hommes sur le Danube; qu'un autre que M. de Bassano leur aurait fait déployer l'étendard de Mahomet deux mois ; que ces deux puissances n'auraient jamais une aussi belle occasion de recouvrer ce que la Russie leur avait enlevé ; que leur inaction était une grande faute politique ; et que la prompte coopération de ces forces, dans ce moment, lui manquait par la faute de M. de Bassano ; qu'il en serait responsable à la France...

Ainsi la France se trouvait, une fois de plus, en danger à cause d'une femme trop jolie, trop ardent et trop ambitieuse.
..
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MessageSujet: NAPOLEON ET LES FEMMES   NAPOLEON  ET LES FEMMES - Page 12 EmptyMar 21 Aoû - 19:08

UNE FEMME EST LA CAUSE DE LA GUERRE FRANCO-RUSSE




La femme est un bienfait des dieux - ANATOLE FRANCE -



LES historiens austères qui refusent d'accorder la moindre importance aux femmes dans l'existence des Etats racontent volontiers que Napoléon et le tsar se brouillèrent en 1812 pour des raisons politiques.
Cette version officielle staisfait peut-être les économistes distingués, quelques vieux conservateurs des hypotèques et les professeurs sentencieux qui cherchent dans la vie une justification de leur propre gravité ; mais, pour les autres, ceux qui savent qu'à l'origine de presque tous les événements se trouve une femme, elle est nettement insuffisante.

Ce sont, bien entendu, ces incrédules qui ont raison.
Car le différend qui motiva la tension entre la Russie et la France, poussa Alexandre à rouvrir ses protes aux marchandises anglaises et Napoléon à entreprendre la plus désastreuse campagne militaire de notre histoire, a, en effet, pour cause quelques-unes de ces ravissantes "semeuses de discorde" dont parlait Saint-Simon.
L'empereur lui-même reconnaîtra un jour :

- Le tsar, dira-t-il, fut offensé, et nous sommes entrés en guerre parce que j'ai épousé une archiduchesse d'Autriche...


Il faut remonter à l'entrevue d'Erfurt pour trouver l'explication du désaccord franco-russe. A ce moment, Napoléon , séduit par le charme slavee, avait laissé entendre qu'il pourrait divorcer d'avec Joséphine et épouser une soeur du tsar.
Celui-ci s'était montré enthousiasmé, et, sans plus attendre, avait écrit à la grande-duchesse Catherine pour lui annoncer l'immense bonheur qui l'attendait. Hélas ! dès son retour en France, Napoléon s'était ravisé.

La petite princesse russe, qui, déjà, préparait son trousseau, avait appris ce revirement avec la fureur qu'on imagine. Habile, elle s'était employée aussitôt à faire partager son ressentiment au tsar. On la trouvait dans tous les salons, allongée sur un canapé ou sur un tapis, gémissant comme une forcenée. Parfois, elle simulait une syncope avec un art consommé de comédienne. Son chagrin était si bien imité qu'Alexandre, blessé dans son orgueil dynastique, n'avait pas tardé à traiter publiquement Napoléon de mufle et de gros porc, épithètes qui ne témoignaient pas d'une particulière sympathie. Enfin, il avait donné sa soeur en mariage au duc d'Oldenbourg...


"L'éternel motif de querelle sur la terre, la femme, écrit Alexandre Dumas, venait de semer la brouille entre les deux souverains. A partir de ce moment, tout le mal était fait. Un peu plus tard, Napoléon essaiera de gagner les bonnes grâces du tsar en lui proposant d'épouser sa plus jeune soeur (Anne), mais cela ne fera que compliquer les choses, qui ne tarderont pas à empirer.
La guerre entre la France et la Russie était dès ce moment presque inévitable."


Le mariage de Napoléon avec Marie-Louise n'avait fait, bien entendu, qu'aggraver la situation, à la grande joie de François Ier d'Autriche qui assistait à la réalisation de son plan.
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MessageSujet: NAPOLEON ET LES FEMMES   NAPOLEON  ET LES FEMMES - Page 12 EmptyMar 21 Aoû - 19:56

A la fin de 1811, l'empereur, qui avait été vexé par le mariage rapide de Catherine, annexa le duché d'Oldenbourg, privant ainsi de son petit territoire le mari de celle qu'il avait pensé épouser. D'où une irritation croissante de la famille impériale russe à l'égard de la France.
Devinant que les sentiments qu'il inspirait à Saint-Pétersbourg étaient rien mois qu'amicaux, Napoléon commença à masser quatre cent mille hommes à la fontière polonaise.
Le 25 avril 1812, il reçut du tsar un ultimatum lui enjoignant de retirer ses troupes. Il ne répondit pas ; mais, le 5 mai, accompagné de Marie-Louise, il partit brusquement pour Dresde...
Là, il fut reçu comme le suzerain de l'Europe par l'empereur d'Autriche, les rois de Prusse, de Bavière, de Saxe et une foule de princes venus l'assurer de leur dévouement.


Le spectacle de toutes ces couronnes qui s'inclinaient devant lui le gonfla d'orgueil. Il se crut invincible. Et, le 29 mai, tandis que François Ier partait s'installer à Prague avec sa chère fille retrouvée, il alla prendre le commandement de ses troupes contre la Russie.
Très vite Napoléon s'aperçut que les Russes se dérobaient à tout engagement sérieux.

- Ils ont peur ! disait-il.

Il s'agissait, en réalité, d'une machiavélique manoeuvre. Le tsar, en reculant, l'obligeait à s'enfoncer dans l'immense Russie où l'hiver allait se charger bientôt de geler sur place les soldats de la Grande Armée...


Les exploits héroïques des hommes au cours de cette terrible campagne ont été souvent relatés. Ceux des femmes sont moins connus. Elles étaient nombreuses, pourtant, dans les régiments, où leurs vertus ménagères étaient aussi utiles le jour que l'étaient la nuit, leurs talents amoureux. C'est pourquoi il m'a semblé intéressant de publier le témoignage de l'une d'entre elles, la fameuse Ida de Saint-Elme, qui était la maîtresse de Ney.
Cet extraordinaire document révèle un aspect ignoré de la campagne de Russie :


"Il y avait beaucoup de femmes à la suite de l'armée et j'eus le bonheur de trouver une amie dans une jeune Lithuanienne que son enthousiasme pour les Français avait élevée jusqu'à l'héroïsme. Elle avait donné au prince Eugène un avis très important sur la marche de Platow, ce qui avait valu à cette vaillante fille la reconnaissance et l'admiration des soldats.
"Nidia - c'était son nom - cédait cependant à une passion plus intime et plus secrète. Hélas ! Elle eut la douleur de perdre dans cette terrible campagne celui qui lui inspirait tant de courage. Un jour que je lui demandais ce qui la poussait au milieu de tant de dangers, elle me répondit :

- Les éloges du prince Eugène.
"Elle eût pu ajouter aussi : "Et l'amour que j'ai pour le général Montbrun."
"Je ne raconterai pas tout ce que nous eûmes à souffrir, tout ce que nous vîmes de courage et de persévérance dans cette terrible campagne.
"Nous voyagions quatre femmes ensemble, parmi lesquelles il n'y avait qu'une Française ; tour à tour en calèche, en traîneau, plus tard à pied, à cheval. Deux de ces malheureuses succombèrent.
"Nidia et moi, plus aguerries, nous résistâmes.
"Après une marche de trente lieues dans les marais preque impraticables, on nous fit faire halte dans un assez beau château.
"En entrant dans Moscou occupé enfin par nos troupes, cette ville immense nous apparut comme un vaste tombeau ; ses rues vides, ses édifices déserts, cette lolennité de la destruction serraient le coeur.
"Nous étions logées rue de Saint-Pétersbourg, près du palais Miomonoff, qui fut bientôt occupé par le prince Eugène. La vue de ce jeune héros, les acclamations des soldats dont il était adoré, nous rendirent toutes les illusions de la victoire. Nous nous étions endormies, vercées par de doux songes... Hélas, nous fûmes réveillées aux cris du pillage et de toutes les horreurs."


Le père de la comtesse de Ségur, le gouverneur Rostopchine, avait fait allumer mille incendies dans la ville et Moscou brûlait.

"Les portes de notre appartement, poursuit Ida de Saint-Elme, furent bientôt enfoncées par une troupe de soldats du 4è corps qui nous engagèrent à quitter promptement le palais que déjà envahissait l'incendie.
Comment décrire la scène d'épouvante qui s'offrait alors à nos regards ?
"Sans guide, sans protection, nous parcourûmes cette vaste cité encombrée de ruines et de cadavres, poussées par les flots des soldats, par des troupeaux de malheureux fuyant la mort, par des hordes de scélérats portant la famme de tous côtés.
"Nidia et moi, nous avions des pistolets. Naturellement fortes et courageuses, enhardies d'ailleurs par la nécessité, nous marchions au milieu de ces périls. Au détour d'une rue, nous aperçûmes trois misérables dépouillant un militaire blessé et sans défense. Nidia, obéissant à son seul instinct, saisit un de ses pistolets et fit feu sur l'un des bandits, qui tomba à l'instant. Lâches comme le crime et la peur, ses deux complices s'enfuirent devant deux femmes. Nous conduisîmes le blessé dans une église."


Tandis que Napoléon perdait un temps précieux à Moscou où il espérait tous les jours recevoir des propositions de paix du tsar, l'hiver parut. En quelques jours les chemins furent couverts de neige, et le thermomètre descendit à 20°C au-dessous de zéro. L'empereur comprit alors dans quel piège il était tombé. Il décida de se replier sur la Pologne. Toutefois, pour ne pas avouer au monde qu'il reculait, il laissa Mortier avec dix mille hommes dans le Kremlin. Le 19 octobre, après trente-cinq jours d'occupation, l'armée française quitta Moscou. Au même instant, les Russes, qui avaient regroupé leurs forces, attendaient Napoléon sur la route de Smolensk, bien décidés à lui porter le coup final...
Ecoutons encore Ida de Saint-Elme :


"On a peint admirablement cette guerre fabuleuse, les épisodes de cette retraite si pleine d'émotions terribles et nouvelles pour les Français, mais le pinceau énergique et pittoresque des grands écrivains n'a pu en reproduire toutes les couleurs.
"J'ai vu de malheureuses femmes payer par des tristes complaisances la faveur d'approcher les feux d'un bivouac... Je les ai vues abandonnées, périr sur la neige ou sous les pas de ceux qui ne reconnaissaient plus, dans les misères du lendemain, les victimes qui, la veille, avaient pourtant excité leurs désirs.
"Jusque-là, les Cosaques n'avaient pas encore inquiété nos équipages, mais ils parurent bientôt derrière les charitos. Je n'avais pas l'énergie guerrière de Nidia, mais à l'approche du tigre, je sentis le besoin de le tuer.
"C'est dans les déserts qu'il faut avoir vu ces Cosaques tombant sur nos soldats, non pour les combattre, mais pour les piller et les laisser nus sous la neige.
Dans cette première et subite alerte, Nidia tira huit coups de pistolet, dont cinq portèrent. J'essayai de ne pas être en dessous d'elle. Un soldat qui ajustait l'ennemi par-dessus mon épaule me dit :

" - Votre main tremble... Auriez-vous pitié de cette canaille ?

"Je lâchai le coup, et, tout en mâchant une autre cartouche, le soldat me fit frissonner par l'énergie de cette approbation militaire :

" - Bien visé, cela ! ...


"Nidia électrisée, s'était saisie d'une carabine et elle allait se jeter encore plus dans la mêlée quand le bruit de la cavalerie qui arrivait mit en fuite les Cosaques.
"Il y eut tant d'éloges pour Nidia que j'aurais rougi de démentir notre amitié par mon peu de courage.
"L'occasion se renouvela souvent d'en donner des preuves dans les innombrables attaques de bagages, triomphe ordinaire des soldats de Platow. Voir en face les sales Cosaques du Don eût suffit pour inspirer la force des les braver.
"Près de Viazma, Nidia, qui s'était un moment éloignée, nous sauva tous encore par son énergie ; là, elle eut à lutter corps à crops avec un Cosaque qui, reconnaissant une femme, devenait intrépide par convoitise.
La fortune (la chance) nous amena heureusement du renfort, et le Cosaque, ainsi que ceux qui l'accompagnaient, n'eurent plus envie de nous suivre.
"Dans un assaut qui eut lieu à quelques jours de là, Nidia, toujours héroïque, reçut à mes côté une large blessure à la tempe. L'effroi me fit redevenir femme et je sanglotai de douleur :

" - Calmez-vous, me dit la courageuse fille. Si je reste en arrière, je suis perdue... Il ne faut pas que je descende de cheval.

"Et elle y demeura avec une puissance étonnante de résolution.
"La foule grossissait d'heure en heure, poursuivie par le feu meurtrier des batteries russes."


La retraite commençait.
Trois cent mille hommes allaient y périr, parce que Napoléon avait dédaigné une petite princesse russe
...
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