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 Deux femmes diaboliques

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epistophélès

epistophélès


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MessageSujet: Deux femmes diaboliques   Deux femmes diaboliques EmptyMer 31 Mai - 23:04

LE COURRIER PICARD

Procès Pierret-Viseur à Laon pour complicité d’assasinat
Publié le 25 novembre 2016
14/11/16


Deux meurtres et un suicide à juger

"Deux femmes sont poursuivies pendant dix jours au tribunal de Laon pour complicité d’assassinat.

LES FAITS

À Caumont, près de Chauny, un homme, Dominique Laplace, a été découvert chez lui poignardé à mort le 15 mars 2013.

Le lendemain, un tatoueur de Laon, José Barreyre, a reçu un coup de carabine à la tête devant son domicile en pleine nuit.

Un homme, Mallory Kubel-Lescarmontier, mis en en examen pour ces assassinats, s’est suicidé en prison le 15 août 2014.

Deux femmes, Véronique Pierret et Emilie Viseur, sont jugées pour complicité d’assassinat par la cour d’assises du 14 au 25 novembre

Deux femmes, Véronique Pierret, 56 ans et Émilie Viseur, 29 ans, comparaissent à partir de ce lundi matin devant la cour d’assises de l’Aisne, présidée par Mme Karas. Elles doivent répondre de complicité d’assassinat. Le procès est programmé pendant deux semaines. Le verdict est attendu le vendredi 25 novembre.

Cette affaire défraie la chronique. Il s’agit d’abord de deux morts violentes que rien ne semble relier. Dans la nuit du 14 au 15 mars 2013, Dominique Laplace, un éducateur de 45 ans, est tué d’un coup de couteau dans le thorax, chez lui, à Caumont (près de Chauny). Le 16 mars 2013, vers 1 heure du matin, un tatoueur de Laon, José Barreyre, 47 ans, est attiré hors de chez lui, roué de coups puis touché au cerveau par un tir de cabine. Il mourra de ses blessures le 24 mars sans avoir repris connaissance.

Le lien entre ces deux crimes est finalement établi. Il s’agit de Mallory Kubel, né en 1981, un habitant de Saint-Gobain, une commune de 2500 habitants proche de Tergnier dans l’Aisne. L’homme est le neveu de Véronique Pierret, l’ancienne compagne de Dominique Laplace, tué à Caumont. Il est aussi le petit ami d’Émilie Viseur, l’ancienne concubine de José Barreyre, la deuxième victime, avec qui elle a eu deux enfants, dont un est mort à 13 mois. À la fin de l’année 2013, les trois protagonistes sont placés en détention provisoire. En août 2014, nouveau rebondissement : Mallory Kubel – qui a avoué et a impliqué ses deux complices – se pend dans sa cellule de la prison de Laon. L’action judiciaire ne prend pas fin pour autant. C’est ainsi que les deux femmes sont renvoyées devant la cour d’assises.

15/11/16

Deux femmes et trois fantômes

Les morts ne parlent pas mais peuvent accuser. Les deux femmes dans le box doivent composer avec les spectres d’un pendu et de deux amants occis.

LES FAITS

Depuis hier, Véronique Pierret et Emilie Viseur comparaissent pour complicité de tentative d’assassinat.

Elles répondent d’avoir commandité le meurtre de leurs ex-conjoints respectifs, Dominique Laplace à Caumont le 14 mars 2013 et José Barreyre, à Laon, le surlendemain.

Le verdict est attendu le vendredi 25 novembre.

pierret-10Au premier jour du procès où elles risquent la perpétuité, Véronique Pierret et Emilie Viseur paraissent comme mère et fille. L’état-civil permet la confusion : l’une est née en 1959 et l’autre en 1984.

Véronique Pierret a l’ascendant. Malgré trois ans de détention provisoire, l’ancienne infirmière n’a pas perdu de son maintien. Le cheveu roux est clairsemé mais la tenue, dans des tons automnaux, est recherchée. Elle parle clairement et, quand on évoque tout le mal que certains pensent d’elle, elle est capable d’un sourire ironique vers le banc des victimes.

Emilie Viseur est pâle comme la mort. Ses fines lèvres sont serrées. Un pull noir et un sous-pull gris ne parviennent pas à masquer le tatouage qui monte sur son cou, sous l’oreille gauche, souvenir de son union avec le tatoueur de Laon, José Barreyre. Elle s’exprime avec la voix d’une petite fille.

A l’interrogation de la présidente Karas, les deux femmes annoncent qu’elles plaident non-coupable. « J’ai seulement conduit Mallory chez Dominique. J’ai vu Dominique s’effondrer, mais jamais je n’avais eu cette intention. C’est vrai, je l’ai aussi accompagné à Laon. J’ai toqué pour que M. Barreyre sorte de chez lui. Au coin de la maison, j’ai entendu un bruit sourd et je l’ai vu s’affaisser. Mais je ne savais pas que Mallory avait une arme. »

Emilie est encore plus minimaliste : « Les deux fois, j’ai seulement envoyé des SMS sur le portable de Mallory, à sa demande ».

Mallory Kubel, neveu de l’une, petit ami de l’autre, serait donc le seul coupable de simples intimidations qui auraient mal tourné. Il ne risque pas de s’en défendre : le 14 août 2014, à 33 ans, il s’est pendu dans sa cellule.

En guise d’héritage, il avait confié au juge d’instruction que les deux femmes avaient bien commandité l’élimination de leurs ex-conjoints, Véronique à cause d’une dispute autour d’un trésor préhistorique d’une valeur de 3000 euros (la passion de la prospection l’unissait à Dominique), Emilie dans le cadre d’une séparation conflictuelle.


L’après-midi d’audience a été consacré à la personnalité d’une des deux victimes, Dominique Laplace, un éducateur spécialisé auprès des enfants dans une institution de Coucy-le-Château. « Gentil », « serviable », « passionné d’histoire et de nature », le décrivent ses parents et alliés qui voient en Véronique une femme « violente », « menaçante ». La défense de la quinquagénaire fait tout pour adoucir le tableau et dépeindre Dominique en « alcoolique », « coureur de jupons », « tripoteur des femmes des autres », incapable de reconnaître son fils.

Me Antonini (partie civile) n’y tient plus et lance à son confrère Vignon : « C’est ça, faites le procès de Dominique Laplace, vous avez raison, il est mort ! »

« C’est le diable »
Françoise, la sœur de Dominique Laplace a eu des mots très durs pour les accusées, hier soir : « Mon petit frère est une belle personne. J’en parle au présent parce que dans le box, ce sont des morts ! Elles asphyxient le tribunal par leur perversion ! Leur différence est incommensurable ! » Elle se tourne vers Véronique Pierret : « Mon petit frère a été endormi par ce diable. C’est le diable ! »

Juste avant, la cour avait entendu un numismate de Mulhouse qui avait confirmé que le dimanche suivant la mort de Dominique, Véronique l’a contacté pour récupérer une bague, partie de ce fameux trésor préhistorique d’une valeur de 3000 euros que se disputaient les deux ex-conjoints. « Le corps n’est pas encore froid qu’on réclame la bague ! » s’exclame Me Antonini. « C’est ça, l’amour ! » lui rétorque Véronique.

16/11/16

José Barreyre, violent et possessif d'après Emilie.

Emilie, des Spice Girls au metal
Emilie Viseur décrit sa vie avec José Barreyre comme un calvaire. Mais pas au point de le faire tuer, dit-elle.

« Elle adorait les fringues. Sa passion, c’était les Spice Girls. Elle s’habillait tout en rose » se souvient Marie-Annick, la mère d’Emilie Viseur. « C’était ma petite minette, un bonbon à croquer », avait confié à sa mère José Barreyre quand, à 38 ans, il s’était mis en couple avec Emilie, 16 ans.

La jeune fille s’exonère alors d’un environnement familial stable. José, c’est le bout de l’ennui : un personnage, à Laon, où ses tatouages qui vont du haut du crâne au bout du pied font sensation, tout comme son look de « metalleux » viking, qui a succédé à une crête punk et à des tenues baba-cools.

Voilà pour le folklore, mais José est également décrit comme violent, non seulement par Emilie, mais aussi par son premier fils qui témoigne d’un passage à tabac subi à six ans, parce qu’il n’avait pas fait ses devoirs. Sa toxicomanie est aussi indéniable : deux fois, le tribunal de Laon l’a condamné pour ses plantations de cannabis.

OFFERTE A SES COPAINS


Emilie ajoute qu’elle a subi des relations sexuelles forcées (dont une fellation dans la chambre mitoyenne de celle où leur fils, cancéreux, vit ses derniers jours à dix-huit mois) ou ces scènes gênantes : « Il me faisait porter des jupes très courtes et il m’emmenait dans des soirées où j’étais la seule femme. Puis il autorisait ses copains à me toucher ». On évoque également le racisme du tatoueur. A l’enquêtrice de personnalité qui s’étonnait qu’à 4 ans, il n’allât pas à l’école, le premier fils du couple a répondu : « Non, papa ne veut pas parce qu’il n’y a que des bougnoules et des noirs ».

On est en 2010. Le petit bonbon rose dépasse les cent kilos. Elle s’est totalement coupée de sa famille. Quand elle croise mère ou sœur au Carrefour, elle baisse la tête. « J’ai été longue à réagir, réagit la première. Il me foutait vraiment la trouille. »

José et Emilie, à son tour couverte de tatouages, se séparent fin 2010, peu avant la mort de Belial. Commence alors une bataille féroce pour la garde de leur seul enfant survivant. Elle passe par trois plaintes d’Emilie, classées sans suite, et une de José, pour non présentation d’enfants, qui aboutit à la condamnation de la jeune femme.

Elle passe aussi, selon l’accusation, par l’expédition punitive de mars 2013.


17/11

Les deux visages de Véronique Pierret

Les témoins adorent ou détestent l’infirmière de Saint-Gobain, accusée d’une double complicité d’assassinat.


Véronique Pierret.

Bonne mère, super infirmière : sainte Véronique Pierret a été canonisée hier matin, ou peu s’en faut. Le défilé de ses collègues et amis a psalmodié les mêmes épithètes : « humanité », « souriante », « chaleureuse », « à l’écoute des autres », « toujours là pour aider », « passionnée ». Josiane, sa collègue en maison de retraite, se souvient de « ces dimanches après-midi où elle venait avec son accordéon pour distraire les patients ».

A plusieurs d’entre eux, il faut que la présidente Sylvie Karas rappelle ce qui cloche dans ce tableau : « Elle a quand même été présente sur les lieux de deux crimes en 24 heures ! »

« Je ne lui pardonnerai jamais », pleure sa sœur Nathalie, la mère de Mallory, le jeune neveu que Véronique accompagnait les deux fois, celui qui a donné le coup de couteau, pressé la détente de la carabine et finalement s’est pendu.

« Jusqu’à ce jour, il y avait un lien fusionnel avec Véronique, elle était toujours là pour moi, se souvient Nathalie. C’est pour ça que je ne comprends pas pourquoi tout ça. Mallory, il ne connaissait ni l’un ni l’autre. Mallory, il ne s’est pas levé un matin en disant « tiens, je vais aller tuer deux personnes » Et quand bien même : elles étaient avec lui, elles pouvaient le dissuader ! »

Véronique pleure aussi : « Nathalie, ce qui est arrivé n’aurait jamais dû arriver. Rien n’était prémédité, ce n’était pas intentionnel, il n’était pas question de faire du mal ». Dans une lettre à sa mère, elle parle de « dérapage non contrôlé ».

Qui est cette femme exubérante, qui appelle tout le monde « chéri » mais est capable de transférer tous ses problèmes sur cette seule histoire de parure de l’âge de fer, dont Laplace, son amant mais aussi son coéquipier de prospection, l’aurait spoliée ? Elle n’est jamais si diserte qu’en revenant sur ce conflit qui a fini par envahir sa vie. La parure, c’était le symbole d’une relation tumultueuse qui finit en eau de boudin.

Pierret-Laplace, comme le duo Viseur-Barreyre, disséqué mardi, ce sont deux couples pathogènes. Les hommes au cimetière, les femmes en cour d’assises…

L’obsession de Véronique

Les témoignages recueillis en fin de journée ont confirmé cette impression. Les exotiques prospecteurs des Bouches-du-Rhône n’ont pas seulement faire sourire la cour. Ils ont aussi évoqué l’obsession de Véronique pour cette parure, y compris dix jours après la mort de Dominique. « Elle m’apparaît maintenant comme diabolique, une sorcière » concède Philippe.

Mickaël, le paysagiste, en a rajouté une couche : « J’ai refusé ses avances et j’ai ensuite été victime de harcèlement et de menaces. Personne ne mérite de vivre la guerre que j’ai connue ».

19/11

Quand les morts prennent chair

Les jurés se sont transportés virtuellement sur les deux scènes de crime. Les images sont terribles.

Pierret-maison-Caumont
La maison de Dominique Laplace. Le soir du meurtre, le portail était grand ouvert.

Au début d’un procès pour homicide, une victime n’est qu’un morceau de papier, quelques lignes dans un dossier, des renseignements d’état-civil, parfois une enquête de personnalité. C’est l’honneur des avocats de partie civile de porter sa voix mais ils ne sont que des relais.

Hier, jour de l’examen des scènes de crimes aux assises de l’Aisne, Dominique Laplace et José Barreyre ont pris chair sous les yeux des jurés.

On pense à cette terrible photo, vers laquelle Véronique Pierret ne lèvera pas les yeux, du corps ensanglanté de Dominique, allongé face contre terre dans l’entrée de sa maison du 4, rue du Tour de ville, à Caumont, la dernière de l’impasse, adossée au bois où cet amoureux de la nature aimait se ressourcer.

« Je l’appelais sa tanière », pleure Myriam, celle qui partageait sa vie mais pas sa demeure. Ce soir du vendredi 15 mars 2013, elle rentre du travail à 18 heures. Les amoureux doivent passer le week-end ensemble. « Je l’ai vu, j’ai compris que c’était fini. J’étais perdue. J’ai appelé les pompiers. Ils m’ont dit de vérifier s’il respirait encore. Je n’ai pas pu. » Aux gendarmes, dès son premier interrogatoire, elle confiera qu’elle soupçonne Véronique, dont Dominique lui avait confié avoir peur.

A travers l’émotion de cette femme très digne, ex-copine de lycée avec qui l’éducateur spécialisé avait retrouvé le bonheur après seize ans d’une relation tumultueuse, un homme revit, et sa mort frappe chacun. Il sort du dossier.

De ce procès qui durera jusqu’à vendredi prochain, Myriam n’attend « pas la vérité, je n’y crois pas. Nous, la perpétuité, on l’a déjà prise. (Elle se tourne vers les accusées.) J’espère qu’elles seront condamnées à la perpétuité avec un dictionnaire pour étudier soigneusement le sens des mots. Honneur, loyauté… » Un peu plus tard, Jean-Pierre, le frère de Dominique, revendiquera naïvement que « la perpétuité, c’est le minimum », oubliant qu’elle est aussi le maximum prévu par le code pénal.

Trois lettres qui accusent

Dominique Laplace a été tué d’un seul coup de couteau au cœur, même si son corps porte trace de plusieurs coups, a expliqué hier le légiste. La plaie au thorax faisait 4 centimètres de largeur. Elle était profonde de dix centimètres et a percé le cœur. « Le décès est intervenu dans la minute, il a été foudroyant », indique le médecin. L’homme de 45 ans a certainement été interrompu dans son repas du soir du 14 mars. Il ne sera découvert que le lendemain.

José Barreyre a été attiré hors de chez lui, vers 1 heure, le samedi 16 mars, par Véronique Pierret qui lui a fait croire qu’elle avait accroché sa voiture. Il a été blessé par un seul tir de carabine à l’arête du nez, tiré par Mallory Kubel avec une arme volée chez Laplace l’avant-veille. Des projections ont atteint le cerveau et ont causé la mort du tatoueur, le 24 mars, au CHU d’Amiens.

Il n’a pas pu parler aux policiers. « On lui a tendu une ardoise, se souvient le chef d’enquête. Il a écrit en lettres minuscules « e m l ». Comme dans Emilie…

21/11

En flagrant délit de mensonge
Lors de la reconstitution du meurtre de Dominique Laplace.

Me Cyrille Bouchaillou n’a pas manqué son effet, jeudi dernier, en exhumant du dossier une photo des deux accusées, Véronique Pierret et Emilie Viseur, 57 et 29 ans. Elle a été prise le dimanche 10 mars 2013. Emilie est nue. Véronique se tient derrière elle. A pleines mains, elle empoigne les seins de sa cadette et arbore un grand sourire.

« Rien de déplacé, c’était une soirée coiffure et tatouage », se défend Emilie. Mettons, même si des témoins décrivent Véronique comme « sensuelle » voire « sexuelle ». Cette image dément surtout les déclarations des deux femmes qui avaient affirmé s’être à peine connues avant le double meurtre commis quelques jours plus tard.

Le cliché a été pris par Mallory Kubel, l’homme de 31 ans, neveu de l’une, petit ami de l’autre. Il avouera, neuf mois avant de se pendre en détention, avoir tué Dominique le 14 mars d’un coup de couteau le 14 et José, le 16, d’un tir de carabine, les deux fois transporté par sa tante Véronique, les deux fois couvert par Emilie, qui en guise d’alibi, aux heures de crime, multipliait les sms sur le portable de Mallory.

Ces aveux de Mallory, qui fait des deux femmes les inspiratrices de sa propre turpitude, seront disséqués dès ce lundi puisqu’ils constituent un réquisitoire venu d’outre-tombe pour Véronique et Emilie, murées depuis le début du procès dans leur reconnaissance a minima : oui, elles ont accompagné Malllory, mais sans jamais, au grand jamais, imaginer qu’il ôterait la vie.

Le verdict est attendu vendredi soir après dix jours de procès.

22/11

La reine des preuves… faute de mieux
Les aveux des trois protagonistes du double meurtre constituent le socle de l’accusation. Socle que la défense aimerait fissurer.

Le fusil à crosse et canon sciés, volé chez Dominique Laplace, qui a servi à tuer José Barreyre.

« Et si Emilie Viseur n’avait pas craqué ? » Le major de gendarmerie hésite à peine : « On aurait eu du mal à être devant vous aujourd’hui, madame la présidente… » Dans ce dossier, les éléments matériels manquent cruellement ; l’un des rares a joué un rôle crucial : une loupe volée chez Dominique Laplace et retrouvée, tachée de sang, dans le salon de Véronique Pierret. « Quand on lui en a parlé, pour la première fois, elle a manqué de répartie. Il lui a fallu cinq minutes pour trouver une explication », se souvient l’adjudant-chef qui l’a auditionnée.

Il a fallu sept mois pour que le trio fût introduit dans le confessionnal laïc de la garde à vue, ce huis clos tragique – unité de temps et de lieu – où s’expient tous les péchés.

Le 20 novembre, il n’est encore question que du meurtre de Dominique Laplace, ex-conjoint de Pierret, elle-même tante de Kubel, lui-même petit ami de Viseur, elle-même ex-femme de José Barreyre ! Ça fait beaucoup de coïncidences pour deux homicides commis à 24 heures d’écart et à 35 kilomètres de distance mais le parquet avait confié une enquête à la gendarmerie et l’autre à la police locale…

La première, Emilie Viseur balance. Elle dit avoir recueilli les confidences de Mallory et fait état d’un « pacte d’entraide » entre la tante, le neveu et elle-même, façon « tu m’aides à tuer Laplace, je t’aide à éliminer Barreyre ».

Véronique Pierret, à son tour, se met à table. Il n’est pas question, selon elle, de pacte, mais elle admet d’être trouvée sur les deux lieux de crime.

Les enquêteurs nourrissent leurs questions à l’un des aveux de l’autre. A 22 h 05, Mallory Kubel craque : « Je ne sais plus où j’en suis, j’en ai marre de cette vie de merde. Depuis des mois, ma tante me disait de faire quelque chose… »

Le lendemain, il est plus précis : Véronique a préparé des perruques et des gants, elle l’a guidé jusque chez Laplace, elle lui a dit « On y va ce soir. Je serai tranquille après. Il faut qu’on en finisse. S’il le faut, plante-le… », il a touché au cœur juste après que Dominique lui a ouvert la porte, sa tante a frappé en hurlant ce qui n’était déjà qu’un cadavre, elle a fouillé la maison à la recherche d’un objet, ils sont repartis dans leur 206 Peugeot et Véronique a exulté, « C’est bien mon chéri, je vais pouvoir dormir sur mes deux oreilles ».

Dans le box, l’ex-infirmière fait non de la tête. Certes, ces aveux dignes d’un réquisitoire comportent des incohérences auxquelles on ne risque pas de confronter Mallory, parti en 2014 avec tous ses remords et quelques secrets…


23/11

L’heure de leur vérité

La table des parties civiles.

L’avocat général prendra aujourd’hui ses réquisitions contre les deux femmes accusées de complicité d’assassinat. Elles ont passé une mauvaise journée hier.

On attendait l’heure de vérité, on eut celle de leur vérité hier. Les deux accusées ont campé sur leurs dénégations.

A midi, la cour d’assises frémit pourtant. L’avocat général Julien Haquin a posé les incohérences d’Emilie Viseur comme autant de banderilles. Elle est affaiblie, bredouille, mais tient bon. Me Antonini, partie civile, se lève pour porter le coup de grâce. Elle rougit, elle pleure, mais tient bon. « Dites-le, dites la vérité, madame ! Pour votre fils ! » tonne l’avocat. Elle vacille, mais tient bon.

Et pourtant… L’originalité de ce dossier, outre l’absence de preuves matérielles et le suicide du double meurtrier, c’est que les aveux en garde à vue d’Emilie, en décembre 2013, pourraient à eux seuls tenir lieu de réquisitoire. Elle dit tout : la machination à trois la veille du drame, le mode opératoire, les mobiles (éviter le droit de visite pour elle, se venger du vol d’une parure préhistorique pour l’autre). « J’ai subi des pressions, je n’ai pas pu m’alimenter pendant 24 heures. Les mêmes policiers avaient refusé de prendre mes plaintes contre mon mari pour viol », se défend-elle.

Les deux femmes ne se regardent pas, elles se contentent de se tendre le micro chacune à son tour. Une fois seulement, Véronique répond à la place d’Emilie.

Face à l’avocat général, elle répond au contraire par des silences quand, par exemple, il l’interroge sur ce SMS surréaliste à la sœur de Dominique le 16 mars : « Je viens d’apprendre par un inconnu qu’un drame est arrivé. Et comble de tout, tu n’as pas le courage de m’avertir ! J’étais sa pureté, sa fraicheur, sa force ». « Vous vous rendez compte ! tonne M. Haquin. Vous lui reprochez de ne pas vous annoncer la mort de M. Laplace alors que vous étiez sur le lieu du meurtre ! »

Elle accuse le coup mais se redresse fièrement un peu plus tard quand l’infirmière qu’elle fut entend démentir le médecin légiste : « Il a parlé de mort instantanée mais moi je peux vous dire que Dominique a eu le temps de me dire quelque chose… Pardon, ma chérie, je t’aime… »

Un ohhhhhhh d’indignation secoue la salle et enflamme le premier rang où la famille de l’éducateur écoute depuis huit jours les débats.

Une jurée fait un malaise

Les avocats de partie civile ont commencé à plaider hier. Après Me Dehaspe, c’est son confrère Antonini qui a pris la parole pour une longue diatribe interrompue au bout de 105 minutes par le malaise d’une jurée. Elle ne reviendra pas et sera remplacée par le premier des quatre suppléants.

Pour Marc Antonini, la cour juge « deux grandes manipulatrices ». En Pierret, il voit « satan, capable d’aller bénir le cercueil de celui qu’elle a tué », « une mante religieuse, qui après avoir copulé, dévore et tue son amant ». En Viseur, il décèle « le lien, car c’est avec elle que le pacte diabolique est scellé ».

25/11

Trente ans requis contre Pierret, moitié moins contre Viseur

L’avocat général a opéré un distinguo entre les deux femmes qu’il accuse de complicité d’assassinat. Verdict ce vendredi.

LES FAITS

Julien Haquin a requis hier 30 ans de réclusion contre Véronique Pierret et douze à quinze ans contre Emilie Viseur.

Elles répondent d’avoir commandité le meurtre de leurs ex-conjoints respectifs, Dominique Laplace, à Caumont, le 14 mars 2013 et José Barreyre, à Laon, le surlendemain.

Le meurtrier, Mallory Kubel, s’est suicidé en août 2014.

De gauche à droite : Me Dubus, Mme Pierret, Mme Viseur et Me Bert.


« C’est l’histoire d’une rencontre entre gens ordinaires qui débouche sur une décision extraordinaire, qui dépasse l’entendement » : l’avocat général a défini ainsi le dossier Pierret-Viseur.

Julien Haquin l’admet : il ne dispose pas d’élément matériel pour étayer à coup sûr son accusation et « ce double assassinat aurait pu rester impuni ». « Mais je ne crois pas au hasard », ajoute-t-il aussitôt. Il liste ces « 150 prélèvements » sur les lieux de crime qui ne donnent rien, la voiture de Mallory et Véronique garée à cent mètres de la maison de Dominique pour ne pas y être vue, les vêtements brûlés, les armes jetées dans un étang… C’est finaud : l’absence de preuve devient la meilleure des preuves, d’autant qu’elle fait écho à la confidence de Mallory se vantant d’avoir agi « comme des professionnels ».

LA CLEF C’EST EMILIE

M. Haquin interroge son propre doute : « Mme Pierret parle d’un dérapage incontrôlé. Si un seul crime avait été commis, je me lèverais en vous disant que j’ai un doute. Mais il y en eut un deuxième, 24 heures plus tard… »

Pour lui, Emilie a joué un rôle actif. Il croit au « plan » : « Ce dossier, c’est un puzzle. La clef, c’est Emilie Viseur ». Le mobile : « Le lendemain, elle devait présenter son fils à son père José, qui ne l’avait pas vu depuis deux ans. Là non plus, je ne crois pas au hasard ». Quant à Véronique, au-delà du litige sur des trouvailles archéologiques, « elle ne supportait pas que Dominique ait pu refaire sa vie ».

Pourquoi, alors, ces réquisitions du simple au double ? Parce que Pierret, 57 ans, était sur les deux lieux de crime, que jusqu’à la dernière seconde de la dernière minute, elle pouvait arrêter le bras armé de Mallory. Mais aussi parce qu’il reste à Emilie, 29 ans, un enfant de 9 ans, dont le père est au cimetière et la mère en prison. Un enfant qui a dit à son avocat Me Blanchart qu’il souhaitait par-dessus tout « que maman rentre à la maison ».

LA DÉFENSE PLAIDE L’ACQUITTEMENT

Guillaume Bert livre le fond de sa pensée : « Aucun élément ne permet d’affirmer qu’Emilie savait ce qui allait se passer chez Dominique Laplace ou que José Barreyre serait tué ». Pour Véronique Pierret, le bâtonnier Vignon sème le doute comme le petit Poucet ses cailloux. Il décrit sa cliente en « femme amoureuse » qui, le 14 mars 2013, espérait encore passer la nuit avec Dominique Laplace. « Elle éprouve un besoin impérieux de le voir ! Elle n’a aucunement envie de le tuer «» s’exclame-t-il avant de démonter tous les arguments du ministère public et de charger le neveu. « Et n’allez pas penser que le suicide de Mallory nous arrange ! Au contraire, il sacralise sa parole. »
26/11/16
Vingt ans pour Pierret, dix pour Viseur


La cour. Au centre la présidente Sylvie Karas.

Après cinq heures de délibéré, et devant une salle bondée, la cour d’assises de l’Aisne a reconnu Véronique Pierret, 57 ans, et Emilie Viseur, 29 ans, coupables de complicité dans les assassinats de Dominique Laplace, à Caumont, dans la nuit du 14 au 15 mars 2013 et de José Barreyre, à Laon, dans la nuit du 15 au 16 mars 2013. La présidente Karas a précisé que dans le cas d’Emilie Viseur, cet arrêt n’était pas accompagné d’une déchéance des droits parentaux. La jeune femme peut espérer sortir de détention d’ici un an, puisqu’elle est en détention provisoire depuis novembre 2013.

Ce verdict a été accueilli par un mouvement de désapprobation et des larmes du côté des familles des victimes, qui avaient durant les débats exprimé leur souhait que la peine maximum, la perpétuité, fût prononcée. Rappelons que jeudi, l’avocat général avait requis 30 ans contre Pierret et « 12 à 15 » contre Viseur.

Ce procès, qui a duré deux semaines, a permis aux jurés de se forger une conviction malgré des dénégations des deux accusées : celle qu’un trio meurtrier s’est bien formé en mars 2013, composé de la tante, Véronique, du neveu, Mallory Kubel et de la petite amie de ce dernier, Emilie Viseur. Laplace et Barreyre étaient les deux anciens compagnons des deux femmes. Kubel devait se suicider en prison en août 2014.

Néanmoins, les arguments de la défense, jeudi, ont également été entendus. On pense notamment à cette conclusion de Me Dubus, au soutien des intérêts de Véronique Pierret : « Doit-elle payer parce que l’auteur principal n’est plus là ? »


Ce contenu a été publié dans Non classé, Procès verbaux par Tony Poulain, et marqué avec aisne, archéologie, caumont, dominique laplace, haquin julien, josé barreyre, laon, Me Blanchart Rudy, me dubus, Me Guillaume Bert, Me Marc antonini, me vignon, pierret véronique, prospection, sylvie karas, tatoueur, viseur émilie. Mettez-le en favori avec son permalien.
UNE RÉFLEXION AU SUJET DE « PROCÈS PIERRET-VISEUR À LAON POUR COMPLICITÉ D’ASSASINAT »
Le 27 novembre 2016 à 18 h 55 min, Mallet a dit :
Justice est faite !


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Jean2

Jean2


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