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 LA REINE MARGOT de la part d'EPHISTO

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epistophélès
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epistophélès

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MessageSujet: LA REINE MARGOT   LA REINE MARGOT   de la part d'EPHISTO - Page 27 EmptyMar 14 Fév - 20:05

Cet important point d'histoire fut rétabli par M. Augustin Thierry (un amour inconnu de Bonaparte, Revue des Deux-Mondes 15 nov. 1940, et Miroir de l'Histoire, juil. 1952), premier éditeur du Journal de Joseph Laurenti.

"Sur la foi, écrit-il, du baron de Coston, derrière Ségur et Marmont, la plupart des historiens ont admis que Bonaparte fut incarcéré au fort carré. Laurenti affirme au contraire qu'il garda simplement les arrêts chez lui. Examinons un peu.
"Coston s'appuise sur un billet prétendument adressé par le prisonnier à Junot, qui proposait de le faire évader.

"Antibes, du 28 thermidor au 2 fructidor an II

"Les hommes peuvent être injustes envoers moi, mon cher Junot, mais il sufffit d'être innocent ;ma conscience est le tribunal où j'évoque ma conduite.
"Cette conscience est calme, quand je l'interroge ; ne fais donc rien, tu me conpromettrais.

BONOPARTE
En arrestation au fort carré d'Antibes.


"Bien qu'il ait trouvé place dans la Correspondance, un tel billet peut sembler à bon droit apocryphe, à tout le moins des plus suspects. Son en-tête d'abord : Du 28 thermidor au 2 fructidor an II... On ne date point ainsi une lettre. Et que penser des mots qui accompagnent la signature : "En arrestation au fort de carré d'Antibes ?" Quel besoin aurait éprouvé Bonaparte de préciser à Junot une situation d'autant mieux connue qu'il offrait de l'en faire sortir ? Tout cela sent sa favrique à pleine nez.
"Si l'on relit maintenant les lettres aux représentants, publiées par Aulard et Arthur Cluquet, on découvre de nouveaux sujets de doute et de réflexion. Le 22, le général Bonaparte est mis aux arrêts de rigueur à Nice, c'est-à-dire placé dans cette situation disciplinaire d'un officier astreint à demeurer chez soi, à la disposition des autorités. Le conduisit-on à Antibes ? C'est bien improbable. A quoi bon compliquer la procédure en cours, la retarder de transports qui, à cette époque, entraînaient de véritables petits voyages ?
"Tout ce qui pécède peut donc bien donner raison à Joseph Laurenti quand il raconte que Bonaparte passa ses arrêts dans la maison de la route de Villefranche. Son récit est dans la logique des faits, justifié les premiers jours par des dates certaines, sans être démenti, les suivants, par aucun document incontestable."

Bonaparte fut donc bien sauvé de la prison, du transfert à Paris, et, par conséquent, de la guillotine, parce qu'il était tombé amoureux de la douce Emilie Laurenti
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MessageSujet: LA REINE MARGOT    LA REINE MARGOT   de la part d'EPHISTO - Page 27 EmptyMer 15 Fév - 20:08

Pendant les quinze jours qu'il passa enfermé dans la maison du négociant, Bonaparte n'eut pas la consolation de conter fleurette à sa bien-aimée. Les Laurenti, en effet, avaient jugé prudent d'expédier leur fille, sous un prétexte futile, dans une propriété qu'ils possédaient en montagne, à Saint-Martin, au-dessus de Vence, puis chez une tante à Grasse...
Le 3 fructidor, l'enquête faite par le "comité d'épuration" ayant réduit à néant l'accusation ridicule de Salicetti, un arrêté rendit la liberté au "suspect".

Bonaparte, avant toute chose, voulut rasurer sur son sort sa mère et ses soeurs qu'il avait installées au château Salé, grand mas ensoleillé situé près d'Antibes (cette bâtisse, ainsi nommée parce qu'elle appartenait au collecteur des impôts sur le sel, se trouve encore - bien délabrée - sur la route de Grasse, derrière l'église N.-D. de l'Assomption. Elle sert aujourd'hui de dépôt municipal.)
Un matin, il fit ses adieux aux Laurenti, sachant bien qu'il ne reverrait jamais Emilie.


"Bonaparte, écrit Joseph Laurenti, fut très ému en quittant ses amis, et leur laissa en souvenir un fusil à deux coups fort simple et divers objets que l'on a gardés dans la famille. Plus tard, revenant d'Italie, il descendit à la maison Laurenti et fut affligé en la trouvant déserte. Il désira revoir le jardin, s'informa en détail de toute la maison et alla même caresser la vieille jument, restée seule au logis".

Le près d'Emilie ajoute :

"L'historien Durante accuse Bonaparte d'ingratitude envers notre famille. Ce reproche est immérité. Peut-être s'agit-il d'un peu d'oubli, et c'est le fait de l'étourdissement de la fortune. Vitalin Laurenti (le fils aîné de Joseph Laurenti) alla voir l'Empereur à Paris ; il fut très bien accueilli et présenté par lui comme le fis d'un de ses meilleurs amis. Si les Laurenti ne reçurent aucune faveur, c'est que les faveurs des grands ne s'adressent souvent qu'à ceux qui les sollicitent."

On doit reconnaître qu'un peu d'amertume voile cette belle philosophie...


Si Bonaparte avait recouvré la liberté, en revanche, son commandement de l'artillerie de l'armée d'Italie ne lui fut pas rendu.
Maintenu dans les coulisses avec le grade très vague de "général de brigade à la suite", il attendit au château Salé la venue de jours meilleurs.
Or, cette fois encore, c'est une femme qui allait lui permettre de retrouver un rang honorable dans l'armée...
Le 21 septembre 1794, un nouveau représentant, de la Convention, Louis Turreau, dit Turreau de Linières, fut nommé auprès de l'armée d'Italie. Il arriva à l'état-major accompagné de sa jeune femme, Félicité, une ravissante blonde de vingt-quatre ans.


Aussitôt informé de cette gracieuse présence, Bonaparte quitta le château Salé et courut faire sa cour, à tout hasard.
Félicité était coquette. Elle écouta avec un évident plaisir les compliments du jeune général. Tandis que Turreau était penché sur des rapports, ils se promenèrent dans la montagne, et, un après-midi, entre deux touffes de lavandes, la jolie citoyenne commit un adultère sylvestre et parfumé qui lui procura les plus vives satisfactions.
Reconnaissante, elle recommanda chaudement Bonaparte à son mari. "Avantage immense, dira un jour Napoléon, car, dans ce temps, un représentant du peuple était une véritable puissance."
Bientôt, le petit général reprit du poids à l'état-major,. Il en profita pour demander à Félicité de faire nommer son frère Louis lieutenant d'artillerie.
La jeune femme obtint cette faveur, et Bonaparte, en remerciement, eut une idée curieuse : il lui offrit le spectacle d'un combat. Ecoutons-le nous avouer lui-même la chose :


"J'étais bien jeune alors. J'étais heureux et fier de mon petit succès. Aussi cherchai-je à le reconnaître par toutes les attentions en mon pouvoir. Et vous allez voir quel peut-être l'abus de l'autorité, à quoi peut tenir le sort des hommes, car je ne suis pas pire qu'un autre.
"La promenant un jour, au milie de nos positions, dans les environs du Col de Tende, il me vint à l'idée de lui donner le spectacle d'une petite guerre, et j'ordonnai une attaque d'avant-poste. Nous fûmes vainqueurs, il est vrai. Mais évidemment, il ne pouvait y avoir de résultat.
L'attaque était de pure fantaisie. Et, pourtant, quelques hommes y restèrent..."

Comme quoi quelques cadavres peuvent devenir un témoignage d'amour pour un jeune officier romantique
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MessageSujet: LA REINE MARGOT   LA REINE MARGOT   de la part d'EPHISTO - Page 27 EmptySam 18 Fév - 20:56

BONAPARTE, COUREUR DE DOTS, VEUT EPOUSER LA MONTANSIER



L'intérêt n'est la clef que des actions vulgaires - NAPOLEON -



TOUT en usant fort habilement des femmes mariées pour asseoir sa situation, Bonaparte continuait à se chercher une épouse bien dotée afin d'être - comme on dit - à l'abri du besoin.
A la fin de 1794, son frère Joseph se prétendant "comte de Bonaparte", et se faisant passer our un aristocrate ruiné par la Révolution, s'était marié à Marseille avec une héritière aussi riche que laide, Julie Clary, fille d'un gros marchand de savons.
En apprenant cette union, Napoléon, un peu jaloux, s'était écrié :

- Qu'il est heureux ce coquin de Joseph ! (Bourrienne, Mémoires.)Or, au début de janvier 1795, le jeune général fut envoyé à Toulon pour y organiser une expédition contre la Corse, alors occupée par les Anglais.
Il en profita pour se rendre à Marseille où il fut accueilli avec enthousiasme par la famille Clary, flattée de recevoir un général déjà glorieux et porteur du titre de vicomte (titre que s'était donné Napoléon pour accréditer celui de son frère...)
Joseph lui présenta sa belle-mère, charmante Marseillaise qui aimait les plaisanterie, sa femme Julie, que le mariage n'avait pas embellie, et sa belle-soeur, la petite Eugénie-Désirée, âgée de seize ans, dont les yeux chauds annonçaient une appétissante précocité.
Immédiatement, Napoléon bâtit son plan : séduire Désirée, l'épouser et posséder une belle maison bourgeoise, comme son frère.


Il se mit le soir même à l'oeuvre, se montrant aimable, contant des anecdotes, évoquant des épisodes du siège de Toulon, décrivant la Corse. Subjuguée, la jeune fille l'écoutait, et son regard témoignait d'un intérêt "qui avait des prolongements jusque dans les méandres de son intimité"...
Désirée fut bientôt follement amoureuse de Bonaparte. Un soir, elle alla le retrouver dans sa chambre et se glissa dans son lit.
Le lendemain, contents d'eux-mêmes, ils décidaient de se marier.
Hélas ! quelques jours plus tard, une émeute ayant éclaté à Toulon, Bonaparte dut quitter précipitamment Marseille et les deux amants se séparèrent en pleurant.

Au mois d'avril, Napoléon revint chez les Clary, et les fiançailles furent célébrées.

- Nous nous marierons cet été, disait le jeune général qui se voyait déjà propriétaire d'un domaine agricole.
- Nous habiterons près d'Aix, répondait Désirée, et nous aurons des vignes et des lapins...

A la fin d'avril, tous ces projets furent bouleversés par un ordre de Paris. Bonaparte était appelé à servir dans l'armée de Vendée. Il partit pour la capitale le 8 mai 1795, après avoir juré fidélité à sa fiancée.

- Dès maintenant, je suis ta femme, lui dit Désirée. Tiens-moi bien le serment que tu m'as fait...


A Paris, Bonaparte ne tarda pas à rencontrer des filles ravissantes qui lui firent oublier la petite Marseillaise à laquelle pourtant il avait donné sa foi... Ce qu'il désirait maintenant, c'était une Parisienne fortunée capable de lui procurer le confort et des relations utiles...
L'âge lui importait peu.

C'est ainsi qu'au mois de juillet, il songea un moment à épouser une ancienne gourgandine rangée, Mme de La Boucharde, âgée de cinquante-quatre ans, et qu'au mois d'août, il eut l'idée extravagante de se marier avec l'ancienne comédienne, Mlle de Montansier, âgée de soixante-cinq ans...


(Marguerite Brunet, dite la Montansier, était née en 1730. Après un voyage mystérieux en Amérique, elle devint actrice au Théâtre-Français. Puis M. de Saint-Conty, son amant, lui acheta une petite salle de spectacles à Versailles. Présentée à Marie-Antoinette, elle fut chargée de la direction de tous les théâtres de la cour. Deux ans plus tard, en 1777, ayant amassé de l'argent, elle ouvrit à Versailles le théâtre qui porte toujours son nom. En 1789, elle suivit les souverains à Paris et s'installa dans l'actuelle salle du Palais-Royal, rue Montansier . Après avoir organisé le premier théâtre aux armées en 1792, elle fut arrêtée en 1793 et libérée après le 9 thermidor...)

La chose paraît si peu croyable que certains lecteurs exigeront la caution d'un témoin.
Ce témoin existe. C'est Barras, lui-même. Ecoutons-le nous conter avec humour cette extraordinaire scène :

"Comme il venait tous les matins me visiter familièrement, il déjeunait avec moi. Puis après déjeuner, je lui disais :

-Tu dîneras avec nous !
"Il n'y manquait pas.
" - S'il ne s'agissait que de moi, me dit-il un jour, je pourrais attendre avec patience. Un homme n'a pas grands besoins. Mais j'ai une famille qui est dans la plus exrême détresse. Je sais bien que nous viendrons à bout de la mauvaise fortune. En révolution, il doit se trouver du pain pour tout le monde, et il y a assez longtemps que les aristocrates détiennent les biens de la terre. Il faudra que notre tour arrive. En attendant, nous souffrons.
"Je ne pouvais donner tort à une plainte fondée sur une position pesonnelle ausssi ingrate. Je dis à Bonaparte :
" - Tu as du talent, de la capacité, du courage, du patriotisme. Tout cela trouvera et prendra sa place quelques jours plus tôt ou plus tard, patience.
"Et comme ce mot "patience" paraissait malsonnant à son oreille :

" - Eh bien ! lui dis-je en riant, veux-tu marcher plus vite encore ? Je vais te donner un moyen, c'est un mariage. Nous procédions ainsi dans l'Ancien Régime. J'en ai vu faire beaucoup. Tous nos nobles ruinés, ou qui n'avaient jamais été dans le cas de l'être, étant nés sans fortune, tous ces nobles arrangeaient ainsi leurs affaires. Ils guettaient les filles de négociants, de banquiers, de financiers. Ils n'en manquaient pas une. Pour peu que j'aie le temps de regarder et de réfléchir, je pourrai te trouver cela...
"Dans le moment où je parlais ainsi à Bonaparte, on m'annonce Mlle Montansier qui venait fréquemment chez moi, sans cérémonie, en déshabillé de voisine... Elle me parla avec un sentiment de confiance en moi et de flatteuse sécurité de l'état de trouble qui se faisait sentir dans Paris, de l'agitation des sections.

" - Vous vous en tirerez encore, dit-elle, vous autres citoyens. Vous êtes des hommes, vous êtes militaires... Voyez au contraire, notre sort, à nous autres femmes, isolées, sans appui...
"Elle promenait en même tmeps ses doux regards sur moi et le petit militaire qu'elle voyait dans mon intimité.

" - Madame n'a donc point de mari ? dit Bonaparte à Mlle Montansier, avec un ton plein d'intérêt. Elle est bien sûre, au moins, de ne pas manquer de bras pour la défendre.

" - Tu entends bien, dis-je à Bonaparte, que Madame n'a point de mari puisqu'elle est demoiselle. C'est Mlle Montansier, qu'on a arrêtée avant le 9 thermidor, parce qu'elle est riche, parce qu'on lui redoit plus d'un million ! ...

" - Hélas ! oui, dit d'un air mélancolique Mlle Montansier, j'étais en prison, et je pouvais bien être au moment de périr comme tant d'autres qui ne l'ont pas mieux mérité que moi, lorsque Barras nous a enfin délivrés de ce démon de Robespierre et nous a permis de respirer. C'est à Barras que je dois la vie. Aussi me trouvai-je doublement heureuse de ce qu'il a bien voulu accepter un logement chez moi : il me semble qu'il me protège toujours comme un paratonnerre.

" -Mademoiselle, risqua Bonaparte, qu'est-ce qui ne serait pas flatté et honoré d'être votre défenseur ? Le citoyen Barras ne manquera pas d'amis qui seraient charmés de faire comme lui.

"Mlle Montansier regarda avec un aimable sourire le petit militaire qui se présentait si galamment. Elle remercia...
"Bonaparte avait entendu avec une grande attention ce que j'avais dit de la fortune de Mlle Montansier...

" - Eh bien ! me dit-il le lendemain, vous m'avez mis, citoyen représentant, en coquetterie avec Mlle Montansier. On ne donnerait réellement pas son âge à cette femme. Elle est pleine de gaieté, elle est bonne et complaisante, elle est toujours occupée du désir de rendre tout le monde à son aise.

" - Abrège tes compliments, répondis-je en riant à Bonaparte. J'ai parlé mariage avec toi fort récemment. Tu n'en as pas perdu la mémoire. Est-ce que tu aurais envie de donner suite à mon idée ? Explique-toi franchement : veux-tu épouser Mlle Montansier ?

" -Citoyen représentant, me dit en baissant les yeux Bonaparte, cela mérite réflexion. La personne de Mademoiselle n'a rien qui me contrarie : la disproportion d'âge est comme tant de choses auxquelles on n'a pas le temps de faire attention pendant les révolutions. Mais ce que vous m'avez dit de sa fortune est-il aussi réel depuis ses malheurs qu'auparavant ? Quand on pense à une affaire aussi sérieuse que le mariage, il faut savoir sur quelle base on l'appuie.

" - Je ne puis répondre à tes questions, qui sont celles d'un homme plus censé quemoi, répliquai-je, car moi je me suis marié, il y a quelque vingt ans, et je ne m'arrêtai pas à ces réflexions. Il est vrai que si je contractai le mariage fort lestement, je le quittait plus lestement encore, car le surlendemain de mon mariage, je suis parti pour les Indes, et, depuis, je n'ai pas revu ma femme
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MessageSujet: LA REINE MARGOT   LA REINE MARGOT   de la part d'EPHISTO - Page 27 EmptyDim 19 Fév - 0:49

" - C'est bien une perspective qu'on peut avoir aussi, dit Bonaparte, en formant certaine union. On peut très bien voyager militairement, quand on a d'abord arrangé ses affaires.
" - Eh bien ! je me charge de faire à Mlle Montansier les questions dont la solution pourra répondre à tes voeux. Pour commnecer par le commencement, il faut que je sache d'abord si elle veut se marier, et si elle le voudrait avec toi. Après cela, j'en viendrai à traiter l'affaire de sa fortune, où elle en est aujourd'hui.

"Bonaparte me remercia très humblement, je lui tins parole. La réponse de Mlle Montansier, sans aucun déguisement, fut "qu'elle ne demanderait pas mieux que de se marier, pour faire une fin, dit-elle franchement, et puis pour avoir un protecteur doublement nécessaire à une femme qui avance en âge..."

" - C'est un militaire qu'il vous faut, lui dis-je amicalement.

"Elle me prend la main, je serre la sienne, et lui dis :

" - J'ai votre affaire toute trouvée...

"Un instant après, je lui demande où elle en est de sa fortune, après toutes ses tribulations. Elle me répond n'avoir pas moins encore de 1 200 000 francs. Elle peut m'en fournir la preuve...
"Mlle Montansier me demande aussitôt quelle est cette affaire trouvée.


" - C'est un jeune militaire que vous avez aperçu chez moi, qui vous a beaucoup remarquée. Il vous a trouvée charmante et il est prêt à vous le prouver.
" - Serait-ce ce jeune homme que j'ai vu et qui m'a fait des compliments si flatteurs ?
" - Pourquoi pas celui-là même ?
" - Mais il n'a pas trente ans. Je serais sa mère !
" - Si ce jeune homme n'a pas trente ans sonnés, il est beaucoup plus avancé que son âge en raison, en rréflexion. On a pu, en l'apercevant, lui accorder peu de considération, en raison de son exiguïté. Mais c'est un brave officier, qui afait déjà de belles preuves au siège de Toulon, et qui se distinguera, j'en réponds. J'ai entendu ceux qui ne le connaissent pas, l'appeler "la culotte de peau", et il est au-dessus de ces lazzis par son caractère et par ses talents. Je suis sûr que la femme qu'il épousera sera heureuse et honorée
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MessageSujet: LA REINE MARGOT   LA REINE MARGOT   de la part d'EPHISTO - Page 27 EmptyDim 19 Fév - 0:57

Mlle Montansier ayant été alléchée, Barras organisa un dîner afin que les deux futurs épou pussent se rencontrer. Le repas fut joyeux. Au dessert, on fit des projets d'avenir. Ecoutons Barras :

"Nous nous levons de table. Les fiancés s'approchent, se mettent à causer très particulièrement. Je m'écarte... Je les entends dire : " Nous ferons ceci, nous ferons cela. " Nous à chaque instant. C'est déjà ce nous de Corinne, si bien exprimé par Mme de Staël dans son roman célèbre. Bonaparte parle de sa famille, qu'il espère faire connaître à Mlle Montansier. Sa mère, tous ses frères, apprécieront une femme aussi distinguée. Il veut, aussitôt que cela sera possible, la mener en Corse. C'est un excellent climat. Pays de longévité, pays neuf, où, avec quelques capitaux, on peut faire une fortune rapidement, la doubler en très peu d'années, etc.
Bonaparte fait à sa future des châteaux en Corse, qui valent des châteaux en Espagne (Barras, Mémoires.)

Fort heureusement les journées de Vendémiaire, en lui donnant la gloire, allaient épargner au général Bonaparte la pénible obligation de faire subir les derniers outrages à cette vieille dame
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MessageSujet: Re: LA REINE MARGOT de la part d'EPHISTO   LA REINE MARGOT   de la part d'EPHISTO - Page 27 EmptyDim 19 Fév - 10:00

C'est ici que tu te caches Episto ?
Comment vas tu ??
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MessageSujet: LA REINE MARGOT   LA REINE MARGOT   de la part d'EPHISTO - Page 27 EmptyDim 19 Fév - 19:21

J'me cache pas Jean2 ................ J'hiberne ................ chutttttttttttttttt, veux aucun bruit............J'fais comme Mallaurie, mais sans l'anisette............... ............ Razz geek
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MessageSujet: LA REINE MARGOT   LA REINE MARGOT   de la part d'EPHISTO - Page 27 EmptyLun 20 Fév - 18:47

Au cours de l'été 1795, Bonaparte reçut l'ordre de rejoindre immédiatment l'armée de l'Ouest qui réprimait la révolte chouanne. L'ordre du ministère de la Guerre précisait qu'il devait servir dans l'infanterie. En lisant ce texte, le jeune général, dont le teint était ordinairement blême, devint cireux. Comme tout artilleur, en effet, il méprisait les fantassins. Avec une désinvolture qui conduirait aujourd'hui un officier en prison, il fit savoir à ses supérieurs qui'l refusait de partir pour la Vendée.
Le ministère de la Guerre se contenta de le destituer.


Sans grade, sans solde, sans emploi à vingt-six ans, il battit un moment le pavé de Paris, puis il alla demander aide et protection à Barras.
Le représentant lui conseilla, encore une fois, de trouver une femme fortunée et de l'épouser.
Bonaparte chercha autour de lui, s'intéressa un moment à une demoiselle Lucie Desfougères, qu'il avait connue au théâtre Feydau, puis se tourna vers une amie de sa mère, Mme Permon, née Stephanopoli-Commène, dont le mari venait de mourir. Cette honorable dame avait une jeune fille, Laure (qui devait un jour épouser Junot et devenir duchesse d'Abrantès), et un fils de vingt-cinq ans. Napoléon établit rapidement un plan qu'il trouva habile : pour faire passer toute la fortune des Permon aux mains des Bonaparte, il donnerait sa soeur Pauline à ce jeune homme et épouserait la mère...


Un beau matin du mois d'août, il se rendit chez Mme Permon, et, le plus sérieusement du monde, lui exposa son programme. La brave femme fut secouée, pendant dix minutes, d'un rire énorme qui vexa profondément l'ex-général.

Ecoutons la duchesse d'Abrantès nous conter cette scène digne d'un vaudeville :


"Il ajouta, en baisant la main de ma mère, qu'il était décidé à lui demander de commencer l'union des deux familles par un mariage entre lui et elle, aussitôt que les convenances de deuil le permettraient.
"Ma mère m'a si souvent raconté cette scène singulière que je la connais comme si j'en eusse été l'actrice principale.
"Elle regarda Bonaparte pendant quelques secondes avec un étonnement qui tenait de la stupéfaction, puis elle se mit à rire avec un tel abandon que nous l'entendions de la pièce voisine où nous étions trois ou quatre.
"Bonaparte fut très choqué de cette manière de recevoir une proposition qui lui paraissait toute naturelle. Ma mère, qui s'en aperçut, se hâta de s'expliquer, et de lui dire que c'était elle qui, au contraire, jouait là-dedans un rôle parfaitement ridicule.

" - Mon cher Napoléon, lui dit-elle, lorsqu'elle eut cessé de rire, parlons sérieusement. Vous croyez connaître mon âge ? Eh bien ! vous ne le connaissez pas. Je ne vous le dirai pas, parce que c'est ma petite faiblesse. Je vous dirai seulement que je serais non seulement votre mère, mais celle de Joseph. Laissons cette plaisanterie : elle m'afflige venant de vous !
"Bonaparte lui dit et lui répéta que c'était très sérieux, d'après sa manière de voir ; que l'âge de la femme qu'il épouserait lui était indifférent, si, comme elle, elle ne paraissait pas avoir trente ans ; qu'il avait réfléchi mûrement à ce qu'il venait de lui dire, et il ajouta ces mots bien remarquables :

" - Je veux me marier. On veut me donner une femme qui est charmante, bonne agréable, et qui tient un salon au foubourg Saint-Germain. Des amis de Paris veulent ce mariage. Mes anciens amis m'en éloignent.
Moi, je veux me marier, et ce que je vous propose me convient sous beaucoup de rapports. Réfléchissez.

"Ma mère rompit la conversation en lui disant, en riant, que ses réflexions étaient toutes faites ; qu'au surpllus, pour ce qui regardait mon frère, elle lui en parlerait... et qu'elle espérait que leur bonne amitié ne serait pas troublée par cette petite affaire.

" - Mais réfléchissez au moins, disait Bonaparte.
" - Eh bien ! je réfléchirai, répondait ma mère en riant de plus belle
. (Duchesse d'ABRANTES, Mémoires, 1838)
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MessageSujet: LA REINE MARGOT   LA REINE MARGOT   de la part d'EPHISTO - Page 27 EmptyLun 20 Fév - 19:15

Repoussé par Mme Permon, Bonaparte, très désappointé, s'en fut trouver Barras. Le représentant lui conseilla alors de fréquenter les salons en vogue et l'emmena un soir chez sa maîtresse Mme Tallien
(Thérésia Cabarrus avait épousé Tallien au début de 1795.)

Celle qu'on appelait "Notre-Dame de Thermidor" possédait une maison couverte d'un toit de chaume et entourée d'un petit jardin, au coin du Cours-la-Reine et de l'allée des Veuves. (La chaumière de Tallien se trouvait sur l'emplacment de l'actuel n°2 de l'avenue Montaigne.)
Cette chaumière était le rendez-vous du Tout-Paris mondain et libertin de l'époque.
Mme Tallien y organisait, dans un décor pompéien, des soirées dansantes au cours desquelles les invités oubliaient rapidement le pieux sobriquet de la maîtresse de maison...
Il faut dire qu'à ce moment un vent de folie soufflait sur la capitale. Depuis que les aides bourreaux avaient démonté la guillotine, une véritable frénésie de plaisir s'était emparée, non seulement des aristocrates que le 9 thermidor avait sauvés, mais aussi du bon peuple, qui avait, démocratiquement, partagé le danger avec les gens de condition.
Ivres de joie, les Parisiens ne pensaient qu'à danser.


En ce mois de septembre 1795, on compta six cent quarante-quatre bals à Paris. Le plus étrange et le plus significatif était naturellement ce fameux "bal des victimes", où il fallait, pour être admis, prouver qu'on avait perdu un membre de sa famille sur l'échafaud.
On y dansait en costume de deuil, e, comme on était spirituel, on s'y saluait en imitant le mouvement que faisait la tête en s'engageant dans la lunette de la guillotine.
Chez Mme Tallien, les jeux étaient un peu différents.
La jolie Thérésia, qui avait tout juste vingt-deux ans, préférait à ces plaisanteries macabres des distractions plus épicées
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MessageSujet: LA REINE MARGOT   LA REINE MARGOT   de la part d'EPHISTO - Page 27 EmptyLun 20 Fév - 20:11

Parmi les habitués de la chaumière, deux femmes allaient, à des titres différents, faire bientôt parler d'elles. La première était racée, intelligente, bas-bleu, autoritaire et peu jolie. Elle aimait parler, philosopher, et ennuyait extrêmement les hommes qu'elle croyait séduire par sa culture. Elle s'appelait Germaine Necker. Son mariage l'avait faite baronne de Staël...

La seconde, au contraire, était plutôt vulgaire, peu intelligent, nonchalante, mais possédait une certaine grâce malgré des appas un peu fripés. Elle aimait l'argent, l'amour, possédait un tempérament ardent et attirait tous les hommes qui l'approchaient. Elle s'appelait Marie-Rose (plus tard, Bonaparte la baptisa Joséphine) Tascher de la Pagerie. Son mariage l'avait faite vicomtesse de Beauharnais.

Ces deux femmes devaient jouer un rôle important dans l'existence de l'homme le plus prodigieux des temps modernes. Mais comme le destin est plein de fantaisie, la plus intelligente allait devenir son ennemie et la plus bête son épouse...


Au début de 1794, Marie-Rose s'était retrouvée à la prison des Carmes en compagnie de son mari, Alexandre de Beauharnais (dont elle était séparée depuis quelques années. Beauharnais avait été déclaré suspect bien qu'il fût général en chef de l'armée du Rhin), de Mme Elliot, ex-maîtresse de Philippe d'Orléans, de Mme de Custine, future maîtresse de Chateaubriand, de Lazare Carnot et d'une quinzaine d'autres détenus de marque. Hoche était alors devenu son amant, tandis qu'Alexandre se consolait avec Mme de Custine...

Le 6 thermidor, trois jours avant la chute de Robespierre, M. de Beauharnais avait été guillotiné... Plus heureuse, Marie-Rose s'était retrouvée en vie après la fin de la Terreur. Libérée grâce à Talllien, dont elle était l'amie, elle avait couru chez Thérésia, et les deux femmes s'étaient élancées avec ivresse vers tous les plaisirs, toutes les sensations, toutes les jouissances...
Marie-Rose avait deux enfants à élever. La necessité d'un "protecteur" se fit bientôt sentir. Comme elle était ambitieuse, elle choisit l'homme le plus important de l'époque, le plus puissant et le plus riche aussi : Barras, commandant en chef de l'armée de Paris.

Thérésia, que Tallien n'amusait plus désira immédiatment partager cette belle proie avec son amie. Les deux femmes devinrent donc les maîtresses du futur Directeur.


Un jour, dans ses Mémoires, celui-ci s'amusera à les peindre avec une désinvoltre qui dénote un manque complet de savoir-vivre. Ecoutons-le :

"Les liaisons de Mme Tallien étaient pour elle de sincères jouissances où elle portait toute l'ardeur et la passion du tempérament. Pour Mme Beauharnais, on pensait que les relations, même avec les hommes dont elle appréciait le plus les avantages physiques, n'étaient point aussi généreuses que celles de Mme Tallien.
Qu'enfin, n'aimant jamais que par intérêt, la lubrique créole, lorsqu'on l'avait crue subjuguée et abandonnée, n'avait jamais perdu de vue les affaires, qu'elle leur avait tout sacrifié, et que, comme on le disait d'une fille qui l'a précédée dans ce genre d'exploitation, "elle aurait bu de l'or dans le crâne de son amant"...
"Mme Tallien était alors dans sa plus grande fraîcheur ; Mme Beauharnais commençait sa décrépitude précoce ; ce mot n'a rien d'exagéré pour ceux qui l'ont vue de près et qui savent qu'elle n'avait rien qu'elle tînt de la nature ; qu'elle tenait tout de l'art, mais de l'art le plus raffiné, le plus prévoyant, le plus perfectionné, que jamais courtisane de la Grèce ou de Paris ait employé dans l'exercice de sa profession. Ce que Mme Beauharnais sentait ne pouvoir offrir de comparaison avec les avantages réels de Mme Tallien, elle croyait le rattraper et comme le surpasser par la ruse et l'artifice consommés."
(Barras, Mémoires. Tome II)
Barras, on le voit, n'avait pas la discrétion d'un homme du monde.
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MessageSujet: Re: LA REINE MARGOT de la part d'EPHISTO   LA REINE MARGOT   de la part d'EPHISTO - Page 27 EmptyMar 21 Fév - 9:36

C'était même un fameux saligaud, entendre Napo lui dire qu'il veut se marier pour du fric quitte à se casser illico puis aller faire le gentil avec la comédienne "vous serez heureuse" Mad
Vas-y, Episto ! cheers
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MessageSujet: LA REINE MARGOT   LA REINE MARGOT   de la part d'EPHISTO - Page 27 EmptyMar 21 Fév - 13:24

Introduit un soir dans ce salon, Bonaparte fut ébloui par l'élégance de Mme Tallien, qui commençait à lancer la mode des robes transparentes et ouvertes jusqu'à mi cuisse dont les Merveilleuses allaient faire bon usage. Il la considéra avec une gourmandise ingénue et désira immédiatement devenir son amnt. Une telle conquête pouvait, en effet, lui permettre de connaître à la fois des jours dorés et des nuits éblouissantes.
La réputation de dame galante qu'avait conservée l'ex-marquise fascinait Bonaparte. Il savait qu'elle participait, en compagnie de Barras et de quelques amies, à des soirées lestes. On racontait que le représentant faisait se déshabiller Thérésia et Marie-Rose de Beauharnais, puis les invitait à danser devant lui.


Il faut dire que la maison de Thérésia semblait avoir été conçue pour ce genre de sauteries. Les murs étaient décorés de scènes champêtres représentant des bergers pompéiens en train de rendre un hommage vigoureux à des bergères extasiées et au milieu du salon, trônait un satyre de bois sculpté dont la virilité gigantesque émerveillait les dames, mais assombrissait un peu la pièce.
Bref, toutes les décorations et tous les objets de ce temple de l'amour rappelaient que la luxure était le passe-temps favori de Mme Tallien et de ses amis.


Pour courtiser cette femme ardente, élégante et fortunée, qu'il rêvait de prendre à Barras, Bonaparte fut bientôt l'un des familiers de la chaumière. Désireux de plaire et de briller, il sortait de son mutisme habituel pour "montrer, nous dit le banquier Ouvrard, une gaieté pleine de vivacité et de saillies". Devant sa belle, le jeune homme aux yeux farouches et au caractère sévère devenait un véritable bout-en-train.

"Un soir, nous dit encore Ouvrard, il prit le ton et les manières d'un diseur de bonne aventure, s'empara de la main de Mme Tallien, et débita mille folies. Chacun voulut offrir sa main à cet examen. Mais quand vint le tour de Hoche, il parut s'opérer un changement dans son humeur. Il examina attentivement les signes de la main qui lui était présentée, et, d'un ton solennel, dans lequel perçait une intention peu bienveillante, il dit :

" - Général, vous mourrez dans votre lit !".


Une telle prédiction, qui n'a rien d'insolite aujourd'hui, était alors considérée comme une insulte.
Hoche se fâcha, et Bonaparte dut faire quelques plaisanteries pour détendre l'atmosphère.


Mme Tallien avait naturellement deviné les intentions secrètes de ce jeune homme qui était toujours là pour l'aider à monter en voiture, porter un paquet, lui tendre une ombrelle ou chasser une guêpe... Mais elle ne pensait pas qu'il oserait se déclarer. Un soir, pourtant, l'oeil enflammé, balbutiant, il se jeta à ses pieds et lui demanda d'être sa maîtresse.
Elle éclata de rire...
Atrocement vexé, Bonaparte se releva et, d'un air digne, se dirigea vers la porte. Thérésia l'arrêta.

- Restons bons amis, lui dit-elle. Et pour prouver que je ne suis pas fâchée contre vous, je vais vous aider à être élégant. Je sais que vous avez demandé aux autorités militaires du drap pour un nouvel uniforme. Je sais aussi que ce drap vous a été refusé, car vous n'êtes pas en activité... Eh bien ! je vais vous donner une lettre pour M. Lefeuvre, ordonnateur de la 17e division, et vous obtiendrez satisfaction...

Rouge jusqu'aux oreilles, humilié jusqu'aux fibres, Bonaparte n'eut pas le courage de refuser.
Quelques jours plus tard, il recevait du drap et pouvait remplacer sa redingote reprisée et son pantalon râpé par un uniforme neuf...


(Ce nouvel échec emplit Napoléon d'une amertume qu'il s'efforça soigneusement de cacher, et, pendant quelque temps, il demeura le chevalier servant de Thérésia. Mais le fait d'avoir reçu un coupon de tissu alors qu'il demandait une nuit d'amour fit naître en lui une rancoeur dont la jeune femme devait éprouver un jour les terribles effets...)

Grâce à Mme Tallien, le jeune Napoléon, dont le coude, déjà, perçait à travers la manche usée de Bonaparte, allait pouvoir commander avec assurance aux journées de Vendémiaire et prendre son extraordinaire essor vers le trône...

Ainsi, cette Révolution, que quelques dames ardentes et passionnées avaient déclenchée comme par plaisir, se terminait sur un billet d'une femme coquette.
En écrivant sa lettre à M. Lefeuvre, Mme Tallien faisait un geste dont les conséquences devaient être incalculables. Par ses soins, le futur empereur allait être placé dans une attitude avantageuse au moment déterminant de sa carrière. Sans le savoir, elle aidait ainsi à la réalisation d'une prophétie qui se trouvait inscrite en anagramme dans le nom même de la Révolution française.
On sait, en effet, qu'avec les lettres de ces deux mots - en supprimant veto, ce qui est symbolique - un esprit malin et ingénieux réussit, un jour, à écrire : Un Corse la finira ...

Or ce Corse, qui devait, pendant dix-huit ans, étonner l'Europe, ne serait sans doute pas parvenu au pouvoir sans les femmes. Légères, gracieuses, libertines, piquantes, elles seront les abeilles qui lui permettront de bâtir un Empire
...
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MessageSujet: LA REINE MARGOT   LA REINE MARGOT   de la part d'EPHISTO - Page 27 EmptyMar 21 Fév - 13:25

Bon, j'ai terminé le tome VI. Vais pouvoir attaquer le VII...... Very Happy Wink
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