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 LA REINE MARGOT de la part d'EPHISTO

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MARCO
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JeanneMarie
epistophélès
AVENIR
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epistophélès

epistophélès


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LA REINE MARGOT   de la part d'EPHISTO - Page 14 Empty
MessageSujet: Anne d'Autriche et Mazarin   LA REINE MARGOT   de la part d'EPHISTO - Page 14 EmptyVen 22 Avr - 0:10

LA MARQUISE DE POMPADOUR EST RESPONSABLE DU STUPIDE TRAITE D'AIX-LA-CHAPELLE



Le gouvernement des femmes est d'ordinaire le malheur des Etats

- RICHELIEU -



UN jour, Mme de Pompadour désira être présentée officiellement à la reine. Elle vint faire une révérence sous le contrôle de Mme de Conti, et Marie Leczinska, qui aurait eu quelques raisons d'être prévenue contre la favorite, se montra d'une exquise amabilité. Après l'audience, elle déclara :

- Du moment que le roi a besoin d'une maîtresse, autant Mme Pompadour qu'une autre.

Cette réflexion devait beaucoup aider la marquise dans son établissment à la Cour.


Quelques semaines plus tard, pourtant, la reine ne put s'empêcher de jouer un tout malicieux à sa rivale.
Celle-ci s'était présentée devant elle, les deux bras nus chargés d'une énorme gerbe de fleurs ;
"la reine aussitôt, conte Mme Campan, de louer à haute voix, en termes flatteurs, le teint, les yeux et les beaux bras de la marquise, et la trouvant ainsi inifniment gracieuse, elle la prie de chanter dans cette attitude.
Mme de Pompadour, fort embarrassée de son encombrant fardeau, sentait parfaitement ce que cette invitation avait de désobligeant et elle cherchait à s'excuser. Mais la reine finit par le lui ordonner.
Alors la marquise entonna malicieusement le grand air du monologue d'Armide quand l'enchanteresse tient Renaud sans ses fers dorés :

Enfin, il est en ma puissance ! ...

"En voyant l'altération du visage de Sa Majesté, toutes les dames présentes à cette scène eurent à composer leurs visages
".



Heureusement pour la favorite, la bonne reine était incapable de garder rancune à quelqu'un. Le lendemain, elle avait oublié l'affront et bientôt les deux femmes vécurent dans une paix complète, ce qu'apprécia Louis XV qui avait horreur des complications
...
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Martine

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LA REINE MARGOT   de la part d'EPHISTO - Page 14 Empty
MessageSujet: Re: LA REINE MARGOT de la part d'EPHISTO   LA REINE MARGOT   de la part d'EPHISTO - Page 14 EmptyVen 22 Avr - 5:58

Quel misogyne ce Richelieu !
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MessageSujet: LA REINE MARGOT   LA REINE MARGOT   de la part d'EPHISTO - Page 14 EmptyLun 25 Avr - 20:20

Installée à la Cour, où le marquis de Gontaut lui apprenait les belles manières, la marquise consolida ses positions auprès du roi en organisant des fêtes, des bals et des spectacles de toutes sortes.

Elle-même jouait et chantait avec talent dans ces divertissements.

Ce goût pour le théâtre la poussait d'ailleurs à se travestir dans le privé pour fortifier les ardeurs du souverain.


Aux rendez-vous que lui donnait Louis XV, elle arrivait habillée tantôt en petite laitière, tantôt en soeur grise, d'autres fois en abbesse ou en bergère. On la vit même en "servante aux vaches" avec une jatte de lait tout chaud...

Ces efforts étaient d'autant plus méritoires que la marquise était affligée d'un tempérament très froid, et qu'elle devait se donner beaucoup de mal pour jouer les femmes déchaînées
.

Aussi recourait-elle à des artifices pour se mettre au diapason du roi. Mme du Haussay, sa fidèle femme de chambre, nous indique quelques-uns des aprhrodisiaques dont elle usait :

"Mme de Pompadour s'ingéniait à plaire au roi et à répondre à ses transports voluptueux, essaya, à une époque, du chocolat à triple vanille et ambré qu'elle se faisait servir à déjeuner ; elle mangeait aussi des truffes et des potages au céleri."

Ce régime ayant échauffé la marquise, Mme du Haussay lui fit un jour des remarques qu'elle n'eut pas l'air d'écouter. La femme de chambre en parla alors à la duchesse de Brancas qui fit part à Mme de Pompadour des appréhensions qu'elle éprouvait pour sa santé.

- Ma chère amie, lui répondit celle-ci, je suis troublée de la crainte de perdre le coeur du roi en cessant de lui être agréable. Les hommes mettent, comme vous pouvez le savoir, beaucoup de prix à certaines choses ; et j'ai le malheur d'être d'un tempérament très froid.
J'ai imaginé de prendre un régime échauffant pour réparer ce défaut ; et depuis deux jours cet élixir me fait assez de bien, ou du moins j'ai cru m'en apercevoir.

La duchesse de Brancas regarda la drogue et la jeta dans la cheminée.

Mme de Pompadour protesta :

- Je n'aime pas être traitée comme une enfant ! dit-elle.

Puis elle éclata en sanglots et reconnut qu'elle avait tort car ces remèdes émoustillants nuisaient à sa santé.


Lorsque Mme de Brancas fut partie, elle appela Mme de Haussay et, les yeux pleins de larmes, s'exprima très simplement :

- J'adore le roi, je voudrais lui être agréable. Mais hélas ! quelquefois, il me trouve une macreuse (oiseau aquatique que l'on dit avoir le sang froid). Je sacrifierais ma vie pour lui plaire.

Ce manque de tempérament finit par être connu, et de nombreuses femmes se mirent de nouveau à tourner autour du roi.
A tout hasard.


L'une d'elles, Mme de Coislin, donna quelque inquiétude à Mme de Pompadour. Un soir, à Marly, les deux femmes se lancèrent des pointes qui amusèrent la galerie. La marquise rentra chez elle presque au désespoir. S'étant habillée très rapidement, elle appela Mme de Haussay et lui dit :

- Je ne crois pas qu'il y ait rien de si insolent que cette Mme de Coislin, je me suis trouvée ce soir au jeu à une table de brelan avec elle, et vous ne pouvez vous imaginer ce que j'ai souffert. Les hommes et les femmes semblaient se relayer pour nous examiner. Mme de Coislin a dit deux ou trois fois en me regardant :
"Va-tout" de la manière la plus insultante, et j'ai cru me trouver mal quand elle a dit d'un ton triomphal :
"J'ai brelan de rois !"
Je voudrais que vous eussiez vu sa révérence en me quittant.

- Et le roi, dit la femme de chambre, lui a-t-il fait bonne mine ?

- Vous ne le connaissez
pas, ma bonne, reprit Mme de Pompadour, s'il devait la mettre dès ce soir dans mon appartement, il la traiterait froidement devant le monde et me traiterait avec la plus grande amitié. Telle a été son éducation.
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MessageSujet: LA REINE MARGOT   LA REINE MARGOT   de la part d'EPHISTO - Page 14 EmptyMar 26 Avr - 19:27

Mme de Pompadour ne se trompait pas : le roi devint l'amant de Mme de Coislin et sembla même y prendre plaisir.

Ulcérée, la favorite convoqua Janelle, l'intendant des postes qui avait organisé une espèce de cabinet où le courrier des particuliers était lu - et souvent copié - pour que le roi en prît connaissance.
Elle lui remit un pli et lui dit :

- Placez ce mot dans les extraits de lettres que vous remettez au roi. S'il vous demande qui l'a écrit, répondez que c'est un conseiller au Parlement et citez un nom.

Janelle, qui était dévoué à la marquise, emporta la lettre et, le lendemain, Louis XV la trouva sur son bureau. La voici :


Il est juste que le maître ait une amie, une confidente comme nous tous tant que nous sommes, quand cela nous convient ; mais il est à désirer qu'il garde celle qu'il a ; elle est douce, ne fait de mal à personne et sa fortune est faite. Celle dont on parle (Mme de Coislin) aura toute la superbe que peut donner une grande puissance ; il faudra lui donner un million par an, parce qu'elle est, à ce qu'on dit, très dépensière, et faire ducs, gouverneurs de province, maréchaux, ses parents, qui finiront par environner le roi et faire trembler ses ministres.


Cette ruse un peu grossière réussit. Louis XV, qui était assez avare, abandonna rapidement Mme de Coislin.

Et peu de jours après, Mme de Pompadour disait à Mme du Haussay :

- Cette superbe marquise a manqué son coup, elle a effrayé le roi par ses grands airs et n'a cessé de lui demander de l'argent, et vous ne savez pas que le roi signerait sans y songer pour un million et donnerait avec peine cent louis sur son petit trésor.


A peine Mme de Coislin était-elle éliminée qu'un groupe de ministres ennemi de Mme de Pompadour essayait de placer la comptesse de Choiseul dans le lit du roi.

Un soir, le compte d'Argenson, ministre de la guerre, fit venir la jeune femme dans le bureau de Louis XV, referma la porte et attendit.

Au bout d'un moment, comme rien ne semblait bouger dans la pièce voisine, il alla mettre son oeil au trou de la serrure et le spectacle qu'il vit lui réchauffa le coeur : Mme de Choiseul, couchée sur un canapé, remplissait vaillamment sa mission.


Quelques instants après, la comptesse apparut, échevelée et "dans le désordre qui était la marque de son triomphe".

- Alors, lui dit M. d'Argenson, d'un ton hypocrite, est-ce fait ?

- Oui, c'en est fait, répondit-elle, je suis aimée, il est heureux ; elle va être renvoyée, il m'en a donné sa parole.

En entendant ces mots M. d'Argenson appela les autres ministres et tous se congratulèrent.

Mais leur joie allait être courte : car Mme de Choiseul, "s'étant livrée comme une fille, fut abandonnée comme une fille".


Alors M. d'Argenson chargea sa propre maîtresse, Mme d'Estrade, de prendre la place de Mme de Pompadour. La jeune femme se mit aussitôt à l'oeuvre, et un soir que Louis XV, un peu fatigué après un bon repas, se reposait sur un canapé dans un petit salon, elle entra à pas de loup, se déshabilla entièrement et vint se coucher à côté de lui.

Le roi qui somnolait, alourdi par les vapeurs du vin de Tokay, ne tourna même pas la tête.

Alors la jeune femme se livra sur lui à des voies de faits qui changèrent bien des choses dans la personne royale.
Puis elle abusa de la situation.

Hélas ! cet exploit ne devait lui être d'aucune utilité ; car le lendemain, Louis XV, dégrisé, ne se souvient de rien et passa près d'elle sans lui adresser la parole.
Le coup avait raté.
..
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MessageSujet: LA REINE MARGOT   LA REINE MARGOT   de la part d'EPHISTO - Page 14 EmptyMar 26 Avr - 21:49

Si les manoeuvres de M. d'Argenson réussissaient parfois à mettre une dame dans le lit du roi, elles n'étaient pas capables cependant d'entamer la puissance de la marquise.

Louis XV aimait follement Mme de Pompadour. Il la couvrait de cadeaux, lui offrait des terres, des châteaux, des bijoux, cédait à tous ses caprices et ne pouvait pas se passer de sa compagnie.

Lorsqu'il était trop triste, trop mélancolique, elle seule pouvait combattre so ennui. L'après-midi, elle venait le retrouver par l'escalier secret qui reliait leurs appartements et se mettait au clavecin pour lui chanter des extraits d'opéra ou quelques chansons à la mode.

Le soir, c'était avec elle qu'il présidait, dans les fameux Petits Cabinets, aux soupers réservés aux intimes. Et la nuit, selon le mot d'un auteur du temps, "c'était elle la vraie reine de France"...


Marie Leczinzka avait d'ailleurs fini par accepter cette situation avec l'abnégation d'une bonne chrétienne. Une anecdote le prouvera.
Un soir, Mme de Pompadour fouait avec elle à la comète lorsque la pendule sonna dix coups. Un peu gênée, la favorite demanda la permission de quitter le jeu.

- Allez, lui dit la reine avec bonté.

Et Mme de Pompadour, après une révérence respectueuse, courut faire l'amour avec le roi.


Depuis quelques temps, sa puissance était si grande que les ministres eux-mêmes acceptaient de recevoir ses avis et ses directives. Quant au roi, il commençait à la considérer comme sa conseillère politique.

Or on était en août 1748, les armées de Maurice de Saxe avançaient en Hollande, prenant ville après ville, et Mme de Pompadour craignait de voir son amant repartir pour la guerre. Elle avait peur, en effet, de demeurer seule à Versailles où tant de gens la détestaient ; et, pour conserver le roi auprès d'elle, elle s'efforçait, depuis quelque temps déjà, de faire admettre l'idée d'une paix. Les évènements allaient l'aider.


Après la prise de Maestricht, Marie-Thérèse et se alliés affolés demandèrent la paix. La France, qui était maîtresse des Pays-Bas, se trouvait, pour négocier dans la situation la plus favorable et pouvait se montrer difficile. Mme de Pompadour, soucieuse d'en finir avec ses craintes, conseilla au roi de n'avoir aucune exigence et de rendre toutes ses conquêtes jusqu'au matériel pris.

Et ce fut le stupide triaté d'Aix-la-Chapelle qui mit le peuple en colère et dont, le plus plat des courtisans, M. de Voltaire, désireux de se faire bien voir, félicita la favorite.

Il lui écrivit en effet :


Il faut avouer que l'Europe peut dater sa félicité du jour de cette paix. On apprendra avec surprise qu'elle fut le fruit des conseils pressants d'une jeune dame du plus haut rang, célèbre par ses charmes, par des talents singuliers, par son esprit et par une place enviée. Ce fut la destinée de l'Europe dans cette longue querelle, qu'une femme (Marie-Thérèse) la commençât et qu'une femme la finît.

Cette lettre déshonorante pour l'écrivain montre à quel point Mme de Pompadour était devenue puissante, puisqu'on la félicitait même pour ses gaffes...

A ce moment la marquise avait plus d'influence qu'un prince du sang. "Il n'y avait, nous dit Pierre de Nolhac, qu'une seule puissance dont elle ne disposât point, puissance incertaine encore, mais déjà inquiétante, et dont le rôle, avec tant de questions graves qui se posaient dans l'Etat, grandissait d'année en années ; c'était l'opinion publique.
D'abord favorable ou indifférente, elle se déchaînait maintenant contre la favorite, et dirigée par des gens habiles, la rendait responsable des fautes du gouvernement et du mécontentement universel.

A propos de cette paix que le peuple ne pouvait accepter, un pamphlet violent qui annonçait 1789 dircula de mains en mains :


Lâche dissipateur des biens de tes sujets,
Toi qui comptes les jours par les maux que tu fais,
Esclave d'une femme et d'un ministre avare,
Louis, apprend le sort que le Ciel te prépare.
Si tu fus quelque temps l'objet de notre amour,
Tes vices n'étaient pas encor dans tout leur jour...
Tu verras chaque instant ralentir notre zèle
Et souffler dans nos coeurs une flamme rebelle,
De guerre sans succès fatigant les Etats
Tu fus sans généraux, tu seras sans soldats...


Puis des chansons qu'on appelait "poissonnades" coururent Paris. En voici quelques exemples significatifs :

Les grands seigneurs s'avilissent,
Les financiers s'enrichissent,
Tous les Poissons s'agrandissent. (2)
C'est le règne des vauriens;
On épuise la finance
En bâtiment en dépense ;
L'Etat tombe en décadence :
Le roi ne met ordre à rien, rien, rien, rien.
Une petite bourgeoise,
Elevée à la grivoise,
Mesurant tout à sa toise,
Fait de la Cour un taudis ;
Le roi, malgré son scrupule,
Pour elle follement brûle ;
Cette flamme ridicule
Excite dans tout Paris, ris, ris, ris.
Cette catin subalterne
Insolemment le gouverne,
Et c'est elle qui décerne
Les honneurs à prix d'argent ;
Devant l'idole tout plie,
Le courtisan s'humilie ;
Il subit cette infamie,
Et n'est que plus indigent, gent, gent, gent.

Mais ces insultes n'ébranlèrent pas la puissance de Mme de Pompadour qui devint à peu près l'églae d'un Premier ministre.


(2) Le père de Mme de Pompadour avait été anobli en 1747. Le roi, sans ironie d'ailleurs, lui avait donné pour armes "un écu de gueules à deux poissons en formes de barbeaux d'or adossés".
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MessageSujet: LA REINE MARGOT   LA REINE MARGOT   de la part d'EPHISTO - Page 14 EmptySam 30 Avr - 19:13

Ce triomphe extraordinaire d'une roturière qui, deux ans auparavant, ne connaissait ni les moeurs, ni les usages, ni le langage si particulier de la Cour finit par impressionner les courtisans. Peu à peu, tous finirent par se soumettre et faire bonne mine à Jeanne-Antoinette. Tous, sauf deux : Maurepas et le duc de Richelieu.

Le premier faisait sur Mme de Pompadour des poèmes satiriques. Le second cherchait à l'évincer en faisant entrer dans le lit du roi sa propre maîtresse, Mme de la Pouplinière.


C'était une brune ardente et romanesque qui se plaisait, nous dit-on, " à courir par les halliers (buissons touffus), les cheveux aux vents, habillée en Diane Chasseresse". Mariée au fermier général Le Riche de la Pouplinière, elle habitait un magnifique hôtel rue de Richelieu (actuellement, le n°5 de la rue).
Sa liaison avec le duc durait depuis trois ans et avait causé un scandale en 1746. M. de la Pouplinière ayant appris qu'il était cocu s'était alors rendu chez sa femme, l'avait jetée à terre d'un soufflet bien appliqué et l'avait piétinée sauvagement.
Comme il s'était plu, dans la colère, à "trépigner surtout le visage de son épouse", la malheureuse était sortie du combat "avec un crâne gros comme une citrouille et bosselée à la ressemblance d'un coing".
En outre, le fermier général lui avait interdit de revoir Richelieu.


Celui-ci, prévenu aussitôt, avait loué une maison contiguë à l'hôtel de La Pouplinière et avait fait établir une communication entre les deux immeubles par une plaque de cheminée qui s'ouvrait comme une porte dans la chambre de la jeune femme.

En 1748, il y avait deux ans que les amants se retrouvaient en toute sécurité, grâce à ce chemin secret, lorsque Richelieu eut l'idée de pousser sa maîtresse dans les bras du roi.

Mme de Pompadour eut-elle vent de la chose ? Désira-t-elle barrer la route à cette rivale en faisant éclater un scandale ? C'est possible.
Car au début de novembre 1748, M. de La Pouplinière fut brusquement informé que sa femme continuait de recevoir M. de Richelieu.


Très intrigué, il se demanda comment le duc parvenait à pénétrer dans son hôtel sans que personne s'en aperçut ; un jour, pendant que Mme de La Pouplinière assistait à une revue militaire dans la plaine des Sablons, il fouilla minutieusement sa maison en compagnie du fameux physicien et inventeur d'automates, Vaucanson.

Au bout d'un moment, les deux hommes arrivèrent devant la plaque de cheminée.

- Exactement derrière ce mur, dit M. de La Pouplinière, se trouve la chambre de M. de Richelieu. Il suffirait d'un passage secret pour tout expliquer.

Vaucanson donna un coup de canne dans la plaque et remarqua qu'elle sonnait creux. S'approchant pour mieux l'examiner, il put alors constater "qu'elle était à charnière et que la jointure en était presque imperceptible".

- Ah ! le bel ouvrage, s'écria-t-il avec admiration.

Et il glissa la lame d'un canif dans une rainure. Mue par un ressort caché, la plaque s'ouvrit aussitôt.

M. de La Pouplinière parut extrêmement contrarié.


Le soir, Mme de La Pouplinière fut jetée à la rue par son mari et toute la capitale s'amusa beaucoup de l'aventure.
On chansonna la femme du fermier général et, à Noël, les camelots parisiens vendirent des jouets d'actualité qu'on s'arracha.
Il s'agissait de "petites cheminées en carton, avec une plaque qui s'ouvrait, derrière laquelle on voyait un homme et une femme qui se guettaient".

Mme de La Pouplinière était définitivement ridiculisée et Mme de Pompadour n'avait plus rien à craindre d'elle
.
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MessageSujet: LA REINE MARGOT   LA REINE MARGOT   de la part d'EPHISTO - Page 14 EmptySam 30 Avr - 19:51

LA VERITE SUR LE PARC-AUX-CERFS



L'oubli de son personnage de roi, la délivrance de lui-même, voilà ce que Louis XV demandait à l'adultère. - J. ET E. DE GONCOURT -




UN matin de 1749, M. de Maurepas, ministre de la Marine, se trouvait dans le cabinet du roi. Conscient du danger que faisaient courir au royaume les dépenses somptuaires de Mme de Pompadour, il essayait d'ouvrir les yeux de Louis XV.

- Sire, la Marine a besoin d'argent. Nous manquons de bateaux, nos arsenaux sont en ruine, nos ports à l'abandon... Et je ne peux m'empêcher d'avoir le coeur serré en voyant s'élever des théâtres et des salles de ballet au moment où il faudrait des navires à Votre Majesté.

Cette allusion aux divertissements favoris de Mme de Pompadour gêna le roi, mais il ne répondit rien.
Encouragé, M. de Maurepas allait continuer, lorsque la marquise, qui écoutait aux portes, entra brusquement.
Elle avait l'oeil brillant.


- Monsieur de Maurepas, dit-elle d'un ton sec, vous faites venir à Sa Majesté la couleur jaune qui ne lui vaut rien. Adieu, Monsieur !

Et elle lui montra la porte.
Le ministre, humilié, sortit sans que le roi esquissât un geste pour le retenir.


Une fois de plus, Mme de Pompadour venait d'agir en roturière parvenue.
Quelques jours après, elle récidiva, montrant la même arrogance et le même manque de tact. Alors que le ministre était chez le roi, elle vint demander l'annulation d'une lettre de cachet.

- Il s'agit d'un ami, dit-elle. J'entends qu'on lui rende la liberté.

Et se tournant vers Maurepas, elle lui donna des ordres. Le ministre, un peu interloqué, regarda Louis XV :

- Il faut que Sa Majesté l'ordonne, dit-il.

- Faites ce que veut madame ! répondit sèchement le monarque.

Peiné de voir à quel point le roi était sous l'emprise de cette femme, Maurepas perdit toute réserve.


Le lendemain, la favorite, en se mettant à table, trouva sous sa serviette un quatrain d'apparence anodine :

Par vos grâces nobles et franches,
Iris, vous enchantez les coeurs.
Sous vos pas, vous semez des fleurs,
Mais hélas ! ce sont des fleurs blanches.


Mme de Pompadour blêmit, et des larmes lui montèrent aux yeux. Cette épigramme visait une infirmité secrète qui l'atteignait, selon le mot de Henri Carré, "à la source même de sa fortune". Depuis quelque temps, en effet, une mauvaise salpingite (inflammation d'une trompe utérine) lui causait des ennuis.

Devinant que Maurepas était l'auteur du quatrain, elle alla trouver le roi et lui demanda de le châtier sévèrement. Louis XV, très ennuyé, car le ministre était un ami de longue date, répondit qu'on manquait de preuves.

Alors, pour frapper l'esprit de son amant, Mme de Pompadour inventa un gros mensonge ; elle prétendit que M. de Maurepas voulait l'empoisonner.


Cette accusation était tellement invraisemblable que Louis XV ne put cacher son scepticisme. La marquise ne se démonta pas ; le soir et les jours suivants, elle affecta de ne manger d'aun plat qu'après que les autres convivent y eussent goûté.
Le vendredi, cette comédie devint plus burlesque encore. Comme elle se piquait d'irreligion, on lui servait à elle seule, ce jour-là, des aliments gras. En les voyant arriver sur la table, elle poussa des cris :

- Pas aujourd'hui... Des plats spécialement préparés pour moi ne peuvent qu'être empoisonnés !
Et elle eut une crise de nerfs.


Louis XV, visiblement agacé par cette scène ridicule, rentra chez lui après avoir salué la marquise assez froidement.

Cette réaction imprévue afflola Mme de Pompadour, qui, changeant de tactique, décida de faire une démarche auprès de M. de Maurepas.
Un matin, elle arriva dans le bureau du ministre, accompagnée d'une amie. Tout de suite, elle l'attaqua
:

- On ne dira pas que j'envoie chercher les ministres dit-elle, je me dérange pour les voir.

Maurepas se leva.

- Quand donc connaîtrez-vous enfin, monsieur, les auteurs de ces infâmes chansons qui courent les rues ?

Quand je les connaîtrai, madame, répondit le ministre, c'est au roi seul que je les nommerai.

- Vous faites bien peu cas, monsieur, des maîtresses du roi.

Le ministre s'inclina :

- Je les ai toujours respectées, madame, de quelque espèce qu'elles fussent.


Mme de Pompadour n'était pas venue pour se faire insulter. Elle partit en claquant la porte.


Le soir même, chez la maréchale de Villars, dame d'honneur de la reine, quelqu'un félicita ironiquement Maurepas de la visite qu'il avait reçue.

- Celle de Mme de Pompadour ? dit le ministre en riant. Oui, mais cela lui portera malheur. Je me souviens que Mme de Mailly vint aussi me voir deux jours avant que d'être renvoyée par Mme de Châteauroux. Quant à celle-ci, on sait que je l'ai empoisonnée. Je leur porte malheur à toutes.

Ce propos badin, tenu devant trente personnes, monta tout droit aux Petits Cabinets, et la favorite réussit à convaincre le roi que le minsitre voulait la faire disparaître.


Louis XV, cette fois, fut très ému. Il quitta la table et s'enferma dans une chambre avec la marquise.
Une demi-heure plus tard, un courrier allait, en pleine nuit, chez M. d'Argenson, porteur d'un billet que le ministre de la Guerre devait remettre sans délai à M. de Maurepas. C'était un ordre d'exil :


Vos services, monsieur, ne me conviennent plus. Vous remettrez votre démission à M. de Saint-Florentin. Vous vous retirerez à Bourges et vous n'y verrez que votre famille. Je vous dispense de toutes réponses.


Rarement disgrâce avait été aussi cruellement signifiée. Maurepas, effondré, quitta Versailles.
Il allait payer de vingt-cinq ans d'exil le crime d'avoir chansonné une favorite vindicative
.
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MessageSujet: LA REINE MARGOT   LA REINE MARGOT   de la part d'EPHISTO - Page 14 EmptySam 30 Avr - 20:29

Ayant abattu son ennemi, Mme de Pompadour respira. Une nouvelle fois, elle venait de prouver sa puissance au royaume tout entier. Elle ne sortait pas, toutefois, complétement indemne du combat qu'elle avait mené contre le ministre de la Marine. Les tracas, les nuits d'insomnie, les soucis l'avaient usée et défraîchie. Ses appas s'étaient fanés, et les chansonniers, reprenant la plume de Maurepas, composèrent ce couplet peu galant :

Les yeux froids et le cou long,
La contenance éventrée,
La peau jaune et truitée,
Et chaque dent tachetée,
Sans esprit, sans caractère,
L'âme vile et mercenaire,
Les propos d'une commère,
Tout est bas chez la Poisson.


En lisant ce pamplet, Louis XV ne dit rien, car lui-même commençait à trouver Mme de Pompadour un peu fripée. Depuis quelque temps, d'ailleurs, la favorite n'était plus qu'une amie pour lui. Les médecins ne parvenant pas à guérir la mauvaise salpingite de Jeanne-Antoinette, avaient interdit, en effet, à celle-ci "de remplir les devoirs de son état".

Pendant des mois, le monarque se consola avec différentes demoiselles - autant que possible, vierges - que des amis obligeants lui amenaient en cachette.


La marquise ne tarda pas à être informée de ces galanteries par sa police personnelle. Comprenant le danger qu'elle courait, elle décida "de retenir Louis XV dans ses chaînes en devenant elle-même la surintendante de ses amours"...

Un curieux personnage arrivé à Paris depuis peu allait l'aider, bien involontairement d'ailleurs, dans cette aimable tâche.
C'était un Italien de vingt-cinq ans qui ne pensait qu'à séduire les demoiselles.
Il s'appelait Casanova.

Un jour, par hasard, ce jeune homme fit la connaissance d'une adolescente adorable, qui servait de modèle à Boucher. Ecoutons-le nous conter la chose :


" - J'étais à la foire Saint-Laurent avec mon ami Patu, lorsqu'il lui vint envie de souper avec une actrice flamande nommée Morphy, et il m'engagea à être de moitié dans son caprice. Cette fille ne me tentait pas ; mais que refuse-t-on à son ami ? Je fis ce qu'il voulut.
Après avoir soupé avec sa belle, Patu eut envie de passer la nuit à une occupation plus douce, et, ne voulant pas le quitter, je demandai un canapé pour y passer sagement la nuit.
"La Morphy avait une soeur, petite souillon d'environ treize ans (Casanova se trompe, elle en avait quinze), qui me dit que, si je voulait lui donner un petit écu, elle me céderait son lit. Je le lui accorde, et me voilà dans un petit cabinet où je trouve une paillasse sur quatre planches.
" - Et tu appelles cela un lit, mon enfant ?
" - Je n'en ai pas d'autre, monsieur.
" - Je n'en veux point, et tu n'auras pas mon petit écu.
" - Vous pensiez donc à vous déshabiller .
" -Bien sûr !
" - Quelle idée ! Nous n'avons point de draps.
" - Tu dors donc tout habillée ?
" - Non !
" - Eh bien, couche-toi comme d'ordinaire, et je te donnerai le petit écu.
" - Pourquoi ?
" - Pour te voir dans cet état.
" - Mais vous ne me ferez rien ?
" - Pas la moindre chose.
"Elle se met sur sa pauvre paillasse, où elle se couvre avec un vieux rideau. Dans cet état, l'idée des haillons disparaît ; je ne vois plus qu'une beauté parfaite, mais je voulais la voir en entier.
"En riant, elle prend toutes les positions que je lui demande, et je suis forcé d'admirer tout le charme de ce beau corps jeune, mais mûri de bonne heure.
J'avais le désir de voir tous ces charmes bien propres ; et elle me demanda six francs pour se laver des pieds à la tête".


Lorsqu'elle eut pris un bain, la petite rouée revint dans le lit où l'attendait Casanova.

" -Je la trouvai alors, ajoute-t-il, disposée à me laisser tout faire, excepté la seule chose dont je ne me souciais pas. Elle me prévint qu'elle ne me permettrait pas cela, car, au jugement de sa soeur, cela valait vingt-cinq louis.Je lui dis que nous marchanderions une autre fois ce point capital et que, pour le moment, nous le laisserions intact. Rassurée sur ce point, tout le rest fut à ma disposition, et je lui trouvai un talent très perfectionné, quoique si précoce."


Cette experte jeune fille s'appelait Louison Morphy.
Au bout de quelques jours, Casanova en fut tellement amoureux qu'il commanda son portrait à un peintre allemand. Celui-ci la peignit nue, couchée sur le ventre, et Casanova nota "que l'artiste, habile et plein de goût, avait dessiné sa partie inférieure avec tant d'art et de vérité qu'on ne pouvait rien désirer de plus beau.
(Ce portrait illustre la jaquette du présent volume. Mais vous, chers amis de Mosaïque, vous n'en profiterez pas, nananèreuuuu).

Un jour, en 1753, le peintre, ayant été appelé à Versailles, montra à M. de Saint-Quentin une copie de sa toile. Le courtisan, qui était chargé précisément de chercher des tendrons pour le lit du roi, pensa que cette jolie fille pouvait plaire à son maître. Il alla lui montrer le portrait.

Louis XV fut ébloui. Le lendemain, sur son ordre, Louison, convenablement débarbouillée par sa soeur, qui avait reçu mille écus, lui était amenée dans un petit pavillon de Versailles. Il la prit sur ses genoux, lui fit quelques caresses et, nous dit Casanova, "s'étant assuré de sa royale main que le fruit n'avait pas encore été cueilli, il lui donna un baiser".

Pendant cet examen, Louison le regardait attentivement avec un curieux sourire.

- Pourquoi ris-tu ? lui demanda-t-il.
- Je ris de ce que vous ressemblez à un écu de six francs comme deux gouttes d'eau !

Cette naïveté amusa beaucoup Louis XV.

Le soir, Louison avait un appartement dans une petite maison, non loin du palais, et le souverain commençait avec délices à faire son éducation
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MessageSujet: LA REINE MARGOT   LA REINE MARGOT   de la part d'EPHISTO - Page 14 EmptyMar 3 Mai - 23:45

La petite maison dans laquelle le roi avait logé Louison allait être à l'origine d'une fable dont les écrivains de la Révolution devaient se régaler.

Nous voulons parler du fameux Parc-aux-Cerfs.


Depuis près de deux cents ans, les choses les plus invraisemblables ont été colportées, écrites et apprises sur ce lieu que la plupart des historiens ont présenté comme un harem, ajoutant que son nom venait des orgies montrueuses qu'y organisait Louis XV.
Lavallée, par exemple, se représente "une sorte de sérail à la façon orientale, un immense jardin avec bosquets mystérieux, pelouses fleuries, pavillons enchantés, et un essaim de biches plus ou moins timides, poursuivies par un lubrique monarque".


C'était en réalité, tout autre chose. Le Parc-aux-Cerfs était le nom d'un quartier de Versailles bâti au temps de Louis XIV sur l'emplacement d'un parc à bêtes fauves datant de Louis XIII.

Voici, en effet, ce que nous dit J.-A. Le Roi, qui fut en 1864 conservateur de la Bibliothèque de Versailles et qui effectua des recherches personnelles sur ce quartier.


"Quand Louis XIII acheta la seigneurie de Versailles et y fit construire un petit château, c'était surtout pour être plus facilement au milieu des bois dont ce lieu était entouré et pour s'y livrer au plaisir de la chasse, qu'il aimait passionnément.
Aussi, l'un de ses premiers soins fut de faire élever près de son habitation les animaux pouvant servir à ses plaisirs. C'est pour cela qu'il choisit, dans les bois qui couvraient alors le sol de la ville, un emplacement dans lequel il pût réunir et faire élever des cerfs, des daims, et d'autres bêtes fauves. Il le fit entourer de murs, y fit construire quelques maisons de gardes, et ce lieu reçut le nom de Parc-aux-Cerfs
.

La légende qui s'attacha à cet endroit démontre une fois de plus le pouvoir des mots ; car la réputation de Louis XV eût sans doute été différente si Louis XIII avait appelé sa réserve d'animaux sauvages, le "Parc-aux-Renards" ou le "Parc-aux-Chevreuils".
"Le Parc-aux-Cerfs, ajoute J.-A. Le Roi, comprenait tout l'espace situé entre la rue de Satory, la rue des Rossignols et la rue Saint-Martin.
Ce parc fut d'abord conservé par Louis XIV, et la ville se composa du Vieux-Versailles et de la ville neuve, ne formant qu'une seule paroisse, celle de Notre-Dame.
"Quelques années après son séjour à Versailles, vers 1694, Louis XIV, voyant les habitations s'élever avec rapidité dans la ville qu'il venait de créer, songea à son agrandissement. Le Parc-aaux-Cerfs fut alors sacrifié. Louis XIV fit abattre les murs, arracher les arbres, détruire les maisons des gardes, niveler le sol, et l'on y traça des rues et des places.
Des terrains furent donnés, surtout à des gens de la maison du roi, mais l'on n'y vit cependant s'élever sous son règne que quelques rares habitations.
Louis XIV mort, Versailles resta pensant quelques années comme une ville abandonnée.
Aucune construction ne s'y fit.


Mais lorsque Louis XV y eut de nouveau fixé son séjour et que la Cour y fut revenue, on vit afflurer de toutes parts de nouveaux habitants. Leur nombre qui, à la morte de Louis XIV, était de vingt-quatre mille, fut presque doublé dans les quinze premières années. Les maisons se construisirent de tous côtés dans le quartier du Parc-aux-Cerfs, et les habitants furent si nombreux que l'on sentit la nécessité de diviser la paroisse en deux parties égales et de créer une nouvelle paroisse formant aujourd'hui la quartier ou la paroisse Saint-Louis."


Bon, là, je vous abandonne. Suis en train de m'endormir sur le clavier.
Vous bibizzzzzzzzzzz toutesetousssssssssssssss
.
Bonne nuit et rêves fantastiques à vous !
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MessageSujet: LA REINE MARGOT   LA REINE MARGOT   de la part d'EPHISTO - Page 14 EmptyMer 4 Mai - 19:35

C'était là que tout seigneur un peu organisé possédait une maison pour y retrouver tranquillement ses petites amies et y faire des soupers fins.

Il n'est donc pas étonnant qu'en 1753, lorsque Louis XV rechercha un endroit discret pour tromper à la fois Maire Leczinska et Mme de Pompadour, son choix se soit fixé sur une habitation de ce quiartier réservé aux amours illicites.


Il acheta, par l'intermédiaire d'un huissier du Châtelet de Paris, nommé Vallet, la maison de Jean-Michel Crémer, bourgeois de Versailles, située sur l'emplacement actuel du 4, rue Saint-Médric.

C'est là qu'il installa Louison Morphy "avec une dame pour la garder et un domestique pour les servir". La jeune fille, à qui sa bonne fortuen valait le surnom flatteur de Sirette, resta dans cette maison près de deux ans.

Un soir de 1756, se croyant tout permis et poussée par la maréchale d'Estrées, qui n'aimait pas Mme de Pompadour, elle dit au roi :

- Et comment va la vieille coquette ?

Louis XV sursauta. Il n'admettait pas qu'on manquât de respect à la marquise.

- Qui vous a soufflé cette question ? demanda-t-il.

A la vue du souverain en colère, Louison fondit en larmes et avoua que c'était Mme d'Estrées.

Trois jours plus tard, la maréchale était renvoyée dans ses terres, et Mlle Morphy, qui avait pourtant donné une fille à Louis XV, quittait pour toujours le petite maison du Parc-aux-Cerfs.


Sa soeur, Brigitte, âgée de vingt ans - une fille à parties - la remplaça, car selon le mot d'Argenson, "c'était un goût du roi d'aller ainsi de soeurs en soeurs".

Puis la petite maison fut occupée par une demoiselle Robert, une demoiselle Fouquet et une demoiselle Hénaut...


Par la suite, Louis XV ne se contenta pas d'entretenir une seule pensionnaire. Sans atteindre aux raffinements imaginés par les auteurs des pamphlets édités pendant la Révolution, il fit acheter à leurs parents des jeunes filles souvent à peine nubiles (car il craignait la contagion de certaines maladies "dont on ne guérissait pas, comme des écrouelles", dit Lebel, son valet de chambre) et se constitua "une réserve de tendrons".
"Des petites filles de neuf à douze ans, lorsqu'elles avaient attiré les regards de la police par leur beauté, étaient enlevées à leur mère contre une somme d'argent et conduites à Versailles. Là, Louis XV passait plusieurs heures avec elles, s'amusait à les déshabiller, à les laver, à les lacer. Il avait le plus grand soin de les instruire lui-même des devoirs de la religion ; il leur apprenait à llire, à écrire et à prier Dieu. Il faisait plus, lorsqu'il les avait initiées au plaisir, il priait lui-même à genoux avec elles.
Ce qui témoignait d'un bon fond.


Ces adolescentes n'étaient pas rassemblées en un même endroit. Pour les loger, le roi acheta dans le quartier du Parc-aux-Cerfs d'autres habitations qui n'ont pas toutes été identifiées. On sait seulement qu'il possédait la maison située sur l'emplacement de l'actuel 78, rue d'Anjou, celle qui porte le numéro 14 de la rue Saint-Louis, et une troisième sise avenue de Saint-Cloud... Les autres ont échappé aux recherches.

L'une de ces petites maisons,appelée l'Ermitage, appartenait à Mme de Pompadour qui s'était faite, nous l'avons dit, la pourvoyeuse du roi, pour garder sa situation et son influence politique.


C'est peut-être là qu'eut lieu cet accouchement, dont nous parle Mme du Haussay dans ses Mémoires.
Ecoutons la confidente de Mme de Pompadour :

"Madame (il s'agit de la marquise) me fit appeler un jour et entrer dans son cabinet.

" - Il faut, me dit-elle, que vous alliez passer quelques jours à l'avenue de Saint-Cloud, dans une maison où je vous ferai conduire. Vous trouverez là une jeune personne prête à accoucher."

Mme du Haussay promit de s'occuper de la demoiselle "grosse d'un fruit royal", et Mme de Pompadour parla doucement de Louis XV :

- C'est à son coeur que j'en veux, me dit-elle, et toutes ces petites filles ne me l'enlèveront pas. Je ne serais pas aussi tranquille, si je voyais quelque jolie femme de la Cour ou de la ville tenter se conquête.


"Je demandais à Madame si la jeune personne savait que c'était le roi qui était le père.

" - Je ne crois pas, me dit-elle, mais comme il a paru aimer celle-ci, je crains qu'on ne se soit trop empressé de le lui apprendre. Sans cela, on dit à elle et aux autres que c'est un seigneur polonais parent de la reine, et qui a un appartement au château.
Cela a été imaginé à cause du cordon bleu que le roi n'a pas toujours le temps de quitter, parce q'uil faudrait changer d'habit."

Le fameux harem du Parc-aux-Cerfs se réduit donc finalement à quelques petites maisons, éparpillées dans un quartier de Versailles et abritant chacune une ou deux jolies filles
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MessageSujet: LA REINE MARGOT   LA REINE MARGOT   de la part d'EPHISTO - Page 14 EmptyJeu 5 Mai - 18:13

Il est une autre erreur dont se sont rendus coupables certains historiens ; c'est celle qui consiste à regarder le Parc-aux-Cerfs comme une des principales causes de la déprédation des finances.
Lacretelle, par exemple, croyant sur parole les pamphlets révolutionnaires, écrit : "Les dépenses du Parc-aux-Cerfs se payaient avec des acquis au comptant. Il est difficile de les évaluer ; mais il ne peut y avoir aucune exagération à affirmer qu'elles coûtèrent plusieurs centaines de millions à l'Etat.
Dans quelques libelles, on les porte jusqu'au milliard".


En réalité, on le sait maintenant, l'entretien des petites maisons ne coûta, en seize ans, que quelques centaines de milliers de livres.

Ce qui est une bagatelle à côté des trente-six millions - c'est-à-dire environ quatre milliards de nos anciens francs - que Mme de Pompadour à coûté à la France en dix-neuf ans...
Comme quoi, plusieurs petites filles finissent par revenir moins cher qu'une grande dame..
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MessageSujet: LA REINE MARGOT   LA REINE MARGOT   de la part d'EPHISTO - Page 14 EmptyJeu 5 Mai - 18:53

Mme DE POMPADOUR RESPONSABLE DU RENVERSEMENT DES ALLIANCES


Son ambition la poussait à tout renverser pour arriver ... - Jules BELLEAU -




EN 1755, la favorite, qui ne remplissait plus ses "devoirs passionnels" depuis trois ans, fut brusquement prise de vertige. La situation qu'elle occupait auprès du roi était trop insolite, trop anormale pour pouvoir durer longtemps. Son activité de pourvoyeuse n'était pas suffisante pour la maintenir indéfiniment à la Cour, d'autant que le roi pouvait un jour s'éprendre d'une des petites filles du Parc-aux-Cers et en faire sa concubine officielle.

Mme de Pompadour eut alors une idée ; sachant que Louis XV détestait le travail, elle résolut de se rendre indipensable en le déchargeant des soucis du pouvoir.

L'ambitieuse et rusée marquise espérait, par la même occasion, renforcer son crédit, étendre son influence au-delà des frontières et gouverner elle-même.
Jusqu'alors, elle était Premier ministre ; elle voulut devenir le roi...


Comme rien ne l'avait préparée à cette tâche, elle alla trouver quelques amis, le garde des Sceaux, Machault, le secrétaire d'Etat Rouillé et l'abbé de Bernis, ancien ambassadeur de France à Venise, et leur demanda, avec cette candeur désarmante qu'ont souvent les jolies femmes, de l'initier aux affaires publiques.

Ravis de plaire à la favorite, les hommes d'Etat ouvrirent leurs dossiers, expliquèrent les dessous des tractations avec les pays étranger, étalèrent les comptes du Trésor, communiquèrent les plans militaires, commentèrent les dépêches diplomatiques...

Pendant des semaines, élève appliquée et intelligente, Mme de Pompadour s'informa, prit des notes, retint des noms, lut des rapports. Lorsqu'elle se jugea suffisamment instruite, elle convoqua dans son petit cabinet de laque rouge, des généraux, des conseiller, des gens de finance, des magistrats et les étonna par ses connaissances.


Après chaque entretien, elle adressait à Louis XV - qui avait horreur qu'on lui parle de politique - une longue lettre pleine d'aperçus originaux. Le ton ferme qu'elle prenait alors en imposait au timide souverain.
" A l'égard des lettres que la marquise adressait au roi, écrit l'abbé de Bernis, je n'aurais jamais cru qu'elle lui eût dit la vérité avec autant d'énergie et même d'éloquence. Je l'en aimai et l'en estimai davantage. Je l'exhortai à ne pas affaiblir son style et à continuer à dire la vérité avec force et courage."

Mme de Pompadour n'allait pas tarder à prouver son autorité.


Depuis six ans, Jésuites et Jansénistes étaient en lutte à propos de la bulle Unigenitus, et l'affaire prenait des proportions inquiétantes.
Le gouvernement, mené par les Jésuites, avait accepté cette bulle comme loi d'Etat ; mais le Parlement, faisant cause commune avec les Jansénistes, la repoussait.


Au début de 1752, l'archevêque de Paris, Christophe de Beaumont, ayant interdit aux prêtres de son diocèse d'administrer la communion à quiconque ne serait pas muni d'un billet de confession certifiant son entière soumission à la bulle, un conseiller du Châtelet s'était vu refuser les sacrements en mourant et n'avait pu être enterré au cimetière. (L'usage voulait que la sépulture en terre chrétienne, c'est-à-dire au cimetière, fût refusée aux gens qui étaient morts sans avoir reçu _ par leur faute - l'extrême onction.)

Le Parlement, immédiatement saisi de l'affaire, avait fait brûler par le bourreau les mandements des évêques, tandis qu'on saisissait le temporel de l'archevêque.


Il avait enfin forcé les prêtres, au nom de la loi, à administrer la communion aux malades.
Christophe de Beaumont s'était alors rendu auprès du roi pour protester contre l'immixtion de l'Assemblée dans les affaires religieuses et Louis XV, faisant preuve d'une énergie inattendue, avait exilé le Parlement à Pontoise, puis à Soissons.

Au moment où Mme de Pompadour commençait sa carrière politique, les membres de l'Assemblée venaient de rentrer. Naturellement leur hargne contre le clergé avait décuplé, et ils cherchaient un moyen de se venger. La favorite allait le leur fournir !


Athée, amie de Voltaire, des Encyclopédistes et des "philosophes" , elle n'avait point à intervenir dans ce débat épineux et sans doute ne s'en serait-elle jamais mêlée sans un incident d'ordre strictement personnel.

Ayant fait l'acquisition de l'Hôtel d'Evreux (actuel palais de l'Elysée), elle demanda en juin 1755 à l'archevêque de Paris l'autorisation d'y faire célébrer la messe.

Christophe de Beaumont, qui protestait contre la présence scandaleuse de la favorite à la Cour, s'y opposa.

Mme de Pompadour, très irritée, décida immédiatement de prendre le parti du Parlement et des Jansénistes...

Justement, le curé de Saint-Etienne-du-Mont, venait de refuser les sacrements à une vieille fille, et l'Assemblée, fort émue, demandait à Louis XV d'intervenir.

Mme de Pompadour courut chez le roi.

- Vous allez convoquer ici l'archevêque de Paris, dit-elle. Mais auparavant, je voudrais vous en dire deux mots.

Souriante, venimeuse, charmante, elle parla pendant trois quarts d'heure. Et ses propos furent tels que lorsqu'elle eut terminé, le roi n'aurait pas eu un gros effort à fournir pour penser que le prélat était l'être le plus immonde que la terre eût porté...


C'est dans cet état d'esprit qu'il convoqua Christophe de Beaumont à Versailles. L'archevêque, sûr de la protection du souverain, arriva avec un sourire confiant sur les lèvres.
Il ressortit la tête basse et faisant une "grosse lippe fort vilaine à voir".
Le roi, sur les conseils de la marquise, lui avait donné l'ordre de quitter Paris sans délai et de se rendre à Conflans.
Il était exilé à son tour
...
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JEAN

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MessageSujet: Re: LA REINE MARGOT de la part d'EPHISTO   LA REINE MARGOT   de la part d'EPHISTO - Page 14 EmptyJeu 5 Mai - 19:55

study
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MessageSujet: LA REINE MARGOT   LA REINE MARGOT   de la part d'EPHISTO - Page 14 EmptyJeu 5 Mai - 20:42

Prenez exemple sur JEAN, qui lui au moins, se concentre sur la lecture !... Tsitsi ... scratch ....... geek

J'ai dû arrêter la frappe ; car quand je mettais les couleurs, les phrases sautaient un peu n'importe où. A chaque fois je devais faire un copier/coller pour les remettre à leur place.
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MessageSujet: LA REINE MARGOT   LA REINE MARGOT   de la part d'EPHISTO - Page 14 EmptySam 7 Mai - 0:26

Ayant remporté cette victoire, Mme de Pompadour, qui continuait à s'initier aux secrets des affaires de l'Etat, voulut consolider encore sa situation en se faisant donner une haute charge à la Cour. En 1752, elle avait obtenu un tabouret de duchesse, ce qui était déjà stupéfiant quand on songe à ses origines roturières. Elle voulait plus encore : elle voulait devenir dame "dela maison de la reine"...

Connaissant la piété de Marie Leczinska, elle pensa que son irreligion pouvait être un obstacle et elle résolut de se convertir.


Sur les conseils de son ami Machault, elle prit pour guide spirituel le Père de Sacy, un Jésuite fort habile qui lui demanda avant toutes choses de reprendre la vie commune avec son mari. La marquise commença par faire la grimace ; puis, une idée lui étant venue, elle recopia sans discuter la lettre dont le père lui avait fait le brouillon. Ecoutons le duc de Luynes qui connut l'intervention du Jésuite :

- Par son conseil, lorsqu'il a été question de la place de dame au palais, elle a écrit à M. d'Etioles pour lui porposer de retourner avec lui, s'il le voulait bien, sinon qu'elle le priait instamment de revenir avec elle et que, dans tous les cas, elle lui demandait non seulement son agrément, mais sa volonté, avant que d'accepter une place de dame du palais qu'on lui offrait.


La lettre fut portée chez M. d'Etioles, qui la lut avec l'effarement qu'on imagine. A peine avait-il repris ses esprits qu'on lui annonça deux visiteurs.
L'un était M. de Machault, l'autre, M. de Soubise.
Tous deux envoyés par Mme de Pompadour, venaient faire entendre à l'époux "qu'assurément, il avait toute liberté d'agréer le retour de sa femme ; mais que le roi en pourrait être fort désobligé".

M. Le Normant d'Etiole, qui vivait pour lors avec une adorable danseuse de l'Opéra, Mlle Rem (en raison du nombre incroyable de ses amants, les esprits malicieux avaient baptisé cette demoiselle : REM PUBLICAM ...), n'avait pas du tout envie de reprendre sa femme. Après en avoir assuré les deux émissaires, il lui écrivit cette admirable lettre pleine d'ironie :

Je reçois, madame, la lettre par laquelle vous m'annoncez le retour que vous avez fait sur vous-même et le dessein que vous avez de vous donner à Dieu. Je ne puis qu'être édifié d'une pareille résolution. Je ne suis point étonné de la peine que vous vous feriez de vous présenter devant moi, et vous pouvez aisément juger de celle que je ressentirais moi-même. Je voudrais pouvoir oublier l'offense que vous m'avez faite ; votre présence ne pourra que m'en rappeler plus vivement le souvenir. Ainsi, le seul parti que nous ayons à prendre l'un et l'autre est de vivre séparément. Quelque sujet de mécontentement que vous m'avez donné, je veux croire que vous êtes jalouse de mon bonheur, et je le regarderais comme compromis, si je vous recevais chez moi et que je vécusse avec vous comme ma femme. Vous sentez même que les temps ne peuvent rien changer à ce que l'honneur prescrit.
J'ai l'honneur d'être avec respect, madame, votre très humble et très obéissant serviteur.

LE NORMANT.


Cette lettre apporta un grand soulagement à Mme de Pompadour qui avait craint un moment d'être prise au mot par son mari ; elle lui permettait également de prouver "que le lien conjugal n'avait pas été desserré par elle..."

Pendant quelques mois, on vit la marquise lire des ouvrages de piété. Elle allait à la messe tous les jours et restait longtemps agenouillée après l'Ite missa est,mains jointe et coiffes baissées.
Pourtant cette comédie ne trompait personne.
Pas même le père de Sacy, qui dit un jour à la marquise :

- Je ne vous donnerai l'absolution que si vous quittez volontairement la Cour.

Furieuse, elle s'adressa à un autre Jésuite, le Père Desmarets, qui montra la même intransigeance que son prédécesseur.


Finalement, elle écrivit au pape dans l'espoir insensé d'obtenir le désaveu des Pères. Elle précisait "qu'elle était nécessaire au bonheur de Louis XV, au bien de ses affaires, qu'elle était la seule qui osât lui dire la vérité si utile aux rois, etc."

Le Saint-Père n'ayant pas cru bon de lui répondre, elle fit rechercher, dans le clergé parisien, par Berryer, le lieutenant de police, un prêtre séculier d'assez bonne composition pour lui donner l'absolution "sans exiger de renoncer à la société du roi et, par conséquent, sans la réparation du scandale, et le trouva.


Elle put alors communier et revint de la Sainte Table en manifestant une intense émotion. La bonne Marie Leczinska fut dupe de cette vilaine farce : au début de 1756, elle nomma, sur la demande de Louis XV, Mme de Pompadour "dame de sa maison". Toute la Cour en trembla :

"L'évènement inattendu, raconte M. de Croy, éclata au grand étonnement de tout le monde le dimanche 6 février : Mme la marquise de Pompadour fut déclarée dame du palais de la reine. Mais ce n'est pas tout : elle se déclara en même temps dans la dévotion. La veille, elle fit ce qu'elle ne faisait jamais : maigre au souper des Petits Cabinets , et il devint public que depuis des mois, elle avait des conférences avec le P. de Sacy. Elle retrancha sa toilette publique et, le mardi suivant, elle reçut les ambassadeurs à son métier de tapisserie ; ainsi on passa de la toilette au métier."


Une fois de plus la marquise triomphait. Mais elle conservait contre les Jésuites une rancune tenace qui allait un jour se manifester de cruelle façon.

Tandis que Mme de Pompadour faisait son éducation politique, le roi continuait de s'occuper, avec un admirable entrain, des jeunes vierges que l'on rassemblait pour lui au Parc-aux-Cerfs.

- Notre souverain a le goût du neuf, disait-on en riant.


Cette marotte fut bientôt connue dans tout le royaume, et l'on vit des parents ambitieux présrver avec soin la vertu de leurs héritières pour en faire "bon et loyal" hommage à Sa Majesté.

Des gens qui ne pensaient qu'au bien de leurs chères petites firent des bassesses pour que Louis XV devînt leur gendre de la main gauche, et une terrible concurrence s'établit.

Certains firent même des offres à la façon des commerçants, en joigant des "certificats de garantie"...

Voici, par exemple, la lettre d'un père de famille :


Animé d'un ardent amour pour la personne sacrée du roi, écrit-il, j'ai le bonheur d'être le père d'une fille charmante, véritable miracle de fraîcheur, de beauté, de jeunesse, de santé. Je serais bien heureux que Sa Majesté voulût bien cueillir sa virginité. Une telle faveur serait pour moi la douce récompense de mes longs et loyaux services aux armées du roi.

A cette extraordinaire lettre était joint le certificat d'un médecin attestant la virginité de la jeune personne.
Quelques jours plus tard, elle était dans une petite maison du Parc-aux-Cerfs
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MessageSujet: LA REINE MARGOT   LA REINE MARGOT   de la part d'EPHISTO - Page 14 EmptyLun 9 Mai - 19:59

Une telle prévenance de la part de ses sujets ravissait Louis XV qui avait ainsi la possibilité de venir chaque soir (sous des noms d'emprunt) "se régaler d'une savoureuse novice".

Cette conduite ne choquait personne. A la Cour, il fallait d'ailleurs que les scandales fussent singulièrement corsés pour qu'on s'y intéressât... Corsés ou piquants.

C'est ainsi qu'au mois de juin 1755 une aventure galante amusa le Tout-Versailles :


Un soir, l'abbé de Boismont, académicien et prédicateur du roi, se trouvait au lit avec une charmante duchesse. Tous deux s'efforçaient d'atteindre le ciel par des moyens profanes, lorsque la porte de leur chambre s'ouvrit lentement, livrant passage au duc qui venait retrouver son épouse. Très ennuyé, l'abbé dit tout bas à la jeune femme :

- Feignez de dormir, nous nous tirerons d'affaire.
Le duc s'avança vers le lit et fut un peu surpris en voyant sa place occupée. Il allait manifester son déplaisir, lorsque l'académicien, mettant un doigt sur sa bouche, lui dit d'une voix étouffée :


- Chut ! ... Chut !... Vous en êtes témoin, j'ai gagné.
- Quoi ?
- Mon pari ! N'êtes-vous pas au courant ?
- Non !
- Chut ! Au nom de Dieu, ne faites pas de bruit. Hier, Mme la duchesse afficha la prétention d'avoir le sommeil si léger que le bourdonnement d'une mouche, selon elle, la réveillait. Sur cela, je pariai cinquante louis qu'on se coucherait auprès d'elle sans être entendu, pourvu qu'il fît du vent. Elle accepta mon pari en se moquant de moi. Il fait du vent, ce soir. Je suis venu, vous le voyez, j'ai gagné. Chut !
- Voilà un étrange pari, reprit le duc.
- Je le reconnais ... Toutefois, comme madame aurait pu contester le succès de ma folle entreprise, ne me blâmez pas de vous avoir attendu avec l'impatience d'un joueur ardent à faire constater son avantage et à rendre ses droits irrécusables.


Tremblante, la duchesse faisait semblant de dormir, tandis que le mari, acceptant cette fable incroyable, s'asseyait tranquillement dans un fauteuil.
Ce que voyant, l'abbé s'habilla, salua sa victime et sortit sur la pointe des pieds.


Le lendemain, le galant académicien, voulant parachever sa ruse, vint rendre visite à la duchesse avant que le mari ne fût sorti. L'épouse faignit d'ignorer l'incident de la veille, le duc ne lui en ayant soufflé mot.
Habilement, l'abbé amena la conversation sur le prétendu pari. Fine mouche, la duchesse soutint que son sommeil était léger et que le projet de l'académicien ne pourrait se réaliser. Elle poussa même la générosité jusqu'à lui rendre sa parole.
Alors l'amant lui certifia que les conditions du pari avaient été remplies. Comme elle se récriait, il appela le mari et lui demanda son témoignage.
Le duc ayant naturellement reconnu les faits, la duchesse, jouant la surprise et la mauvaise humeur, lui demanda cinquant louis et les versa à l'abbé...
C'est ainsi que, le prêtre s'inclinant, reçut des mains du cocu l'enjeu de son faux pari...


Si la Cour s'amusait de ces mésaventures galantes, Mme de Pompadour ne s'y attardait pas et continuait son travail. Depuis quelques mois, en collaboration avec ses amis l'abbé de Bernis et le comte de Choiseul-Stainville, elle s'occupait activement des affaires de politique étrangère.

Or, en cette fin de juin 1755, la France se préparait à renouveler l'alliance qu'elle avait contractée avec Frédéric II de Prusse, et la favorite se flattait de mener à bien des négociations.

Pour amadouer Frédéric, elle avait envoyé M. de Voltaire à Potsdam. Celui-ci échoua complètement, ainsi qu'il l'avoua à son retour, dans une lettre adressée à Mme Denis :


Quand je pris congé de Mme de Pompadour à Compiègne, écrit-il, elle me chargea de présenter ses respects au roi de Prusse. On ne peut donner une commission plus agréable. Elle y mit toute la modestie possible, et des
Si j'osais et des Pardon de prendre cette liberté. Il faut apparemment que je me sois mal acquitté de ma commission. Je croyais, en homme tout plein de la cour de France, que le compliment serait bien reçu. "Je ne connais pas cette dame, me répondit sèchement le roi. Ce n'est pas ici le pays du Lignon." Je n'en mande pas moins à la marquise que Mars a reçu comme il le devait le compliment de Vénus.

L'écrivain se garda bien, en effet, d'avouer son échec à la favorite. Mais celle-ci ne tarda pas à apprendre, par ses agents secrets, que le roi de Prusse la couvrait d'injures et la surnommait la reine Cotillon.

A Potsdam, tout le monde, d'ailleurs, se moquait ouvertement d'elle, et, certain soir, un bel esprit déclara "qu'il s'agissait là d'une femme d'extraction si basse qu'elle eût mieux fait de ne pas naître".

Ces propos, lorsqu'ils lui furent rapportés, mirent la marquise fort en colère.
Quelque temps après, on lui remit la copie de cette lettre écrite par Frédéric II lui-même ; ce qui n'arrangea pas les choses :


Je ne crois paas qu'un roi de Prusse ait de ménagement à garder avec une demoiselle Poisson, surtout si elle est arrogante et manque à ce qu'elle doit de respect aux têtes couronnées.


Enfin, elle apprit que ce souverain vraiment peu galant avait poussé la raillerie et le mauvais goût jsuqu'à baptiser sa chienne "Pompadour".

La marquise, cette fois, jugea l'affront vraiment impardonnable et chercha un moyen de se venger ...


Il allait lui être fourni par le comte de Kaunitz, chancelier à la Cour de Vienne et conseiller de Marie-Thérèse d'Autriche.
Ce rusé diplomate, en apprenant l'animosité de la marquise à l'égard de Frédéric II, conçut le projet de détacher la France de la Prusse et d'en faire l'alliée de la maison d'Autriche.

Il commença par envoyer des cadeaux somptueux à Mme de Pompadour, qui en fut charmée ; puis il lui fit remettre une lettre par le comte de Stahremberg, ambassadeur de Vienne à Paris
:

Madame, j'ai désiré souvent me rappeler à votre souvenir, il s'en présente une occasion qui, par les sentiments que je vous connais, ne saurait vous être désagréable.
M. le comte de Stahremberg a des choses de la dernière importance à proposer au roi, et elles sont d'espèce à ne pouvoir être traitées que par le canal de quelqu'un que Sa Majesté Très Chrétienne honore de son entière confiance et qu'elle assignerait au comte de Stahremberg. Nos propositions, je pense, ne vous donneront pas lieu de regretter la peine que vous aurez prise à demander au roi quelqu'un pour traiter avec nous, et je me flatterai, au contraire, que vous pourrez me savoir quelque gré de vous avoir donné par là une nouvelle marque de l'attachement et du respect avec lequel j'ai l'honneur d'être, etc.


En recevant cette lettre, la favorite fut gonflée d'orgueil. Jamais la petite Jeanne-Antoinette Poisson n'aurait imaginé que les chanceliers d'Europe s'adresseraient un jour à elle pour obtenir son appui auprès du roi de France.

Le surlendemain, Louis XV ayant lu la lettre, l'ambassadeur de Vienne rencontrait l'abbé de Bernis au château de Babiole, charmante résidence de la marquise, située sur la colline de Meudon.
M. de Stahremberg fit part des propositions de Marie-Thérèse : si la France s'engageait à apporter son aide militaire à l'Autriche contre Frédéric II, elle recevrait en échange Mons et le Luxembourg, tandis qu'un Bourbon d'Espagne aurait le gouvernement des Pays-Bas.


L'abbé de Bernis, qui était un fin politique, se permit, après l'entrevue, de dire à Mme de Pompadour que Marie-Thérèse ne voyait dans cette alliance qu'un moyen de reprendre la Silésie à la Prusse en faisant supporter à la France les frais d'une guerre européenne.
La favorite prit la chose très mal et somma l'abbé de continuer les négociations. Depuis qu'elle avait reçu la lettre du comte de Kaunitz, elle voulait en effet remanier la carte de l'Europe
.
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MessageSujet: LA REINE MARGOT   LA REINE MARGOT   de la part d'EPHISTO - Page 14 EmptyLun 9 Mai - 20:15

La rencontre de l'abbé de Bernis et de l'ambassadeur de Vienne chez Mme de Pompadour ne tarda pas à être connue de Frédéric II. Fort inquiet, le roi de Prusse se hâta de conclure une alliance avec l'Angleterre qui, justement, venait de couler deux navires français.
Cette décision précipita les négociations à Paris. Au moi de mai 1756, le traité franco-autrichien était signé.

Ce renversement d'alliances fut applaudi par le peuple, ravi de voir un traité mettre fin à une longue hostilité. Quant aux grands, il se congratulaient :


"Il est certain, écrivait M. de Stahrembert à Vienne, que c'est à Mme de Pompadour que nous devons tout et que nous devront tout attendre de l'avenir. Elle veut qu'on l'estime, et elle le mérite en effet. Elle est enchantée de la conclusion de ce qu'elle regarde comme son ouvrage et m'a assuré qu'elle ferait de son mieux pour ne pas rester en si beau chemin".
Immédiatement, M. de Kaunitz envoya ses remerciements à la marquise :

C'est à votre zèle et à votre sagesse, madame, que nous sommes redevables de l'alliance conclue. Je m'en rends parfaitement compte, et ce serait me priver d'un réel plaisir que de ne pas vous assurer de toute ma gratitude.


La favorite avait transformé l'échiquier européen.
Ce pacte, dit Voltaire, "réunissait les maisons de France et d'Autriche après deux cents ans d'une haine réputée mortelle. Ce que n'avaient pu tant de traités de paix et de mariages, un mécontentement reçu du roi de Prusse et l'animosité de quelques personnes toutes-puissantes, que ce prince avait blessées par ses plaisanteries, le firent en un moment
".

En somme, si Frédéric II n'avait pas appelé sa chienne Pompadour, la guerre de Sept Ans, qui fut la conséquence du renversement des alliances, n'eût peut-être jamais eu lieu...
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MessageSujet: LA REINE MARGOT   LA REINE MARGOT   de la part d'EPHISTO - Page 14 EmptyLun 9 Mai - 20:35

DAMIENS VEUT TUER LE ROI A CAUSE DE Mme DE POMPADOUR


C'est au beau sexe que nous sommes redevables de toutes les vertus - G. AGRIPPA -


Le peuple, qui avait applaudi le traité d'alliance franco-autrichien, ne tarda pas à déchanter.

Au mois de mai 1756, tandis que Mme de Pompadour se félicitait encore de son action politique, l'Angleterre nous déclarait la guerre, et, en août, Frédéric II, sans le moindre avertissement, faisait irruption en Saxe. Aussitôt, les Autrichiens volèrent au secours des Saxons.
Mais leur intervention fut de courte durée, car les Prussiens, les anéantirent en Bohême. La Russie, la Suède, les Princes de l'Empire, entrèrent alors dans le combat et toute l'Europe, en un instant, fut en armes...


La France, liée par son pacte, déclara le traité de Westphalie violé, et fit entrer deux armées en campagne.

La guerre de Sept Ans, une des plus désastreuses de notre histoire, commençait.

Les premières opérations militaires de la France furent couronnées de succès. Le maréchal de Richelieu, débarquant à Minorque, prit Port-Mahon, ce qui permit notre installation en Corse.


Mais pour soutenir une guerre à la fois sur terre et sur mer, il fallait beaucoup d'argent et l'on dut créer des impôts nouveaux. Le peuple, cette fois, considéra le traité franco-autrichien avec beaucoup moins de sympathie ; et les gens, dans la rue, ne se gênèrent pas pour conspuer Mme de Pompadour, responsable de l'alliance. On criait :

- Nous allons payer, à cause d'une putain !
Ce qui était un propos un peu vif, mais le reflet de la vérité.


A la fin de 1756, on s'en prit à Louis XV qui, disait-on "se laissait mener les yeux fermés par la favorite".
Des pamphlets d'une incroyable violence firent alors leur apparition. L'un deux disait :
"Rasez le roi, pendez Pompadour, rouez Pochault."
Lorsqu'on le lut au souverain, celui-ci ne put s'empêcher de dire :

- Si cela continue, j'aurai mon Ravaillac !
Il ne se trompait pas.


Le 5 janvier 1757, comme il montait dans son carrosse pour quitter Versailles, un homme surgit dans la foule, bouscula gardes et courtisans et se jeta sur lui. Un instant, le roi crut avoir reçu un coup de poing dans le dos ; mais ayant porté sa main à l'endroit où il avait été touché, il la retira pleine de sang et en fut très peiné.

- On m'a frappé, dit-il. C'est ce monsieur-là. Qu'on l'arrête, mais qu'on ne le tue point.


Pendant qu'on se saisissait de l'homme, deux courtisans transportèrent le roi dans sa chambre.
En entrant dans la pièce où se trouvait la reine Marie, il dit d'un ton tragique qui annonçait le mélo du boulevard du crime :

- Madame, je suis assassiné !

Et la bonne reine eut une syncope.


Se croyant perdu, Louis XV se confessa à la hâte.
Dès qu'il eut fini, le chirurgien, La Martinière sonda la plaie. Il eut beaucoup de mal car l'assassin ayant raté son coup à cause des vêtements épais que portait le roi en cette saison, n'avait provoqué q'une égratignure bouffonne.

- Votre vie, sire, n'est pas en danger, dit bravement La Martinière.
Le roi respira.

Puis il demanda des renseignements sur son agresseur. On lui apprit alors que l'homme s'appelait Robert-François Damiens et qu'il avait trente-deux ans.


- Quelle arme avait-il sur lui ?
- Un couteau à deux lames, sire, dont l'une, en forme de canif, est longue comme la main.
En entendant ces détails, le roi réclama de nouveau un confesseur
.
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MessageSujet: LA REINE MARGOT   LA REINE MARGOT   de la part d'EPHISTO - Page 14 EmptyMar 10 Mai - 20:54

Au même instant, Mme de Pompadour, qui venait d'apprendre l'attentat dont le roi avait été victime, poussait des cris dans son appartement et se tordait les bras à tout hasard.

Lorsqu'elle sut que le roi faisait avec insistance l'aveu de ses péchés, elle se mit à craindre pour elle.
Mme de Châteauroux, en effet, dans des circonstances analogues, on s'en souvient, avait été renvoyée sur-le-champ.


La douleur de Mme de Pompadour fut bientôt un spectacle auquel tous les gens de la Cour voulurent assister.
" Son appartement, nous dit Mme du Haussay, était comme une église où chacun croyait avoir le droit d'entrer. Les indifférents la regardaient avec curiosité, ses amis avec compassion, tandis que ses ennemis venaient repaître leurs yeux du spectacle de sa souffrance."

Le fidèle abbé de Bernis vint la voir.
"Au premier moment, écrit-il, la marquise se jeta dans mes bras avec des cris et des sanglots qui auraient attendri ses ennemis eux-mêmes, si des courtisans pouvaient être touchés."


Pendant quelques jours, elle attendit avec anxiété l'ordre de quitter Versailles. Tremblante, elle se trouvait "au bord de l'évanouissement" à chaque fois qu'on frappait à sa porte...

Cette frayeur s'accrut bientôt, car la marquise apprit que le peuple la rendait responsable de l'attentat. Damiens, au cours de ses interrogatoires, venait de déclarer, en effet, "qu'il avait voulu effrayer le roi et le forcer à renvoyer ses ministres et la favorite.
Des gens bien informés révèlèrent alors que, quelques semaines avant l'attentat, une mains inconnue avait lancé par-dessus le mur d'un collège de Jésuites le billet suivant :


Vous, mes Révérends Pères, qui avez su faire périr Henri III et Henri IV, n'auriez-vous pas quelque Jacques Clément ou quelque Ravaillac pour nous défaire de Louis et de sa putain ?


Immédiatement, le peuple accusa les Jésuites d'avoir armé Damiens et reporcha à la marquise d'être la cause du drame. On chanta sur elle des refrains orduriers et l'on promena son effigie pendue au bout d'un balai.

Pendant onze jours, Mme de Pompadour attendit que le roi voulût bien la rassurer sur son sort. Mais Louis XV, qui s'était mis à craindre tout à coup que la lame ne fut empoisonnée, restait peureusement au lit entouré de ses confesseurs.
Un jour enfin, l'amour fut le plus fort ; il alla en robe de chambre, coiffé de son bonnet de nuit et appuyé sur une canne, rendre visite à la marquise...


Délivrée de ses angoisses, Mme de Pompadour s'intéressa au procès du régicide et fit demander aux hommes de justice d'être de la dernière sévérité à son égard.
Elle voulait se venger des onze jours épouvantables qu'elle venait de passer.


Damiens était à ce moment dans un cachot malsain. Ses géôliers le soumirent à un régime inhumain.
On l'enserra dans une camisole de force qui ne lui laissait la liberté d'aucun mouvement.
"Il était couché, disent les Mémoires de Sanson, sur une estrade matelassée dont le chevet faisait face à la porte, et dont le dossier se baissait et s"élevait au moyen d'une crémaillère, lorsque, brisé, par cette épouvantable torture qui se prolongea pendant cinquante-sept jours, le misérable priait ses gardiens de le changer de position.
L'appareil qui le maintenait sur sa couche vaut bien la pein qu'on le décrive. Il consistait en une espèce de réseau de fortes courroies de cuir de Hongrie qui se reliaient à des anneaux scellés dans le plancher, cinq de ces anneaux se trouvaient de chaque côté du lit et un aux pieds du prisonnier."

Jamais mesures plus rigoureuses n'avaient été prises contre un accusé.


Le procès ne commença que le 17 mars. Le 26, la Cour rendit son arrêt contre "Robert-François Damiens, domestique sans condition". Le coupable était condamné à une mort affreuse en place de Grève.
Il devait, selon les termes du jugement, "être tenaillé aux mamelles, bras, cuisses et gros de jambes, sa main droite, tenant en icelle le couteau dont il a commis ledit parricide, brûlée de feu de soufre et, sur les endroits où il sera tenaillé, jeté du plomb fondu, de l'huile bouillante, de la poix résine brûlante, de la cire et du soufre fondus ensemble, et ensuite son corps tiré et démembré à quatre chevaux et, ses membres et corps consumés en feu, réduits en cendres et ses cendres jetées au vent".

En entendant ces détails, Damiens eut un mot extraordinaire. Hochant la tête, il murmura :

- La journée sera rude !


Tandis que les juges rendaient leur sentence, des charpentiers élevaient une enceinte autour de la place de Grève pour que le public, toujours friand de ce genre de spectacle, ne vint pas gêner l'opération.

Le 27 mars, le procureur général reçut la visite de personnages curieux. Il s'agissait de petits inventeurs qui venaient proposer avec beaucoup de gentillesse des procédés de torture de leur idée. L'un suggérait d'enfoncer des esquilles de chanvre sec et soufré sous les ongles du condamné et d'y mettre le feu ; un autre préconisait d'écorcher partiellement Damiens et de répandre un liquide corrosif sur ses muscles mis à nu ; un troisième soumit un petit instrument façonné à ses moments perdus et qui permettait de faire sauter les yeux du régicide "comme des grenouilles".

Tous ces braves gens voulaient, suivant leurs goûts et dans la mesure de leurs moyens, apporter une aide aux bourreaux. Mais on ne retint aucune de leurs intéressantes idées...


Le 28 mars à l'aube, Damiens fut amené place de Grève. Une foule considérable, massé derrière les barrières, attendait depuis minuit.
"Les toits de toutes les maisons dans la Grève, écrit Barbier, et les cheminées même, étoient couvertes de monde.
Il y a même un homme et une femme qui en sont tombés dans la place et qui en ont blessé d'autres.
On a remarqué qu'il y avoit beaucoup de femmes, et même de distinction ; qu'elles n'ont point quitté les fenêtres, et qu'elles ont mieux soutenu l'horreur de ce supplice que les hommes, ce qui ne leur a pas fait honneur
."

Un autre chroniqueur note que "la peau du condamné, d'une blancheur éblouissante, a fait naître dans l'esprit de quelques-unes des femmes qui étoient là, des pensées de lubricité et de désir..."
Ce qui semble tout de même un peu surprenant.


A cinq heures, le supplice commença. Après avoir brûlé la main qui avait tenu le couteau, le bourreau tenailla Damiens dont les cris terribles ravirent la foule.
"Ensuite, écrit calmement Barbier, il a été écartelé, ce qui a été long, parce qu'il étoit fort. On a même été obligé d'ajouter deux chevaux de plus, quoique les qutres fussent vigoureux. Comme on ne pouvoit pas parvenir à l'écarteler, on a monté à l'Hôtel de Ville demander aux commissaires la permission de donner un coup de tranchoir aux jointures ; ce qui a été refusé d'abord, pour le faire souffrir davantage ; mais à la fin, il a fallu le permettre. Il a fait des cris, mais n'a proféré aucun jurement. Les deux cuisses ont été démembrées les premières, ensuite une épaule, et alors le patient à expiré à six heures un quart, après quoi les quatre membres et le corps ont été brûlés sur un bûcher."
Mme de Pompadour était vengée
.
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MessageSujet: LA REINE MARGOT   LA REINE MARGOT   de la part d'EPHISTO - Page 14 EmptySam 14 Mai - 0:27

Dès qu'il fut remis de ses émotions, Louis XV recommença à fréquenter les petites maisons du Parc-aux-Cerfs.
Le premier jour, il y trouva une jeune fille en larmes. La pauvre, ayant deviné l'identité du faux "seigneur polonais" avait été désespérée en apprenant l'attentat de Damiens. Elle se jeta aux genoux du souverain en criant :

- Oui, vous êtes le roi de tout le royaume, mais ce ne serait rien pour moi si vous ne l'étiez pas de mon coeur ; ne m'abandonnez pas, mon cher sire. J'ai pensé devenir folle quand on a manqué de vous tuer.
Louis XV, très ennuyé d'être reconnu, embrassa l'adolescente qui lui tenait les jambes et parvint à quitter la pièce en reculant.
Le soir même, la jeune fille était conduite dans une maison de folles
.

Pour la remplacer, Mme de Pompadour, qui s'occupait toujours des plaisirs du roi, eut une curieuse idée. Elle demanda à un artiste de peindre une "Sainte Famille" sur le lambris d'une chambre et, pour figurer la Vierge Marie, elle fournit une adorable enfant de quinze ans. Le peintre, loin de soupçonner le rôle qu'on lui faisait jouer, reproduisit fidèlement les traits de son modèle et attendit impatiemment la visite du souverain.
Lorsque celui-ci vit le tableau, il poussa un cri d'admiration :

- Qu'elle est belle !

L'artiste, candide, croyant qu'il s'agissait de la "Sainte Famille", rougit de plaisir. Mais le monarque désignant la Vierge, demanda :

- Il s'agit d'un portrait, n'est-ce-pas ?
- Oui, sire.
- J'aimerais bien en connaître le modèle.


Lugeac, que Mme de Pompadour avait placé là tout exprès s'avança vers le roi.

- Quand vous voudrez, sire. Il s'agit d'une demoiselle née d'un gentilhomme irlandais, réfugié en France pendant les révolutions de son pays.

- Qu'on me l'amène sans tarder, dit Louis XV.

Le lendemain, Lugeac et Le Bel, valets de chambre du roi, se présentaient chez la mère de la jeune fille et lui racontaient l'histoire suivante :

- Votre fille, Madame, a eu le bonheur de plaire à une dame de la reine. Elle veut l'élever à la Cour et la doter.

L a brave femme fut émerveillée. Elle se jeta à genoux pour remercier la Providence "qui se montrait si favorable à ses enfants" et, prenant l'adolescente par la main, suivit Lugeac et Le Bel dans une maison située près du palais. Après une courte absence, le valet de chambre du roi revint, l'air désolé :

- La dame est chez la reine, dit-il. Elle nous fait prier de dîner en l'attendant.
On se mit à table. "Après dîner, nous conte Soulavie, on engagea l'infortunée mère à faire une courte promenade pour essayer si sa fille pouvait se séparer d'elle.

La brave femme accepta et sortit dans le jardin.
Aussitôt Le Bel entoura l'enfant d'un grand manteau, lui appliqua un linge sur la bouche et la conduisit dans l'appartement du roi.

Quand elle revint, la mère fut très étonnée de ne plus trouver personne et soupçonna un enlèvement.
Elle frappa contre les portes, cria, tempêta jusqu'au moment où un valet fort digne vint lui dire "que sa fille était dans un lieu si privilégié que la police elle-même n'avait pas le droit d'y faire une visite"

Et comme elle ne comprenait pas, il lui expliqua en riant que la dame dont on lui avait parlé était le roi.

La pauvre mère commença par pousser un cri de désespoir :

- Ils ont trente-deux ans de différence ! gémit-elle.
Puis elle réfléchit.
Et comme elle aimait bien sa fille, elle s'en alla en remerciant de nouveau la Providence...
Elle avait raison d'être heureuse. Tandis qu'elle rentrait chez elle. Louis XV s'occupait en effet avec une infinie gentillesse de son enfant. Tendrement, bien que d'une manière assez ferme, il lui procurait un plaisir qu'elle n'avait jamais connu au sein de sa famille...


Cette adolescente, dont on ignore le nom, fut d'abord installée sous les combles du château de Versailles, puis rue de Satory, dans le Parc-aux -Cerfs. Louis XV l'adorait.
Presque chaque soir, il venait la retrouver et la comblait de bijoux. Lorsqu'elle s'était mirée dans toutes les glaces, il la déshabillait, la posait sur un grand lit et lui enseignait des jeux fort savoureux dont elle apprenait les règles et les subtilités avec beaucoup d'intelligence.

Mme de Pompadour, informée par sa police personnelle, connaissait tout de ces soirées galantes.
Elle en concevait une grande satisfaction. Pendant que le roi prenait ainsi du plaisir avec une fillette trop jeune pour avoir une influence politique quelconque, elle pouvait continuer à s'occuper librement de politique.


Depuis que Frédéric II avait envahi la Saxe, elle avait beaucoup de travail ; elle nommait les généraux, dirigeait les armées, faisait déplacer des bataillons.
Tout passait par ses mains. A la fin du printemps de 1757, impatientée par la lenteur des opérations, elle prétendit même se mêler de stratégie. Elle le fit de la façon puérile et prétentieuse qui lui était habituelle. Ecoutons Mme de Genlis :
"Ecrivant au maréchal d'Estrées à l'armée sur les opérations de campagne et lui traçant une espèce de plan, elle avait marqué sur le papier avec des mouches les les différents points qu'elle conseillait d'attaquer ou de défendre."

Piqué, le maréchal d'Estrées attaqua et, par le plus grand des hasards, remporta à Hastenbeck une victoire sur les troupes du duc de Cumberland qui nous livra le Hanovre.

La marquise, débordante d'orgueil, déclara que cette victoire prouvait ses dons de stratège et elle envoya une lettre de félicitations pleine de condescendance au maréchal d'Estrées.


La faveur de celui-ci ne devait pas être longue.
Ayant déplu à la marquise, il fut rappelé à Versailles quelques semaines plus tard et remplacé par Richelieu.

A la suite d'unemanoeuvre habile, le duc réussit pour son coup d'essai à encercler l'armée anglo-hanovrienne ; mais au lieu d'anéantir cet adversaire qui se trouvait à sa merci, il accorda une capitulation.
La bouillant Mme de Pompadour jugea cet acte impardonnable et fit rappeler Richelieu qu'elle remplaça p ar une de ses amis dévoué, le prince de Soubise.


A ce moment, la situation de Frédéric IIétait extrêmement critique. Un général habile pouvait en quelques semaines remporter une victoire définitive. Hélas ! Soubise était un incapable...

Lorsqu'il rencontra avec ses cinquante mille hommes les vingt mille soldats du roi de Prusse, à Rosbach, ce fut un désastre. Toute l'armée française, prise de panique, se sauva en désordre, et Frédéric II fit sept mille prisonniers. Le soir de cette extraodinaire défaite, Soubise envoya un mot à Louis XV :


J'écris à Votre Majesté dans l'excès de mon désespoir la déroute de votre armée est totale. Je ne puis vous dire combien de vos officiers ont été tués, pris ou perdus.


En apprenant cette navrante nouvelle, Mme de Pompadour, très vexée, rentra chez elle, tandis que le dauphin criait bien haut qu'elle ne devait s'occuper que des fermiers généraux et non des généraux d'armée..

Dans le peuple, le protégé de la marquise fut l'objet de couplets malicieux. Celui-ci peut être considéré comme l'un des plus spirituels :


Soubise dit, la lanterne à la main :

"J'ai beau chercher, où diable est mon armée ?
Elle était là, pourtant, hier matin,
Me l'a-t-on prise, ou l'aurais-je égarée ?
Ah ! je perds tout, je suis un étourdi,
Mais attendons au grand jour, à midi.
Que vois-je, ô ciel, que mon âme est ravie.
Prodige heureux, la voilà, la voilà (bis)
Ah ! ventrebleu ! qu'est-ce donc que cela ?
Je me trompais, c'est l'armée ennemie..."


La défaite de Rosbach avait complètement changé la situation de Frédéric II, continuant sur sa lancée, anéantit les Autrichiens à Leuthen.

Incapable de voir où elle conduisait la France, Mme de Pompadour décida de poursuivre la lutte et écrivit à M. de Kaunitz :


Je déteste plus que jamais Frédéric. Continuons tous nos efforts pour écraser le commun ennemi. Quand nous aurons atteint ce but, vous me verrez aussi heureuse que je suis aujourd'hui mortifiée.


Après quoi, elle remplaça Soubise par un homme plus incapable encore : le comte de Clermont, abbé de Saint-Germain-des-Prés.

Aussitôt une chanson malicieuse courut Paris :

Vous allez commander l'armée,
Brave Clermond,
Vous avez bonne renommée,
Un très grand nom ;
Mais il faut plaire à Pompadour !
Vive l'amour !

Vous gagnerez une bataille.
En général,
Si vous ne faites rien qui vaille,
Tout est égal !
Songez à plaire à Pompadour !
Vive l'amour !

Versons pour la reine d'Hongrie
Tout notre sang !
Donnons lui pour la Silésie
Tout notre argent ;
Elle a su plaire à Pompadour !
Vive l'amour !

Ce traité si peu raisonnable
Fait par Bernis,
Nous paraît trop déraisonnable ;
Mais tout est dit :
Il a su plaire à Pompadour.
Vive l'amour !

Notre royaume périclite
Et tout périt.
Notre roi, comme un Démocrite,
S'en fiche et dit :
Je trouve le fardeau trop lourd !
Vive l'amour !


Cette chanson exprimait bien le sentiment public.
Hélas ! l'incroyable légèreté de Mme de Pompadour allait une fois de plus porter ses fruits amers : le premier engagement du comte de Clermont avec l'ennemi se termina par la défaite de Crefeld
...
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MessageSujet: LA REINE MARGOT   LA REINE MARGOT   de la part d'EPHISTO - Page 14 EmptyVen 20 Mai - 9:18

Au même instant, la flotte française était écrasée par les Anglais. Devant cette situation tragique, M. de Bernis vint conseiller à Mme de Pompadour de négocier la paix.


- Sa Majesté, dit-il, n'a plus ni argent, ni généraux, ni vaisseaux.

La marquise, furieuse, humiliée, le chassa en province, où il put méditer, nous dit-on, "sur l'impossibilité de servir son roi et son pays avec une favorite qui traitait les affaires de l'Etat en enfant".

De l'enfant, cette femme avait non seulement l'incompétence, mais encore l'entêtement. En dépit de tous les conseils, elle continua de faire "sa guerre" avec des incapables dont elle aimait les hommages.

En 1761, elle nomma Berruyer, l'ancien chef de la police, à la tête de la marine, tandis que Soubise, cher à son coeur, était promu maréchal de France.

Le résultat de ces caprices fut navrant : en 1762, tous nos vaisseaux étaient tombés entre les mains des Anglais, qui avaient en outre pris Belle-Isle ; nos armées ne pensaient qu'au pillage ou aux jolies demoiselles qui allaient visiter les camps ; au Nouveau-Monde, nous perdions le Canada, et aux Indes, les Anglais s'emparaient de nos possessions...
La guerre de Sept ans, qui avait été entreprise pour venger la marquise d'une plaisanterie de Frédéric II, se terminait par un affaiblissement de notre pays.

"La France, écrivit Voltaire, avait perdu dans cette funeste guerre la plus florissante jeunesse, plus de la moitié de l'argent comptant qui circulait dans le royaume, sa marine, son commerce, son crédit. L'amour-propre de deux ou trois personnes avait suffi pour désoler l'Europe."
Mme de Pompadour était, bien entendu, la principale personne visée par l'écrivain.

Le 10 février 1763, le traité de Paris vint parachever notre désastre et notre humiliation. Le seul bénéficiaire de cette guerre qui laissait exsangue la France, l'Autriche et l'Angleterre, était le roi de Prusse. Il en sortait victorieux et un Etat minuscule, naguère simple électorat, prenait place parmi les grandes puissances européennes.

Mme de Pompadour, qui s'était constamment trompée dans le choix des généraux et que tout le monde tenait pour responsable de l'affaiblissement de la France, continuait à se croire un grand politique. Elle poussa même l'inconscience jusqu'à faire célébrer le traité de Paris comme une victoire.

Sur son ordre, le roi, toujours aussi faible, prescrivit trois jours de réjouissances et fit inaugurer sur la place Louis XV (actuelle place de la Concorde) sa statue équestre. Une statue si lourde qu'il fallut sept grues pour l'élever sur son piédestal. Opération qui fournit au prince Conti l'occasion de faire un mot :

- Le voilà au milieu de son conseil, dit-il.

Le peuple ricana.
Trente ans plus tard, au même endroit, Louis XVI perdait la tête dans les circonstances que l'on sait ; et l'on ne peut s'empêcher d'établir un rapport entre les deux évènements.
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MessageSujet: LA REINE MARGOT   LA REINE MARGOT   de la part d'EPHISTO - Page 14 EmptyVen 20 Mai - 10:13

LOUIS XV ENVOIE EN MISSION LE CHEVALIER D'EON TRAVESTI EN FEMME


Ce sexe a tant de charme qu'une simple jupe suffit à troubler les hommes - P. SOREL -


SANS doute, cette guerre sui se terminait de façon désastreuse pour la France n'aurait-elle jamais eu lieu sans Mme Pompadour.


Toutefois, il serait injuste de passer sous silence le rôle joué dans cette affaire par un personnage "amphibie" (selon le mot de Voltaire), mystérieux et pittoresque, qui demeure depuis deux siècles une énigme pour les historiens.

Il y avait à Paris, en 1750, un beau jeune homme aux cheveux blonds, mais nullement efféminé, qui était attaché au cabinet de l'Intendant des Généralités.
Marqué par le destin dès les premières heures de son existence, il s'appelait Charles-Geneviève d'Eon...
Intelligent, cultivé, habile à l'escrime, poète à ses heures, loué, adulé, il était pourtant très malheureux.

La nature, en effet, ne lui avait donné qu'une insignifiante masculinité.
Pour dire les choses à la manière savoureuse d'un de ses biographes, "la vitalité lui ayant reflué vers le crâne, avait abandonné ses extrémités"...
Bref, il était impuissant.

De nombreux amis, libertins notoires, Grécourt, Piron, Sainte-Foix, Bezenval, entre autres, essayèrent de le sortir de cette mauvaise passe en usant d'aphrodisiaques et en mettant dans son lit de pulpeuses créatures. Hélas ! nous dit-on, "le sens invoqué resta mort".

Un incident fortuit allait heureusement permettre au chevalier de sortir de sa chrysalide. Un soir de 1755, il était près de la comtesse de Rochefort, lorsque celle-ci, gentiment, et sans penser à mal, lui passa la main dans les cheveux. Ce contact eut plus d'effet que la cantharide. Le jeune d'Eon fut comme électrisé.
Tout son corps frissona, il éprouva une sensation inconnue et brusquement, à vingt-six ans, s'épanouit...

Très gêné, rougissant, il quitta le salon où ses amis, témoins de cette transformation, le considéraient avec le plus grand plaisir.
Quant à Mme de Rochefort, dont l'oeil vif avait tout remarqué, elle était tombée amoureuse du jeune homme.

Quelques jours plus tard, le duc de Nivernais annonça qu'il organisait un bal costumé pour le Mardi gras. Le chevalier, qui avait la taille fine, le pied menu et la barbe, rare, décida de se travestir en femme.
Très amusée par ce projet, Mme de Rochefort lui proposa une de ses robes de bal. Charles-Geneviève en fut extrêmement troublé.
"L'idée seule, écrit-il dans ses Mémoires, de revêtir une robe de la comtesse, de sentir sur ma peau un vêtement qui avait pressé le sein de cette adorable femme, contre lequel avait battu son coeur, dont le tissu avait emprisonné et touché son beau corps, me procura à l'avance un frémissement de plaisir indicible."

Il accepta. Et, le soir du Mardi gras, paré, maquillé, coiffé et transformé en une ravissante demoiselle par les femmes de chambre de la comtesse, il se rendit avec ses amis chez le duc de Nivernais.

Là, une assemblée brillante dansait sous les lustres en considérant, du coin de l'oeil, deux invités de marque, le roi et Mme de Pompadour.
Mais tandis que la marquise montrait un visage épanoui, Louis XV, adossé à une colonne, promenait un regard morne sur les jeunes femmes qui gambadaient devant lui de façon impudique, dans l'espoir d'être remarquées.

L'entrée du groupe lui fit tourner la tête. Alors un phénomène curieux se produisit.
Ecoutons Gaillardet nous conter la chose dans son style imaginé :
"Mais, chut ! le boa royal, engourdi dans la digestion de ses plaisirs, a donné signe de vie... il a remué... son oeil à lui, sa bouche s'est entrouverte, sa tête s'est redressée... Silence ! son regard est fixe... il est aux aguets... il a déroulé ses anneaux... Voyez comme il agite ses flancs lentement d'abord, puis plus vite... Il convoite quelque proie... Quelle est-elle ?"

C'était le chevalier d'Eon à qui la robe allait vraiment à ravir.

Fasciné, le roi appela son fidèle Le Bel et le chargea de lui ménager une rencontre avec cette "demoiselle".
Le valet de chambre s'approcha du groupe de jeunes gens et demanda discrètement à Sainte-Foix le nom de la personne qui les accompagnait.

- C'est ma cousine, répondit l'autre en affectant un air pincé.
- Le roi voudrait la connaître, Monsieur. Et si vous voulez bien donner ce plaisir à Sa Majesté, votre fortune est faite.
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MessageSujet: LA REINE MARGOT   LA REINE MARGOT   de la part d'EPHISTO - Page 14 EmptyVen 20 Mai - 11:27

Sainte-Foix, qui avait fort envie de rire, feignit d'hésiter.


- Soit, dit-il, au bout d'un moment. Que faut -il faire ?
- Sa Majesté se retire dans une heure. Il vous suffit d'attirer votre cousine dans un petit salon voisin. Je me charge du reste.
Le jeune homme aynt promis, Le Bel s'en fut dire au roi que sa soirée finirait plus agréablement qu'elle n'avait commencée.

Au même instant, Sainte-Foix, qui venait d'avoir une idée diabolique, se rendait auprès du chevalier d'Eon :

- J'ai une nouvelle amusante à t'annoncer. Une grande dame du château vient de parier avec moi que tu n'étais pas un homme et s'est offerte à en recevoir la preuve à l'instant dans son boudoir. J'ai tenu le pari. La dame est partie et t'attend dans un salon que je vais t'indiquer.

Charles-Geneviève, tout ému, oublia sa chère comtesse de Rochefort et se dirigea, sans attendre, vers le boudoir où tant de félicité lui était promise.

Le Bel, qui surveillait le couloir, alla prévenir le roi.
Aussitôt, celui-ci abandonna le bal pour rejoindre le chevalier. Ecoutons d'Eon lui-même nous conter son étrange aventure :

"La porte s'ouvrit ; un homme, coquettement et royalement paré, s'avança à petits pas ; c'était Louis XV. Je le reconnus aussitôt et reculai, frappé de terreur.
" - Ne vous effarouchez pas, ma belle, me dit-il ; n'ayez pas peur de moi.
"Et le galant monarque me caressa les joues de sa main douce et parfumée. J'ouvrais d'énormes yeux.
Me croirait-il femme aussi, celui-là, me dis-je, et faudra-t-il prouver que je suis un homme ?
"Bientôt, il n'y eut plus pour moi de doute possible.
La pensée du roi se traduisit en manifestations d'une telle évidence, que j'entrevis alors, et pour la première fois, le mauvais tour que m'avaient joué mes amis.
Le cas était difficile et ma position embarrassante.
Sa Majesté devenait scandaleusement entreprenante, et poussait l'attaque en homme habitué à ne pas trouver de résistance. Comment faire ? Je pris mon courage à deux mains, et me plaçant en face du roi :

" - Sire, dis-je, on vous a trompé, et je suis victime d'un stratagème...
"Pour débiter mon imporvisation et me poser convenablement, j'avais fait un pas en arrière.
Je me trouvais adossé à une ottomane. Louis XV saisit l'opportunité d'un coup d'oeil ; ne me donna pas le temps d'achever mon exorde, et me poussa sur les coussins. Renversé à l'improviste, je jetai un cri et tentai de me relever pour éclairer d'un mot le monarque égaré ; mais il était trop tard, ce mot, Louis XV l'avait trouvé, et comme ce n'était pas celui qu'il cherchait, ses augustes bras en demeurèrent pendants de stupéfaction, sa bouche béante d'hébétement.

"Sire, voilà ce que je voulais vous apprendre, lui dis-je confus et aussi tremblant que lui.
"Le roi, le visage crispé, marchait de long en large dans le salon. Enfin, il s'arrêta et sourit :

" - Je n'en reviens pas, dit-il en me contemplant avec une sorte d'admiration. Ainsi vous êtes un homme.
C'est une métamorphose complète. Tout le monde s'y tromperait.
"Après avoir réfléchi un moment, il ajouta :

" - Mon ami, êtes-vous aussi intelligent que beau garçon, aussi discret que jolie fille ?
" - Que votre Majesté veuille mettre mon zèle et mon dévouement à l'essai, lui répondis-je, et je lui promets de ne pas succomber sous l'épreuve.
" - Et bien ! soit ! Gardez donc un silence absolu sur tout ce qui s'est passé ici. Tenez vous prêt à exécuter mes ordres ; bientôt, vous aurez de mes nouvelles".

Au petit matin, chez la comptesse de Rochefort, le chevalier d'Eon retrouva ses amis qui prudemment s'étaient enfuis après leur farce.
Tous lui demandèrent ce qui s'était passé. Il refusa en riant de les renseigner, et, selon sa propre expression, "de mystifié, devint mystificateur".

Mais l'aventure qu'il venait de connaître avec le roi l'avait fortement ému et le pauvre se sentait le besoin impérieux de se prouver à lui-même qu'il était bien un homme.
Dès que ses amis furent partis, il se précipita sur Mme de Rochefort et, riche d'un savoir tout neuf, la renversa sur le lit et agit comme l'avait fait Louis XV à son endroit.
Quelques instants plus tard, la comtesse se pâmait sans savoir ce qu'elle devait au roi de France..
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MessageSujet: LA REINE MARGOT   LA REINE MARGOT   de la part d'EPHISTO - Page 14 EmptyDim 22 Mai - 9:36

Trois semaines après le bal donné chez le duc de Nivernais, le chevalier d'Eon fut mandé chez le prince de Conti qui le reçut avec une grande déférence :


- Je ne sais, lui dit-il, ce que vous avez fait au roi pour captiver ses bonnes grâces ; mais Sa Majesté ne parle que de vous depuis quelques temps. Après m'avoir vanté les dehors de votre personne physique, il m'a demandé un grand nombre de renseignements sur vos qualités morales. Une enquête m'a permis de n'en donner que d'excellents. Aussi êtes-vous appelé demain à Versailles. Vous y serez chargé d'un message secret de la plus haute importance.

Le lendemain, Conti accompagne le chevalier chez le roi. Celui-ci, qui se trouvait dans son petit cabinet, en compagnie de Mme de Pompadour, les accueillit fort aimablement.

- J'ai pensé à vous, Monsieur d'Eon, pour une mission extrêmement difficile. Vous savez que depuis quatorze ans nos relations avec Elisabeth de Russie sont à peine cordiales. Elles risquent d'être très mauvaises si l'impératrice, poussée par son amant Bestucheff-Riumin, qui déteste la France, s'allie avec l'Angleterre. Il faut donc empêcher cette alliance et ramener la Russie dans notre camp. C'est le but principal de votre mission.

Le chevalier d'Eon avait écouté ce discours avec stupéfaction. Qu'il ait été choisi pour accomplir un tel travail lui paraissait extravagant. Pourquoi lui qui n'était pas diplomate ? Il n'eut pas besoin de poser cette question. Le roi ajouta :

- Il y a longtemps que je cherche le moyen de faire parvenir une lettre secrète à l'impératrice Elisabeth. Les ambassadeurs que j'ai envoyés jusqu'à maintenant ont tous été découverts par Bestucheff et jetés en prison.
Aussi, Mme de Pompadour a-t-elle pensé que seule une femme pourrait tromper la vigilance de cette brute et parvenir jusqu'à l'impératrice.
Il y avait plusieurs mois que nous cherchions en vain une femme assez courageuse et assez discrète pour accomplir cette mission, lorsque je vous ai rencontré, métamorphosé en demoiselle. L'illusion était si parfaite que j'ai décidé immédiatement de vous envoyer à Saint-Pétersbourg sous des vêtements féminins.

Cette fois, le chevalier fut abasourdi.

- Vous devrez, ajouta Mme de Pompadour, vous introduire dans le palais , rencontrer l'impératrice en privé, lui remettre une lettre du roi, gagner sa confiance, et devenir l'intermédiaire d'une correspondance secrète au moyen de laquelle Sa Majesté espère rétablir l'harmonie entre les deux nations.
Le jeune d'Eon promit de se préparer et rentra chez lui perplexe.
Il devait apprendre le lendemain que sa mission était bien plus compliquée qu'il ne le pensait.
En devenant agent secret du roi, le chevalier entrait dans une organisation fort curieuse que Louis XV avait créée pour tromper ses ministres, ses ambassadeurs et - bien souvent - Mme de Pompadour elle-même.
Des hommes, inconnus des diplomates, travaillaient pour lui dans toutes les capitales de l'Europe et le renseignaient par lettres chiffrées.
Cet ancêtre du Deuxième Bureau, qu'on appelait le Secret, était dirigé par le prince de Conti.
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MessageSujet: Re: LA REINE MARGOT de la part d'EPHISTO   LA REINE MARGOT   de la part d'EPHISTO - Page 14 EmptyDim 22 Mai - 12:18

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