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Détente - amitié - rencontre entre nous - un peu de couleurs pour éclaircir le quotidien parfois un peu gris...
 
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 Clovis et Clotilde

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MARCO
Martine
epistophélès
Jean2
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Jean2

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Date d'inscription : 10/12/2008

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MessageSujet: Clovis et Clotilde    Clovis et Clotilde  EmptyMer 4 Aoû - 13:30

<table width="100%" border="0" cellpadding="0" cellspacing="0"><tr><td colspan="2">CLOVIS AURAIT PU DIRE : CLOTILDE VAUT BIEN UNE MESSE !
Au
printemps de l'an 492, alors que l'aubépine fleurissait dans tous les
buissons de Gaule, cinqu cavaliers partis de Valence, traversaient à
vive allure la Burgondi, remontaient le long du Rhône, doublaient Lyon,
Dijon, Langres, pénétraient en territoire franc et, sans ralentir leur
galop, dépassaient Troyes, Châlons, Reims pour arriver un beau matin de
mai, fourbus, essouflés, mais éclatants d'orgueil, devant la villa
royale de Clovis, à Soissons.

Ils apportaient une nouvelle dont ils savaient que le jeune roi serait satisfait.
Clovis les reçut aussitôt :

- Nous avons trouvé pour toi la plus belle femme du monde, dit un des cavaliers.

Clovis,
l'oeil allumé, eut un large sourire qui découvrit ses crocs de barbare.
Il avait vingt-cinq ans et cherchait une épouse qui fût à la fois jolie
et de noble famille, deux qualités qui semblaient avoir déjà des
difficultés à s'accorder.


- De qui est-elle la fille ? demanda-t-il

- De Chilpéric, roi des Burgondes, qui régnait à Lyon. Mais elle est orpheline.

Et
l'homme expliqua que Gondebaud, qui, lui, régnait à Dijon (1), était
venu, un jour, attaquer Chilpéric dont il convoitait le domaine. Il
l'avait trouvé à table avec sa famille et s'était conduit brutalement.

Pour commencer, d'un coup de hache bien appliqué, il avait fait voler la tête du roi de Lyon dans une écuelle.

Ce qui avait interronmpu le repas.

Profitant
du désordre, deux hommes avaient alors emporté l'épouse de Chilpéric,
qui poussait des cris effroyables, et l'avaient jetée dans le Rhône.
Puis les barbares, s'étaient amusés à massacrer les enfants.
Seules, les deux fillettes, âgées de cinq et six ans, avaient eu la vie sauve.

Gondebaud,
qui n'était pas méchant au fond, prenant pitié de ces pauvres
orphelines, les avait recueillies et s'était occupé de leur éducation.

L'une
d'elles était entrée au couvent ; l'autre était cette merveille de
grâce et d'intelligence que les ambassadeurs de Clovis avaient vue à
Valence (2) ...


- Comment s'appelle-t-elle ?
- Clotilde. Elle a dix-huit ans. Elle est blonde, et ses yeux sont verts piquetés d'or
...

Clovis,
ayant remercié ses envoyés, appela son ami Aurélien, qu'il savait
habile, et le chargea d'obtenir le double consentement de Clotilde et de
Gondebaud.

Aurélien partit immédiatement. Quelques jours plus
tard, il était à Valence, déguisé en mendiant pour approcher Clotilde
sans attirer l'attention des serviteurs de Gondebaud, et, un soir, nous
dit le moine Aymoin, "à l'heure où elle distribuait les aumônes, à la
porte intérieure du palais, il s'approcha d'elle et baisa le bas de sa
robe qu'il tira légèrement. Intriguée, Clotilde se pencha.


- Maîtresse, lui dit-il à voix basse, j'ai à vous parler.
- Parle, dit Clotilde, en s'inclinant davantage
.

-
Le roi Clovis désire vous épouser et m'envoie pour vous demander votre
consentement. En témoignage de la vérité de ma mission, voici l'anneau
du roi.
- Donne, répondit Clotilde ; dis à ton maître qu'il me fasse promptement demander à Gondebaud, et je serai sa femme.
"En échange de l'anneau, Clotilde donna à l'ambassadeur une pièce de monnaie.
"Aurélien,
sans perdre de temps, alla à Genève, où se trouvait alors Gondebaud, et
demanda officiellement la main de Clotilde. Le roi burgonde fut surpris
et mécontent ; mais il n'osa pas irriter Clovis par un refus.


"- Ma nièce consentira-t-elle à ce que tu demandes ?
-Elle est prévenue et elle y consent ; si tu consens aussi, je la mènerai au roi.
- Mène-la, répondit Gondebaud, tout à fait désappointé."


Aurélien
retourna à Valence. Des chars furent aussitôt préparés pour le voyage.
On y entassa les trésors qui constituaient la dot, et Clotilde y prit
place, toute joyeuse de quitter la Burgondie et d'aller vers ce fiancé
dont on lui avait vanté la force, le courage et la beauté du regard...

Hélas
! le convoi était encore loin de la frontière quand un cavalier vint
avertir Clotilde que son oncle regrettait d'avoir donné son consentement
et voulait la reprendre.

- Un groupe commandé par Aridius est parti à votre poursuite, dit-il.

Epouvantée,
Clotilde quitta aussitôt sa lourde basterne (3), monta à cheval et
abandonnant sa dot au milieu de la forêt, partit au galop, en compagnie
d'Aurélien.

Après cinq jours d'une épuisant chevauchée, elle était en sécurité. Une semaine plus tard, elle arrivait à Soissons.

Clovis fut ébloui en la voyant. Ses pommettes devinrent cramoisies, et sa mâchoire trembla.

- Nous devions nous marier demain, dit-il, je t'épouserai tout à l'heure.

Bien
qu'elle fût encore très pure, Clotilde sentit qu'il y avait quelque
chose de peu convenable dans cette précipitation, et elle rougit.


Des
femmes du palais la conduisirent alors dans sa chambre et lui passèrent
la robe nuptiale. Elles avaient à peine fini de la lui mettre que
Clovis, fou d'impatience, entrait avec l'intention évidente de la lui
retirer.
Les femmes prirent la fuite. Et le roi des Francs épousa la belle Burgonde.

Dès lors, leurs jours furent faits de désir et leurs nuits de caresses.
Clovis,
qui était un amant expert (ayant eu pour première femme une princesse
nordique), avait fait découvrir à Clotilde un véritable paradi.

Reconnaissante, elle voulut, en retour, lui en faire connaître un autre, et résolut de le convertir.

Car la jeune femme était chrétienne et souffrait de voir son cher Clovis, adorer les dieux barbares
.


</td></tr></table>
Clovis et Clotilde  Up_arrow Clovis et Clotilde  Down_arrow<table border="0" cellpadding="0" cellspacing="0"><tr><td valign="middle">Clovis et Clotilde  Icon_profile_fr Clovis et Clotilde  Icon_pm</td></tr></table>
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Jean2

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MessageSujet: Re: Clovis et Clotilde    Clovis et Clotilde  EmptyMer 4 Aoû - 13:31

lle commenca par lui démontrer la fausseté de sa religion en usant d'arguments que saint Rémi lui soufflait.

Le
roi, qui était fort épris, se laissa facilement convaincre et , sans
doute n'aurait-til pas hésité à recevoir le baptême si le fait
d'abandonner les dieux de ses pères n'avait mis en péril son autorité.

En
effet, comme le dit Kurth :" Les Francs voyaient dans leurs rois les
descendants de leurs dieux. Seuls les dieux et leurs enfants avaient le
droit de commander aux peuples. Se faire chrétie,, c'était renier ses
ancêtres, c'était couper la chaîne de sa généalogie, c'était se priver
de son titre à régner. Il fallait un courage très grand pour embrasser
la foi du Christ.


Clotilde savait
tout cela. Aussi, se promit-elle de donner à Clovis le courage de se
convertir et la force de faire admettre à ses guerriers le principe
d'une royauté détachée des dieux ancestraux.


Pour
commencer, elle obtint que leur premier enfant, prénommé Ingomi, fût
baptisé. Pensant que le faste de la cérémonie pourrait avoir un heureux
effet sur l'esprit de son mari, Clotilde eut soin de faire décorer
l'église de voiles et de riches tapisseries
.

De tels détails étaient bien faits pour toucher un barbare. Clovis fut émerveillé.

- Quelle belle religion ! dit-il.

Hélas ! quelques jours plus tard, le petit Ingomir tomba malade et mourut. Toute l'oeuvre patiente de la reine s'écroulait.-
Si cet enfant avait été consacré à mes dieux, dit le roi en colère, il
serait vivant ; mais, comme il a été baptisé au nom de votre Dieu, il
n'a pu vivre !


Clotilde ne se troubla pas :

-
Je rends grâce, dit-elle, au puissant Créateur de toutes choses, de ce
qu'il ne m'a pas jugée indigne de voir associé à son royaume, l'enfant
né de mon sein : car je sais que les enfants que Dieu retire du monde
pendant qu'ils sont encore dans les aubes (vêtus de blanc) sont nourris
de la Sa vue.


Clovis fut
interloqué. Jamais il n'aurait pensé à cela. Cette sainte résignation le
remplit d'une telle admiration qu'il en aima davantage encore la belle
Clotilde et qu'il eut le désir de lui en fournir la preuve sans tarder.


Le
résultat de ses bons soins ne se fit pas attendre : la reine donna
bientôt le jour à un petit Mérovingien qu'on appela Clodomir.


Cette
naissance mit Clovis de bonne humeur. Clotilde en profita pour lui dire
qu'elle serait fort heureuse s'il acceptait que l'enfant fût baptisé.
Le roi, de nouveau, céda aux instances de sa chère épouse, et la
cérémonie eut lieu, surpassant en magnificence le baptême dur
premier-né. Mais le lendemain, Clodomir tombait malade à son tour. Alors
Clovis commença à se lasser.


- Il ne
peut arriver à celui-ci que ce qui est arrivé à son frère, dit-il avec
amertume ; baptisé au nom de votre Christe, il doit mourir aussitôt.

La
pauvre Clotilde avait peine à cacher sa grande gêne. Elle court à
l'église, s'y enferma pendant deux jours et pria tant, nous dit Grégoire
de Tours, qu'elle obtint la guérison de l'enfant
.

Il était temps ! Clovis avait déjà décidé de ne jamais se convertir à une religion aussi dangereuse.Clotilde, on s'en doute, sut le ramener rapidement à de meilleurs sentiments...

(..........................................)

Après avoir défait les Germains, Clovis revint auprès de sa femme, dont il retrouva l'ardeur brûlante et l'adorable langueur.

Entre
deux baisers, Clotilde, qui était tenace, lui reparla de son âme et, un
matin, le roi accepta enfin d'être instruit par saint Remi dans la
religion chrétienne.


Le pieux évêque
lui donna donc quelques leçons dd'un catéchisme encore rudimentaire, et
pour Noël 496, Clovis fut baptisé à Reims devant une foule immense,
venue de tous les points de la Gaule. Après que le "fier Sicambre" eut
courblé le front devant l'évêque, trois mille de ses guerriers vinrent,
sur son ordre, recevoir à leur tour le baptême. Manoeurvre d'une grande
habilité, car les Frans, en adoptant la foi du roi, demeuraient liés à
lui, comme par le passé...


Cette
conversion due à l'amour eut des conséquences politiques extrêmement
importantes. A une époque où les autre srois barbares, Goths et
Burgondes, étaient ariens (disciples d'Arius, hérésiarque qui niait la
nature divine du Christ), Clovis fut reconnu comme chef par les millions
de Gallo-Romains catholiques qui peuplaient la Gaule. Cette qualité lui
permit d'être soutenu par les évêques, dont la puissance était immense,
et de conquérir sur les Wisigoths un territoire considérable allant de
la Loire aux Pyrénées.


Plus tard, le titre de "rois catholiques" permettra à ses fils, la conquête de la Burgondie.

Miracle d'un sourire !

Car
on peut dire sans exagérer que c'est au sourire adorable de Clotilde
que le royaume franc dut de pouvoir réaliser pour la première fois son
unité.
Cette unité qui allait décider de l'avenir de la France
...
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epistophélès

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MessageSujet: Clovis et Clotilde   Clovis et Clotilde  EmptyVen 31 Déc - 1:13

Les amis, j'ai trouvé la solution à mon dilemne : je continue le récit qui suit le chapitre de Clovis et de Clotilde, sans lâcher Louis XIII.

Dîtes-moi si vous êtes d'accord, siou plaît
.
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epistophélès

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MessageSujet: Clovis et Clotilde   Clovis et Clotilde  EmptyVen 31 Déc - 15:39

FREDEGONDE ET BRUNEHAUT, DEUX REINES CRUELLES ET DEBAUCHEES;


Chacune haïssait l'autre cordialement .... - A. THOMAS -

Au VIè siècle, les fils de Clotaire avaient divisé leur héritage en trois royaumes : celui de Paris (la Neustrie), qui appartenait à Chilpéric ; celui de Metz (l'Austrasie), qui avait Sigebert pour roi, et celui d'Autun (la Burgondie, sur lequel régnait Gontran.

Or ces trois souverains étaient envieux. Chacun rêvait de posséder l'ensemble du territoire, et leurs relations étaient, de ce fait, assez tendues. C'est ainsi que, à plusieurs reprises, Chilpéric, qui avait un caractère désagréable, essaya de faire assassiner ses deux frères.


Ceux-ci n'en furent pas autrement émus, car ils connaissaient les usages en cours dans la famille Mérovée pour avoir vu souvent agir leur père.

Clotaire, en effet, lorsqu'un visiteur l'importunait, lui faisait trancher la tête par un de ses serviteurs.
Dans ses bons jours, il se contentait de lui faire couper la langue. Mais Clotaire était rarement de bonne humeur.


Lorsque son frère Glodomir mourut, laissant trois enfants en bas âge, il pensa que ses neveux étaient bien gênants et les invita à venir passer l'après-midi dans son palais.

- Ils joueront, ces chers petits, dit-il à leur grand-mère, la reine Clotilde.

Les enfants vinrent sans méfiance. Aussitôt, Clotaire envoya à sa mère un petit mot ainsi conçu : "Je voudrais connaître ta volonté au sujet de ces enfants, veux-tu qu'ils vivent avec les cheveux coupés, ou qu'ils soient égorgés ?"

Les cheveux coupés étaient alors un signe infamant.
La grand-mère, dans un cri digne des héros cornéliens, dit aux émissaires :

- J'aime mieux les savoir morts que tondus.

Clotaire n'attendait que cette réponse pour agir.
Aussitôt qu'il la reçut, il alla dans la salle où jouaient les enfants, et avec l'aide de son frère Childebert, les tua à coups de couteau. Après quoi, les deux criminels n'eurent plus qu'à se partager le royaume de Clodomir.


Ces méthodes, qui nous étonnent un peu, étaient courantes à cette époque ; aussi Chilpéric, Sigebert et Gontran se tenaient-ils sur leurs gardes. Ce qui ne les empêchait pas, d'ailleurs, de passer leur temps dans la débauche la plus effrénée.

Chilpéric, surtout, menait une vie des plus dissolues.
Il possédait un véritable sérail, et chacune de ses préférées avait le titre de reine. En outre, il n'hésitait pas à trousser ses servantes et à leur faire sur un coin de table ce que les Américains font dans des lits jumeaux.

D'ailleurs, Grégoire de Tours, qui le connaissait bien écrit :
"Il est impossible d'imaginer un acte de luxure que Chilpéric n'ait accompli."


Un jour, il s'éprit de la servante d'Audovère, sa "reine" favorite. Cette jeune fille franque, d'une grande beauté, s'appelait Frédégonde. Mais il n'eut pas le temps de lui prouver ses bons sentiments, car, sur ces entrefaites, une guerre contre les Saxons l'obligea à quitter le palais.

Pendant l'absence de Chilpéric, Audovère mit au monde une fille, ce qui donna à toute la Cour une raison saine de se réjouir et de banqueter plusieurs jours de suite.
A l'issue d'un repas paticulièrement gai, Frédégonde, qui était ambitieuse, eut une idée diabolique.
Elle alla trouver la reine :


-Vous devriez faire baptiser cette petite, sans attendre le retour du roi, lui dit-elle. Ajoutant hypocritement : je suis sûre qu'il serait ravi si vous étiez vous-même la marraine.

Audovère était sans malice. Elle accepta, et le baptême eut lieu.

Un mois plus tard, Chilpéric revint entouré de ses guerriers. Frédégonde se précipita au-devant de lui :

- Avec qui Monseigneur couchera-t-il cette nuit ? demanda-t-elle, l'air humble.

Et comme le roi paraissait étonné d'une telle question, elle expliqua en cachant mal son envie de rire :

- La reine est la marraine de ta fille !

(Les "rapports" entre le père et la marraine d'un enfant (ou la mère et le parrain) étaient alors tenus pour incestueux, donc interdits par l'Eglise)

Chilpéric eut l'oeil brillant :

- Eh bien ! dit-il, ravi, si je ne puis coucher avec elle, je coucherai avec toi (Augustin THIERRY, Récits des Temps mérovingiens, I)


Trois heures après, Frédégonde devenait reine de Neustrie, et, le lendemain, Audovère était répudiée, définitivement chassée du palais et enfermée dans un monastère.
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MessageSujet: Clovis et Clotilde   Clovis et Clotilde  EmptyVen 31 Déc - 16:49

A Metz, pendant ce temps, Sigebert menait une vie un peu plus calme. Il n'avait que quinze maîtresses.
Un jour, renonçant aux servantes lubriques et aux "reines d'une nuit", il annonça qu'il allait épouser Brunehaut, fille du roi des Wisigoths d'Espagne, et qu'elle serait son unique femme. Il est vrai que cette jeune personne était jolie, élégante, gracieuse, distinguée, instruite et "aimable dans la conversation", ce qui ne gâtait rien.

Leur mariage eut lieu à Metz, en grande pompe, et donna lieu à des fêtes qui rendirent jaloux le roi Chilpéric. Quand il apprit qu'un poète, Fortunat, était venu réciter un épithalame de sa composition à la fin de la cérémonie, son amertume fut immense. Et, pensant à la façon dont il épousait ses servantes, il lui sembla qu'il menait une vie moins royale que son frère.

Alors il chercha un moyen de rendre son existence plus digne de son état. Finalement, comme il manquait d'imagination, il s'adressa, lui aussi, au roi des Wisigoths d'Espagne et lui demanda s'il n'avait pas encore une fille.

- Il me reste mon aînée, répondit le roi Athanagilde, mais je ne vous accorderai sa main que si vous vous engagez à vous séparer de toutes vos concubines.

Chilpéric avait une telle envie d'imiter son frère qu'il accepta, renvoya ses femmes, y compris Frédégonde, et épousa la belle Galswinthe.


La cérémonie eut lieu à Rouen, avec d'autant plus d'éclat que la jeune épouse apportait en dot des caisses pleines de joyaux et de pierreries.

Pendant quelques mois, le ménage fut heureux. Mais le diable était dans la maison. Frédégonde, en effet, avait obtenu, après sa répudiation, de rester attachée au service du palais. Et elle ne ratait pas une occasion de se placer sur le passage du roi, qui la lorgnait en soupirant. Dès qu'elle le voyait approcher, elle se tortillait de façon lubrique en le regardant dans les yeux, et le malheureux Chilpéric rentrait dans ses appartements tout congestionné. Un jour, enfin, il ne put résister et alla retrouver Frédégonde dans sa chambre.

Dès lors, la vie fut intenable pour la reine Galswinthe. Le jour, elle était bafouée, la nuit, elle dormait seule. Ecoeurée, elle demanda finalement à Chilpéric de l'autoriser à rentrer chez ses parents, ce qu'il refusa, craignant de perdre les trésors qu'elle avait apportés.

- Je serai gentil, promit-il Et je te jure que tes nuits seront moins monotones.

Il tint parole, car, la nuit suivante, il la fit étrangler, pendant son sommeil, par un serviteur (Grégoire DE TOURS, op.cit., livre IV)


Huit jours après, Chilpéric épousait Frédégonde, qui devenait, cette fois, officiellement reine de Neustrie.

Comme bien on pense, le meurtre de Galswinthe ne plut pas à Brunehaut. Elle aimait sa soeur, et pour la venger, elle poussa son mari Sigebert à déclarer la guerre à Chilpéric.

Pendant quelque temps, les deux frères échangèrent des menaces tout en préparant un armement formidable ; enfin, en 573, Chilpéric envahit brusquement le territoire austrasien. Aussitôt, Sigebert, qui se tenait prêt, fonça sur lui avec une immense armée et le vainquit.
Epouvanté, Chilpéric alla se réfugier avec Frédégonde à Tournai, tandis que Sigebert entrait dans Paris avec Brunehaut, tout heureux à la pensée qu'il allait devenir roi des Neustriens. Pour cela, il lui fallait se rendre, selon la coutume, à la ville royale de Vitry, près d'Arras. Il y alla et fut élevé sur le pavois. Mais à peine en était-il descendu que deux hommes, envoyés par Frédégonde, le tuèrent au moyen de couteaux "dont la reine avait elle-même empoisonné les pointes".

La mort de Sigebert renversa la situation, car les Austrasiens qui assiégeaient Chilpéric à Tournai rentrèrent immédiatement chez eux, libérant le roi de Neustrie. Celui-ci s'empressa alors de gagner Paris, où Brunehaut, qui attendait son mari, fut bien étonnée de le voir surgir.

Elle se croyait reine, et elle était prisonnière. Heureusement, elle parvint à faire sortir de la ville son fils, le petit Childebert, âgé de cinq ans, en le mettant une nuit dans une corbeille d'osier qui fut descendue par une corde le long des remparts.


Un fidèle ami, le duc Gondvald, emporta l'enfant jusqu'à Metz où il fut proclamé roi aussitôt, afin que Chilpéric ne puisse pas mettre la main sur l'Austrasie.

Puis Frédégonde vint à Paris et s'aperçut que Chilpéric avait l'oeil un peu trop brillant lorsqu'il regardait Brunehaut. Elle en conçut de la jalousie.
Cette jeune veuve de vingt-huit ans dont tout le monde vantait la grâce, était trop séduisante pour demeurer au palais, près d'un roi volage. Frédégonde la fit exiler à Rouen.
Mais pendant son séjour à la Cour de Neustrie, la blonde et capiteuse Brunehaut avait fortement ému un petit jeune homme qui était tombé amoureux d'elle.
Nous n'en parlerions même pas, tant la chose semble normale, si le destin n'avait voulu que ce soupirant ne fût précisément .... un des fils de Chilpéric : le jeune Mérovée, que le roi avait eu de la malheureuse Audovère (Grégoire DE TOURS, op. cit., livre V)


Tourmenté par un désir qui ne tarda pas à être gênant (pour tout le monde), il quitta le palais secrètement et alla retrouver la veuve de Sigebert en Normandie. Elle le connaissait peu et fut étonnée de le voir surgir dans ses appartements.

- Que voulez-vous ? demanda-t-elle.

Sans même la saluer, il se jeta à genoux.

- Je vous aime ! dit-il avec force, car les fatigues du voyage n'avaient pas entamé son impétuosité.

Puis il la porta sur un lit, la cajola et lui fit oublier sous des caresses expertes le souvenir de Sigebert, mort quelques semaines plus tôt...

Le temps passa. Ils s'aimèrent. Et, un jour, un émissaire arriva essoufflé à Paris. Il venait de Rouen en courant :

- Votre fils vient d'épouser sa tante, dit-il à Chilpéric.

Puis il tomba raide mort.

Cette nouvelle mit le roi dans un grand état de fureur. Mais Frédégonde jubilait. Depuis quelque longtemps, elle cherchait à se débarrasser des fils que son époux avait eus d'Audovère, car elle voulait que ses enfants à elle puissent, un jour, hériter du trône de Neustrie.

Déjà, elle avait fait tuer Théodebert, l'aîné. Elle tenait maintenant le moyen d'éliminer Mérovée. Hypocrite, elle se contenta de le faire tondre ; mais elle savait que le malheureux ne pourrait supporter cette marque infamante. En effet, Mérovée se suicida.

Il restait encore un fils et une fille d'Audovère. Frédégonde fit assassiner l'un et violer l'autre par quelques amis qui étaient d'ailleurs ses amants. Puis elle pensa que l'ex-femme de Chilpéric l'avait bien ennuyée avec ses enfants, et elle la fit tuer dans son couvent.


Mais on ne peut avoir l'oeil à tout. Occupée à préparer l'accès du trône à ses fils, Frédégonde laissa s'échapper Brunehaut, qui rentra dans ses Etats pour y gouverner au nom de Childebert, alors âgé de sept ans.

Il y eut alors une sorte de trêve, et pendant quelques années Frédégonde sembla se désintéreser de l'Austrasie. Pourtant, elle ne restait pas inactive. Tout son temps était pris par la mise au point de supplices nouveaux qu'elle inventait pour faire souffrir ceux qui la servaient mal ou avaient le malheur de posséder un visage qui ne lui plaisait pas.

Un jour, elle fit attacher sur la roue, le préfet du Palais et ordonna qu'on le frappât jusqu'à ce qu'il mourût. Au bout de cinq heures, elle vint voir où en était sa victime. Elle entendit :

- Assez, assez !

Déjà, elle se réjouissait d'assister à la fin de son ennemi, lorsque, s'approchant, elle s'aperçut que c'étaient les bourreaux qui criaient. Fatigués de taper sur le préfet, ceux-ci demandaient grâce -pour eux.
Frédégonde, furieuse, leur fit couper les mains, les pieds, et demanda à l'un de ses favoris d'enfoncer des épines sous les ongles du supplicié qui jugea prudent de passer dans l'autre monde..
.
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epistophélès

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MessageSujet: Clovis et Clotilde   Clovis et Clotilde  EmptyVen 31 Déc - 20:21

En 577, une terrible épidémie de variole s'abattit sur la France, faisant des millions de victimes. Tous les enfants de Frédégonde moururent en quelques jours, et la reine se demanda ce qu'elle avait bien pu faire au ciel pour avoir tant de malheurs.
Mais comme elle était de tempérament plutôt réaliste, elle pleura peu et appela Chilpéric.

- Vite, dit-elle, il faut m'enfaire un autre.

Car elle entendait bien être la mère du futur roi...
Chilpéric s'exécuta. Toutefois, comme elle n'avais plus qu'à moitié confiance en sa virilité, elle alla demander le même service à différents seigneurs et même à des gardes du palais. Finalement elle eut un fils, qu'on appela Clotaire.

Cette naissance fit l'effet à Frédégonde d'un bain de jouvence. Se sentant plus jeune et plus ardente que jamais, elle fit entrer dans son lit tous les hommes qu'on lui présentait.

Ce tempérament accueillant faillit lui causer des ennuis.


Un matin, Chilpéric pénétra dans sa chambre. La trouvant occupée à sa toilette, il lui donna par plaisanterie un léger coup de baguette sur l'épaule.

- Tout beau, Landry, s'écria Frédégonde, sans se retourner.

Puis elle ajouta quelques paroles assez gaillardes, croyant parler à son favori du moment.

Lorsqu'elle s'aperçut de sa méprise, Chilpéric, furieux, s'en allait déjà. Elle se mordit les lèvres, et pensa avec ennui que le roi, après s'être renseigné, lui ferait des reproches sévères et la répudierait peut-être. Or elle n'aimait pas les scènes de ménage.
Elle trouvait cela inutile et déprimant. Aussi, le soir même, fit-elle assassiner son mari au cours d'une partie de chasse.


A partir de ce moment, Frédégonde vécut dans une frénésie amoureuse qui la fit se jeter dans les excès les plus scandaleux. Tout lui était bon ...
Au cours de la même nuit d'orgie, il lui arrivait d'épuiser dix ou quinze hommes dans la force de l'âge. Ceux qui ne parvenaient pas lui procurer l'agrément qu'elle recherchait étaient immédiatement mutilés de façon atroce. On leur faisait subir au moyen d'une épée le supplice qui fit la célébrité d'Abélard.

En 597, Frédégonde mourut paisiblement dans son lit, avec un seul regret au coeur : celui de n'avoir pu faire assassiner Brunehaut.


Celle-ci, pour l'heure, se portait fort bien ; mais elle venait de perdre son fils Childebert qui était, depuis la mort du roi Gontran, maître de l'Austrasie et de la Burgondie.

Ce royaume immense pour l'époque, allait de nouveau être divisé, car chez les Francs, l'aîné des fils ne succédait pas au père. Les deux héritiers de Childebert se partagèrent donc le territoire : Théodebert eut l'Austrasie, et Thierry, la Burgondie.

Avide d'autorité, Brunehaut chercha à maintenir son pouvoir en Austrasie comme sous le règne de son fils : mais Théodebert regimba. Alors, elle chercha à l'affaiblir en le faisant participer à des scènes d'orgie (Chronique de Frédégaire). Enivré par le plaisir, le jeune homme commençait à se désintéresser des affaires de son royaume, quand une jeune esclave, dont il s'était épris, lui donna la force de se ressaisir et de chasser sa grand-mère.

Brunehaut alla se réfugier en Bourgogne chez son autre petit-fils.
Là, elle déclara que le désordre qui régnait lui était insupportable.


- Il faut tout réorganiser, dit-elle : je m'en charge !

Pour commencer, elle fit tuer le maire du palais et mit un de ses amants, Prodius, à sa place. Puis elle nomma aux postes importants tous ses autres favoris : enfin, pour avoir le pouvoir absolu, elle poussa, selon sa technique habituelle, le pauvre Thierry à la débauche at au vice.

Saint Didier ayant essayé de remettre le jeune roi dans le droit chemin, Brunehaut le fit lapider.

- Voilà comment on fait un martyr, dit-elle, en riant.

Et elle continua à fournir à Thierry des maîtresses jeunes et épuisantes.


En 610, Théodebert mourut, tué par son frère, lequel, exténué par sa vie dissolue, ne tarda pas à le suivre dans la tombe.

Brunehaut, qui avait soixante-dix ans, s'apprêtait à faire avec ses arrière-petits-fils ce qu'elle avait fait avec Thierry et Théodebert, quand les grands d'Austrasie, qui commençaient à en avoir assez, la livrèrent au fils de Frédégonde. Clotaire II, ravi, la fit torturer pendant trois jours. En signe d'opprobre, Brunehaut fut promenée, loque vivante et nue, sur un chameau.
Enfin, on l'attacha par les cheveux, un bras et un pied à la queue d'un cheval indompté qui la traîna sur les cailloux. Quand l'animal s'arrêta, le corps de la belle Brunehaut, de l'amoureuse ardente et cruelle, n'était plus qu'un paquet informe de chair sanglante.
(La tradition veut que ce supplice ait eu lileu non loin du Louvre, à l'endroit où se rejoignent aujourd'hui la rue Saint-Honoré et la rue de l'Arbre-Sec
.)
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MessageSujet: Clovis et Clotilde   Clovis et Clotilde  EmptyLun 3 Jan - 19:57

NANTHILDE FUT LA REINE LA PLUS TROMPEE DE L'HISTOIRE

Le grand saint Elois
Disait : "Oh !!! mon roi ! ..."


Un jour qu'il entendait la messe à Romilly, le roi Dagobert remarqua une voix pure qui s'élevait sous les vouûtes de la basilique. Il en eut quelques distractions.

Après l'office, il s'enquit du nom de la chanteuse qui l'avait troublé.

- C'est Nanthilde, une novice, lui dit le prêtre.
Dagobert, comme tous les rois francs, était brutal et autoritaire.

- Qu'on me l'amène. Je veux la connaître.

Quelques minutes plus tard, une jeune fille aux yeux de pervenche et aux longues tresses blondes lui était présentée. Elle était jolie et gracieuse.

- Chante ! lui dit Dagobert.

Nanthilde chanta.

- C'est bien toi, en effet, que j'ai remarquée tout à l'heure. Viens avec moi.

Le prêtre connaissait le tempérament ardent du roi ...

- Hé là ! Eh là ! dit-il, vous oubliez, Monseigneur, qu'il s'agit d'une novice. Que voulez-vous en faire ?

Dagobert, dont le regard brillait en considérant les formes de la jeune fille, fit entendre un juron et repoussa le prêtre.

- Que t'importe ! je suis le roi. Elle est à moi !
- Elle est d'abord à Dieu, dit l'ecclésiastique, d'un ton doucereux, mais ferme.

Nanthilde, pendant ce temps, baissait les yeux d'un air modeste. La confusion qui rougissait ses joues la rendait plus belle encore.


Dagobert était pieux. Dans sa cervelle épaisse de roi franc peu habitué à réfléchir, une idée chemina lentement, de circonvolution en circonvolution jusqu'à un endroit plus aéré où elle put s'épanouir quelque peu.
Alors il comprit que l'enlèvement d'une novice pouvait constituer un délit sérieux qui risquait de le conduire en enfer. Pourtant, il désirait Nanthilde.

- Et si j'en fais ma femme ?

- Dans ce cas, c'est différent, dit le prêtre. Mais n'avez-vous point déjà une épouse légitime ?

- Si. Mais elle n'a pas été capable de me donner d'héritier. Je n'ai donc pas d'obligation envers elle. Je vais la chasser tout à l'heure.

- Est-ce bien vrai ? dit le prêtre.

- Je te le promets.

- Alors, tu peux emmener Nanthilde.

Dagobert ne se le fit pas dire deux fois ; prenant la jeune fille dans ses bras, il monta à cheval et partit en direction de la villa royale. Soudain, une seconde idée lui vint à l'esprit :

- Es-tu bien de race franque ?

- Oui, Monseigneur.

Dagobert, rassuré, embrassa Nanthilde sur la bouche.
Un instant, il avait craint, en effet, que cette belle fille ne fût étrangère de race impure et veule, une de ces Slaves qui pullulaient en Gaule et dont le nom avait été déformé en esclaves....
Mais puisqu'il s'agissait d'une Franque, le mariage était possible.


Le lendemain, Dagobert, répudia sa femme, la charmante Gomatrude, réunit ses conseillers pour leur annoncer sa décision et fit bénir son union par l'évêque du lieu.

Celui-ci, nullement choqué par la désinvolture avec laquelle le roi avait répudié Gomatrude, souhaita beaucoup d'enfants aux nouveaux époux. Il est vrai qu'à cette époque, les femmes n'étaient l'objet d'aucune considération.
On les prenait, on les violait, on les rejetait, on les tuait au besoin
.

Les théologiens se demandaient même si elles avaient une âme.

Quelques jours après son mariage, Dagobert, constatant que les réserves alimentaires ammassées à Romilly s'épuisaient, décida de changer de résidence et fixa son choix sur sa ville natale de Clipiacu (Clichy), près de Paris, où il savait trouver des greniers et des celliers remplis de nourriture.

Et un matin, une suite de trente lourds chariots à roues pleines quitta Romilly. Il y avait des voitures réservées aux filles du palais, d'autres aux armes, à la vaisselle, aux robes, aux bijoux, etc. Nanthilde avait un chariot spécial où elle reposait, allongée sur des fourrures.

Tandis que le convoi avançait lentement à travers les forêts de Neustrie, Dagobert, à cheval, songeait à un voyage qu'il avait effectué dans les mêmes conditions, cinq ans plus tôt. Il avait alors quinze ans, et son père Clotaire II, venait de le nommer roi d'Austrasie. Un matin, il était parti de Braine pour s'installer à Trèves, capitale de ses Etats. En route, il avait trouvé, à l'orée d'un bois, une jeune fille qui tressait des corbeilles d'osier. Elle était si jolie, avec ses boucles blondes et sa gorge parfaite, qu'il l'avait fait monter dans un chariot. A Trèves, elle était devenue maîtresse en titre, et Dagobert, l'avait surnommée sa Colombe. Puis un jour, un envoyé de Clotaire II était venu dire au jeune roi :

- Ton père veut que tu te maries et que tu épouses Gomatrude, la jeune soeur de Sichilde, sa nouvelle femme.
Les noces auront lieu à Clipiacus. N'ai aucune crainte, la femme qu'il te destine est fort belle.


Alors Dagobert, en fils obéissant, était parti pour Clipiacus.

Mais son éducation laissant un peu à désirer, il n'avait pas trouvé anormal d'emmener la Colombe assister à son mariage.
Ils étaient donc arrivés tous les deux à la cour de Neustrie, où Gomatrude, qui ignorait l'existence de la favorite, avait été un peu surprise : mais habituée aux moeurs de son époque, elle s'était contentée de dire :

- Tiens, nous serons trois ! ...


Naturellement, les noces avaient été fastueuses, car Clotaire II, pour fêter cette union qui faisait de lui le beau-frère de son fils, avait dépensé beaucoup d'argent.
Puis on était revenu à Trèves, où Dagobert avait, dès lors, vécu avec Gomatrude et sa Colombe.

Pensant à la vie qu'il avait menée, tiraillé entre ses deux femmes, Dagobert soupira. Gomatrude s'était montrée, par la suite, sibêtement jalouse de la concubine, que le roi, pour oublier un peu ses soucis domestiques, était allé guerroyer contre les Saxons.


Un an avait passé. Clotaire II était mort subitement et Dagobert lui avait succédé, devenant à la fois roi de Neustrie, d'Austrasie et de Burgondie, c'est-à-dire d'un immense territoire qui allait de la Bretagne à la Bavière et de la Manche à Marseille.

Pendant quelque temps, il s'était senti puissant et heureux : puis la Colombe était morte ainsi que fils qu'elle avait eu de lui. Et l'on avait jasé. Car cette double disparition arrangeait si bien les affaires de Gomatrude que certains s'étaient demandé si elle n'avait pas aidé quelque peur les choses.

Quoi qu'il en fût, la mort de Colombe n'avait pas rendu plus féconde la malheureuse reine qui méditait maintenant, au fond d'un couvent parisien, sur les inconvénients de la stérilité.
A cette pensée, Dagobert sourit.


- Pourvu que Nanthilde me donne un fils ! murmura-t-il.
Et plein d'espoir, il lança son cheval au galop et rejoignit la tête du convoi...

A Clipiacus, Dagobert et Nanthilde vécurent très heureux pendant tout l'hiver. Le roi, pour la première fois de sa vie (et la dernière), était fidèle à la femme qu'il aimait.

Il avait d'elle un besoin permanent. Au point qu'on le voyait parfois quitter brusquement un conseil politique pour aller la retrouver dans sa chambre, et que chacune des promenades qu'il aimait faire avec elle, au long de la Seine, était ponctuée de plusieurs arrêts dans les buissons...


Mais Dagobert s'inquiétait, car, malgré ce traitement exceptionnel, Nanthilde n'avait toujours pas de grandes espérances à lui faire partager. Et il en était fort triste.

Un matin, il prit son cheval, car le galop l'aidait à penser, et il partit dans les bois qui séparaient Clipiacus du mont des Martyrs.

L'air frais qui lui fouettait le visage activait son esprit. Il pensa qu'il allait avoir trente ans (ce qui était vieux à cette époque où peu d'hommes dépassaient quarante ans) et qu'il lui fallait un fils sans retard pour que le royaume franc demeurât le bien des descendants de Clovis.
En effet, de nombreux cousins, il le savait, attendaient sa mort pour se précipiter sur le trône.


A cette idée, ses yeux verts, brillèrent de haine.

- Si je n'ai pas de fils, j'imite Clovis, murmura-t-il.

Le grand Clovis avait utilisé pour régner tranquillement un moyen peu moral, sans doute, mais fort efficace : ayant fait périr presque tous les membres de sa famille, il faisait semblant de pleurer : "Malheur à moi qui suis resté comme un voyageur parmi les étrangers, et qui n'ai plus de parents pour me secourir dans l'adversité", disait-il.

Cette ruse était grossière ; mais il y avait toujours un cousin caché dans quelque province qui, pris de compassion, venait se jeter aux pieds de Clovis.

- Je suis là, moi, Monseigneur, et je suis de ta famille.

Alors Clovis le faisait tuer aussitôt...


Cette perfidie amusait beaucoup le bon roi Dagobert, lui qui avait fait égorger, en une seule nuit, dix mille Bulgares venus se mettre sous sa protection.

- Pourtant, se dit-il, la solution la plus agréable serait de prendre une troisième femme.

Comme les filles du palais n'avaient pas été renouvelées depuis son mariage avec Nanthilde, et qu'il les avait toutes mises dans son lit du temps de Gomatrude, il pensa qu'il valait mieux chercher ailleurs.
Il décida donc de faire un petit voyage de prospection dans la région de Senlis, où les femmes avaient la réputation d'être belles et ardentes
.

Le lendemain, il se mettait en route en compagnie de Nanthilde - qui naturellement, n'était pas au courant des buts réels du voyage -

Dans chaque ville qu'il rencontrait, le roi faisait étape sous prétexte de rendre la justice ou de recevoir l'hommage de ses sujets. En réalité, il ragardait avec attention toutes les jeunes filles qui défilaient devant lui.
Un soir qu'il se promenait dans les rues de Senlis, il éprouba un petit chos. Une ravissante blonde assise devant une pauvre cabane, filait de la laine en chantant. Il l'appela.

- Comment te nommes-tu ?
- Ragnétrude, Monseigneur
- Tu es belle, viens avec moi !

Un homme parut sur le seuil de la cabane.

- C'est ta fille ? fit Dagobert.
- Je l'emmène. Je suis le roi !

Le vieillard s'inclina en bredouillant :

- Oh ! merci, Monseigneur, merci ...

Dagobert ramena la jeune fille jusqu'à la villa royale et demeura enfermé avec elle pendant trois jours et trois nuits.


Nanthilde était plus fine que Gomatrude. Elle cacha ses larmes et accueillit avec bonté la jeune Senlisienne.
Lorque celle-ci vint s'asseoir près du roi, à la table commune. Dagobert lui en sut gré et ne la répudia pas.
De temps à autre, il lui demandait même de partager sa couche.
Délicate attention qui consolait pendant un moment la douce Nanthilde.


Puis Dagobert, craignant que Ragnétrude ne fût aussi stérile que ses premières femmes, renouvela les filles du palais et en fit ses maîtresses. Nanthilde, en apprenant que le roi, chaque nuit, s'efforçait avec une demoiselle différente de prolonger la dynatie des Mérovée, souffrit cruellement - comme bien on pense -

Un jour, Dagobert entra dans la chambre de la reine en criant de joie :

- Réjouis-toi, dit-il. Ragnétrude va être mère.

La malheureuse eut la force de féliciter son mari, mais lorsque celui-ci la quitta pour aller remercier le ciel d'avoir béni une de ses unions, elle s'effondra sur son lit.

L'enfant de Ragnétrude naquit en 631. On le nomma Sigebert.

Pour fêter cet événement, Dagobert engagea une jolie servante de quinze ans et lui montra de bons sentiments. Puis, se souvenant qu'il avait à Toulouse un demi-frère qui pouvait un jour se dresser contre Sigebert, il le fit tuer
.

Cet acte réjouit fort les grands du royaume. Dagobert n'ayant fait assassiner aucun parent depuis longtemps, ils craignaient de le voir s'efféminer.
Pour leur prouver qu'il était encore viril, malgré ses trente-trois ans, le roi prit une nouvelle concubine, nommée Wulfgunde (Chronique de Frédégaire.)


Cette fois, il y eut deux femmes en pleurs au palais : Nanthilde et Ragnétrude, que la douleur rapprocha.

Pris subitement d'une sorte de folie amoureuse, le roi transforma sa cour en un lieu de débauche ; au point qu'on le surnomma le Salomon des Francs.

Pendant ce temps, la pauvre Nanthilde passait de longues heures à prier pour que le Seigneur fermât les yeux sur les péchés de son mari.

D'accord avec le ministre Eloi, elle eût voulu arracher le souverain à cette vie dissolue et l'obliger à s'occuper, comme jadis, des affaires de l'Etat. Mais le malheureux n'était plus le grand roi qui avait gouverné pendant quinze ans ; les orgies l'avaient miné et affaibli.

Les mois passèrent. Un jour, la reine eut la joie de donner un fils à Dagobert, qui fut ravi et le baptisa Clovis.

- C'est celui-ci, dit-il qui sera mon successeur, car il me vient de ma douce Nanthilde.

Toutefois, pour consoler Ragnétrude, il nomma immédiatement Sigebert, alors âgé d'un an, roi d'Austrasie.

Pendant quelques mois, Dagobert se rapprocha un peu de Nanthilde, et saint Eloi en profita pour donner, par l'intermédiaire de la jeune femme quelques conseils politiques au roi. Influence heureuse qui permit à Dagobert de remporter sur les Basques et sur les Bretons deux victoires importantes sans lesquelles la fin se son règne eût sans doute été troublée.
C'est vers ce moment qu'il prit une quatrième épouse officielle, la capiteuse Berthilde...

"L'amour des femmes, disent les chroniqueurs, poussa Dagobert aux plus honteux excès."
Il devait en mourir en 638, à l'âge de trente-six ans, complètement épuisé.

Nanthilde, qui avait su par sa douceur et sa diplomatie rester toujours la première femme du roi et la reine en titre, s'occupa des affaires de l'Etat pendant l'enfance de Clovis II.

Tous les historiens sont d'accord pour lui reconnaître une grande habilité dans sa façon de gouverner.
Elle mourut en 642, consciente de la décadence mérovingienne à laquelle avait travaillé avec tant de fougue son débauché de mari
.
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MessageSujet: Clovis et Clotilde   Clovis et Clotilde  EmptyMar 4 Jan - 20:48

CHARLEMAGNE, ENFANT DE L'AMOUR


La reine Berthe vivait sur un grand pied. - A. ETIEVANT -


Il y avait, en 741, à Laon, une magnifique villa qui appartenait au compte Caribert. Cette demeure, une des plus imposantes de l'Austrasie,, annonçait tout un régime politique.

Avec ses nombreux corps de bâtiments, construits presque entièrement en bois, ses cours et ses jardins intérieurs, son enceinte de pieux, ses réserves d'armes, son puits partidulier, ses étables, ses salles de gardes et sa tour de guet, elle était en effet, comme une ébauche du château féodal que l'on allait édifier trois siècles plus tard.

Caribert y vivait en compagnie de sa femme, de sa fille Bertrade, âgée de qinze ans, de ses domestiques et de ses gens d'armes.

Les chroniqueurs nous ont laissé peu de détails sur cet homme, et son nom serait sans doute oublié si le ciel ne lui avait donné une fille d'une ravissante beauté... Car Bertrade était jolie. Si jolie même que Caribert se méfiait toujours un peu lorsqu'un seigneur du voisinage venait lui rendre visite.
Les Francs avaient, il est vrai, une réputation de paillards bien établie... Quand Bertrade participait à un repas, les hôtes, fort troublés commettaient de grosses bévues :

Au lieu de s'essuyer délicatement la bouche sur leur manche, comme le voulait le bon ton d'alors, ils restaient avec le visage dégoulinant de sauce, ou bien encore ils oubliaient de se lécher les doigts et tachaient leurs vêtements. Bref, ils étaient éblouis par les longs cheveux blonds, les yeux bleus et le sourire éclatant de la jeune fille.


méchantes langues disaient bien qu'elle avait un pied un peu grand, mais, à cela, ceux qui l'admiraient répondaient aussitôt que cette apparence était due au fait que l'autre pied était un peu petit...

Débat sans fin, dont les médisants finirent, comme toujours, par avoir le dernier mot, puisque, au moyen-âge, Bertrade reçut des poètes, le surnom que l'histoire lui a conservé : celui de Berthe au grand pied...

Oublions ces racontars d'amoureux évincés et imaginons Bertrade telle qu'elle devait être en sa quinzième années : une jeune fille gracieuse et enjourée, qui filait la laine au côté de sa mère en fredonnant de vieilles chansons mérovingiennes... Comment aurait-elle pu se douter que le destin lui réservait d'être la première reine d'une nouvelle dynatie et la mère d'un empereur comme on n'en avait pas vu depuis Jules César ? ...


Un jour, une troupe arriva chez Caribert. Elle avait à sa tête un cavalier dont la petite taille étonna lorsqu'il mit pied à terre.

Bertrade, à sa fenêtre, vit son père se précipiter avec déférence vers le visiteur et entrer avec lui dans la plus belle pièce de la villa.

- C'est Pépin, le maire du Palais, expliqua-t-on à la jeune fille. Sa courte taille l'a fait surnommer le Bref.

Bertrade resta songeuse.


A cette époque, le maire du Palais était une sorte de premier ministre, disposant de pouvoirs considérables, et la jeune fille avait entendu dire qu'il était plus puissant que le roi. Il est vrai qu'en ce début du VIIIè siècle, le dernier roi mérovingien, Childéric III, n'était pas grand-chose. Les excès de toutes sortes avaient épuisé la race de Clovis. Après avoir sombré dans la luxure, elle s'éteignait dans la paresse.
Voici d'ailleurs ce qu'en dit avec une grande franchise le chroniqueur Eginhard : "La famille des Mérovingiens ne faisait, depuis longtemps, preuve d'aucune vertu.


Le prince en était réduit à se contenter de porter le nom de roi, d'avoir les cheveux flottants et la barbe longue, se s'asseoir sur le trône et de jouer le personnage du monarque. Il donnait audience aux ambassadeurs et leur faisait les réponses qui lui étaient dictées.
A l'exception d'une pension alimentaire mal assurée et que lui payait le maire du Palais, selon son bon plaisir, il n'avait en propre qu'une unique propriété d'un très petit revenu : c'est dans cette propriété qu'il vivait avec un très petit nombre de domestiques. S'il fallait que roi allât quelque part, il voyageait sur un chariot traîné à la manière des paysans par des boeufs qu'un bouvier conduisait ; quant à l'administration du royaume et à toutes les mesures de gouvernement, les maires du Palais en étaient seuls chargés."


Bertrade savait tout cela et lorsque son père, avant le déjeuner, la présenta à Pépin, elle fut très intimidée.
Au cours du repas, elle regarda du coin de l'oeil ce personnage important et le trouva beau. Lui, de son côté, ne fut point indifférent.

Tout en mangeant, il la considérait d'un oeil enflammé et s'évertuait à raconter des histoires de guerre susceptibles de la faire vibrer.
Il y réussit plusieurs fois et en fut heureux.


A la fin du banquet, Bertrade sut gré à Pépin de ne pas jeter tous les os qui se trouvaient dans sont assiette à la tête des autres convives, comme le faisaient généralement les invités de Caribert.

Or c'est une chose que Pépin avait l'habitude de faire par manière de plaisanterie et pour finir gaiement le repas. Mais ce jour là , il n'avait qu'un désir : s'en aller au plus vite et emmener la jolie Bertrade avec lui.


Lorsqu'il fit part de cette décision à Caribert, celui-ci pleura de joie.
Jamais il n'aurait espéré un si beau parti pour sa fille. Quant à celle-ci, qui était amoureuse pour la première fois de sa vie, il lui semblait entrer en paradis.

Deux heures plus tard, Pépin chevauchait fièrement en tête de ses hommes avec Bertrade tendrement blottie entre ses bras.

Le soir même, ils travaillaient à la naissance de Charlemagne
.
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Martine

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MessageSujet: Re: Clovis et Clotilde    Clovis et Clotilde  EmptyMer 5 Jan - 8:39

MArrant cette coutume de jeter des os ! Vais y penser la prochaine fois que je fais du poulet!!
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Jean2

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MessageSujet: Re: Clovis et Clotilde    Clovis et Clotilde  EmptyMer 5 Jan - 9:12

LA reine Berthe vivait sur un grand pied ???
Mais c'était elle Berthe aux longs pieds non ?
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MessageSujet: Clovis et Clotilde   Clovis et Clotilde  EmptyMer 5 Jan - 20:47

Oui, Jean2, c'est la Berthe dont l'histoire a retenu le surnom : Berthe au grand pied .
Bon, je peux continuer ? Pffffffffffff ..... Rolling Eyes Razz geek

Devenue l'unique favorite du maire du Palais, Berthe eut une vie fort agréable. Pendant le jour, elle jouait avec des compagnes de son âge, et, le soir, elle retrouvait son cher Pépin qui la caressait avec ardeur.
Il la caressa tant et si bien que, le 2 avril 742 (Manuscrit del'abbaye de Lorsch.), elle mit au monde un gros bébé que l'on appela Charles.


A sept ans, cet enfant était si intelligent que Bertrade conçut l'ambition folle d'en faire un roi.
Puisque Childéric III n'était plus qu'un fantôme, et que le trône pouvait être à celui qui aurait l'audace de le prendre, pourquoi Pépin, son cher amant, ne serait-il pas celui-là ?

Avant toute chose, elle se fit épouser pour que son fils, enfant de l'amour, devînt légitime. Ce mariage eut lieu en l'an 749 (Annales de saint Bertin.

Dès le lendemain, elle poussa son mari à chasser le dernier Mérovingien et à devenir roi. Pépin le Bref, bien qu'assuré de réussir, se montra hésitant : il craignait la réaction des Grands.
Sans doute ceux-ci n'obéissaient-ils plus au malheureux Childéric, mais ils pouvaient fort bien être hostiles à un usurpateur. Alors Bertrade, astucieuse, lui suggéra le moyen d'obtenir l'appui du pape.

- Pose-lui cette simple question, dit-elle : convient-il d'appeler roi celui qui a la réalité ou celui qui a l'apparence du pouvoir ?
Pépin obéit et, quelques mois plus tard, il recevait la réponse de Rome :

"Celui-là est roi qui a la réalité des pouvoirs".

C'était clair. Aussitôt, il réunit les Grands à Soissons et leur fit part de l'opinion du pape.
L'affaire ne traîna pas. Dès qu'il eut fini de parler, il fut proclamé roi.

Le lendemain, Childéric III, sans même comprendre ce qui lui arrivait, était tondu et enfermé dans un couvent.


Bertrade, qui attendait ce moment avec impatience, fut fière d'avoir contribué à faire de Pépin, dont elle était toujours amoureuse, un roi puissant et respecté.
Elle était aussi très heureuse d'être saluée du nom de reine ; mais son plus grand bonheur resta secret : il consistait à pouvoir penser que son fils était maintenant prince héritier du royaume franc ...

Un an plus tard, en 752, Pépin et Bertrade étaient sacrés par saint Boniface. Cette cérémonie, que les Mérovingiens avaient ignorée, rehaussait le prestige du roi et de la reine et faisait d'eux de véritables représentants de Dieu.


En 753, le pape, qui était en difficulté avec les Lombards, vint jusqu'en Neustrie demander le secours du roi des Francs. Il profita de son séjour pour sacrer solennellement une seconde fois Pépin et Bertrade à la basilique de Saint-Denis, ce qui fit jaser tous les autres rois, de la mer du Nord jusqu'en Bulgarie.

A partir de ce moment, la reine, qui avait eu un second fils qu'on avait nommé Carloman, s'occupa plus activement encore des affaires de l'Etat et accompagna Pépin dans toutes ses expéditions militaires.

Losque celui-ci mourut, en 768, le royaume fut partagé, suivant la coutume, entre les deux héritiers.

Mais à peine étaient-ils sacré, Charles à Noyon et Carloman à Soissons, qu'ils commencèrent à se quereller, au point que Bertrade dut user de toute son influence pour que la guerre n'éclatat pas entre ses deux fils.


Carloman, depuis longtemps était jaloux de Charles.
Il le considérait comme un bâtard et prétendait être, lui, le seul héritier de Pépin le Bref.
Aussi se jugeait-il frustré par le partage des terres. Poussé par le duc de Bavière et Didier, le roi des Lombards, il ne cessait de protester
.

Bertrade, comprenant qu'il serait difficile d'empêcher longtemps les deux frères de se battre, eut une idée : retirer à Carloman son principal appui en faisant épouser à Charles la fille du roi des Lombards.
Elle partit pour Pavie afin de négocier cette union.
Par la même occasion et pour mieux resserrer les liens entre la Lombardie et le royaume franc, elle organisa le mariage de sa fille avec le fils de Didier.


Ce double projet, qui faisait de Charles l'allié des Lombards, effraya le pape. Il avisa Bertrade qu'il s'opposait au mariage, donnant pour prétexte que Charles était déjà marié.

La reine mère passa outre, fit répudier sa première bru, Himiltrude, et ramena Désirée de Lombardie à Saint-Denis.

Charles ne sembla pas très excité par la perspective de passer ses nuits avec cette demoiselle. Pourtant, il obéit à sa mère et les noces eurent lieu le jour de Noël 770 avec beaucoup d'éclat.


Carloman, naturellement, fut calmé, et la paix régna de nouveau entre les deux frères, ainsi que Bertrade l'avait prévu.

C'était une grande victoire diplomatique, et pendant quelques années la reine mère put contempler son oeuvre avec satisfaction. Grâce à elle, les principaux rois de la chrétienté vivaient en paix
.
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MessageSujet: Re: Clovis et Clotilde    Clovis et Clotilde  EmptyVen 7 Jan - 10:11

J'avais jamais entendu parler de Corloman !!! Shocked
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MessageSujet: Clovis et Clotilde   Clovis et Clotilde  EmptyVen 7 Jan - 11:01

Décidément, y'en a aujourd'hui qui ont la tête à l'envers. Jean2, qui ne sachant lire correctement, invente des personnages historiques :"Corloman" et Avenir, qui rêve d'avoir une figurine du Kama Soutra dans sa galette. ............. Shocked ............ Razz geek
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MessageSujet: Clovis et Clotilde   Clovis et Clotilde  EmptyLun 10 Jan - 17:58

LES FEMMES DE CHARLEMAGNE ONT INFLUENCE SA POLITIQUE


La plupart des grands hommes ont été faits par des femmes. - BALZAC -


Tout le monde sait que Charlemagne fut sacré empereur d'Occident en l'an 800.

C'est un des rares faits historiques qui restent gravés dans les mémoires avec la prise de la Bastille et la bataille de Marignan, en 1515...


Mais ce qu'on ignore généralement, c'est que, sans les femmes, Carolus, dit Magnus, ou Charlemagne, n'aurait peut-être jamais occupé une aussi belle situation.
Il serait resté roi des Francs, comme son père, Pépin le Bref, et ne serait pas devenu, pour

l'éternité - et pour les fabricants de cartes - l'égal de David, de César et d'Alexandre...

Heureusement pour lui, Charlemagne ne pouvait vivre sans femme. Il en eut cinq légitimes, et quatre qui le furent un peu moins.

Ces neuf compagnes ont peu ou prou contribué à faire l'homme cultivé, fin, audacieux et diplomate que les historiens nous ont dépeint. Toutes, en effet, ont eu une influence considérable sur la politique de l'empereur carolingien, sur ses idées, ses moeurs, ses décisions d'ordre militaire, la conduite de ses finances, etc. Sans avoir l'air d'y toucher, et mues par une ambition légitime, elles lui firent entreprendre des choses étonnantes.

Mon Dieu, que c'est habile, une femme !
Alors, vous pensez, neuf !
...

Pour conter l'histoire des femmes de Charlemagne, il faudrait un livre entier. Nous allons tâcher de résumer ici, en nous efforçant de montrer que chacune d'elle correspondait à un moment très précis de la vie de l'empereur.

La première, qui s'appelait Himiltrude fut, semble-t-il assez insignifiante. Elle servit, tout juste, à lui faire passer son acné, ce dont il fut content. Elle symbolise la période d'apprentissage du grand Charles. Il avait dix-huit ans, il était beau, et les filles commençaient à le considérer avec envie. Aussi, sa mère, Bertrade, dans sa grande sagesse, avait-elle pensé qu'il valait mieux lui permettre d'avoir, si j'ose dire, sous la main, ce qu'il eût, peut-être, été tenté d'aller chercher ailleurs.
Himiltrude était jolie, vertueuse, douce, calme.
Charles, que son tempérament portait à une certaine fougue amoureuse, l'étonna plus d'une fois.


Les performances de son mari la laissaient épuisée et un peu effarouchée. On pense qu'elle était frigide.
Ce qui n'empêcha pas Charles, dans son ardeur adolescente, d' s'en donner à coeur joie. Elle le débarrassa de la timidité propre aux jeunes gens, en fit un garçon au regard assuré et lui donna un fils que l'on appela Pépin le Bossu, pour ce qu'il l'était effectivement un peu.

Ldeuxième mariage de Charles, nous l'avons dit fut contracté pour des raisons politiques. Afin d'empêcher son frère, l'ombrageux Carloman (qui avait reçu en héritage la Burgondie), de s'allier avec le roi des Lombards, Charles épousa la fille de ce dernier.
Elle était terne, effacée, s'appelait, croit-on, Désirée et n'avait aucune espèce de charme.

Mais l'Etat à des raisons que la raison du coeur ne connaît pas, et Charles répudia Himiltrude, qui alla s'enfermer dans un couvent, la mémoire toute pleine d'exaltants souvenirs amoureux. Après quoi, il épousa Désirée.

Elle ne lui plaisait aucunement, mais il avait déjà un grand caractère et sut prendre sur lui pour cacher sa répulsion. De temps en temps, même, il lui faisait une politesse.

Au bout d'un an, Carloman mourut, et Charles, ne voyant plus la nécessité de demeurer l'allié du roi des Lombards, renvoya Désirée à son père, par le premier train de chars à boeufs en partance pour Pavie.

C'est alors qu'il rencontra la gracieuse Hildegarde, en tomba amoureux et l'épousa. Elle était si belle que l'auteur de son épitaphe n'a pas hésité à écrire que "ses charmes n'avaient point de rivaux parmi les filles des Francs".

En outre, elle était gaie, vigoureuse et de tempérament ardent, trois qualités bien faites pour séduire Charles. Aussi Hildegarde eut-elle une influence considérable sur son époux. Au point que l'on peut vraiment dire, sans exagérer, que c'est elle qui a fait Charlemagne. A lui qui était embarrassé, méfiant, timoré dans ses décisions, elle communiqua son optimisme, son entrain, sa bonne humeur. Ce troisième mariage le transforma complètement.
(B. HAUREAU, Charlemagne et sa cour : "La touchante simplicité
d'Hildegarde et l'agrément de son commerce corrigèrent cette âpre vivacit qui peut faire les bons soldats, mais ne fera jamais les bons rois."[i]
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MessageSujet: Clovis et Clotilde   Clovis et Clotilde  EmptyLun 10 Jan - 18:04

J'ai un un couac informatique et un mal fou à vous taper les textes. Demain je vais voir mon fournisseur.

Bibizzzzzzzzzzzzz à toutesetàtousssssssssss ...
Wink
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MessageSujet: Re: Clovis et Clotilde    Clovis et Clotilde  EmptyMar 11 Jan - 9:00

Et c'est à cause du couac qu'on a plus droit aux jolies couleurs ??
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MessageSujet: Clovis et Clotilde   Clovis et Clotilde  EmptyMar 11 Jan - 15:47

Dis-moi, Jean2, t'en poses souvent des questions idiotes comme celle-ci ? ............ Rolling Eyes Razz tongue

C'était une panne de secteur. Vous allez pouvoir retrouver les jolies couleurs ......... Very Happy Wink
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MessageSujet: Clovis et Clotilde   Clovis et Clotilde  EmptyMer 19 Jan - 22:35

"C'est peu de temps après qu'il organisa sa première expédition contre les Saxons. Hildegarde, dont il ne pouvait se séparer, fut à ses côtés pendant toute la campagne. Elle coucha dans des chariots, marcha dans la boue, traversa des fleuves sur des ponts de bateaux, partagea la vie des guerriers francs, heureuse d'apporter à son roi la seule chose dont il ne pouvait se passer, même en pleine bataille : la douceur d'une présence féminine.

Charles revint de Saxe vainqueur, et s'en alla incontinent à Rome défendre le pape qui était attaqué par les Lombards. Hildegarde, bien entendu, le suivit.

La campagne fut dure et longue. Finalement, après avoir assiégé Pavie, Charles battit le roi Didier, son ex-beau-père, et le fit enfermer dans un cloître de Neustrie.

La jeune reine, en voyant comment son mari traitait la famille de Désirée, éprouva un plaisir que toutes les femmes qui ont épousé un divorcé comprendront.


Charles se fit couronner roi des Lombards au lieu et place de Didier. Mais il n'eut pas le temps de s'attarder à Pavie, car les Saxons venaient de se révolter. Aussitôt, il remonta à cheval et alla leur dire deux mots...

Hildegarde s'allongea dans un luxueux chariot et suivit une fois encore son époux.

Pendant des années, la jeune femme passa sa vie à courir ainsi les chemins mal dessinés d'un empire en formation.

Puis, en 777, alors que l'armée franque campait sur la route de Roncevaux, elle annonça une grande nouvelle à Charles ; un nouvel héritier était en marche.
Il en fut ravi et, le soir même, il convia tous ses amis à partager un grand festin : il y avait là, entre autres, Eginhard, le grand sommelier, Anselme, comte du Palais, et Roland, le gouverneur des marches de Bretagne. La fête fut joyeuse, et Rolant (qui n'était pas le neveu de Charlemagne, comme on le dit généralement dans les manuels d'histoire) s'amusa plus que les autres.... Le pauvre était loin de se douter qu'il allait mourir tragiquement quelques jours plus tard.


Hildegarde donna neuf enfants à son mari. Quatre fils : Charles, Pépin, Louis et Lothaire, et cinq filles : Adélaïde, Rotrude, Berthe, Gisèle et Hildegarde.

Lorsqu'elle mourut, après onze ans de mariage, épuisée par la vie exténuante que lui avait fait mener Charles, tout le monde la pleura. Et ses historiens, pour montrer à quel point le roi fut peiné lui même, nous disent : "qu'il ne partit en guerre qu'après l'avoir fait ensevelir", ce qui, pour l'époque, était d'une grande délicatesse....


Pourtant, quelques mois plus tard, Charles épousait la fille d'un comte franc, l'altière Fastrade. C'était sa quatrième femme. Elle allait avoir, elle aussi, sur le roi, un grand pouvoir que les chroniqueurs sont d'ailleurs unanimes à déplorer.
En effet, elle passa son temps à exciter Charles contre les personnages qu'elle détestait, faisant destituer de nombreux serviteurs pourtant scrupuleux, et persécuter de braves gens sans aucune raison.

Méchante et envieuse, elle jalousait les femmes des Grands du royaume et poussait son mari à ordonner des répressions rigoureuses contre d'imaginaires trublions, ce qui conduisit le brave Eginhard à écrire que, "pour satisfaire la cruauté de son épouse, Charles sortit, plus d'une fois, de sa bonté naturelle"...

Faible devant Fastrade, le futur maître de l'Europe occidentale, commit quelques erreurs qui suscitèrent un grand mécontentement. Ses ennemis en profitèrent pour conspirer contre lui. Averti du danger, il revint de Saxe, où il était pour l'heure en train de guerroyer, et les fit arrêter.


Fastrade, hypocrite et sournoise, lui inspira alors une manoeuvre fort peu élégante : après avoir feint d'accorder son pardon aux conspirateurs, Charles les envoya prier dans une église.

- Quand vous aurez fait vos dévotions, leur dit-il, vous ne me verrez plus jamais en colère contre vous.
En effet, ils ne devaient plus jamais le voir en colère. Ils ne devaient même plus jamais le voir du tout, car, à la sortie du sanctuaire, des soldats leur crevèrent les yeux...


Cette duplicité révolta bien des esprits, et finalement une conjuration se format. Les Grands, décidés à supprimer Fastrade se groupèrent autour de Pépin le Bossu (fils que Charles avait eu d'Himiltrude), sachant bien que celui-ci était animé par la haine depuis qu'il se savait écarté de la succesion. Puis ils conspirèrent la mort de la reine et celle du roi.

Il s'en fallut de peu que le complot ne réussit. Si un diacre, caché sous le maître-autel d'une église, n'avait pas surpris une conversation entre les amis de Pépin le Bossu. Charles ne serait jamais devenu empereur.

Tous les conjurés furent condamnés à mort, et Péppin, après avoir été battu et tondu, termina son existence dans un couvent.

L'alerte avait été chaude. Et sans doute, Charles, se fût-il désormais méfié des conseils de Fastrade si celle-ci n'avait eu la bonne idée de mourir.


Charles, aussitôt débarrassé de cette mégère, chercha une compagne plus douce. Il trouva la fille d'un comte allemand, une nommée Liutgarde, qui lui parut réunir toutes les qualités qu'il avait aimées jadis chez Hildegarde. Elle était belle, généreuse, enjouée, studieuse. Il l'épousa.

A ce moment, Charles avait cinquant-neuf ans. Il était, dit-on, le plus bel homme de son royaume, et la charmante Liutgarde en fut très amoureuse. Il avait un regard brillant, portait une grande moustache (contrairement à la légende inventée par les poètes du XIIè siècle, il ne porta jamais la barbe), et son corps était d'une souplesse extraordinaire. Il est vrai que chaque jour Charles plongeait dans sa piscine et faisait une demi-heure de brasse mérovingienne...


Liutgarde était fort jeune. Elle avait à peu près l'âge des filles de son mari ; aussi, partageait-elle leurs jeux et leurs travaux. Charles, à son contact, retrouva une jeunesse nouvelle et l'optimisme nécessaire à l'accomplissement des grandes choses.

Heureux en amour, il fut heureux en politique et se dirigea sans le savoir, mais confiant en son étoile, vers la cérémonie qui devait avoir lieu à Rome le jour de Noël 800. Hélas ! la douce, la charmante Liutgarde ne devait pas assister à cet extraordinaire couronnement. Elle mourut, sans laisser d'enfant, le 4 juin 800, à Tours.


Et, par une triste fantaisie du destin, cet homme, qui ne pouvait pas vivre sans les femmes et qui avait, en quelque sorte, été "fait" par elles, fut seul, sans épouse, au jour de sa plus grande gloire...

A partir de ce moment, Charlemagne, arrivé au faïte du pouvoir, n'eut plus jamais de femmes légitimes, mais seulement des concubines.
Il est difficile d'en tirer une morale
..."
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MessageSujet: Clovis et Clotilde   Clovis et Clotilde  EmptyVen 21 Jan - 14:44

LES CONCUBINES DE CHARLEMAGNEL'empereur franc était assez porté sur le sexe. - Dr Leslie TAYLOR -



Si Charles, qui adorait les femmes, décida de ne point se remarier après la mort de sa chère Liutgarde, ce n'est pas, comme on pourrait le croire, pour mieux courir le jupon ; mais pour des raisons politiques.
Il rêvait alors d'avoir sous sa domination un territoire gigantesque allant de l'Atlantique au Bosphore et de l'embouchure de la Vistule aux Baléares, et il envisageait d'épouser l'impératrice Irène, qui régnait - de Constantinople - sur l'empire d'Orient.

Ce projet l'obligeait donc à rester libre de tous liens matrimoniaux.


Malheureusement, Charlemagne, qui voyait surtout dans cette affaire le moyen de coiffer la couronne impériale sans rien devoir au pape, n'eut pas le temps de mener à bien ces négociations politico-sentimentales.

Le souverain pontife lui joua un tour auquel il était bien loin de s'attendre et qui, d'après Eginhard, le rendit furieux.

Tout avait commencé en 799 : le pape, accusé pour lors d'infamie, avait été, le 25 avril de cette année-là, brutalisé aucours d'une procession. Des énergumènes s'étaient jetés sur lui et avaient même essayé de lui crever les yeux. Irrité, à juste titre, le pontife avait demandé l'aide et la protection de Charles.


Celui-ci était, à ce moment, dans sa capitale d'Aix-la-Chapelle. En apprenant ce qui était arrivé au pape, il fut sincèrement navré. Il lui envoya d'ailleurs une lettre très gentille....
Mais il lui sembla agir finement en refusant de se rendre à Rome pour enquêter personnellement sur le fond de l'affaire.

"Venez à Aix, m'expliquer vos ennuis", écrivit-il à Léon III.


Le pape fut horriblement vexé en recevant ce mot qu'il trouva un peu cavalier. Mais comme il avait absolument besoin du concours de Charles, il fit préparer un chariot attelé de deux boeufs, monta dedans avec une grande dignité et partit en direction d'Aix.
En plein hiver, et malgré son âge, il passa le Grand-Saint-Bernard, et, deux mois plus tard, il arrivait à la cour carolingienne.


La réception qu'on lui fit fut grandiose et Charles l'embrassa avec une telle déférence que la foule put croire que les deux hommes s'aimaient sincèrement.
Le pape, bien entendu, rendit le baiser de bienvenue, mais , au cours des entretiens privés, ne cacha pas sa mauvaise humeur. Il reprocha à Charles de le ridiculiser aux yeux de toute la chrétienté et de le faire passer pour un simple domestique du roi des Francs.
Charles le rassura et lui promit la protection qu'il désirait.


Accompagné d'une petite troupe, Léon III repartit pour Rome en ruminant sa colère et son humiliation.
En arrivant chez lui, il était plus souriant, car, en chemin, il avait imaginé un moyen de se venger et de montrer à Charles, que le roi des Francs, malgré toute sa puissance, avait besoin de lui...

A la fin de l'automne, Charles se rendit à Rome.
Il était de fort bonne humeur, car il allait présider un tribunal qui avait pour mission d'examiner les accusations portées contre Léon III... Il allait juger le pape ! Cette idée le ravissait ! ...


Le procès commença dès son arrivée. Il fut long, touffu et riche en incidents, car la plupart des témoins, ayant été achetés, mentaient avec un plaisir non dissimulé ; certains, même, vinrent suggérer, dans un sourire, que Léon III était peut-être pédéraste, ce qui n'avait aucun rapport avec le chef d'accusation, mais embrouilla un peu plus les choses et mit une note gaie dans le débat.
Finalement, devant tant de mauvaise foi et en l'absence de preuves, Charles décida que pape pouvait se disculper par le serment.
Lorsque ce serment eut été prononcé, l'affaire sembla terminée, et le roi franc, qui venait, une fois de plus, d'affirmer sa puissance et son indépendance à l'égard de la papauté, se frotta les mains avec une grande satisfaction.


Alors il pensa de nouveau à l'impératrice Irène, qui régnait à Constantinople et dont il avait fait demander la main par des ambassadeurs.

"Si je réussis à l'épouser, pensa-t-il, je deviens empereur sans rien devoir au pape !"

Cette idée le rendit heureux et tellement optimiste qu'il n'eut aucune méfiance lorsque Léon III lui demanda de venir, en grande tenue romaine, assister, le lendemain, 25 décembre 800, à la messe de Noël.


Il arriva donc à cet office en brillant équipage. Le pape l'attendait à la porte de l'église Saint-Pierre.
Après s'être congratulés, ils entrèrent ensemble dans la nef.

- Prions Dieu, murmura suavement le souverain pontife.

Charles, qui était très pieux, ne se le fit pas dire deux fois. Il s'agenouilla devant le maître-autel et pria.

Mais brusquement, il sentit quelque chose de rond et de froid sur la tête. Il se redressa, un peu abasourdi.
Le pape venait de le couronner empereur par surprise.


Immédiatement, tout le haut clergé, qui était dans le secret de Léon III, se mit à crier joyeusement : "A Charles Auguste, couronné par Dieu grand et paifique empereur, vie et victoire ! ...

Devant Charles, encore tout décontenance, le pape souriait avec un petit air hypocrite...

Le nouvel empereur, furieux d'avoir été joué, serra les poings (Eginhard, vie de Charlemagne).
Pourtant, il ne voulut pas faire de scandale dans l'église, et, tandis que la foule des fidèles l'acclamait, il se rendit à la place qui lui était réservée pour entendre la messe.

Ainsi, il était empereur "par la bonne grâce du pape"...
Léon III avait gagné la partie.


Or les choses avaient eu lieu de telle façon qu'il était impossible à Charlemagne de protester. Prsonne, en effet, dans cette ville qui était en liesse à la suite du couronnement, n'aurait compris son mécontentement.
Mais, quelques jours plus tard, le Franc se vengea : il gracia les auteurs de l'attentat du 25 avril ; ceux-là mêmes qui avaient voulu crever les yeux du pape...
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MessageSujet: Clovis et Clotilde   Clovis et Clotilde  EmptyVen 21 Jan - 19:27

"Après la fête de Noël, l'empereur Charlemagne retourna à Aix-la-Chapelle et continua ses négociations en vue d'une union avec l'impératrice Irène. Comme les pourparlers étaient longs et qu'il ne pouvait vivre sans femme, il prit une concubien nommée Maldegarde. Il avait à ce moment plus de soixante ans.

Cette jeune femme connut la vie normale des épouses de Charles : elle le suivit dans tous ses déplacements chez les Saxons, les Frisons, les Hongrois et même à la chasse, lorsque l'empereur allait tuer le taureau sauvage dans les forêts de Mayence.

Elle sut se montrer douce, enjouée et ardente aux jeux du lit, trois qualités qui permirent à Charles d'attendre patiemment la réponse de l'impératrice Irène.

Mais un jour, les ambassadeurs francs revinrent de Constantinople, apportant une mauvaise nouvelle : Irène avait été chassée du pouvoir. Ses négociations secrètes avec Charles ayant été découvertes à la suite de l'indiscrétion d'un eunuque, on l'avait arrêtée, puis enfermée dans un couvent.

Son trésorier, Nicéphore, était monté sur le trône.

Cette révolution déjouait les plans de Charlemagne ; mais celui-ci, n'était pas homme à se laisser abattre.
Puisque la turbulente Irène n'était plus rien, il l'oublia et dirigea son esprit vers d'autres projets.


Justement, les Danois lui causaient quelques ennuis.
Il dut organiser un plan de bataille, faire construire une ville fortifiée (qui devint Hambourg) et envisager le problème nouveau pour lui, des combats navals.
Or on était au printemps, et comme Charles se sentait un vague à l'âme peu compatible avec son rôle de chef militaire, il répudia Maldegarde, dont il était las, et prit une nouvelle concubine nommée Guersuinde.
Précisons à ce propos que les concubines (comme les femmes légitimes, d'ailleurs) n'étaient pas désoeuvrées entre les moments - fréquents - où Charles leur contait gaillardement fleurette. Elles avaient la charge de l'administration de la maison et des domaines de l'Etat.
Leurs fonctions étaient à peu près celles qu'exercent aujourd'hui les ministres des Finances, de l'Intérieur et de la Justice.


C'étaient elles qui géraient les revenus de Charles : cadeaux des rois étrangers, tributs des peuples soumis, butin fait sur l'ennemi, amendes, etc.
C'étaient elles aussi qui surveillaient toutes les dépenses royales, payaient l'armée, réglaient les constructeurs de bâtiments royaux, etc.
Guersuinde sut se montrer à la hauteur de sa tâche, et, sans dout, eût-elle vécu heureuse au palais d'Aix-la-Chapelle, si la fougue amoureuse de son "mari" ne lui avait causé quelques tourments...


L'empereur, qui, toute sa vie, avait fait montre d'une virilité peu commune, devenait, en vieillissant, un véritable paillard. Il ne pouvait pas voir une jolie fille sans se livrer à des extravagances impudiques.

Un jour, il s'éprit d'une blonde adolescente, nommée Amalberge. La rencontrant dans un couloir du palais, il se précipita sur elle et voulut la violer.
Apeurée, la jeune fille se débattit, parvint à se dégager et courut se réfugier dans une chapelle. Charles, aveuglé par le désir, la suivit en courant et la rattrapa au moment où elle se prosternait devant l'autel. Il la saisit alors avec une telle véhémence qu'il lui cassa le bras.
Mais la Vierge Marie veillait, et les deux morceaux de l'humérus se ressoudèrent aussitôt.

Charles, en voyant ce miracle, crut bon de contenir son ardeur et, laissant Amalberge en prières, il alla faire une petite marche d'un quart d'heure...


L'aventure d'Amalberge fut rapidement connue au palais, et la jeune fille fut l'objet d'un grand respect de la part de toute la cour. Pour avoir résisté à Charlemagne, se disait-on, il fallait qu'elle eût montré un courage surnaturel.
Finalement, l'Eglise en fit une sainte ; et Charlemagne, beau joueur, fut le premier à louer sa vertu....


Après Guersuinde, il eut encore deux concubines connues : Régine et Adélaïde.
Et, jusqu'au dernier jour de sa vie, il se montra fougueux dans son comportement avec les dames.


Ce goût un peu excessif pour la bagatelle donna d'ailleurs naissance à des nombreuses histoires assez curieuses, que le bon peuple franc se répétait avec malice.

On racontait, par exemple, que l'abbé Gilles (futur Saint Gilles), étant à l'autel et officiant, avait vu surgir l'ange Gabriel. Celui-ci d'un air contrit, lui avait remis une lettre.

- Prends. Cela vient de Charlemagne. L'Empereur, qui n'ose pas se confesser de vive voix, a écrit ici ses principaux péchés.

Et, pendant que l'abbé Gilles décachetait la lettre, l'ange Gabriel, poliment, s'était éclipsé.

Le prêtre avait lu la confession avec une gêne fort compréhensible. Par cette lettre, en effet, l'Empereur s'accusait d'avoir violé une de ses propres soeurs et de l'avoir rendue mère...

Le peuple a toujours eu le goût du mélodrame....

On racontait également qu'un moine de Reichenau, nommé Wetin, avait eu une étrange vision : Charlemagne était enchaîné comme Prométhée, et un vautour lui dévorait incessamment les organes de la virilité.

- Qu'as-tu donc fait pour mériter un tel supplice ? N'avait pu s'empêcher de dire Wetin.

Alors un ange s'était écrié :

- Joins donc au récit de ses grandes actions celui de ses honteuses débauches, et tu comprendras alors qu'il devait subir cette pénitence avant d'aller vers Dieu, goûter l'éternelle béatitude...


Quand Charlemagne mourut, le 28 janvier 814, ayant unifié pour un temps l'Europe occidentale, de nombreuses femmes le pleurèrent.
Larmes chaudes de celles qu'il avait mises dans sa couche, et larmes amères des innombrables jeunes filles de bonne famille qui auraient tant voulu que l'Empereur les violât avant de s'en aller
...
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MessageSujet: Clovis et Clotilde   Clovis et Clotilde  EmptySam 22 Jan - 20:21

PARCE QUE LOUIS A AIME JUDITH, LA FRANCE EST NEESi le monde fait l'amour,
C'est l'amour qui fait le monde.

Vieille chanson.



Il régnait à la Cour d'Aix-la-Chapelle, en 815, une atmosphère de scandale. Les officiers de l'empereur, les fonctionnaires du palais, les femmes des Grands ne pouvaient se rencontrer dans les couloirs ou dans les jardins sans se chuchoter à l'oreille des choses mystérieuses. Et l'on entendait des :

- O Seigneur Dieu !

Ou encore :

- Cette fille est un démon et l'empereur est trop naïf !

Car il s'agissait, naturellement, d'une aventure galante.
Louis, qu'on surnommera plus tard le Pieux ou le Débonnaire, et qui avait hérité de son père, Charlemagne, à la fois un empire trop grand pour lui et un titre trop lourd à porter, se conduisait, en effet, de curieuse manière.


Alors que, l'année précédente, à la mort de Charles, on l'avait vu jouer les Pères-la-Vertu et chasser du palais les jeunes femmes qui trafiquaient de leurs charmes ou de leur complaisance, le souverain venait de prendre une maîtresse parmi les chambrières.

Celle-ci était une jeune Israélite de seize ans qui s'appelait Judith et qui avait non seulement une incomparable beauté mais encore toutes les grâces de l'esprit. Elle était la fille du comte bavarois Welf.


Louis, qui avait alors trente-six ans, l'avait remarquée et, bien qu'il fût marié avec la charmante Hermengarde, s'était donné la liberté de devenir son amant. (Car Judith ne fut pas présentée à Louis, comme on le dit généralement, au cours d'un tournoi de beauté organisé en 829 entre les plus jolies filles de Ieudes. Elle était au palais d'Aix depuis longtemps et l'empereur n'avait eu besoin de personne pour la remarquer. Je tiens ces renseignements de M. Jacques Alphaud, qui met la dernière main à un très important ouvrage sur cette époque et qui a bien voulu me permettre de profiter de ses travaux.)

Le fait qu'un souverain prenne une maîtresse n'a jamais constitué un acte exceptionnel, et le IXè siècle, à ce sujet, n'était pas plus sévère que ne le sera le XVIIIè, par exemple.
Aussi personne n'eût pensé à se scandaliser de cette liaison, si l'empereur Louis avait été le seul à bénéficier des charmes exquis de Judith. Or il avait un rival.


Jusqu'alors, les jeunes femmes qui devenaient les maîtresses d'un roi étaient si heureuses de cette bonne fortune, qu'elles rompaient avec leurs anciens amants.
Judith, elle, avait conservé le sien.

C'était un jeune homme attaché à la Cour. Il se nommait Bernard et était le petit-cousin de l'empereur, puisque, par son père, le comte de Guilhem, duc de Toulouse, il descendait de Charles Martel.

Louis, qui, naturellement, ignorait tout de cette liaison, vivait dans une douce félicité, et son aveuglement peinait tout le monde.



Trois ans plus tard, lorsque, le 3 octobre 818, l'impératrice Hermengarde mourut à Angers, Judith était toujours la maîtresse de Bernard et de Louis.

- Vous verrez, chuchotaient les gens du palais, que la rusée parviendra à se faire épouser par l'empereur.

Ils avaient raison. Au mois de février 819, on célébrait les noces de Louis et de Judith, et les poètes de la Cour s'écriaient qu'elle surpassait en beauté toutes les reines qu'ils avaient pu voir, ce qui était vrai d'ailleurs.

Le mariage n'empêcha pas Judith de demeurer la maîtresse de Bernard et, un jour, elle sentit "tressaillir dans son sein le fruit de ses amours coupables".


Très ennuyée, car elle avait de bonne raisons pour être sûre que Louis n'était pour rien dans cette affaire, elle commença par éloigner Bernard, qui reçut, en guise de compensation, le duché de Septimanie. Après quoi, elle se montra tendre avec son benêt de mari, l'attira sur un lit et fit en sorte qu'il n'eût jamais aucun soupçon...

Tout se passa bien. Et, en 820 (et non en 823 comme l'indiquent, par erreur tous les manuels d'histoire de France), elle mit au monde un gros garçon qui fut baptisé Charles ; c'était le futur Charles le Chauve.



Cette naissance fit grand plaisir à Louis, à Judith (et à Bernard), mais elle posa un problème politique. En effet, l'empereur, qui avait déjà trois fils de sa première femme : Lothaire, Pépin et Louis, avait réglé sa succession (de façon un peu hâtive, puiqu'il n'était âgé que de trente-neuf ans !...) en 817.
Voulant, sur le conseil de l'Eglise - et principalement de Saint Benoît d'Aniane - assurer l'indivisibilité de l'empire, il avait promulgué l'acte fameux appelé Ordination imperii, en vertu duquel aucun partage n'était possible.

Par cet acte, il était prévu qu'à la mort de Louis, Lothaire, son fils aîné, devait lui succéder comme empereur.

Quant aux deux cadets (Louis et Pépin), le Débonnaire leur léguait à l'un l'Aquitaine, à l'autre la Bavière.


Générosité dangereuse, certes, mais point contraire à l'esprit de l'Ordinatio, , puisque ces deux Etats étaient considérés comme des provinces dont Pépin et Louis ne devaient être que les administrateurs sous l'étroite dépendance de Lothaire.

L'arrivée du petit Charles démolissait tout ce bel édifice politique, un peu prématurément construit. Aucune législation n'admet, en effet, qu'une donation faite par un père puisse porter préjudice à un fils à naître .
Il était donc juste que l'empereur assurât sa part d'héritage à Charles
.

C'est d'ailleurs ce que Judith, à peine relevée de couches, démontra à son mari. Comme celui-ci hésitait à refaire l'acte successoral de 817, elle lui suggéra de ne rien changer au partage, mais de rogner sur les territoires qui revenaient à Pépin et Louis, et de former un troisième Etat, dont Charles serait un jour le roi.
Cette solution, on s'en doute, ne faisait pas du tout l'affaire des deux frères cadets, et Judith comprit qu'elle devait craindre leur réaction. Pour y parer, elle eut une idée fort astucieuse : elle demanda à Lothaire d'être le parrain se son fils.
Celui-ci ne s'aperçut pas de la manoeuvre qui le séparait de ses frères et, sur la demande de Judith, s'engagea même par serment à défendre le petit Charles contre tous ses ennemis.


Judith, qui n'avait qu'un but : donner une couronne de roi au fils de Bernard, pouvait être fière, elle avait bien mené ses affaires.
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MessageSujet: Clovis et Clotilde   Clovis et Clotilde  EmptySam 22 Jan - 20:47

Mais il y avait à la Cour un homme qui savait beaucoup de choses sur les amours de l'impératrice. C'était Wala, l'ancien conseiller de Charlemagne. Il avait épousé la demi-soeur de Bernard et haïssait celui-ci pour des raisons familiales.
Wala se rendit auprès de Lothaire et lui révéla que Charles n'était pas le fils de Louis le Débonnaire et que, par conséquent, il n'avait aucun droit à l'héritage impérial.

Lothaire, comprenant la manoeuvre de Judith et se jugeant trompé, estima qu'il était délié de son serment.


Quelques semaines plus tard, un parti s'organisait contre Louis le Débonnaire et Judith. Il avait à sa tête Wala, Lothaire et ses deux frères qui avaient été, bien entendu, mis au courant de l'origine de Charles.

Immédiatement, l'impératrice fit disgracier Wala et créa un parti destiné à défendre les intérêts de son fils.
Pour diriger ce mouvement elle appela Bernard, qui se réinstalla à Aix-la-Chapelle... et redevint son amant.

Ce retour fit jaser naturellement ; surtout lorsqu'on apprit que Judith avait poussé l'audace et l'ironie jusqu'à faire nommer Bernard chambrier de l'empereur.
Ce qui était pour le moins paradoxal !


Bientôt, les événements se précipitèrent.

En 829, Louis le Débonnaire annonça à l'assemblée de Worms sa décision de constituer un royaume en faveur de Charles. Aussitôt, les trois frères, poussés par Wala, déclenchèrent une violente campagne contre Judith et l'accusèrent clairement d'être la maîtresse de Bernard.
Loui, avait toute confiance en la fidélité de son épouse, tint ces accusations pour calomnies et continua de dormir tranquille.
Mais seul.

Finalement, le groupe de Lothaire parvint à provoquer un soulèvement de l'armée et à s'emparer de Judith. La malheureuse impératrice fut jetée dans un couvent, tandis que l'empereur, tombé, lui aussi, à la merci de ses trois fils, devait s'engager à respecter l'Ordinatio de 817.


Un an plus tard, Louis ayant réussi à retourner la situation, fit revenir Judith à Aix. Pour se laver de toutes les "calomnies" dont elle avait été l'objet, elle jura sur son honneur et sur la foi chrétienne qu'elle n'avait jamais trompé son mari...

Ce serment fait sans sourciller, stupéfia les gens de la Cour.

- Il est vrai, disait-on, qu'elle n'est pas chrétienne...

Louis le Débonnaire, qui adorait Judith comme au premier jour de leur rencontre, fut si heureux de retrouver sa femme qu'il accepta de reconsidérer la question du partage de l'Empire.


Judith lui apportait d'ailleurs une solution à laquelle il n'avait pas osé penser : partager le territoire en quatre parties, sans qu'aucun des fils eût droit au titre d'empereur. Ce qui mettait Charles sur un pied d'égalité avec ses frères.

En 831, ce partage était fait et aussitôt, les trois fils aînés de Louis le Débonnaire reprenaient la lutte contre Judith.


Encore une fois, elle fut prise, jetée au couvent, puis rétablie dans ses droits. Finalement, elle parvint, à force de ténacité, d'énergie, d'habile té et de ruse, à vaincre de façon définitive le parti des trois fils d'Hermengarde. Alors, elle travailla à la constitution du royaume dont elle rêvait pour son fils bien-aimé.
En 838, la mort de Pépin remit tout en question.
Lothaire demanda l'exécution de l'Ordinatio :

- Puisque nous ne sommes, de nouveau, que trois héritier, dit-il, je prétends au titre d'empereur. Charles aura l'Aquitaine et Louis les territoires de Germanie.

Mais Judith ne voulait pas que son fils fût le vassal de Lothaire. Elle exigea de son mari une nouvelle répartition. Louis le Débonnaire divisa alors son empire en trois royaumes dont les frontières - et c'était là l'innovation - allaient du nord au sud.


La part de Charles fut constituée par le territoire situé à l'ouest d'une ligne reliant Anvers à Marseille et suivant approximativement la Meuse, la Saône, les Cévennes et le Rhône.
Celle de Louis comprenait tout les Etats se trouvant à l'est du Rhin et ldes Alpes.
Quant à Lothaire, il reçut, outre l'Italie, la région comprise entre ces deux royaumes : c'est-à-dire, une bande de territoire allant de la Mer du Nord au duché de Bénévent
.
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MessageSujet: Clovis et Clotilde   Clovis et Clotilde  EmptySam 22 Jan - 21:01

Louis le Débonnaire mourut en 840. Judith, qui n'avait pas cessé d'être la maîtresse de Bernard, suivit son mari dans la tombe trois ans plus tard. Le 19 avril 843, sans avoir vu l'achèvement de son oeuvre.
Le traité de verdun, signé en août de la même année, accordait en effet à Charles, le fils de ses amours coupables, un royaume d'une conception toute neuve, qui prenait le nom de France occidentale.
La France était née.
Mais les histoires d'amour ont souvent une fin tragique.
Un jour, Charles apprit qu'il n'était pas le fils de Louis le Débonnaire.
Furieux, il fit poignarder Bernard.



(La race des Carolingiens dégénéra rapidement.
Un détail amusant le prouve. Au lieu des épithètes de "glorieux", de "fort", de "grand" que portait Charlemagne, les rois reçurent des surnoms sans prestige :
On les nomma le Débonnaire, le Chauve, le Bègue et même le Simple...

Ces souverains privés de cheveux, aux ventres démesurés et au langage hésitant furent bientôt méprisés par le peuple qui se tourna vers les Ducs de France - c'est-à-dire de notre Ile de France actuelle - qui, à plusieurs reprises, avaient défendu le territoire envahi par les Normands et les Hongres.
Après la mort de Louis V, Hugues Capet, duc de France et comte de Paris, fut élu roi.
Le fondateur de la Troisième race était fils de Hugues le Grand et d'une délicieuse jeune femme, Edwige, fille du roi de Germanie, Henri l'Oiseleur.
En 970, Hugues Capet épousa une gracieuse brunette, Adélaïde d'Aquitaine, fille de Guillaume Tête d'Etoupe...

Dans son ouvrage sur les reines de France, A. Celliez écrit d'elle "qu'elle seconda son mari et contribua, par son adresse à l'affermissement de la couronne dans la nouvelle dynastie."
Ce qui n'empêcha pas Hugues Capet de la tromper avec une jeune personne dont l'Histoire n'a pas retenu le nom, mais qui donna au nouveau roi un gros bâtard nommé Ganzlin, lequel devint évêque de Bourges et l'un des plus avants prélats de son temps...
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MessageSujet: Clovis et Clotilde   Clovis et Clotilde  EmptyMar 25 Jan - 22:05

ROBERT LE PIEUX FUT EXCOMMUNIE POUR L'AMOUR DE BERTHE

Nous sommes toujours les obligés des femmes : bonnes, nous leur devons le bonheur ; mauvaises, nous leur devons l'expérience. - Louis DEPRET -


Sans un amour violent qui bouleversa toute sa vie, le roi Robert II, fils de Hugues Capet, aurait très bien pu devenir un saint.

Il était très pieux, très doux, passait son temps en prières et avouait lui-même qu'il ne connaissait pas de distraction plus savoureuse que la récitation des litanies.
Certains chroniqueurs assurent en outre que, lorsqu'il voulait se changer un peu les idées, il composait des chants d'église. C'est assez dire qu'il n'avait rien de particulièrement frivole.



Las ! Une femme allait changer tout cela et faire de cet austère moine couronné un amoureux capable des pires folies.
Cette femme, Berthe de Bourgogne, était mariée lorsque Robert la remarqua. Elle était l'épouse d'Eudes, le comte de Chartres et avait cinq enfants.


C'est à Orléans, croit-on, que le roi la vit pour la première fois. Devant la grâce souriante et majestueuse de Berthe, qui avait alors vingt-sept ans, et se trouvait dans l'épanouissement de sa beauté, Robert sentit poindre en lui une tendance qui l'étonna.
Jusqu'alors, il n'avait pas réellement désiré une femme et, s'il avait dû, à dix-huit ans, épouser Rozala, la veuve d'Arnoul, cet acte lui avait été dicté par l'intérêt politique. D'ailleurs, Rozala avait trente-quatre ans de plus que lui et le jeune roi ne l'avait jamais considérée avec la moindre concupiscence (étonnant ! Razz ) ; ce dont elle se plaignait d'ailleurs journellement, au point, que Robert, excédé par des exigences qu'il trouvait non seulement impudiques, mais encore démesurées, l'avait répudiée.

Le roi était donc resté chaste et, à vingt-deux ans, se trouvait aussi pur qu'un enfant de choeur.


Le regard chaud de Berthe, et surtout sa façon voluptueuse de marcher, lui ouvrit bien des horizons. Et il pensa qu'il avait perdu beaucoup de temps avec des litanies.

Le soir même, avec la précipitation des néophytes, il voulut entraîner la femme d'Eudes dans sa couche.
Sans doute formula-t-il son désir de façon un peu trop directe, car Berthe prit un air offensé et se retira dignement dans ses appartements.
Robert, qui se trouvait dans un pénible état de surexcitation, pensa que l'amour, quand il n'est pas partagé, est un sentiment bien douloureux. Et il s'en fut prendre un bain froid...


Berthe, le lendemain, retournait à Chartres. Elle laissa le pauvre Robert un peu congestionné. Personne, à vrai dire ne pouvait le reconnaître, car la passion dont il était animé faisait du débonnaire et gentil souverain un dangereux taureau.

Depuis que Berthe s'était refusée à lui, il avait, en effet, une idée fixe : la rendre veuve... Oubliant tous les préceptes religieux qu'il respectait la veille encore, il se mit à envisager quelques moyens rapides de se débarrasser d'Eudes.
Mais il fallait agir avec délicatesse. Robert, bien qu'il connût encore très mal les femmes, se doutait qu'un assassinat pur et simple, risquerait d'effaroucher la belle amie. Il pensa donc à utiliser fort habilement le crime indirect.

Pour cela, il alla trouver les ennemis du comte de Chartres et leur proposa de concours de son armée : Rolling Eyes

- Nous l'aurons mort ou vit ! dit-il.


Et prenant lui-même le commandement des troupes, il engagea aussitôt de furieux combats contre son rival.

Une guerre acharnée eut lieu, qui dura pendant des années. Mais l'amour de Robert ne faiblit pas.. Au contraire, lorsqu'il revoyait en pensée les formes adorables de Berthe, il était pris d'une telle rage sanguinaire que des régiments entiers s'enfuyaient à sa vue ; et sans doute serait-il parvenu un jour à trancher la tête de son rival, si Eudes n'était mort inopinément d'une grosse grippe mal soignée.


Ce décès arrêta la guerre immédiatement, et Robert, sans attendre une seconde, se précipita à Chartres pour demander sa main à Berthe. Celle-ci avait été touchée par la constance des sentiments du roi à son égard.
Elle accepta. Et Robert réussit à prendre sur son bonheur futur, l'acompte qu'il attendait depuis trois ans.


Prudente précaution d'ailleurs, car le mariage ne put avoir lieu aussi rapidement que les deux fiancés l'espéraient. De nouvelles difficultés surgirent bientôt ; en effet, Berthe étant la cousine de Robert au troisième degré, et l'Eglise interdisant formellement toute union entre parents, il fallut demander une dispense au Pape. Celui-ci, bien entendu, refusa :

- Le roi de France est un chrétien comme les autres. Il doit se soumettre à la loi commune.

Des évêques indulgents aux faiblesses humaines (et royales) allèrent à Rome avec l'espoir de fléchir le souverain pontife. Grégoire V refusa de les recevoir.


Enfin, après un an de pourparlers, Robert, que la passion rendait décidément audacieux, brava les défenses de l'Eglise, épousa Berthe et parvint même à décider un archevêque, celui de Tours, à célébrer son mariage...

Le pape Grégoire V, en apprenant qu'on lui avait désobéi, entra dans une sainte colère.
Il réunit en 998, à Pavie, un synode où fut décrété ce qui suit :

"Le roi Robert qui, malgré l'interdiction apostolique, a épousé sa parente, doit se rendre auprès de Nous pour Nous donner satisfaction, de même que les évêques qui ont autorisé ces noces incestueuses. S'ils refusent de venir, qu'ils soient privés de la communion."


Une telle menace, quatre ans (je crois que là, l'auteur a fait une erreur) avant ce fameux an mille que certains moines exaltés présentaient comme devant marquer la fin des temps, était très grave.
Et Robert fut sincèrement ennuyé.

Pour essayer d'amadouer le Pape, il envoya à Rome un ambassadeur réputé pour son habilité.

- Nous avons certaines affaires en litige avec le Saint-Siège, dit-il ; assurez Grégoire V que je lui donnerai satisfaction sur tous les points s'il me laisse ma femme.

Le Pape refusa le compromis et ordonna une fois encore à Robert de quitter Berthe.

L'ambassadeur, très penaud, revint à la Cour de France, où son message fut accueilli avec une grande colère.

- Jamais je ne me séparerai de ma femme, dit le roi. Elle m'est plus chère que tout au monde ! Je veux que l'univers entier le sache
!
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MessageSujet: Clovis et Clotilde   Clovis et Clotilde  EmptyMer 26 Jan - 20:18

Quelques mois passèrent, et le Pape, en voyant l'obstination de Robert, convoqua à Rome, un Concile général qui rendit les graves sentences suivantes : Canon I :
"Le roi Robert quittera Berthe, sa parente, qu'il a épousée, selon la discipline de l'Eglise. S'il refuse, qu'il soit anathème. La même sentence est rendue contre Berthe."
Canon II : Archambaud, archevêque de Tours, qui a consacré cette union, et tous les évêques qui ont assité à ce mariage incestueux, sont suspendus de la sainte communion jusqu'à ce qu'ils soient venus à Rome pour y donner satisfaction."


Cette décision de Grégoire V frappa Robert de stupeur. Malgré sa désobéissance au Pape, il était resté profondément pieux. Or non seulement l'excommunication le rejetait hors de l'Eglise, mais l'anathème, qui était la plus forte peine que le Pape pût prononcer, le condamnait vivant à la damnation éternelle.
Torturé dans son coeur, il ne céda point pourtant et garda près de lui la femme qu'il préférait au salut de son âme
.

Cette attitude fut, comme bien on pense, diversement commentée. Certains reprochaient au roi de faire passer ses satisfactions personnelles avant l'intérêt du pays qui était de demeurer bien avec le Saint-Siège ; d'autres accusaient Robert d'entraîner la France entière dans le péché.

- Nous serons tous condamnés par la faute de cette femme, criaient-ils.

Car, lorsqu'il est indigné, le gentil peuple est toujours porté à l'exagération.


Après la cérémonie d'excommunication, Robert et Berthe, glacés d'épouvante, s'enfermèrent dans leur palais.
Lorsque, par hasard, le roi sortait, tout le monde fuyait devant lui comme devant un pestiféré. On traçait des signes de croix sur les enfants qu'il avait pu voir et l'on brûlait les objets dont il s'était servi.
Bientôt, il demeura seul avec sa femme. Leur nourriture était préparée par deux serviteurs qui devaient, après chaque repas, purifier à la flamme les vases et les coupes auxquels les souverains avait touché.


Cependant, malgré les tourments terribles que la sentence pontificale pouvait lui causer, Robert demeurait tendre et aimable avec Berthe, cette femme ardente, pour qui il avait sacrifié plus que sa vie et qui lui avait appris l'amour.

Cinq années atroces passèrent.

Berthe, torturée par cette situation, commença à dépérir. Alors, le roi annonça au Pape qu'il était prêt à se soumettre
.

Cette soumission tardive n'avait qu'un but : permettre à Berthe de vivre normalement et de ne plus être enterrée vivante dans un palais lugubre. Robert la répudia donc officiellement, fournissant pour prétexte qu'elle ne lui avait pas donné d'enfant ; toutefois, il la conserva dans son palais et, chaque nuit, elle partageait sa couche.

Le Pape, ravi d'avoir gagné la partie, admit de nouveau les deux amants dans le sein de l'Eglise, mais comme il était malin, il posa une question à Robert :

- Quand comptes-tu épouser une autre femme ?

Les tourments de Berthe n'étaient pas terminés...

Le roi, sommé de prendre une épouse, choisit Constance d'Aquitaine.


Cette femme dure, avare, vaniteuse et méchante, était tellement occupée d'elle-même, qu'elle ne s'aperçut jamais de la liaison qui dura entre Berthe et Robert jusqu'à leur mort.

Elle avait amené avec elle quelques-uns des poètes qui hantaient les Cours du Midi. C'étaient les premiers troubadours. Ils avaient un air efféminé et des manières étranges qui choquèrent profondément les gens du palais.
Voici comment un chroniqueur les décrit :


"Leurs cheveux descendaient à peine au milieu de la tête. Vrais histrions, chez qui le menton rasé, les hauts-de-chausse, les bottines ridicules, terminées par un bec recourbé, et tout l'extérieur mal composé, annonçaient le dérèglement de l'âme. Hommes sans foi, sans loi, sans pudeur, dont les contagieux exemples corrompirent la nation française, autrefois si décente, et la précipitèrent dans toutes sortes de débauches et de méchancetés". (Raoul Glaber, Chroniques.)

Comme la reine leur laissait faire exactement tout ce qu'ils voulaient, les troubadours en profitèrent pour organiser une cour d'amour d'un genre un peu spécial ; ce qui ne fit pas bon effet auprès des braves gens... Et le roi s'emporta contre Constance.

D'ailleurs, celle-ci se montra si acariâtre, si cupide, que Robert en fut rapidement las. La cruauté qu'elle montrait en toute occasion lui était, en outre, particulièrement pénible. Un jour qu'on conduisait au supplice un groupe d'hérétiques, elle reconnut parmi eux son ancien confesseur et lui creva un oeil avec une baguette.... Le roi fut très gêné
...

Cet incident lui donna un tel dégoût de Constance, qu'il partit bientôt pour Rome avec l'espoir d'obtenir du nouveau Pape (Grégoire V était mort) l'autorisation de divorcer et de reprendre sa chère Berthe. Il avait d'ailleurs emmené celle-ci avec lui, trouvant plus normal d'aller voir le Pape avec la concubien qu'il aimait qu'avec l'épouse qu'il détestait.

Le Pape ne suivit pas Robert dans son raisonnement et refusa tout net de donner son autorisation.
Tristes, les deux amants rentrèrent à Paris, et la vie à trois recommença.


- l'Eglise, dans sa sévérité, disait le roi avec amertume, nous oblige parfois à vivre dans le péché...
Et cette situation paradoxale le chagrinait profondément
.

En se fiant uniquement à la dernière période de la vie de Robert II, on pourrait croire que ce roi fût un débauché. Ce serait commettre une erreur ; car sa pureté était très grande. Pourtant s'il avait une sainte horreur du vice, il n'était point impitoyable à la faiblesse des autres.
Un jour qu'il allait à l'office du matin, il surprit deux personnes qui étaient en train de se livrer, sur le bord du chemin, à des ébats fort tendres. Il ne les injuria pas, comme un autre dévot aurait pu le faire, il se contenta de les couvrir de son manteau royal. Après quoi, il alla tranquillement à la messe.


Berthe mourut en 1031. Robert, inconsolable, ne lui survécut que quelques mois.
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